La pyramide des âges est un mode de représentation graphique de la structure (sexe et âge) d’une population qui constitue une image synthétique du passé, du présent et du futur de celle-ci. C’est un outil très connu de la démographie, la seule discipline scientifique capable de donner une prévision assez fiable de l’évolution quantitative de l’humanité au fil des générations. Sous réserve de guerres catastrophiques ou de pandémies, comme la peste qui tua la moitié de la population européenne.

Le changement climatique, longtemps nié par des sceptiques ignorants, pose déjà de sérieux problèmes qui s’aggraveront. Mais les scénarios pour 2050 ou 2100 divergent fortement. Aucun prévisionniste n’a une idée fiable des crises économiques, financières et donc sociales qui nous attendent. Ce que nous annonce la démographie n’a pas été assez intégré et médité par les peuples et les pouvoirs. Ils s’accrochent encore aux modèles périmés d’Etats nation (post 45), de frontières intangibles et de croissance quantitative.

Or il faut anticiper les conséquences de la crise démographique mondiale qui se profile. Comme pour le climat, plus les actions seront tardives, moins elles seront efficaces et plus les générations montantes souffriront. Ces deux crises majeures conjuguées sont la cause déterminante de la déferlante migratoire qui déstabilise les pays riches du Nord, européens et américains.

L’humanité a perdu le sens de l’éternité et même du temps long. Très agitée, elle se focalise sur les millénaires de l’histoire du mal qu’elle a choisi, ou sur sa survie dans un futur proche. Réfléchissons sur le long terme !. Car « Cette vie est courte, Le bonheur ne se mesure pas en année, mais en éternité » (Parole de 1974, 36/23) !

1 Pyramide des âges et démographie galopante

La pyramide des âges, représentée avec des bâtons par tranche d’âges, a historiquement eu une forme de pyramide. L’humanité faisait beaucoup d’enfants mourant assez jeune et vieillissant mal avec une espérance de vie courte. Notre histoire planétaire longue est donc celle d’une démographie galopante malgré les massacres guerriers et les pandémies.

Nous descendons tous d’un groupe humain de taille limitée, des humains créés par et avec le Souffle de Dieu il y a environ 50 000 ans (post 42). De 150 millions d’humains à l’époque de Jésus, le milliard a été atteint vers 1800, puis 7,8 milliards maintenant. Le pic de population serait de 10 milliards en 2060. Il déclinera ensuite plus ou moins rapidement. Certes, une population mondiale stabilisée ou déclinante est une bonne nouvelle pour le climat, la pollution, la surpopulation des mégalopoles, les tensions de frontières.

Mais tous les systèmes sociaux, économiques et financiers de l’humanité actuelle sont conçus pour une population en croissance, il faut les remettre à plat. L’humanité s’est organisée depuis des millénaires en pouvoirs et frontières et a peuplé des cités tentaculaires pour piloter le commerce et l’industrie. Les femmes furent longtemps confinées dans l’ignorance et la reproduction sans contrôle au service des ambitions des mâles dominants.

Or pour la première fois sur cette planète, les femmes, seules à pouvoir porter la vie, se libèrent et s’instruisent. Si elles choisissent la maternité, c’est plus tard et avec moins d’enfants pour mieux s’occuper d’eux. L’indice de fécondité mondial s’est effondré de 5 en 1960 à 2,3 et passera bientôt sous le seuil des 2,1, mais avec un rythme de baisse très différent suivant les pays. La plupart des pays riches ont une population vieillissante qui préfigure son déclin.

Les conséquences économiques et financières sont considérables en France. Dans un monde du travail où il faut des diplômes et de l’adaptabilité, la tranche d’âge de 30-55 ans, la plus productive pour financer les systèmes sociaux, ne représente que 31% de la population et les moins de 30 ans, l’avenir de la société, sont 35%. Leur part baissera rapidement au profit de celle des seniors, déjà à 20% grâce aux progrès de la médecine et des systèmes de soins.

Le Japon a été le premier pays à expérimenter le vieillissement : une croissance économique qui s’effondre et des déficits abyssaux causés par des plans de relance ineptes. Leur réticence à l’immigration était compréhensible avec des terres cultivables et habitables limitées. Mais avec un indice de fécondité de 1,37, la population active se contracte rapidement. Les plus de 65 ans sont déjà 36%. Leur opinion publique, réaliste, considère que le bon âge pour la retraite est de 70 ans. Beaucoup de seniors japonais aiment leur travail et souhaitent le poursuivre. Nous sommes loin des surenchères électorales françaises qui veulent imposer une norme de 60 ans !

La Chine pourrait voir sa population diminuer de moitié, passant de 1,4 milliards à 730 millions à l’horizon 2100. C’est un des pays au monde qui vieillit le plus vite à cause de la politique de l’enfant unique, inhumaine et à courte vue dans une culture qui préfère les garçons. Les avortements ont ciblé les filles qui traditionnellement s’occupent des personnes âgées. Les chinois parlent d’une société 1-2-4 où une seule fille devra supporter le poids de deux parents et de quatre grands parents âgés.

Beaucoup de seniors, fatigués et obsolètes, ne peuvent plus travailler. Ils dépensent pour leur santé et leur poids deviendra insupportable pour les systèmes sociaux avec une population en âge de travailler de moins en moins nombreuse. Surtout dans les pays opposés à l’immigration. Les seniors peuvent et doivent préparer les crises futures en dépensant avec prudence et travaillant quand ils le peuvent et le souhaitent.

2 Les conséquences migratoires et le rééquilibrage des nations

Comme la Chine et le Japon, 23 pays verront leur population diminuer de moitié d’ici 2100 et connaîtront une forte pénurie de main d’œuvre que l’automatisation ne pourra combler, même avec une production en baisse comme leur consommation domestique. Ils vont donc entrer en concurrence pour attirer les immigrés déjà éduqués. Les universités américaines et européennes se font déjà concurrence pour séduire les étudiants étrangers. La France, quant à elle, a le handicap de sa langue face aux pays anglophones.

L’ONU a dénombré 281 millions de migrants internationaux en 2020, 60% de plus qu’il y a 20 ans. A l’époque, les pays développés avaient déjà fait venir en masse des immigrés de pays pauvres comme main d’œuvre pour leurs usines, l’agriculture saisonnière et le bâtiment. A ce recrutement par les pays riches s’ajoutera une dynamique d’émigration climatique et de malheureux fuyant la guerre et la misère. Mais comme les pays pauvres cherchent à retenir leur jeunesse et que les migrants ne sont pas toujours les bienvenus dans les pays riches, la source de migrants se tarira à long terme. Les pays qui se replieront dans la peur de l’étranger plongeront tôt ou tard dans la crise.

Les politiciens d’extrême droite font de questions identitaires artificielles leur fonds de commerce électoral. Ils invoquent une culture nationale, un drapeau et des frontières et veulent restaurer la grandeur nationale. C’est le discours de Trump ou le mythe du grand remplacement de Zemmour. Mais l’expulsion des étrangers et le refus d’en accueillir aboutiraient au creusement dans la pyramide des âges d’une jeunesse dont toute société a besoin. Comme un colosse au pieds d’argiles, notre pays a une base très fragile, le centre de gravité de sa pyramide est trop haut. Or la France a de l’espace, des villages qui se dépeuplent, des terres cultivables abandonnées et un marché attractif pour de jeunes entrepreneurs innovants et créant des emplois. Les craintes d’une population manipulée sont injustifiées.

Le déclin démographique préoccupe Poutine, obsédé par la puissance : « Le sort et les perspectives historiques de la Russie dépendent de notre nombre ». Lors de la guerre froide, la population de l’URSS et celle des USA étaient assez proches, maintenant la Russie compte 146 millions d’habitants et les USA 334 ! L’idéologie communiste athée a ravagé ce pays, décimé également par la barbarie de Staline. En contraste, les USA ont accueilli un très grand nombre d’immigrés qui en ont fait une superpuissance économique.

De nombreuses études ont montré une forte corrélation entre le taux de fécondité et la religiosité. Même en excluant les extrémistes de la religion qui font la « guerre des berceaux » comme les juifs ultra-orthodoxes face aux palestiniens. Ou les groupes traditionnalistes repliés sur leurs familles comme les mennonites américains. Les humains athées ou agnostiques, en panne d’espérance ultime, font moins d’enfants. Depuis les années 50, la tranche des 15-29 ans a baissé d’un tiers en Russie alors qu’elle explosait en Afrique, au Brésil, au Mexique, en Turquie, en Inde en Iran ou aux Philippines, des pays où la foi populaire imprègne la société.

Malgré le soutien financier apporté à l’église orthodoxe par Poutine, il ne pourra rien changer au déclin démographique. Car les pouvoirs religieux y sont décrédibilisés et ont perdu toute influence sur la foi du peuple russe. La Russie est devenue un nain économique, riche en matières premières, mais avec une armée surdimensionnée et un pouvoir étouffant avec une idéologie périmée. Dans ce contexte, beaucoup de jeunes russes éduqués décident d’émigrer définitivement.

A contrario, l’Afrique, avec 41% de sa population de moins de 15 ans, verra doubler sa population à l’horizon 2050, de 1,3 milliard à 2,6. Le Nigeria va devenir aussi peuplé que la future Chine de 2100, passant de 300 à plus de 700 millions ! C’est un bouleversement géopolitique majeur dans les jeux de puissance des Etats.

3 Repenser l’écologie scientifique dans une population mondiale stabilisée

Des politiques pertinentes à l’échelle mondiale pourront atténuer l’impact du choc démographique à venir. Mais elles se traduiront par un changement de paradigme. C’est la fin du culte de la croissance quantitative qui obsède les économistes. Il faut gaspiller moins et produire mieux. Le roi du Bhoutan, arrivé à 16 ans sur le trône, a énoncé l’objectif du bonheur national brut, inscrit dans la Constitution depuis 2008 (post 46). Les quatre critères sont : développement socio-économique durable et équitable, préservation et promotion de la culture, protection de l’environnement et bonne gouvernance. C’est une piste à creuser !

Le mot écologie fut inventé en 1866 par le biologiste Haeckel comme « la science des relations des organismes avec le monde environnant, et dans un sens large, la science des conditions d’existence ». La vraie écologie n’est donc pas strictement matérialiste. Elle doit réfléchir à l’origine de la vie pour mieux la préserver et intégrer la composante spirituelle dans les conditions d’existence de l’humain. Car il n’est pas qu’un corps charnel, pas plus que l’humanité n’est un troupeau de moutons comme le souhaiteraient les politiciens et les clergés.

L’écologie politique est devenue un tremplin pour le pouvoir avec une vision dogmatique et étroitement matérialiste de l’avenir. Mais elle illustre aussi ce relais entre des personnalités vieillissantes et des générations montantes. René Dumont, premier candidat écologiste à l’élection présidentielle française avait 70 ans quand il se présenta en 1974. La militante Greta Thunberg n’avait que 15 ans quand elle lança en 2018 la grève scolaire pour le climat qui l’a rendue célèbre dans le monde entier.

Dumont, un esprit scientifique non borné, avait d’abord soutenu l’agriculture productive indispensable pour nourrir une population en croissance rapide dans les pays pauvres. Puis il prit conscience des limites de cette vision. Il encouragea l’instruction des femmes pour réduire la pression démographique et la reconversion vers une agriculture plus respectueuse de l’équilibre de la nature. Il rejoignit ainsi par réflexion et expérience ce que nous dit la Parole.

Car Celui Qui a créé cette planète pour que l’humanité y soit heureuse nous invite à écouter Sa Sagesse : « Le long de Mes Sentiers vers Mes Hauteurs, les abeilles travaillent pour tous. Pourquoi avec folie fabriquer du miel et de la cire dans les échoppes ? A leur pied Mes amandiers répandent leurs fruits, la perdrix n’exige pas un prix de sa chair ni la chèvre un prix de son lait. Je fais jaillir l’huile pour le feu, Je répands à la surface de la terre le plomb et le cuivre pour tous, pour la peine de les apprêter. De la terre ne donné-je pas la tuile pour la peine de la cuire ? » (Parole de 1974, 28/26)

Si nous ne créons pas de besoins artificiels, de frontières inutiles, d’écarts abyssaux entre la richesse et la pauvreté matérielle, l’humanité a tout pour retrouver le bonheur. Celui de jouir dans la mesure des bienfaits de la Création. Celui de travailler dans la dignité et la liberté. Celui de partager dans la générosité avec les plus nécessiteux. Ce à quoi nous invitent l’Evangile comme le Coran. Dans l’Esprit de la Parole comme dans la logique de la raison, il faut refonder nos perspectives d’avenir sur la base objective de la démographie, de l’écologie, de la climatologie. Et recentrer nos priorités d’investissements sur les fondamentaux indispensables à une vie humaine harmonieuse : nourriture, logement, santé, transports

4 Accueillir la Vie portée par les jeunes et les étrangers

Les démographies européenne et africaine permettent une politique d’immigration intelligente, concertée et mutuellement bénéfique au plan matériel et spirituel (post 54). Des pays accueillants ont su dynamiser leur économie (Canada, Australie, Suisse…). La France doit maintenant changer sa politique migratoire en désintoxiquant l’opinion populaire des propagandes extrémistes. Et l’Etat français doit initier un débat public solide sur l’immigration à partir de faits et de perspectives scientifiquement fondés.

Nos migrants seront plutôt francophones et souvent musulmans et/ou africains, car la population en âge de travailler va tripler en Afrique. Or le passé colonial pèse encore sur notre image. C’est en vivant fraternellement ici avec les immigrés avec ou sans papiers que nous pourrons panser les plaies du passé et préparer ensemble un futur pacifié et constructif.

Au plan spirituel, la Parole est claire : « Dis-leur : étrangers je vous aime avant de vous connaître, avant que des profondeurs vos têtes aient affleuré l’horizon, j’ai dressé la table pour vous restaurer » (1974, 25/4). Nous le faisons pour les ukrainiens, il faut le faire pour tous ! La Sagesse nous appelle à les aimer. Donc à se mettre à leur place, à chercher à mieux les comprendre. Et à leur offrir des conditions de vie attrayantes s’ils souhaitent vivre dans notre pays. Donc à faire exactement le contraire de la propagande xénophobe ou apeurante qui nous pollue.

Le déséquilibre de la pyramide des âges est une des rares bases fiables pour prendre maintenant de bonnes décisions de politique publique pour l’avenir lointain. Avec deux questions liées : comment équilibrer les comptes de la Sécurité Sociale et des caisses de retraites et quelle politique d’immigration ? Les conséquences financières d’une politique d’immigration active peuvent être simulées.

Un jeune immigré peut se projeter dans une vie active d’une quarantaine d’années, donc à l’horizon 2060. Une partie d’entre eux regagnera leur patrie. Si notre société lui offre une formation, des opportunités de travail et de bonnes conditions de vie, il restera ici au moins dix ou vingt ans ou y finira ses jours. Le solde de sa contribution au budget fiscal et social français sera toujours positif.

Les étrangers, naturalisés ou non, sont libres de repartir, mais notre intérêt est que ceux qui se sont bien intégrés à notre vie sociale restent. Ainsi le risque de faillite des caisses de retraites sera écarté et nous pourrons continuer à financer notre généreux système de santé sans mauvaises économies sur les équipements et personnels médicaux ou sélection des malades et des pathologies pris en charge.

Les jeunes, français et étrangers, surtout quand on les aide au lieu de les décourager, apportent l’optimisme, l’enthousiasme, la créativité et la résilience. Qualités indispensables pour rééquilibrer la tendance de nos sociétés vieillissantes à se replier sur elles-mêmes et le passé. A avoir peur des crises et de l’inconnu, à penser négativement et à court terme, à se décourager. Même s’il y a des trentenaires vieux dans leur tête et des octogénaires dont l’âme vibre d’énergie, les tendances biologiques liées au vieillissement du corps et de l’esprit ne peuvent être entièrement surmontées.

La jeunesse apportera aussi un renouveau spirituel : moins sectaires, plus solidaires, plus ouverts à l’amour sous toutes ses formes. Nous avons besoin d’eux, mais il faut leur donner plus de place. Tant au plan économique qu’au plan spirituel, certaines individualités des générations montantes peuvent être porteuses d’une dynamique collective exceptionnelle. Un créateur d’entreprise qui réussit peut créer des millions d’emplois et une grande âme comme la petite Thérèse de Lisieux peut en enthousiasmer des centaines de millions.

Notre avenir appartiendra à des générations métissées. Car aucun pouvoir, heureusement, ne pourra empêcher nos jeunes de s’aimer comme ils l’entendent. Je me réjouis de voir de plus en plus de couples mixtes se promener en public sans crainte des préjugés. La société française reste heureusement un exemple de tolérance, car ils ne peuvent pas le faire partout dans le monde.

5 Solidarité intergénérationnelle et urbanisme

Avec une pyramide déséquilibrée, la solidarité intergénérationnelle sera déterminante pour le bien-être de tous. Nous devons veiller à protéger les personnes plus fragiles, moins autonomes, jeunes et vieux Et en même temps, nous devons alléger la charge pesant sur les 30-55 ans qui affrontent les dettes et l’étouffement bureaucratique.

Pour les jeunes comme pour les seniors, disposer d’un logement convenable, d’une maison chaude, est un besoin fondamental. C’est ardu pour les jeunes, parfois contraints à rester longtemps avec leurs parents, comme pour les seniors qui veulent rester chez eux mais doivent adapter leur logement. Si la France avait décidé d’avoir un puissant ministère du logement dirigé par l’abbé Pierre, nous serions beaucoup mieux maintenant !

L’horizon des joutes politiciennes actuelles, c’est une ou deux échéances électorales, une dizaine d’années, même si les maires peuvent se projeter sur un horizon de quelques décennies. Ces hommes prendront des décisions qui impacteront notre vie à tous. Nous avons vu que leur politique d’immigration sera déterminante sur l’équilibre futur de la société française.

Même si nous n’aimons pas les étrangers par amour universel, considérons notre intérêt économique et financier national (qui parle davantage à la masse de nos concitoyens). Or dans les éléments d’attractivité d’un pays, le logement est un facteur déterminant. Nous devons d’abord repenser notre urbanisme, rénover nos villes et nos quartiers. Comme l’a montré Bourdieu dans la « misère du monde », l’urbanisme est déterminant dans les inégalités sociales. Il s’ajoute au mécanisme de reproduction des hiérarchies sociales françaises dont « l’ascenseur social » fonctionne moins bien qu’aux USA.

L’urbanisme doit s’occuper des appartements et maisons vides dans un environnement peu attractif. L’Allemagne vieillit vite, elle a des immeubles staliniens tristes et mal entretenus. Des centaines de milliers de bâtiments délaissés y ont été rasés pour faire place à des espaces verts. La France détruit ces tours construites à la va-vite pour héberger les immigrés lors des trente glorieuses. Car dans ces banlieues surpeuplées en panne d’espérances et de perspectives se concentre une population en difficulté et le trafic de drogue et la violence règnent.

Plutôt que de montrer du doigt les jeunes générations qui subissent cette situation, il faut assumer l’erreur des politiciens du passé, trop heureux de fournir une main d’œuvre aux usines, sans penser que beaucoup resteraient. Il est urgent d’investir dans les rénovations urbaines, les transports collectifs, les appartements et les maisons individuelles pour réduire le gaspillage d’énergie dans le chauffage comme dans les transports et créer des emplois. Le secteur du bâtiment est un gros créateur de postes de travail ne nécessitant pas une formation longue préalable à l’embauche. Il n’y aura pas que les plombiers polonais !

Ces plans de rénovation de l’habitat et du logement doivent être pilotés de manière décentralisée par les collectivités territoriales. L’Etat central assumant la coordination, le contrôle, l’apport d’expertise et le soutien financier aux collectivités plus pauvres. Beaucoup d’initiatives locales privées ont permis avec l’aide municipale de revitaliser des villages en déclin malgré ces normes bureaucratiques qui étouffent la vie et la liberté de créer.

Pour les seniors légitimement inquiets pour le futur de leurs retraites, l’immigration choisie de part de d’autre ne dispensera pas la France d’avoir comme le Japon une politique proactive d’emploi des plus de 55 ans pour permettre à ceux qui veulent et peuvent travailler de le faire dans des conditions adaptées au ralentissement de leur corps et de leur esprit que le vieillissement rend inévitable.

Le travail n’est pas une torture (son étymologie, tripalium est un instrument de torture), la joie au travail n’a pas d’âge. Je me souviens d’un médecin généraliste qui exerçait dans ma jeunesse à plus de 90 ans. Lors de mes cures à Châtelguyon, je passe chaque jour devant la « fabrique de sucre d’orge ». Une dame certainement nonagénaire, habillée de blanc y est fidèle au poste depuis des décennies. Cette boutique installée en bas de chez elle fait sa vie sociale et son bonheur.

« Ecrire pour les générations à venir » (Parole de 1974, 22/3), c’est se projeter dans le futur où les générations montantes deviendront à leur tour des générations vieillissantes. Un avenir heureux pour nos futures générations passe par la décroissance de la convoitise quantitative et par la croissance de la qualité spirituelle. Jamais le besoin d’amour, de fraternité, de liberté, d’espérance ne décroîtra.

C’est le génie de l’Evangile de Jésus (post 2) qui inspire des milliards d’humains, chrétiens, musulmans et agnostiques.