« Quelle est votre religion ? » me demandent souvent les personnes croisées dans la rue où je vais en porteur de la Parole. Je n’ai pas de religion au sens humain. J’évoque assez rapidement Dieu dans la conversation, en parlant du Créateur, Abba, Allah, Amma, Ahura, YHWH, Brahmane…, reprenant divers Noms en fonction de mon interlocuteur et du temps disponible.

Je réponds que Dieu n’a pas de religion. Pourquoi devrais m’affilier à une parmi les innombrables religions que les pouvoirs religieux ont inventées pour diviser les hommes et régner sur eux. J’ajoute qu’il faut bien distinguer le Créateur qui envoie des Messagers à l’humanité des systèmes cléricaux qui endoctrinent les hommes d’idéologies religieuses très éloignées des Messages simples et clairs reçus par Révélation ou inspiration.

Je donne parfois une liste non limitative d’hommes que je reconnais comme des messagers du Créateur : Noé, Zarathoustra, Abraham, Moïse, Bouddha, Jésus, Muhammad et Mikal. Et j’affirme que je me place dans la continuité prophétique ascendante qu’ils balisent dans le temps. Je refuse de me focaliser sur un seul messager en ignorant les autres, comme font les religieux.

Pour les agnostiques ou vaguement croyants, la majorité des passants, je les appelle à dépasser la distinction entre le Dieu immanent (qui est en vous quand vous faites le bien) et le Dieu transcendant (qui envoie des messagers à divers peuples et à diverses époques). Je leur dis : « Ne confondez pas le Créateur unique sans limite de temps ni d’espace et les religions humaines bornées. Et ne vous accrochez pas à l’idée d’un moi séparé des autres hommes qui vous empêche de sentir Sa Présence en vous et autour de vous ».

1 D’où vient le concept de religion ?

Le concept de religion s’est développé au fil des millénaires. Longtemps après les événements surnaturels historiques auxquels elles se relient, les religions se sont construites par opposition entre elles et par rivalité entre des ambitieux. Ils convoitaient le pouvoir clérical pour propager la foi en un Dieu accommodé à leur sauce pour plaire aux puissants et/ou un ensemble de pratiques cultuelles sous leur direction.

Le mot latin religio, vient soit de relegere, évoqué par Cicéronle fait de s’occuper d’une nature supérieure divine et de lui rendre un culte »). Soit de religare, relier, évoqué par Augustin (ce qui relie à Dieu). Cicéron pense que « chaque cité a sa religion ». Comme ces polythéismes mésopotamiens auxquels le Messager Abraham fut confronté. Les royaumes et cités en guerre déclaraient que leur Dieu local était le bon s’il donnait la victoire. Ils imposaient souvent son culte aux vaincus.

Dans son Traité d’histoire des religions Eliade juge impossible de définir précisément la religion : « Toutes les définitions du phénomène religieux opposent le sacré et la vie religieuse au profane et à la vie séculaire. Mais délimiter la sphère du sacré est difficile ». Yves Lambert parle d’une « tour de Babel des définitions de la religion ». Le sociologue Max Weber parle de « systèmes de réglementation de la vie, religieux ou déterminées par la religion, qui ont su réunir autour d’eux des masses importantes de fidèles ».

Smith considère que « La religion est uniquement une création d’universitaires. Elle est imaginée sur la base de comparaisons et de généralisations par les chercheurs pour les besoins de leurs études ». Il distingue sept catégories de religions à l’échelle mondiale : religions chrétiennes, musulmanes, bouddhistes, du Sud-est asiatique, de l’Antiquité, nouvelles religions et religions des peuples traditionnels, une catégorie qui regroupe des religions sans liens historiques ou géographiques évidents, d’Afrique, d’Amérique, d’Asie, d’Arctique ou d’Océanie.

Le judaïsme est un cas à part. Bernard-Henri Lévy, affirme que la religion comme théologie édifiée par une croyance, des dogmes et une instance suprême « n’appartient pas à l’esprit du judaïsme ». Ce mot n’apparaît qu’au IIe siècle av. J.-C. à propos du conflit avec les Séleucides. Ils voulaient supprimer les mœurs des judéens perçus comme un groupe ethnique avec leur dieu, leur loi et leur temple, et pas comme les fidèles d’une “religion”. Sa tradition orale permit au judaïsme de survivre à la dispersion géographique et à la perte de son autonomie politique et du temple de Jérusalem.

Au XVIe siècle, l’Europe souffre de la confrontation entre les idéologues et clergés catholiques et protestants. Ils mettent en exergue leurs différences avec les juifs et les musulmans. Puis la philosophie des Lumières fait de la religion un concept clé pour penser le monde avec de grands philosophes comme Locke, Hume, Voltaire, Diderot, Rousseau, Kant ou Hegel. La religion devient un objet d’étude « scientifique » avec Proudhon, Comte et Marx dans une approche rationnelle et positive qui vise à l’effacer. En réaction, des sociologues, Émile Durkheim, Max Weber, Georg Simmel ou Ernst Troeltsch posent les principes d’une étude neutre et critique des religions.

Or les textes sacrés sans interprétations cléricales récusent ces divisions de l’humanité entre religions concurrentes. La légitimité de leurs frontières est plus fragile que celle des Etats nations. Les textes sacrés perdureront, les religions disparaitront !

2 Croyances humaines, messagers du Créateur et textes sacrés

Actuellement, 84 % des humains sondés se déclaraient croyants, mais à quoi ou à Qui ?

Faute de traces écrites ou archéologiques, on ne sait pas grand-chose des croyances des races d’homo qui ont précédé les hommes modernes. Comme les hommes de Denisova et de Néandertal, éteints il y a 30 000 ans. L’histoire sacrée commence avec les créatures adamiques (post 42) il y a environ 50 000 ans. La Genèse biblique, transmise par mémoire orale, les évoque. Puis le Coran et la Parole de 1974-1977, reçus par Révélation à un messager unique.

D’après ces textes, à l’époque des créatures adamiques, le Créateur leur parlait directement ou par des anges. Puis ils décidèrent de s’enfoncer dans l’obscurité du mal et de s’éloigner de Dieu. Dès l’époque d’Enosh, fils de Seth, les hommes commencent à L’invoquer (Genèse 4/26). Cette distanciation leur a laissé une mémoire vague des échanges de leurs ancêtres avec le Créateur. Leur imagination crée les illusions du polythéisme et des sacrifices aux idoles, prémisse des religions organisées par les prêtres sacrificateurs.

Le culte des statues censées porter des divinités se développe en Mésopotamie, le pays de Noé. Si on date Noé de 6 ou 7 millénaires avant J.C., les premières populations urbaines l’avaient largement précédé. On en trouve les premières traces à Jéricho (- 9000), puis en Anatolie (-7000), et dans les vallées de Mésopotamie et de l’Indus. La répartition de la population entre des villes, centres du commerce, de l’artisanat et de l’administration, et des campagnes qui nourrissent leurs habitants, est le prélude à l’instauration de pouvoirs religieux et guerriers.

Les traces archéologiques les plus spectaculaires de l’Antiquité sont en Egypte où les empires commencent vers – 3150. Grâce aux hiéroglyphes, nous savons qu’un puissant pouvoir centralisé s’y est constitué par l’alliance entre les prêtres et le pharaon divinisé. La religion polythéiste égyptienne a duré plusieurs millénaires au bénéfice des clergés. Des divinités nombreuses exigeaient un culte avec d’immenses temples et statues.

Vers – 1360, peu avant Moïse, le pharaon Akhenaton impose une réforme religieuse radicale tendant vers le monothéisme avec destructions des idoles et des temples sauf ceux dédiés à Aton. Il met au pas les clergés qui tiraient leur influence et leur richesse du culte des nombreuses divinités. Dès sa mort, les clergés reprennent le pouvoir et restaurent le polythéisme. On ne sait si ce pharaon réformateur fut inspiré, il n’a pas laissé de texte sacré. Il n’est pas cité dans la Bible ou le Coran. Seul le pharaon qui s’opposera à Moïse (peut-être Ramsès II, né vers – 1300) est mentionné.

C’est dans une zone qui va de la Turquie au subcontinent indien que se situent des Révélations postérieures à Noé. Zarathoustra, messager envoyé à l’extrême Nord de l’Iran actuel pour enseigner les Gathas est peut-être le plus ancien, avant – 2000. Mais il ne reste que des fragments de son enseignement. Le Veda aurait été révélé à des rishis inconnus et mis par écrit vers -1500 de manière collective et progressive. Il est le texte sacré de référence de l’hindouisme (voir post 29).

A part pour le Véda, l’histoire a gardé les noms des témoins. Mais rarement des modalités précises de la Révélation et de son Message. Le messager est seul à recevoir un Message. Les quelques personnes qui le côtoient ne voient que des manifestations surnaturelles secondaires. Abraham (vers -1800) auquel se réfèrent nos frères juifs, chrétiens et musulmans, et Bouddha qui reçut le Dharma 1300 après, étaient seuls témoins du Message reçu.

La Bible inclut des récits détaillés que le Coran complète des expériences et enseignements des messagers ultérieurs. Moïse (vers – 1250) fut seul à voir un « buisson ardent ». Puis seul à s’entretenir avec YHWH au sein de la nuée pendant 40 jours et 40 nuits sur le mont Sinaï. Mais ses compagnons d’exode ont vu des éclairs et du tonnerre et entendu la Voix de YHWH prononçant les dix commandements. Ils seront gravés sur deux tables de pierre. Ceux qui voulurent entrer dans la nuée auraient été foudroyés.

Le témoignage du messager Elie (post 15) sur le mont Horeb vers – 850 figure dans la Bible (1 Roi 19). Il était seul face à Dieu dont il entendit la Voix après « le bruissement d’un Souffle ténu ». Il témoigna du Surnaturel sonore et lumineux qui accompagnait la Révélation du Message. Elie fut enlevé au ciel par ce qui semblait être un char de feu. Cinquante « fils de prophètes » ont cherché en vain son corps physique. Le messager Isaïe (post 16) était lui aussi seul témoin de son Appel par Dieu vers – 740.

Avec les messagers de l’Evangile et du Coran, Jésus et Muhammad, les témoignages de leur enseignement et des phénomènes surnaturels qui ont accompagné leur ministère sont plus nombreux. Le Coran fait référence aux circonstances des Révélations, sourate 42/51 : Il n’a pas été donné à un mortel qu’Allah lui parle autrement que par Révélation ou de derrière un voile, ou qu’Il envoie un messager qui révèle, par Sa permission, ce qu’Il veut. En 7/143-144, Dieu précise : Et il y a des messagers dont Nous t’avons raconté l’histoire précédemment, et des messagers dont Nous ne t’avons point raconté l’histoire – et Allah a parlé à Moïse de vive voix –.

Au 20ème siècle le messager Potay a apporté un témoignage des Évènements Surnaturels qu’il a vécus. Une Parole lui a été dictée en 1974 et 1977. Dieu par la bouche de Jésus ressuscité, lui dit : « Ce que tu as vu et entendu publie-le sur les toits et dans les assemblées » (37/4) puis « Désormais tu es Mon messager, tu n’es plus rien pour toi-même » (40/6). Puis il a modifié son témoignage pour faire sa petite religion (post 59)

Tous ces messagers ont subi l’opposition immédiate de la religion officielle de leur époque, celle des prêtres et des docteurs en théologie. Leur vie fut très difficile.

3 L’établissement des cultes et pouvoirs religieux, l’alliance avec le roi profane

Le concept de religion est vague, mais les pouvoirs religieux sont un fait sociologique marquant dans l’histoire de l’humanité. Leurs nuisances et leur opposition aux messagers du Créateur sont bien établis. La dérive religieuse a commencé quand les créatures adamiques choisirent de s’éloigner de Dieu et de se disperser lentement sur toute la planète. En contact direct avec leur Créateur, elles n’avaient pas besoin de religion. C’est ce lien direct que la Parole nous appelle à restaurer.

Dans les groupes humains de taille modeste du passé comme dans les peuplades primitives actuelles coexistent souvent le sorcier et le chef guerrier. Le sorcier s’occupe de parler aux esprits, de pratiquer la magie et de sacrifier aux idoles pour que le groupe réussisse dans ses entreprises (chasse, santé, fécondité, guerre…) et le guerrier protège sa tribu et développe son territoire.

Avec le développement des populations urbaines et des royaumes conquérants, l’organisation religieuse change. Pour maintenir l’unité dans une population plus nombreuse, le sorcier laisse sa place à des clergés et à aux cultes qu’ils organisent pour impressionner le peuple. La rivalité entre pouvoir clérical et pouvoir royal peut poindre. Mais ils ont tout intérêt à pactiser. C’est ce qui se passera dans la plupart des grandes civilisations où les monarques ont été souvent divinisés.

Le Coran parle du peuple de Noé, égaré par les riches en biens et en enfants prônant l’attachement à leurs divinités (71/21-24). Mais il n’évoque pas de cléricature instituée. Les premières cléricatures avérées sont celles de l’Egypte et de l’Iran ancien, la religion mithraïste à laquelle le messager Zarathoustra, lui-même prêtre, s’est opposé. Il enseignait l’arrêt des sacrifices sanglants et la pratique de la Voie du Bien (post 5).

L’analyse des textes sacrés du zoroastrisme montre une superposition de langues dans les Gathas du messager. Les premiers textes sont rédigés dans une langue très ancienne, le vieil avestique. Puis des textes cultuels tardifs seront rédigés au bénéfice des puissants et de la caste des prêtres. Ils reprirent le pouvoir sur le peuple en codifiant le culte. Mais ils ne réintroduisent pas de sacrifices sanglants comme leurs cousins brahmanes.

Le seul passage où la Parole valide l’instauration de prêtres sacrificateurs est avec Aaron, frère de Moïse. Il fut chargé de superviser les sacrifices, une disposition provisoire pour aider les hébreux à se libérer du paganisme égyptien. A l’époque de Samuel, les prêtres s’étaient discrédités par leur comportement. En 2 Samuel 8, le peuple demande au prophète vieillissant de leur donner un roi pour les juger. Le Seigneur dit à Samuel : « Ecoute la voix du peuple, ce n’est pas toi qu’ils rejettent, c’est Moi, ils ne veulent plus que Je règne sur eux ».

Samuel met en garde le peuple en annonçant les calamités que la royauté humaine leur infligera. Il oint le roi Saul puis le roi David dont les descendants règneront sur les judéens. La royauté, d’abord soumise au prophète, accroit son pouvoir face aux prêtres. Les deux disparaitront face à l’empire romain, son polythéisme et son empereur divinisé. Le christianisme romain finira par s’asseoir sur le trône de l’empire après la conversion de l’empereur Constantin.

Jésus (post 2) était un juif pieux mais n’était pas prêtre. Ce sont des interprétations de l’Evangile qui ont réinstauré un pouvoir clérical qui n’existait pas au sein des communautés des premiers chrétiens. Elles reconnaissaient une primauté aux témoins directs de l’enseignement de Jésus et aux anciens respectés. Paul réussit à s’imposer comme autorité de fait alors qu’il était un ennemi actif des disciples de Jésus.

La religion chrétienne avec ses prêtres et ses théologiens est à l’évidence une trahison de l’enseignement de Jésus. Il récuse sévèrement ses clergés en 1974 comme il avait récusé les pharisiens, scribes et saducéens en Palestine. Le mot religion n’apparaît pas dans la Parole de 1974-1977. Par contre les clergés et théologiens y sont dénoncés comme des charlatans (33/20).

Le Coran dénonce la théorie fumeuse de la trinité monophysite. Il n’établit aucune cléricature, aucun calife « bien guidé », et n’adoube aucun juriste. C’est une fabrication tardive d’hommes mis au service des puissants. Ils se recommandent de hadiths et de traditions douteuses et contestées. Mais un mot du Coran est abondamment utilisé par la tradition musulmane pour justifier leur référence à une « religion musulmane voulue par Dieu », c’est le mot dîn traduit par religion. Qu’en penser ?

4 Quel sens donner à religion et dîn dans la Parole et le Coran ?

Le mot dîn apparait 92 fois dans 79 versets du Coran, dans des contextes et donc des sens variés. Cette racine peut signifier : système, pouvoir, suprématie, ascendant, souveraineté ou seigneurie, domination, loi, constitution, maîtrise, gouvernement, royaume, décision, résultat définitif, récompense ou punition auxquels s’ajoutent les sens d’obéissance, de soumission et d’allégeance.

Le mot dîn peut avoir quatre étymologies : dên en pehlevi, daênâ en avestique, dân en araméo-hébraïque, ou la racine arabe dâna. Sa traduction conventionnelle par le mot « religion » trahit un détournement de l’expression dîn al–‘arab (voie culturelle et cultuelle des Arabes) car le Coran appelait les arabes à rallier la foi monothéiste. Et quand le Coran parle de la religion d’Abraham » (arabe : milla ibrāhīm, مِلَّةِ إِبْرَاهِيمَ, croyance d’Abraham), le mot utilisé est milla et non dîn.

Le Dr Al Ajami dans son étude intra coranique non interprétative du texte arabe du Coran, affirme qu’il n’a pas identifié de versets où dîn pourrait prendre le sens de religion. Et il n’a trouvé que deux lignes de sens littéral coranique pour islâm : abandon plénier de soi à Dieu et reddition, sujétion.

Il propose ainsi une traduction non biaisée de certains versets clés du Coran :

  • Le verset 3/19 : « Certes, l’Islâm/al-islām est, pour Dieu, la religion/ad–dīn même… » devient « Certes, la Voie/ad–dīn en Dieu est l’abandon de soi à Dieu/al– islām ».
  • Le verset 3/85 : « Qui recherche une religion/dīn autre que l’Islam/al–islām, cela ne sera point accepté de lui » devient « Qui désire autre chose que l’abandon de soi à Dieu/al–islām comme Voie/dīn, alors cela lui sera refusé »
  • Et le verset 5/3 : « Aujourd’hui, J’ai rendu votre Religion/dīn parfaite ; J’ai parachevé ma grâce sur vous ; J’agrée l’Islam/al-islām comme étant votre Religion » devient « Ce jour, J’ai parfait votre rituel/dīn et vous ai comblés de Ma grâce, et il M’agrée de votre part l’abandon de soi à Dieu/al–islām comme Voie/dīn » (verset à contextualiser pour le pèlerinage à la Kaaba libérée des idoles de bois)

Le Coran dépoussiéré de la doctrine officielle rappelle la liberté laissée par le Créateur aux hommes que tous Ses messagers ont affirmé. Le verset « pas de contrainte en religion » (2/256) est la norme fondamentale qui balaie le sectarisme islamiste. Pour approfondir le sens à donner à din dans le Coran, il faut resituer son texte dans l’ensemble de la Parole.

Dîn inclut le sens d’autorité et de royaume, et un frère de l’aube arabophone a rapproché la Bible, la Parole de 1974-1997 et le Coran. Il propose comme traduction « la Voie droite du Royaume ». Il relève d’abord l’occurrence dîn al Malik dans la sourate Joseph 12/76, l’autorité du puissant, ici le pharaon. Elle ne permet pas à Joseph de retenir ses frères sauf s’il y a eu vol, ce qui explique son subterfuge de cacher sa coupe dans les affaires de son frère.

Il relève surtout l’expression (مَٰلِكِ يَوْمِ ٱلدِّينِ, Maliki yawmi ad-Dīn i en 1/4) que les musulmans répètent dans leur prière quotidienne en restant dans l’incertitude sur le sens de yawmi ad-Dīn i : « Comment saurais-tu ce qu’est le Jour du Din/Royaume ? Encore une fois, Comment saurais-tu ce qu’est le Jour du Din/Royaume ? Ce Jour-là, ce sera à Dieu de décider (82/16-18). Le Créateur est Maître du Jour du Royaume, le septième Jour, celui de la Résurrection dont la Promesse est rappelée en 1974/10.

Son Royaume inclut le pacte des prophètes (Coran 3/81) auquel Muhammad s’est engagé en 33/7 : croire et soutenir un messager venant après lui, c’est ne pas briser la continuité prophétique. Elle passe par les messagers Jésus, Muhammad et Mikal, ce qui balaie la tradition musulmane qui affirme qu’il n’y aura plus de messager après Muhammad (post 1). Le croyant libre doit s’échapper de la logique de fermeture des grandes religions qui prétendent toutes être les dernières ou les meilleures.

5 Qu’agonise la Bête du pouvoir

Il n’y a pas d’autre Maître ou Seigneur que Dieu, nous dit le Coran. Mais le Créateur, contrairement aux pouvoirs humains, agit en Père et respecte la liberté des hommes. Il nous guide sur la voie de la sagesse et du bonheur mais ne nous oblige pas à la suivre.

Les hommes ont choisi pendant trop longtemps la Voie de la Bête du pouvoir (post 60). Ils commencent à ouvrir les yeux sur les drames causés par l’alliance entre le roi noir, le pouvoir profane et le roi blanc, le pouvoir religieux, le roi qui tient la barbe de Moïse, Jésus et Muhammad (1977, 13/21).

Selon le Dr Al Ajami : « Le droit musulman, le fiqh, comme le dogme, al ‘aqîda, ne connurent leurs formes actuelles que deux siècles après la disparition du Prophète ; le Hadîth dut attendre presque un siècle de plus pour être stabilisé ; l’Exégèse coranique, tafsîr, un siècle encore pour imposer son paradigme du Coran ». « Depuis plus d’un siècle, la réforme de l’islam n’a pas donné les fruits escomptés. L’avenir est donc à la réforme du musulman, les clercs de l’islam ne le feront pas pour lui. Le Coran étant le référent commun partagé, chacun doit faire son travail de relecture du Coran, un ressourcement au texte » pour déterminer son ijtihâd personnelle. « Ce Message dont l’énergie initiale permit une étonnante éclosion de potentiels peut encore féconder les cœurs et les esprits ».

Et si on retient sa définition du musulman, celui qui s’abandonne à Dieu, l’Appel du Coran ne concerne pas que les « musulmans » culturels. La réforme nécessaire concerne tous les croyants qui se réfèrent à un texte sacré transmis par les messagers, ceux de la Bible ou celui de la Parole de 1974-1977 qui doivent les libérer des interprétations cléricales.

Reprenons le Coran dans sa traduction littérale : « Ô Hommes ! Nous vous créons d’un mâle et d’une femelle et Nous vous avons fait peuples et tribus afin que vous vous entre-connaissiez. En vérité, le plus noble auprès de Dieu est le plus pieux ; Dieu est parfaitement savant et informé » (49/13). Qui est meilleur en religion/dîn que celui qui soumet/aslama son être/wajh à Dieu, est bienfaisant, et suit le credo/milla d’Abraham avec inclination, car Dieu prit Abraham pour intime ? (4/125)

La Bête du pouvoir se nourrit de la peur et de la lâcheté du peuple et des convoitises des assoiffés de pouvoir politique et religieux. La Parole de 1974/22-14 nous indique dîn, la Voie droite du Royaume : « Plus jamais de princes, ni prêtres, ni docteurs, et la Bête, qui agonisera longtemps derrière l’horizon, mourra ».