Le « christianisme » qui s’est répandu dans l’empire romain proclame être l’héritier spirituel du juif Jésus de Nazareth. Est-ce une prétention légitime ? Ses premiers disciples missionnaient les juifs. Ils suivaient les instructions de Jésus de son vivant : « je ne suis venu que pour les brebis perdues de la maison d’Israël ». Le messager de l’Evangile avait pour mission première de libérer ses frères juifs de la tutelle des dominateurs, saducéens et pharisiens. C’était un réformateur, pas le fondateur d’une nouvelle religion.
Sur les quelques 800 000 juifs résidant en Israël, une infime minorité écouta les disciples de Jésus et cru en leur témoignage de sa Résurrection. Les pharisiens les contredisaient et les prêtres saducéens les persécutèrent quand ils virent que la mise à mort de ce galiléen Jésus n’avait pas suffi à étouffer son Message. Mais son message a été mal transmis, par oral dans de petites assemblées se concertant peu.
De nombreux évangiles ont été rédigés, les premiers une quarantaine d’années après la Résurrections de Jésus. Les travaux de l’école biblique de Jérusalem ont mis en lumière la composition tardive et hétéroclite de l’Evangile « selon Jean », écrit vers 95 et de l’Apocalypse bien plus tard. Il est impossible que l’auteur soit l’apôtre Jean. C’est un membre d’une communauté johannique qui mélangea des témoignages recueillis avec son intention théologique : « cet évangile a été écrit pour que vous croyez qu’il est fils de Dieu ». Son prologue n’est pas un enseignement de Jésus.
C’est Paul de Tarse, un zélé persécuteur des chrétiens, qui a élargi la mission au monde païen et encombré ses prédications de ses idées personnelles. Il n’avait jamais écouté Jésus de son vivant. Son énergie et son talent lui ont permis de constituer un groupe de fidèles plus important que celui des juifs missionnés par les autres apôtres. Cette réussite lui a permis de marquer durablement les orientations du nombre croissant de disciples de Jésus dans l’empire romain.
Les divisions dans le monde chrétien sont une conséquence de l’assassinat de Jésus au début de sa mission prophétique, maquillé en sacrifice rédempteur. Il n’a pas eu le temps de bien enseigner ses disciples qui « ont laissé la moisson d’Israël se dessécher sur place en s’égarant sur les friches » (Parole de 1974, 5/5), et le pouvoir impérial put étouffer leur dynamisme en soutenant une structure d’église romaine centralisée et des dogmes inventés par leurs théologiens pour détourner les fidèles de la vraie piété.
1 Le juif Jésus de Nazareth et ses premiers disciples, des juifs
Après son ascension, les premiers disciples criaient « Marana Tha » (Seigneur, reviens !), convaincus que le retour du Ressuscité était imminent, avant la mort de certains d’entre eux. L ’histoire leur a donné tort, ils avaient confondu l’heure de son retour annoncé par le Ressuscité puis par le Coran avec le Jour de la Résurrection déjà annoncé par les prophètes bibliques (post 38). Cette heure et ce Jour, Seul le Père pouvait en décider. L’heure est venue en 1974, mais nous sommes encore loin du Jour dont le Père décidera : « quatre générations ne suffiront pas… une multitude d’hommes dont les os ajoutés feraient une montagne trouvera la Vie » (24/3).
Le petit groupe des premiers disciples était piloté par Jacques le majeur, dit « frère de Jésus » pour les juifs hébraïsants, et Etienne pour les juifs hellénisants en Palestine puis à Antioche. Il fut le premier « martyr » vers 34, suivi par Jacques de Zébédée en 44 et Jacques le majeur en 62, puis Pierre et Paul en 68 après la grande persécution de Néron qui suivit l’incendie de Rome en 64. La diaspora juive était une cible prioritaire des apôtres. Ils prêchaient dans les synagogues des grandes villes, d’abord Alexandrie et Rome (on ne sait qui inaugura ces missions), Antioche supervisée par Pierre, puis Ephèse par Jean.
Paul n’était ni apôtre ni disciple de Jésus. De son vivant, il persécutait avec zèle les chrétiens et mit en danger la survie du petit groupe de disciples. Jésus l’aveugla en 34 sur le chemin de Damas pour le contraindre à écouter ses apôtres au lieu de suivre ses idées de juif sectaire. Il se joignit à la mission chrétienne mais son talent de prédicateur posa problème : il lança dès 45 une mission vers les païens, plus faciles à convertir, fit un voyage sur mer en partant d’Antioche. Il constitua des assemblées et écrivit sa première lettre aux Thessaloniciens en 51, bien avant l’Evangile de Marc (vers 70). Les apôtres n’approuvaient pas cette dispersion débattue à l’assemblée de Jérusalem avec Jacques et Pierre vers 49. Ils laissèrent Paul agir et remplacèrent la circoncision, difficile pour les païens, par le baptême comme signe d’entrée dans les communautés chrétiennes. La fameuse phrase « baptisez les au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit » (Matthieu 28) est œuvre tardive de faussaire pour justifier la doctrine de la trinité, elle ne figure pas dans les manuscrits anciens.
Dans les premiers temps de la mission évangélique, des désaccords opérationnels apparurent entre les apôtres qui pilotaient une petite communauté d’assemblées soudées autour d’eux. Ces désaccords furent résolus par consensus fraternel, Jésus n’avait jamais instauré Pierre comme chef de ses apôtres. Son Evangile a été altéré en fonction des intérêts de la cléricature romaine. Que Pierre soit venu à Rome où il aurait été exécuté est une invention tardive. Pierre était à Antioche, seul Paul est allé sans aucun doute à Rome.
Paul écrivait en pasteur stimulant ses convertis, il n’avait pas anticipé les dérives de structure cléricale et de théologiens qui se greffèrent sur ses lettres. Paul organisa leurs communautés avec des fonctions : en 1 Cor 12, apôtres, puis prophètes, puis docteurs-enseigneurs, puis en 1 Ph., épiscopes et diacres. Les épiscopes évoqués aussi en 3 Tim. sont des responsables de la communauté. Ce seront les futurs évêques dont on parle à Antioche vers l’an 95 comme d’une hiérarchie du christianisme : évêque, prêtre et diacre. C’est sous Constantin que la notion de dogme apparaîtra, puis la notion de pape successeur de Pierre, puis les théologiens, d’Augustin à Luther, se serviront des lettres de Paul qui envahissent le « Nouveau Testament ».
2 Les églises émergentes et les persécutions sous l’empire du roi noir romain
Le mot chrétien apparait tardivement au premier siècle (voir post 2). Les persécutions dans l’empire renforcent leur courage et leur exemplarité. Les convertis affluent. En près de trois siècles, le christianisme était devenu le groupe religieux le plus important de l’empire romain, en nombre et en détermination. Il toucha toutes les nations et classes sociales, les villes comme les campagnes. Ses communautés sont reliées mais indépendantes : celle de Rome ne domine pas, le pouvoir des évêques d’Alexandrie, Antioche, Carthage, Constantinople et Jérusalem reste important.
Au quatrième siècle, Rome était au sommet de sa puissance militaire, acquise au temps de César Auguste, les barbares celtes et germains avaient été vaincus, toute la Méditerranée était soumise à ses soldats. L’empereur fut divinisé, l’agglomération de Rome dépassa le million d’habitants plus ou moins permanents. La menace pour les empereurs était celle de l’intérieur, de ces « détestables superstitions chrétiennes » dénoncées par Suétone et Tacite. Ces rebelles qui refusaient de sacrifier aux dieux du panthéon commençaient à sortir des catacombes, à se construire des églises de plus en plus visibles et convertissaient au détriment non plus des juifs mais des païens en les attirant par l’amour qui régnait entre eux dans leurs assemblées.
Constantin, élu empereur à Rome par son armée en 306, voulait tout contrôler. Il massacre ses rivaux, rétablit l’unité de l’empire, déplace sa capitale à Constantinople en 330 et se fait baptiser sur son lit de mort en 337. Le christianisme devient la religion officielle de l’empire. Julien « l’apostat », proclamé empereur en 361, révoque la foi chrétienne imposée par son père, mais Théodose, dernier empereur à régner de 379 à 395 sur tout l’empire, sous la tutelle spirituelle de l’évêque Ambroise de Milan, rétablit le christianisme comme religion officielle et accorde de nombreux privilèges aux prélats chrétiens au détriment des païens et des juifs.
Constantin parlait des juifs comme d’une « secte néfaste », des assassins de Jésus, pires que les païens. Ils vont être considérés comme répugnants, c’est le début de l’antisémitisme (post 32). Or les synagogues de nos frères juifs rayonnaient sur le monde païen, ils impressionnaient les « craignant Dieu » par leur comportement vertueux. Beaucoup des premiers chrétiens venaient de cette sensibilité et Jean Chrysostome dut haranguer ses fidèles pour les dissuader d’assister aux fêtes de la synagogue. Le monde juif dut se refermer sur lui-même.
Les empereurs vont organiser des conciles doctrinaux (entre 325 et 451) pour imposer leurs idées à toutes les communautés chrétiennes. Le monde chrétien s’éloigne de l’évangile et du monde juif, passe sous la coupe de théologiens officiels, se cléricalise avec des ambitieux qui se disputent les postes d’évêques et de pape, et il dérive vers l’antijudaïsme. L’invention de la doctrine de la trinité va séparer définitivement les mondes chrétiens du monde juif et de l’islam, car le judaïsme des rabbins est resté strictement monothéiste et le Coran récuse la trinité.
En 410, les barbares prennent Rome, le pouvoir militaire passe au monde de langue grecque, mais l’église romaine perdure. La rivalité de pouvoir entre le pape romain et ses collègues byzantins tournera à l’avantage du romain avec le couronnement à Rome de Charlemagne en 800 par le pape Léon III. Le christianisme devient une puissance religieuse qui s’étend sur toute la Méditerranée, la France des gaulois et l’Angleterre des saxons.
La rivalité entre l’empire romain et l’empire musulman conduira Rome à faire barrage pendant des siècles à tout échange serein avec l’Islam, considéré comme un ennemi (post 33). Les docteurs serviles du pouvoir élaboreront au fil des siècles une cathédrale de mots pour endoctriner leurs fidèles.
3 Les délires des théologiens (trinité, sacrements…)
En 1974, l’envoyé de YHWH dicte au témoin : « Muhammad Mon messager venu avant toi a enseigné que Jésus n’est pas Dieu, que ceux qui croient cela sont impies, son enseignement est vrai. L’homme Jésus n’est pas Dieu, c’est le Christ qui est Dieu, c’est Moi né de Jésus né de Marie. Un espace plus long qu’un rayon de soleil va de Jésus au Christ. La distance infinie qui sépare la terre du Ciel, il l’a parcourue, il s’est embrasé de Mon Amour pour l’homme son frère et comme une fumée pure il s’est élevé vers Moi. Je l’ai fondu en Moi, J’en ai fait un Dieu, il est devenu Moi, quelle intelligence d’homme, faible lumignon peut comprendre cela ? ».
Les premiers conciles et leurs théologies de la trinité vont polariser les rivalités entre les docteurs en théologie latinophones et les grécophones qui vont délirer sur la manière de décrire la trinité, une vieille idée qu’on trouve dans les religions égyptiennes et hindouistes. Les romains imposeront leurs idées de Jésus co-créateur de l’univers (le filioque de leur credo) et de Marie mère de Dieu. Ces confits stériles conduisirent à l’émergence de doctrines divergentes sur la trinité et le rôle des sacrements.
Les idées d’Origène (185-233) seront débattues et Rome imposera sa théorie en le déclarant hérétique trois siècles après. D’autres comme le prêtre Arius d’Alexandrie (256-336) ou l’ascète Pélage feront école avec des idées qui ne plaisaient pas aux papes. Le pélagisme affirme que les enfants naissent innocents mais Augustin, l’évêque de Tunisie glosant les lettres de Paul, prétendit que le baptême des enfants ouvrait la porte du paradis. Il fut érigé en saint et « docteur de l’église » pour son soutien aux prétentions du clergé romain à une puissance sacramentelle dont seuls ses prêtres pouvaient disposer. Le pape commence par persécuter les « hérétiques », dépose les évêques rebelles et excommunie. Il rencontre des résistances, surtout avec l’arianisme, doctrine que les germains suivent, mais quand son pouvoir devient sans rival, le pape fait tuer les hérétiques.
En Orient, le rejet du concile de Chalcédoine en 451 va initier des mouvances de théologiens, comme les monophysites ou jacobiens, les nestoriens et les chalcédoniens ou melkites. Elles se cristalliseront en églises rivales du patriarcat de Constantinople lui-même affairé à ses conflits de préséance avec l’empereur byzantin, une rivalité de roi blanc et de roi noir. La tradition orientale de patriarcats autocéphales préservant la diversité des nations diffère de la centralisation romaine et explique la grande complexité des églises liées au hasard des conquêtes par les turcs, les byzantins ou les croisés romains.
La fracture entre Rome et Constantinople s’accentuera au fil des siècles et sera actée par les excommunications réciproques entre le roi blanc catholique et le roi blanc orthodoxe en 1054. Le déferlement des conquérants musulmans anéantira l’empire byzantin, et les rois blancs orthodoxes ne règneront plus que sur une minorité de chrétiens où les slaves deviendront majoritaires avec le patriarcat de Kiev en 998, transféré à Moscou en 1589. L’irruption du communisme en 1917 va fracturer le patriarcat moscovite et beaucoup d’orthodoxes émigreront vers les territoires sous la tutelle de Rome. Les orthodoxes sont maintenant à peu près 10% des chrétiens.
Les clergés officiels verrouillent la piété du peuple par le haut, leur hiérarchie cléricale et par le bas, l’accès à la Parole pure. Les Messages des prophètes juifs sont noyés dans une grosse Bible en latin lourdement glosée, le Coran est ignoré ou traduit de manière fallacieuse. Les fidèles devront se limiter à leur missel et le culte collectif sera encadré par des prêtres et confiné dans des églises.
Le christianisme romain avait martelé sa prétention à détenir les clefs du salut et son exaltation du célibat du clergé, oubliant la Parole du Créateur dans la Genèse : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul ». L’attrait pour une vie exemplaire de sainteté conduisit certains à s’éloigner du monde comme Antoine le stylite, l’ascète du désert qu’on venait de loin écouter en 270, mais cette dynamique incontrôlable préoccupa les rois blancs chrétiens. Ils établirent des monastères fermés, soumirent moines et moniales à un vœu d’obéissance et à des règles de vie étouffantes. Les monastères se développèrent, en Orient puis en Occident. Cluny débuta en 910 et comptait en 1156 mille monastères affiliés en Europe qui étalaient leurs richesses et organisaient des cultes pompeux, oubliant le vœu de pauvreté. Ces excès suscitèrent les initiatives des réformateurs de Cîteaux et Clairvaux.
Au 13ème siècle apparurent les ordres de frères prêcheurs sous l’impulsion de Dominique puis de François d’Assise, soumis au vœu d’obéissance, mais sortant pour enseigner les doctrines officielles. Le zèle de ces prédicateurs endoctrinés servit l’inquisition quand leur ordre mit au premier plan la lutte contre l’hérésie :les dominicains relayèrent les tribunaux épiscopaux et devinrent inquisiteurs. La vie désordonnée, ostentatoire de richesse des hiérarchies cléricales scandalise les hommes pieux, c’est le terreau de la réforme luthérienne.
4 L’ouragan sur les clergés catholiques : le protestantisme
La Réforme protestante partit du scandale du trafic des indulgences par le clergé qui s’enrichissait sur la peur de l’enfer. Ce fut la première dissidence que le roi blanc romain ne put écraser. Quelques rebelles s’insurgèrent, en Allemagne Luther (1483-1546), en Suisse Zwingli (1484-1531) puis Calvin (1509-1564). Luther était un moine pieux, docteur en théologie enseignant à l’université. Il spécula sur les lettres de Paul, le salut par la Grâce que procure la foi, en ignorant l’épitre de Jacques qui affirme l’importance des œuvres. Luther afficha sa révolte en 1517, fut excommunié en 1521, mis au ban de l’empire par Charles Quint et condamné par la Sorbonne en 1521. En France, sous François 1er, on brûla en 1523 un moine pour « hérésie luthérienne » et le conseiller du roi et traducteur d’Erasme fut exécuté. Son successeur Henri II (1547-1549) persécuta les protestants.
Luther, protégé par le prince de Saxe, continua à polémiquer, contre Erasme et son libre arbitre en 1525, et contre Zwingli en affirmant la « présence réelle » du Christ dans le pain. Pour lui l’homme n’était sauvé que par la Grâce, il croyait dans la puissance du baptême et de l’eucharistie. Il rédigea la confession d’Augsbourg en 1530, référence du luthéranisme. Il abandonna le célibat en épousant une religieuse, Katharina, dont il eut six enfants. L’imprimerie lui permit la diffusion rapide de ses écrits dans toute l’Europe. Le docteur Luther résuma sa doctrine par sola scriptura, sola fides, sola gratia sans se poser la question : qui a écrit la Bible ?
En 1974, Jésus affirme : « Il est impie d’entendre les docteurs qui bavardent, ils repaissent de vent Mon Peuple, multiplient vanité et tromperies, ils sont en procès incessants avec leurs contradicteurs, ils louent les princes et les chefs de leurs rebelles, ils ont réponse à tout, ils sont le mensonge du mensonge… Dans mes assemblées on ne parlera par une langue d’ivrogne comme font les docteurs, personne ne délirera sur Mes Livres » (32/6).
Calvin était juriste et travailla sur les écrits de Luther et Zwingli (qui initia la première parution d’une Bible traduite en 1531). Soupçonné par l’inquisition, il s’enfuit en 1534 de Paris où il étudiait, tenta de convertir Genève puis alla à Strasbourg. Les calvinistes devenus majoritaires le rappelèrent à Genève où il institua une organisation ecclésiale qui fit brûler vif Servet en 1553 qui osait contester la trinité, ce qui gênait sa théologie où le Saint Esprit tient un grand rôle. Il pensait comme Paul que Dieu institue l’autorité politique et que l’Etat a une mission de rejeter les hérésies par tous les moyens. La libération protestante de l’idéologie romaine resta limitée, mais le protestantisme luthérien devint dominant dans le « saint empire romain germanique », dans l’Europe du Nord et en Angleterre où Henri VIII voulait répudier sa femme, ce que Rome refusa. C’est le roi noir anglais qui répudia le pape pour fonder l’église anglicane dont la reine est le chef.
Les guerres de religion se déchainèrent en France, état vital pour le roi blanc romain, le plus peuplé d’Europe avec ses 18 millions d’habitants face à 12 en Italie, 9 en Espagne et en Allemagne. Huit guerres civiles s’y succédèrent de 1559 à 1587 après l’assassinat d’Henri III par un moine catholique. Le massacre de la Saint Barthélémy est resté dans les mémoires. La population protestante française passa de 2 à 1 million, mais les ligueurs catholiques qui s’étaient emparés de Paris et se posaient en saint pénitents avaient fait peur au peuple. L’édit de Nantes de 1598 par Henri IV mit fin au carnage. Le catholique Louis XIV le révoqua avec sa doctrine « un roi, une foi, une loi ». Le souvenir des guerres de religions et la peur du chaos préparera la montée en puissance de l’absolutisme royal français qui limite l’indépendance des nobles et l’asservissement du peuple dans leur fief.
La papauté finit par réagir au protestantisme avec le concile de Trente en 1545 qui s’attaqua aux abus ecclésiastiques sans aucune remise en question des délires de leurs docteurs.
5 La colonisation et la mondialisation du christianisme
L’émigration européenne liée à la colonisation permit aux réformés d’aller vivre loin de la papauté avec leur foi libérée du joug romain. En Angleterre, de nombreux courants émergèrent (épiscopaliens, presbytériens, méthodistes, quakers…), car le Parlement jouait un rôle modérateur face au roi. Certains se développèrent aux USA comme les puritains, les piétistes, les baptistes, les unitariens ou s’y enfuirent comme les mennonites.
En 1790, 98% des quatre millions d’américains étaient protestants, très attachés à la liberté religieuse, mais aussi au culte textuel de la Bible décortiquée par des pasteurs discoureurs, meneurs de foules comme Graham ou télévangélistes. Le catholicisme sera importé par les français et espagnols au Canada, en Louisiane, au Mexique et dans l’Amérique du Sud et se développe aux USA avec l’immigration hispanique.
Ce contexte de liberté religieuse permit à certains mouvements d’établir une solide base locale avant d’exporter leurs idéologies, comme les témoins de Jéhovah ou les mormons. Les mormons, comme les bahaïs, se référent à un prophète, Joseph Smith qui prétendait avoir découvert des tablettes avec un récit de disciples de Jésus venus aux USA. Smith fut assassiné et ses disciples trouvèrent refuge en Utah.
Quant aux témoins de Jéhovah, ce sont les pasteurs Russel et Rutherford qui établirent l’idéologie du mouvement des « étudiants de la Bible ». Ils en sont restés à une lecture littérale de leur propre Bible où l’Apocalypse joue un rôle essentiel. Leurs pasteurs d’origine leur ont fait croire qu’ils feraient partie des 144 000 sauvés qui exerceraient un ministère de mille ans sur les humains, comme une multinationale américaine. Leur prédiction de la fin du monde en 1914 a été révisée plusieurs fois. Bien entendu, pour eux comme pour les évangélistes bornés, l’islam comme les autres courants chrétiens différents d’eux sont sataniques.
Le christianisme est présent dans de nombreux pays avec des pratiques très éloignées des variantes traditionnelles, comme au Brésil, et des églises considérées comme des sectes, à tort ou à raison, comme l’église de Moon en Corée ou l’iglesia ng christo aux Philippines. Des efforts sont faits par les grandes églises pour rapprocher les chrétiens entre eux dans une dynamique d’œcuménisme, mais son impact est limité car il s’agit de négocier des compromis entre clergés sans libérer la piété des fidèles.
6 La nécessaire libération des assemblées nouvelles
Jésus dont se réclament les ecclésiastiques, nous dit en 1974 veillée 3 : « Je ne me suis pas donné de masque, Je n’ai pas établi un rang de princes devant Moi pour Me cacher la Face, qu’ils siègent au levant ou au couchant, les princes du culte couronnés et leurs docteurs serviles, qui méditent avec art Ma Parole pour y trouver des lois qui assurent leurs trônes et leurs chaires à Jérusalem, à Rome, à Athènes, au-delà des mers, partout où les princes ont établi leurs conquêtes, où leurs rebelles ont essaimés, ayant délaissé leurs couronnes et leurs trônes, mais ayant gardé leurs docteurs pour faire de Ma Parole d’autres lois qui ne valent pas mieux que celles des princes, tous, princes ou rebelles, proclamant Mon Nom, tous élevant ma croix comme un bâton de commandement. Ma Parole, ils la proclament à Mon peuple mais ils ne la lui abandonnent pas, car ils excellent à faire un secret, un lieu sombre d’eux seuls connus de Ce Que J’ai livré au monde dans la Lumière. (Dans) Mon Peuple, tous sont princes, tous règnent sur la mort et sur l’enfer quand ils vivent selon Ma Parole ».
L’histoire nous a appris les horreurs commises par les clergés : « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens ! », aurait dit le légat du pape dans le cadre de ses croisades en ordonnant le massacre des habitants de Béziers en 1209. L’inquisition suivra quelques siècles plus tard et l’actualité met en lumière d’autres horreurs des clergés. Jésus avertit les clergés chrétiens : « Que des princes sans ruse acceptent de se rendre à Ma Parole, qu’ils te remettent sur le champ leur couronne, leur bâton de commandement, qu’ils descendent de leur trône » (15/7). Et : « J’appelle encore les prêtres à la Vérité. Celui qui restituera à Mon Peuple qui ses biens, qui sa piété, s’éteindra heureux au milieu des siens ; mais qu’il tarde, qu’il prenne des détours, il subira la violence » (28/22).
Quant au peuple de Dieu, nous, Jésus nous appelle à construire des assemblées libres et souveraines d’elles-mêmes (8/1). Il rappelle en 21/6 les instructions qu’il avait données à ses apôtres : « J’ai envoyé Pierre et Mes disciples prêcher les juifs pour les délier en mon nom de leurs serments envers le temple et ses prêtres, envers les synagogues, et les lier à mes assemblées nouvelles et à Ma Parole, comme le roi envoie ses messagers convier ses sujets à ses noces, les déliant de tout obligation ce jour-là, car c’est toutes affaires cessantes qu’un Juif peut répondre à l’invitation de son roi. Mais ce roi n’a ni ministre ni gouverneur ».
Le christianisme d’assemblées libres des premiers siècles a été étouffé par les théologiens, les ministres du culte et leur hiérarchie. Il est temps de nettoyer de leur présence les assemblées nouvelles. Pour faire alliance fraternelle (35/11) avec les assemblées de nos frères juifs et musulmans. Car la fracture de la Parole est une cause majeure d’ignorance et de divisions dans le monde chrétien.
L’unité des chrétiens ne pourra se faire un jour qu’autour du Ressuscité et de son enseignement rappelé en 1974 : « Je ne t’envoie pas abolir les assemblées de culte, mais les nettoyer des princes, de leurs prêtres et de leurs docteurs, que Je n’ai pas établi sur elles, les laver des enseignements trompeurs et des pouvoirs illusoires que Je n’ai livré en aucune main, car Ma Parole seule sauve, Mon Bras seul donne force, Mon Pardon seul absout ».
Se référer aux Livres de la Parole purs de toute glose (10/10) et en écarter les livres d’homme, ceux de Paul et de Jean en particulier, créera un bouleversement salutaire dans le monde « chrétien ».