Les bouddhismes religieux asiatiques ont dévié par rapport à l’enseignement de Bouddha (post 4). La dérive la plus évidente est celle des innombrables statues qui le représentent en position de méditation figée, comme les crucifix chrétiens représentent Jésus mort sur la croix. Or ces hommes ont marqué l’histoire en se déplaçant et en enseignant à tous avec une intarissable énergie et une bonté hors du commun. Leurs âmes sont encore rayonnantes de vie.

Comme l’Evangile et le Coran et contrairement aux Gathas et au Vedas, les enseignements de Bouddha, ses sutras, se sont répandus bien au-delà de la population et de la langue dans laquelle ils ont été enseignés. Mais leur transmission a souvent intégré des éléments culturels autochtones ou les idées personnelles des transmetteurs. Il faut prendre l’ensemble des sutras et les comparer à l’exemple donné dans sa vie par le Bouddha pour avoir une idée cohérente et fidèle de son enseignement.

L’intention de Gautama, pas plus que celle de Jésus, n’était pas de fonder une nouvelle religion. Mais au contraire de libérer leurs contemporains des systèmes religieux qui les endoctrinaient. Bouddha disait : « Après ma mort, le Dharma et la discipline que je vous ai enseignées seront votre Maître ».
Mais les générations suivantes ont accommodé à leurs sauces ces enseignements pour en faire des religions. Des bouddhismes, avec des « maîtres » et leurs spéculations surajoutées à l’enseignement d’origine. Ils se sont fabriqués des statues, des temples, des monastères avec de puissants et orgueilleux clergés pour les gérer. C’est cette même dérive qui détourna la Parole de Jésus pour construire des christianismes d’églises (post 29).

La diversité des traditions religieuses constituées au fil des siècles peut être illustrée par celle des codes artistiques des statues de Bouddha -qui de toute façon ne devraient pas exister-. Je veux bien croire qu’avant de renoncer à l’ascétisme excessif, Siddhârta ressemblait provisoirement à ces statues émaciées retrouvées au Pakistan. Mais les bouddhas ventripotents et rigolards de la tradition chinoise, non, vraiment non ! Quant aux statues de l’Asie du Sud-Est avec une bosse sur la tête et un air asiatique, elles sont souvent belles, mais loin d’une évocation fiable de l’homme historique. Il n’a jamais dit : faites des statues de moi et prosternez-vous !

Comme l’enseignement de Jésus est indissociable du contexte de la religion juive, celui du Bouddha est indissociable du brahmanisme qui avait remplacé depuis longtemps le védisme original. Siddhârta connaissait sans aucun doute les « trois Vedas » (post 6), évoqués dans ses échanges avec les brahmanes, mais il ne connaissait probablement pas les Gathas de Zarathoustra (post 5) enseignés 2000 ans avant lui, ni le Mahabharata donc la Gita apparue quelques siècles après lui. Il y a donc du travail à faire pour retrouver une unité spirituelle autour de l’enseignement du Bouddha historique ! Notons cependant que contrairement aux religions monothéistes, les bouddhismes culturels ne se sont pas fait la guerre pour des raisons religieuses. Il n’y a eu que des rivalités de rois et seigneurs.

1 L’héritage spirituel de Siddhârta Gautama et les bouddhismes asiatiques

Les sutras de Bouddha sous les diverses formes que nous leur connaissons actuellement résultent des enseignements oraux donnés par Siddhârta. C’est son principal héritage et un patrimoine irremplaçable pour toute l’humanité. Il y des bouddhistes à peu près partout dont une infime minorité est originaire des zones de la vallée du Gange où Bouddha enseignait.

On pourrait évoquer quelque 600 millions de bouddhistes dans le monde. Mais près de la moitié sont en Chine où il est très difficile d’appréhender les convictions religieuses, d’autant plus que le bouddhisme, le taoïsme et le confucianisme sont souvent mélangés dans les temples chinois. Par contre, on peut sans aucun doute identifier comme « bouddhistes », une bonne centaine de millions de fidèles dans les zones du Theravada, et à peu près autant dans les zones himalayennes, plus 35 au Japon, 15 au Vietnam et 12 en Corée du Sud. C’est donc une importante masse de croyants hétérogène par l’habitat et la culture.

En Inde, l’apogée du bouddhisme date de l’empereur Asoka, mort en 232 avant J.C. Son royaume allait jusqu’à l’Afghanistan. Bouddhiste convaincu mais très tolérant à l’égard du brahmanisme et du jaïnisme, il envoie des missionnaires dans les royaumes avoisinants. C’est le principal acteur de l’expansion du bouddhisme.

La diffusion vers Ceylan intervint d’abord. Dans ce pays le bouddhisme est institutionnel et majoritaire. Mais l’hindouisme et l’Islam sont présents, surtout parmi les tamouls venus d’Inde du Sud. Puis le bouddhisme s’est d’abord exporté en Afghanistan (la destruction par les talibans des statues géantes de Bouddha est dans toutes les mémoires). Il a suivi la route de la soie vers la Chine. De là il s’est propagé vers le Vietnam au deuxième siècle, la Corée au quatrième, le Japon au sixième, enfin vers le Tibet au septième siècle. L’exportation vers la Birmanie et la Thaïlande est partie de Ceylan vers le cinquième siècle.

2 Le bouddhisme theravada, la route du Sud, via Ceylan vers l’Asie du Sud Est

L’assise culturelle du Theravada repose essentiellement sur les trois pays les plus peuplés qui s’y réfèrent. Ils ont entre eux de forts liens historiques. Sri Lanka fut le premier touché par le bouddhisme grâce au fils de l’empereur Ashoka,, c’est là que les premiers écrits bouddhistes furent consignés au premier siècle après J.-C. sur des feuilles de palmier calicot. Il fut suivi de la Thaïlande et la Birmanie. Ces pays abritent environ 100 millions de bouddhistes.

Le bouddhisme au Sri Lanka, d’abord triomphant, a connu une période de déclin abyssal après de nombreuses guerres intestines pour le contrôle de l’île. En 1070 le nouveau roi n’a pu trouver que 5 moines pour restaurer le bouddhisme. Il a dû faire venir de Birmanie des savants avec des textes sacrés. De nos jours, après une terrible guerre civile, les tensions restent fortes avec les minorités tamoules, les hindouistes du nord de l’île, ou les musulmans concentrés sur la côte.

Dans ce pays avec un président élu, l’instrumentalisation des rivalités religieuses avec l’hindouisme et l’islam sert le pouvoir pour renforcer son emprise et son armée. Il cultive les préjugés de sa majorité électorale « bouddhiste ». Elle est très loin de la non-violence et de la compassion enseignée par Bouddha. Il y a actuellement 6000 monastères et 15000 moines bouddhistes. C’est un contre-pouvoir puissant (comme en Birmanie soumise à une dictature militaire). Il y a trois principales obédiences de clergés au Sri Lanka, mais sans différences doctrinales.

En Birmanie, le bouddhisme est une religion populaire, pratiquée par 89 % de la population, avec la plus forte proportion de moines dans la population et de revenu consacré à la religion. Mais c’est un bouddhisme très superstitieux avec les nats, les esprits qui ont leur petit autel partout. Dans ce pays multi-ethnique, les musulmans Rohingya constituent la minorité la plus opprimée du monde. Ils ont été importés du Bangladesh par les anglais pour travailler sur leurs plantations. L’ethnie birmane les rejette catégoriquement.

Le nationalisme birman a toujours été puissant et les guerres entre rois birmans et rois thaïs ont été sanglantes. Sa situation géographique avec le trafic de drogue, les tensions avec les minorités du Nord, conduisant à une armée démesurée ont placé ce peuple dans un contexte de violence perturbant leur sagesse bouddhiste et le travail d’approfondissement des textes sacrés comme il existe encore au Sri Lanka.

En Thaïlande, le bouddhisme est de fait une religion d’état. Ses fidèles représentent 95% de la population, le reste est la minorité musulmane du Sud qui se sent plutôt malaise que thaï. L’institution royale reste le pouvoir dominant dans l’esprit du peuple, très nationaliste et fier de sa culture. Il est de tradition que tous les hommes y compris le roi passent par une formation dans un temple, toujours dirigé par un supérieur dont l’autorité est rarement contestée, même quand de graves abus sont constatés.

Le pouvoir du clergé thaï, comme celui de l’armée est très important mais tous deux sont loyalistes au pouvoir royal. C’est une société verrouillée par un pouvoir centralisé et masculin où les superstitions populaires restent vivaces : astromancie, amulettes porte-bonheur, petits temples pour les esprits et évidemment culte des statues de Bouddha. L’ordination de quatre nonnes bouddhistes à l’automne 2009 a conduit à l’exclusion de l’ordre thaïlandais du moine qui avait pris cette initiative.

Dans ces pays du Theravada, on constate donc que les rivalités de pouvoir, d’ethnies et de religions perdurent de nos jours et dégénèrent en violences communautaires. Les superstitions populaires restent très vivaces et les moines et surtout leurs supérieurs constituent un véritable pouvoir, très loin de la pratique des modestes et vertueux moines errants de l’époque du Bouddha qui s’adonnaient à la méditation.

3 La route du Nord, le bouddhisme Mahayana diffusé vers la Chine

L’introduction du bouddhisme en Chine date du deuxième siècle avant J.C. avec l’ouverture de la route de la soie par Zhang Qian qui favorise les échanges avec l’Asie centrale. L’empereur Mingdi en 60 envoie des émissaires à l’empire Kouchan au nord du Pakistan actuel, et en Afghanistan d’où parviendront en Chine moines et sutras qui seront traduits en chinois. Ils diffuseront ensuite dans le reste de la Chine, entrant d’abord en concurrence avec les traditions confucéennes et taoïstes.

Assez rapidement un amalgame se produit, en particulier dans les temples et monastères qui se développent ou régressent en fonction des faveurs des empereurs. Dès le cinquième siècle, de nombreux échanges avec des lettrés d’Asie Centrale ou d’Inde stimulent une recherche autochtone sur les sutras et le développement de différentes écoles de pensées bouddhistes chinoises. En 845, l’empereur taoïste Tang Wuzong interdit à nouveau le bouddhisme, « religion étrangère ». Après ses persécutions, seuls subsisteront les courants Chan et Terre Pure. Les écoles célèbres pour leurs brillantes théories ne retrouvèrent pas leur public. Les méditants isolés ou en petit groupe du Chan ont mieux résisté, de même que ceux de la Terre Pure avec leur pratique de prière superstitieuse et une large implantation populaire. L’école bouddhique de la terre pure deviendra la religion dominante en absorbant des notions du taoïsme et du confucianisme.

C’est en Corée que la dynamique de recherche sur les textes sacrés, du Theravada comme du Mahayana, restera la plus dynamique au fil des siècles. Mais après un âge d’or du bouddhisme au quatorzième siècle, le royaume de Goryeo souffrait des excès du clergé bouddhiste : trop de moines et de nonnes. Beaucoup d’entre eux entraient dans le sangha pour échapper aux taxations et au service gouvernemental. Trop de temples à supporter et trop de rituels complexes, le bouddhisme était devenu un frein important pour l’économie nationale. Un mouvement néo-confucianiste et vigoureusement antibouddhiste prit de l’ampleur et devint une puissance politique.

Dans le bouddhisme coréen actuel, la pratique est restée proche de celle de Jinul qui combine la méditation gwanhwa et l’étude des textes bouddhistes. La vie dans le sangha est essentiellement itinérante : chaque moine a un monastère d’origine. Mais il voyage à travers les montagnes d’un monastère à l’autre, restant aussi longtemps qu’il le désire pour apprendre et enseigner. Longtemps les bouddhistes se sont affrontés sur des divisions doctrinales et leur influence a diminué au profit des missionnaires chrétiens qui savaient utiliser ces divisions. Actuellement, 32% des sud-coréens de déclarent chrétiens et 24% se déclarent bouddhistes. En Corée du Nord, le communisme et la guerre ont réduit à quelques temples et une petite minorité de fidèles ce qui restait du bouddhisme, moins persécuté que le christianisme.

La relation entre ces religions en concurrence, bouddhisme et christianisme, est parfois tendue. Dans les années 1980, le président Chun Doo-hwan s’attaque au bouddhisme. Il envoie des troupes contre les temples et fait arrêter et torturer des centaines de moines. Les conflits continuèrent dans les années 1990. Le gouvernement coréen accuse les moines bouddhistes d’immoralité tandis que les missionnaires chrétiens poursuivent leur activité. Plusieurs temples furent incendiés, des statues de Bouddha vandalisées ou décapitées, des croix rouges peintes sur le mur des temples et les statues. Des étudiants d’universités bouddhistes se plaignent aussi de tentatives agressives de conversion au christianisme. Une pratique bien connue des groupes américains évangélistes, témoins de Jéhovah ou mormons.

4 Le bouddhisme tibétain

Le bouddhisme s’est développé au Tibet à partir du roi Songtsen Gampo (vers 609 à 613-650). Il combattit d’abord les royaumes bouddhistes. Il favorisait le chamanisme et la tradition bön au début de son règne. Il unifia le Tibet et menaçait les frontières de la Chine. Afin de l’apaiser, l’empereur chinois lui donna l’une de ses filles : la princesse Wencheng et il était déjà marié à la princesse népalaise Bhrikuti. Par ces unions, il fut naturellement influencé par les bouddhismes chinois et népalais.

Plus tard, le roi Trisong Detsen (742-797) remporte un ensemble de victoires militaires lui assurant le contrôle des oasis des routes de la soie et temporairement de Xi’an, capitale de la dynastie Tang. Il invite au Tibet les plus grands maîtres chinois et indiens, dont Padmasambhava, Shantarakshita et Vimalamitra. Ils fondent Samye en 775 le premier monastère du Tibet. Les moines ordonnés constituent la tradition « bonnet rouge ».

Padmasambhava fonde aussi la « communauté blanche », composée de laïcs. Le bouddhisme devient religion d’État et le gouvernement finance la construction et l’entretien de temples. Les statues représentant Padmasambhava renferment parfois des reliques et des textes du dharma notamment lorsqu’elles ont été consacrées par des Lamas. En 2012, en Inde, une statue colossale de Padmasambhava de 42 mètres a été consacrée par le Dalaï-Lama. Les représentations symboliques de divinités abondent dans la tradition tibétaine.

Le réformateur Tsongkhapa (1357-1419) lance une nouvelle école et met l’accent sur la discipline monastique. Il fonde l’ordre des gelugpas (bonnets jaunes) ou vertueux. Ils construisent d’abord Ganden, ensuite Drepung et Séra. Il y aura d’importantes rivalités avec certains bonnets rouges, et notamment les Karmapas. Le retour des Mongols sur la scène militaire modifiera rapidement le cours des événements. Ils se convertissent au Bouddhisme et en 1578 ils confèrent au troisième successeur de Tsongkhapa, Sonam Gyatso, le titre de dalaï-lama ou « vaste comme l’océan ; océan de sagesse ». Ce titre sera donné à titre posthume à ses deux prédécesseurs.

Dans le bouddhisme des zones himalayennes, les trois véhicules, hinayana, mahayana et vajrayāna existent, mais la principale forme du bouddhisme tibétain est le tantrisme. Il intègre des traditions liées au chamanisme populaire et des rites et fêtes rappelant la religion bön qui l’avait précédé. Le tantrisme a des rites initiatiques incluant la sexualité et sa pratique inclut les mantras, mudras et les mandalas comme supports de méditation.

L’organisation du bouddhisme tibétain se fait selon une hiérarchie traditionnelle avec ses lamas, ses rinpochés et ses tulkus. Il y a cinq écoles : les Bönpos, les Nyingmapa, les Kagyüpa, les Sakyapa, les Guélugpa qui cohabitent pacifiquement. Les Bönpo sont axés sur le Dzogchen, les Sakyapa sur l’ascétisme, les Guélugpa sur l’érudition, les Kagyu sur la transmission orale, et les Nyingma sur la méditation.

La mise sous tutelle par le communisme chinois va provoquer dans les années 50 l’exil d’un grand nombre de tibétains, en Inde puis en Occident, dont beaucoup de lamas reconnus. Chacun va ensuite développer aux USA et en Europe son enseignement personnel, ses groupes de disciples, puis des monastères, dès que possible. Ils n’ont pas d’autorité centrale et leur référence commune est les sutras de Bouddha, et leur lignée de gurus. L’exotisme coloré des pratiques tibétaines joue un rôle dans leurs succès en Occident.

5 les bouddhismes Chan puis Zen

L’école Chan dite « du Sud » apparaît à partir du milieu du huitième siècle. Elle prétend se passer de support textuel et est à l’origine des écoles Zen. Son fondateur est Bodhidharma, un moine d’origine perse arrivé en Chine au cinquième siècle et qui bâtit sa réputation sur son intransigeance dans la pratique méditative et son attitude provocatrice.

Il eut avec l’empereur Wudi une entrevue restée célèbre. Lorsque l’empereur lui demande combien de mérites il a engrangé par la construction des monastères et par la copie des sutras, Bodhidharma répond : « Aucun mérite ». L’empereur : « Quels sont les vrais mérites ? » Bodhidharma : « La sagesse pure est merveilleuse et parfaite, son essence est vide et paisible. De tels mérites, on ne peut pas les acquérir par des méthodes mondaines. » L’empereur : « Quel est le sens suprême de la noble vérité ? » Bodhidharma : « La vaste vacuité sans noblesse ». L’empereur : « Qui est devant moi ? » Bodhidharma : « Je ne sais pas ».

Selon la légende, en 475, il se rendit au monastère Shaolin, pour prêcher le Dharma selon la voie du bouddhisme mahāyāna. Mais les moines lui refusèrent l’accès. Il s’assit et fixa son regard sur le mur d’enceinte du monastère. Il y médita pendant 9 ans en position Zazen. Il parvint de façon symbolique à trouer le mur par son regard. Ce qui força le respect des moines qui le firent entrer et l’écoutèrent. Vers l’an 520, il quitta le monastère et resta en Chine pour diffuser plus largement son enseignement.

Bodhidharma considérait que le Lankāvatārasūtra était le plus adapté au contexte chinois. Il a transmis son enseignement à Huike, le deuxième patriarche du Chan chinois et du Son coréen, rebaptisés Zen au Japon. C’est Eisai (1141-1215) qui va rapporter de Chine cette adaptation de l’école Rinzai. Au sein de l’aristocratie japonaise il se heurtera aux écoles du bouddhisme japonais apparues depuis le septième siècle (Tendai, Shingon ou encore la terre pure). Il quitte Kyoto pour la ville de Kamakura où le Shogun et ses samouraïs accueillent avec enthousiasme ses enseignements zen orientés vers les arts martiaux.

6 retrouver l’unité du Dharma de Siddhârta Gautama : le retour à la source

Quand on passe en revue 2500 ans après les avatars des nombreux bouddhismes dans divers peuples et régions du monde, on constate que :

  • La Bête du pouvoir, roi noir et roi blanc (post 60) et les rivalités de convoitise qu’elle attise a eu un rôle déterminant dans les orientations choisies par les fondateurs des bouddhismes qui se sont ensuite figés en traditions intouchables
  • L’établissement de lieux de culte et d’enseignement a généré des conflits de pouvoir pour leur contrôle et une logique de masse de fidèles ignorants et endoctrinés. Tout cela n’existait pas à l’époque du Bouddha où les disciples méditaient librement partout, se connaissaient entre eux et étaient invités à expérimenter par eux-mêmes sans rivalités dogmatiques, mais jamais à vénérer le Bouddha
  • La profusion de statues de Bouddha et autres objets de culte est une déviation religieuse courante (on l’observe chez les chrétiens et les hindouistes)
  • Certains moines particulièrement déterminés, courageux et créatifs ont joué un rôle fondateur dans la tradition Mahayana comme Padmasambhava et Bodhidharma; ils sont eux aussi été statufiés
  • La doctrine brahmanique de la réincarnation s’est largement répandue dans le monde bouddhiste (voir post 36)
  • La doctrine d’un salut par la pratique du culte, la récitation de mantras, ou les vœux monastiques est très répandue et explique le succès des monastères par leur fausse promesse d’une libération dès cette vie

Tout cela est très loin de l’enseignement dans la vallée du Gange du noble Siddhârta Gautama et de l’expérience de ses compagnons qui le voyaient vivre de près et enseigner à tous. Les pouvoirs qui divisent et leurs suppôts, les clergés ignorants, ne souhaitent évidemment pas que les croyants d’une tradition religieuse retrouvent l’unité. Alors, comment retrouver l’unité ? Pour le monde musulman, le Coran est le facteur d’unité, la référence incontournable. Pour le bouddhisme, c’est plus difficile car les textes surabondent. Il faut retourner à la source, l’exemple de vie de Bouddha et son enseignement contextualisé et purifié de ses ajouts ultérieurs évidents. Réfléchir à ses concepts de base et à d’autres plus sophistiqués comme la coproduction conditionnée, ou la non-dualité.

Dans l’exemple de vie et l’enseignement du Bouddha, on peut rejeter avec certitude :

  • Les débats intellectuels stériles qui attisent les rivalités entre individus et écoles
  • La référence à des maîtres humains autoproclamés ou adoubés par leur guru ; rien ne remplace la pratique et la réflexion de chaque croyant, libre de s’aider provisoirement d’une transmission faite par des gurus crédibles, comme Bouddha l’avait fait avant son illumination
  • Les temples et pagodes imposants et agités avec leurs statues et autres artifices du culte et les clergés qui gravitent autour : Bouddha n’a jamais donné cet exemple
  • La prééminence donnée au culte et aux superstitions au détriment de la discipline de vertu et de réflexion personnelle sur le Dharma

Il convient donc pour une quête spirituelle ouverte d’écarter les innombrables idéologies et clergés religieux pour retrouver la lumière du Dharma de Bouddha et faire ensuite le pont avec les autres Révélations. Cette libération de la Bête religieuse prendra des générations.