Moïse/ Moshé est sans conteste un acteur majeur de la Parole, dans l’histoire souvent difficile des rapports entre le Créateur et les humains. Il est censé avoir rédigé la Torah, les cinq premiers Livres (Pentateuque) de la Bible où il est cité 770 fois. Il est aussi cité 502 fois dans le Coran, plus que Noé, Abraham et Jésus réunis, et la Parole livrée en 1974 parle de ses « exploits ». Lui rendre hommage est une évidence pour un porteur de la Parole.

Nous savons qu’il a accompagné la sortie d’Egypte d’un peuple d’esclaves nombreux fuyant la tyrannie d’un pharaon avec des descendants d’Israël mais aussi des esclaves d’autres nations. Les pharaons sont bien documentés historiquement, mais nous n’avons aucune source externe pour valider les récits concernant Moïse dans la Bible. Nous ne savons même pas avec certitude à quel pharaon il s’est opposé alors que la situation des hébreux réduits en esclavage s’était fortement dégradée.

On date d’environ 1400 avant JC la mort de Joseph qui vécut 110 ans et on estime à environ 1250 avant JC la sortie d’Egypte avec Moïse. C’est donc sur la base de la Bible et du Coran que nous ferons notre analyse de Moïse/Moshé, et en particulier à partir de l’Exode qui décrit de manière concise et précise sa vie et ses exploits. Plus de 3000 ans après l’Appel lancé par Dieu à un Exode libérateur de l’esclavage, cet Appel est toujours d’actualité. Il ne s’agit plus de sortir du brutal esclavage physique par le système égyptien, mais de sortir de l’esclavage de l’esprit des temps modernes, un panthéon de déesses que nos contemporains vénèrent.

1 Le contexte de l’Appel de Moïse/Moché

D’après la Genèse, aux temps adamiques, les créatures humaines parlaient avec Dieu naturellement, « dans la fraîcheur du soir ». Puis les hommes se sont éloignés de Dieu et de la Voie du Bien, ils ont connu la mort avec des vies de plus en plus courtes, le mal se répandant sur la planète. Au milieu d’une génération où « toutes les pensées de leur cœur se portaient chaque jour uniquement vers le mal » (Genèse 6/5), Noé était un homme juste et trouva grâce aux yeux de Dieu qui le sauve de Sa Colère et l’avertit d’un déluge imminent. Noé ne discute pas, il construit son arche en toute confiance et restera fidèle à Dieu qui donne à Noé et sa descendance une nouvelle alliance (Genèse 9/9) lui permettant de manger de la viande mais lui interdisant de faire couler le sang des hommes et instaurant l’arc en ciel comme signe de cette alliance noahide. Noé serait mort à l’âge de 950 ans.

Abram (que Dieu renommera Abraham), originaire d’Ur en Chaldée fut confronté comme Moïse et Muhammad au paganisme qu’il rejeta. Dieu, connu chez les sémites comme Elohim/Eloha ou Allah, lui demande de quitter son pays pour une terre qu’il donnera à sa descendance alors que sa femme Saraï est stérile. Abraham ne discute pas, il suit les instructions de la Voix et élève des autels à plusieurs endroits où il invoque Son Nom.
Puis Abraham fuit la famine et se réfugie en Egypte, fait passer sa femme pour sa sœur et trouve grâce aux yeux du pharaon de l’époque qui prend Sara pour femme sans savoir que c’était son épouse. Il sera frappé de plaies et renverra Abraham de son pays. On trouve ainsi beaucoup de points communs entre l’histoire d’Abraham et celle de Moïse. Abraham a 86 ans quand, à la demande de Saraï, il prend sa servante égyptienne Agar pour femme et elle lui enfante son premier né, Ismaël. Dieu lui apparait à nouveau treize ans après, donne la circoncision comme signe de son alliance avec la descendance d’Abraham et guérit la stérilité de Saraï dont Il change le nom en Sara. Elle enfante Isaac, père de Jacob que Dieu renomme Israël et qui enfantera Joseph.

Joseph, vendu par ses frères par jalousie, s’établira en Egypte où il devient un homme puissant qui fera venir son clan avec ses soixante-dix hommes pour échapper à la rude famine de Canaan. Contrairement à son père, Joseph ne sera jamais tenté par le paganisme, il reste fidèle à Elohims/Eloha, mais ses descendants seront pollués par le paganisme du pays d’Egypte. La Genèse se termine avec sa mort et son embaumement.

Les quatre livres suivants de la Bible, Exode, Lévitique, Nombres et Deutéronome, sont consacrés à Moïse et à ses œuvres. Moïse nait en Egypte à l’époque d’un pharaon « qui n’avait pas connu Joseph » quand les hébreux étaient devenus très nombreux, plus que les égyptiens eux-mêmes. L’Egypte était une puissance agricole fortifiée pour se protéger des convoitises des peuples et empires voisins, et le pouvoir était fermement établi dans les mains du roi divinisé et d’une caste de prêtres et de scribes. Pharaon décida d’opprimer les hébreux par un esclavage sans pitié et même de tuer leurs enfants mâles à la naissance. Moïse échappa à la mort grâce à sa mère qui confie son berceau au Nil et il est recueilli par la fille du pharaon qui le nomme Moshé.

Moshé a une double culture : c’est un lévite qui reçoit par sa mère la connaissance d’Elohim et un égyptien qui devient un notable de ce peuple. Mais il tue un égyptien pour défendre un de ses frères hébreux. Pharaon l’apprend et cherche à le faire mourir. Il s’enfuit en Madian et se réfugie chez Jéthro dont il épouse la fille et garde les troupeaux. C’est donc un homme tout à fait improbable que Dieu va appeler comme messager et prophète : un assassin en fuite, un lévite dont le beau père est un prêtre païen et le fils est incirconcis. Mais il va devenir comme Abraham un grand de l’histoire sacrée dans une logique de continuité prophétique ascendante de retour vers Dieu. Quand Moché est appelé du buisson ardent, il a déjà 80 ans mais est en pleine vigueur physique.

2 : La mission de Moché, d’abord comme messager pour Pharaon

Le Coran, comme la Parole de 1974 et 1977, distingue clairement les deux fonctions de messager et prophète et Moïse en est une bonne illustration. Dans le Coran, Abraham et Jacob sont qualifiés de prophètes choisis pour guider leur peuple, celui de leurs enfants et de leurs serviteurs vivant avec eux, mais nous ne connaissons pas de message transmis par eux.
A l’inverse, Chouaïb / Jéthro était seulement messager pour le peuple de Madian (Coran 26/178). Il est d’abord appelé Réuel en Exode 2/18, puis s’était joint au peuple de Madian dont il devint le prêtre. Apprenant les prodiges de la sortie d’Egypte, il rend visite à Moïse avec sa femme et ses enfants, et Jéthro dit : « je reconnais maintenant que YHWH est plus grand que tous les dieux » (Ex. 18/11). C’est certainement après qu’il fut chargé d’un message pour le peuple de Madian d’abandonner leur idolâtrie.

Moché est appelé messager et prophète (sourate Marie, 19/51) et le Coran relate de nombreux récits qui le concernent, dont certains inconnus de la Bible, mais sans chronologie. Nous reprendrons donc celle de l’Exode pour réfléchir à sa mission.
Elle commence en Exode 3 avec le buisson ardent que voit Moché, alors berger de Jéthro. Il entend une Voix qui lui dit : Ote tes souliers car ce lieu est une terre sainte, et la Voix précise : Je suis le Dieu de ton père, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Moshé se cache la face par respect pour Dieu qui ajoute : Je t’envoie auprès de pharaon pour sortir d’Egypte mon peuple, les enfants d’Israël.

Moché, devenu un paria aux yeux de pharaon, résiste et ergote avec Dieu contrairement à Abraham : « Que vais-je dire aux enfants d’Israël s’ils me demandent ton Nom ?». Dieu répond « Je suis m’a envoyé vers vous ». Puis Il donne à la demande de Moché deux signes, sa main devenant blanche et le bâton devenant serpent. Il continue à ergoter, il est bègue et demande à Dieu de chercher un autre. Ceci provoque Sa Colère, mais Dieu lui adjoint Aaron son frère pour parler aux Hébreux. Finalement Moché part vers l’Egypte avec la connaissance du Nom, le tétragramme. Quand YHWH cherchera à le faire mourir, son épouse Séphora comprendra pourquoi et circoncit immédiatement son fils pour le joindre à l’alliance d’Abraham (Ex. 4/24).

Puis Moshé retrouve Aaron et ils vont courageusement voir le pharaon en transmettant le Message : « Ainsi parle le Dieu d’Israël, laisse aller mon peuple pour qu’il célèbre une fête en mon honneur ». On voit clairement ici que Moché ne se pose pas en prophète chargé de guider le peuple égyptien hors de son paganisme, c’eut été une tâche impossible compte tenu du puissant pouvoir d’un roi divinisé et de la caste de prêtres privilégiés. Mais le Message qu’il apporte est inacceptable pour pharaon : se priver d’une main d’œuvre d’esclaves plus nombreux que son propre peuple, c’est désastreux économiquement.

Pharaon va donc se durcir malgré les dix plaies que Dieu lui envoie, et il ne cédera qu’avec la dernière plaie, la mort de tous les premiers nés y compris de son fils. C’est à cette occasion que Dieu institue la Pâque. Par ces prodiges, Dieu montre au peuple égyptien que ses dieux et ses magiciens ne peuvent rien faire contre le Dieu des hébreux, le Tout Puissant. Mais il leur faudra très longtemps pour se libérer de leur paganisme.

3 La mission de Moshé comme prophète de YHWH pour le peuple qu’il libère

Moché, porte-parole de YHWH, réussit l’inattendu, la libération d’un peuple d’esclave de 600 000 hommes (d’après la Bible), incluant les nombreux esclaves non hébreux qui les ont accompagnés. Ce peuple, composite et abruti par ce dur esclavage qui lui permettait de s’alimenter, va constamment se plaindre à Moché de sa crainte de mourir de faim et de soif dans le désert et exprimer le désir de retourner en Egypte : c’est un peuple à la « nuque raide ». Mais c’est YHWH qui dirige directement cet exode, le jour par une colonne de fumée pour les guider dans leur chemin et la nuit par une colonne de feu pour les éclairer (Ex. 13/22).

Pharaon change d’avis et décide d’aller avec son armée à la poursuite de ses esclaves, les hébreux s’affolent, Moché les rassure : « YHWH combattra pour vous et vous, gardez le silence ! » C’est le miracle des eaux qui se retirent pour laisser passer les Hébreux à sec et qui reviennent ensuite pour noyer l’armée de Pharaon qui s’était avancée. « En ce jour, le peuple craignit YHWH et il crut en Moché son serviteur » (Ex 14/31). Mais ils vont continuer à se plaindre, en particulier à l’arrivée dans le désert de Sin : « Qu’allons-nous manger ? ». Dieu leur envoie les cailles et la manne et donne à Moché Ses Instructions pour respecter le Sabbat.

C’est alors qu’intervient l’incident des eaux de Mériba et du rocher d’Horeb où pour une fois, Moïse ne respecte pas les Instructions de YHWH qui décide alors qu’il n’entrera pas en pays de Canaan et mourra avant (à l’âge de 120 ans ainsi que le décrit la Bible en Dt/34). Le récit des Nombres en 20/8 est plus précis que celui de l’Exode et permet de comprendre le reproche de YHWH : Moché doit convoquer l’assemblée et parler au rocher en leur présence. Il s’ouvrira alors pour que l’eau coule, mais Moché prend son bâton pour frapper par deux fois le rocher (peut-être un relent de superstition qui accorderait une vertu magique à son bâton que Dieu transforma en serpent). Dieu fait couler l’eau mais n’oubliera pas le petit écart de son prophète. Ensuite survient l’épisode de la guerre lancée par le roi Amalek dont les Hébreux sortiront vainqueurs avec ce bras levé par Moché.

Et le peuple arrive au Sinaï. Là, Dieu appelle d’abord Moché et lui donne Ses Instructions. Il Les transmet au peuple qui déclare : « Nous ferons tout ce YHWH nous a dit ». Moché rapporte cet engagement à YHWH. Connaissant la faiblesse de leur foi, YHWH décide de marquer la mémoire de ce peuple : Je viendrai vers toi dans une épaisse nuée afin que le peuple entende quand Je te parlerai et qu’il ait toujours confiance en toi (19/9). Tout ce peuple va donc entendre directement de la Voix de Dieu ces dix Paroles appelées communément les « dix commandements ». Le peuple était en bas du Sinaï, seul Moché y était monté.

YHWH précise : Voici, j’envoie un ange devant toi pour te protéger en chemin, tiens-toi sur tes gardes en sa présence et écoute sa voix, ne lui résiste point parce qu’il ne pardonnera pas vos péchés car Mon Nom est en lui (23/21). Ensuite Moché fait s’approcher Aaron et 70 anciens d’Israël qui se prosternent et ont une vision de loin, « comme un ouvrage de saphir transparent, comme le ciel lui-même dans toute sa pureté » (24/10). Puis Moché entre seul dans la nuée, monte sur la montagne et y reste quarante jours et quarante nuits pour recevoir des Instructions de la Voix de Dieu. Lorsque YHWH eut fini de parler à Moïse, Il lui donna les deux tablettes de pierre du témoignage « gravées des deux côtés par le Doigt de Dieu » (31/18).

Pendant ce temps, comme Moïse tardait et malgré tout ce qu’ils venaient de voir, d’entendre et de dire, le peuple s’assemble autour d’Aaron et lui demande de lui faire une idole, c’est l’épisode du veau d’or. YHWH prévient Moïse et lui annonce que Sa Colère va les consumer et qu’Il veut faire de la descendance de Moïse une grande nation. Moïse l’en dissuade compte tenu de ce que les égyptiens pourraient dire de l’incapacité de YHWH de mener ce peuple jusqu’en Canaan et de Sa promesse faite à Abraham. Et « YHWH se repentit du mal qu’Il avait déclaré vouloir faire à son peuple » (32/14). Il laisse Moché agir.

Moché descend, voit le veau et les danses, il jette les tablettes et les brise, brûle au feu le veau, répand les cendres dans l’eau et la fait boire aux enfants d’Israël. Il réprimande Aaron, et appelle la tribu de Levi qui frappe sur son ordre trois mille hommes. Le lendemain, Moché retourne vers YHWH sur la montagne, demande pardon pour son peuple qui se dépouille de ses ornements. Moché dresse la tente d’assignation où YHWH lui parle dans la nuée, le peuple restant à l’entrée de la tente. YHWH demande à Moché de tailler deux nouvelles pierres où Il écrira les Paroles. Moché monte à nouveau sur la montagne du Sinaï où il restera 40 jours et 40 nuits.

A sa descente, sa peau rayonnait aux yeux du peuple et il donna des instructions (Ex. 35 à 39) sur le tabernacle, l’arche, les autels, les vêtements des prêtres… Quand tout fut achevé, la nuée couvrit la tente d’assignation et la gloire de YHWH remplit le tabernacle. Tant que durèrent leurs marches, les enfants d’Israël ne partirent que quand la nuée s’élevait d’au-dessus du tabernacle. Ainsi s’achève le récit de l’Exode.

4 L’héritage de Moïse

Moshé transmet à sa descendance spirituelle (les juifs, les chrétiens et les musulmans), ce qu’il a vu et entendu, la Révélation de la Parole de Nom. La référence au prophète Moché est tellement centrale pour nos frères juifs qu’ils utilisent l’anagramme de son nom, Hashem pour parler de Dieu dans un contexte profane. Notons dès maintenant que la langue entendue par Moïse et utilisée pour communiquer ne pouvait être que sa langue maternelle, l’égyptien ancien ; l’hébreu est d’élaboration tardive et les textes hébraïques de la Bible sont déjà une traduction, avec les aléas que toute traduction comporte.

La Parole de 1974-1977 cite 5 fois Moïse et 8 fois Moché. Elle dit en 2/8 : Je suis celui qui a parlé par Abraham et par Moïse dont les os reposent, comme fils d’Adam, ayant accompli leurs exploits et laissé Ma Promesse à leur descendance, l’un dans l’antre de Makpela, l’autre à Rabbat, attendant Mon Jour. Elle confirme en 16/11 qu’un Enseignement lui a été donné de Voix Céleste, et en XXVII/4 que « Moshé voit et mange dans ma Main », expression répétée pour Mikal comme témoin des théophanies de 1977. Mais Elle précise en XVIII/3-4 : Dolent, le noir mâche le Nom…parle à Moshé : « La Parole de Nom va le pas du rat. Ma parole est le pied du chameau ». Moché entend le noir. Elle reproche à Moshé d’avoir écouté le noir, le côté obscur, comme un pied de chameau qui remplace le pas du rat de la Parole de Nom. Le peuple d’Israël a entendu au Sinaï les dix Paroles gravées sur des tablettes de pierre du Doigt de YHWH, avec peut-être d’autres instructions fondamentales. Moïse a également reçu directement de la Voix un enseignement à transmettre, mais Moshé a alourdi la Parole de nombreuses prescriptions sur des points circonstanciels, croyant certainement bien faire, mais sous l’influence de sa très difficile tâche d’un prophète chargé pendant 40 de guider un peuple constamment rebelle.

Ces ajouts se sont encore alourdis de prescriptions attribuées à Moshé, écrites de la « main mensongère des scribes » dénoncés par le prophète Jérémie, puis par Jésus fils de Marie qui s’insurge contre les 613 règles que les rabbins déclarent trouver dans le texte de la Torah pour composer leurs livres d’hommes. Jésus relativisera même la loi du sabbat. Le Coran évoque également les falsifications de la Parole. Une analyse serrée du texte biblique montre aussi ses nombreuses incohérences, et le bon sens ne peut accepter la tradition rabbinique qui considère que l’ensemble des prescriptions que contiennent les quatre livres consacrés à Moché ne contiennent que les instructions données de la Bouche de YHWH. Le texte de la Bible est donc encombré de livres d’hommes qu’il faut écarter.

Qui a écrit ce texte composite de la Bible ? Les recherches récentes ont permis de relativiser les certitudes traditionnelles. La transmission orale permet de garder en mémoire la Bible : c’est une tradition sémitique, de nombreux musulmans pieux connaissent par cœur le Coran. Les premiers écrits de la Bible apparaissent huit siècles après la mort de Moché avec le scribe Esdras (-459). En sont issus les textes « massérotiques » élaborés progressivement. Ils sont pris comme référence par les rabbins. Le monde chrétien fait plutôt référence à la première traduction en grec du texte hébraïque dite « Septante », faite au troisième siècle avant J.C. à Alexandrie à l’instigation du pharaon d’origine grecque Ptolémée II pour faire un pont entre les cultures grecques et hébraïques, puis à la Vulgate, traduction en latin par Jérôme de Stridon faite au quatrième siècle après Jésus.

Les divergences dans la descendance spirituelle de Moché concernent aussi les textes considérés comme révélés. Les chrétiens ont ajouté des écrits deutérocanoniques à ce qu’ils ont appelé « l’Ancien Testament ». Les juifs ne se réfèrent pas aux écrits rédigés par les témoins de la prédication de Jésus fils de Marie et par ceux qui se sont ralliés ensuite à ses apôtres comme Paul. Et ni les juifs, ni les chrétiens ne reconnaissent le Coran comme un texte révélé. Les musulmans de leur côté se limitent généralement à prier avec le Coran et regardent la Bible avec beaucoup de circonspection. Le Nom qu’ils donnent habituellement à Dieu n’est pas le même, d’autant moins que la théologie chrétienne a institué au quatrième siècle la doctrine de la trinité et beaucoup de chrétiens se réfèrent davantage à Jésus qu’à Celui Qui l’a envoyé. Dans le monde musulman, les hommes pieux se réfèrent à Allah et à Ses 99 Noms. Il y a donc beaucoup de divisions dans la descendance spirituelle de Moïse.

5 La question du Nom et le tétragramme

Nous avons vu à plusieurs reprises l’importance du nom donné aux créatures et au Créateur.
Une des premières tâches d’Adam est de donner un nom aux créatures et Dieu change le nom de personnages importants de la Bible. Nous avons aussi remarqué l’ange qu’il ne faut pas contrarier parce qu’il porte le Nom en lui. Quel est ce Nom ?

יהוה est le tétragramme retranscrit YHWH en français. Ce Nom apparait près de 7000 fois dans la Bible. Quand Moché demande à Dieu de se nommer, Il répond en deux temps, d’abord : « Eyeh Asher Eyeh » (Ex. 3/14) qui contient deux fois le verbe « être ». Puis, devant l’insistance de Moïse, Dieu prononce lui-même au verset 15 le tétragramme, qui provient du même verbe. YHWH révèle ainsi à Moshé ce qu’Il n’avait pas révélé à Abraham, Son Nom transcrit dans la Bible sous la forme YHWH auquel la tradition ajoute Adonaï.

La Révélation du Nom en deux temps se retrouve dans les théophanies de 1977 : lors de la première, la Voix prononce « J’ai, Je suis » (II/1) et lors de la quatrième « Mikal est béni YOUOU » (XXX/24). Le témoin Michel retranscrit ainsi « la longueur et de la modulation singulière de la voyelle prononcée qui devrait être triplée ou quadruplée ». Ce qui évoque le tétragramme. Ce Nom est déclaré imprononçable par les rabbins, sauf par le grand prêtre chaque année. C’est une interprétation discutable de la troisième Parole qui interdirait de « prononcer » le Nom de Dieu en vain, mais selon Chouraqui, la bonne traduction serait « Tu ne porteras pas le Nom de YHWH, ton Elohims en vain ». On retrouve le porteur de la Parole du Message de 1974.

Le tétragramme pose évidemment un problème pour les Bibles traduites en français qui utilisent le mot Dieu dérivé du Zeus du paganisme romain. Lors de l’instauration du judaïsme rabbinique, pour se démarquer du christianisme naissant, le texte grec de la Bible est abandonné dans le monde juif au profit du texte hébreu, pour des raisons à la fois linguistiques et religieuses. Après avoir été la version la plus répandue dans le monde juif hellénistique, la Septante devient alors l’Ancien Testament des chrétiens.

Notons que les noms de Yahvé ou Jéhovah ont été créés par des chrétiens non hébraïsants. Ce sont des erreurs de lecture du tétragramme YHWH complété par Adonaï dont ils ont repris des voyelles. Depuis la Bible d’Olivétan de 1535, la plupart des traductions protestantes retiennent le terme « l’Éternel ». Certaines traductions catholiques de la Bible utilisaient « Yahvé », mais depuis 2001, l’église catholique préconise d’employer dans les langues courantes un mot équivalent à « Dominus », soit en français « le Seigneur ».

Le témoin des théophanies de 1977, l’homme Michel, ne semble pas avoir perçu l’importance de ce sujet du Nom pour l’alliance fraternelle à construire entre les juifs, les chrétiens et les musulmans. Après avoir longtemps parlé de Dieu, du Créateur, ou du Père, dans son blog il se mettra à utiliser une liste de noms utilisés par les hommes dans diverses cultures. Mais plus récemment, sa dernière « trouvaille » est d’appeler Dieu « la Vie ». Par exemple dans son blog en 232C16 : « pour l’heure j’ai quelques idées personnelles, mais pas franchement de réponse de la Vie, à moins que mes idées personnelles soient le canal par lequel la Vie fait doucement passer ses péniches ».

6 Un Appel à l’Exode renouvelé en 1974 et 1977 pour se libérer de la Bête

Il y a plus de 3000 ans, sous la conduite du prophète Moïse, un peuple s’est libéré de l’esclavage.
A l’époque pharaonique, l’esclavage était d’une brutale évidence, l’abrutissement des corps par le travail forcé entrainait le confinement de l’esprit avec l’absence de vision d’avenir : il fallait survivre au jour le jour. Le peuple qui a suivi Moïse savait ce qu’il quittait mais pas où il allait dans ce désert, malgré les promesses du Créateur qu’il pensait éloignés d’eux. Nos frères juifs, leurs héritiers spirituels, ont considérablement enrichi l’humanité par leur courage, leur créativité, leur solidarité dans les épreuves. Rendons leur hommage et constatons que l’esclavage sous toutes ses formes est une plaie pour toute l’humanité

Par contraste, la dérive totalitaire de la société moderne est presque invisible, même si elle a été dénoncée et anticipée par des penseurs comme Arendt et Orwell dans un contexte différent du nôtre, celui de l’idéologie meurtrière du nazisme et de la rivalité guerrières des Etats. L’esclavage moderne est un confinement de l’esprit.

Le français moyen voit la montée du totalitarisme en Chine où les caméras de surveillance sont partout, où les musulmans ouïgours sont parqués dans des camps de concentration/rééducation et où les big data permettent de faire l’économie d’une police de la pensée comme celle décrite par Orwell dans son roman 1984. Mais il ne décèle pas le totalitarisme local avec la « démocratie » française qui resserre les boulons de l’autoritarisme et étouffe liberté et fraternité. Les prétextes de l’ennemi intérieur, le terrorisme islamique puis le coronavirus ont fait passer l’accumulation de lois liberticides, d’uniformes et de caméras pour les faire appliquer. D’autres prétextes seront habilement trouvés dans l’avenir. C’est la logique de la Bête du pouvoir (post 60).

Quand Dieu lance son Appel en 1974 en France, Il nous demande d’abattre les idoles de l’esprit comme ont été abattues les idoles de bois (23/8). Le risque totalitaire paraissait alors bien faible à part celui du communisme à la Staline. Mais ceux qui scandaient en cœur en 1968 « il est interdit d’interdire » ont rejoint les adorateurs de la déesse Loi et ses fausses promesses de protection des faibles.

Quelles sont ces idoles de l’esprit que nous devons démasquer ? C’est tout un panthéon de déesses que la société française vénère inconsciemment au détriment des valeurs affichées de liberté et de fraternité : les déesses abondance, loi, justice, démocratie, sécurité, entre autres.

La Parole de 1974 est sans ambiguïté en 27/5 : J’ai interdit qu’on s’empare de l’héritage de Mon Peuple et de son gouvernement que J’ai donné à tous. Elle dit aussi en 26/9 : N’ai-Je pas mis les forts et les sages au service des faibles et des petits ? Elle ajoute en 27/8 : « Ne te lasse pas de dire aux riches, aux puissants, aux impudiques et aux prêtres qu’ils tirent maintenant abondance de la terre, de l’or, du fer et du feu, du salaire de l’ouvrier, de l’humilité des petits, des faiblesses des pécheurs et qu’ils ont mis en lois leurs rapines, leur injustice et toutes leurs abominations, en alliances qu’ils font habilement sceller par ceux qu’ils dominent pour les corrompre, les tromper, les voler ».

La solution à la mort et à la maladie est spirituelle, mais c’est encore difficile à comprendre pour cette humanité sans boussole. Le nouvel exode à lancer pour nous échapper d’un système étouffant ne sera pas conduit par un guide ou une nuée ardente.

C’est la Parole qui conduira ceux qui s’en empareront librement en alliance fraternelle : la pieuse gent qui se saisira de la Parole transmise par les prophètes, alliée à leurs frères scandalisés qui, sans s’y référer, vivent la Parole de « Je suis ». Il souffle en silence dans les poitrines et guidera nos pas vers la Vérité.

La Vérité c’est que le monde doit changer (Parole de 1974, 28/7).