1 Que savons-nous de Zarathoustra ?
Il est sans conteste un grand personnage de l’histoire sacrée. Mais nos connaissances sur lui sont faibles car son héritage spirituel, contrairement à celui de Moshé, a été fortement altéré. Il avait transmis oralement des Gathas (« chants ») comprenant deux millions de mots. Il n’en reste aujourd’hui que 6000, soit 238 strophes incluses dans l’Avesta (connaissances intérieures), le livre sacré pour ses disciples. Puis son texte, comme celui du Veda, a été encombré d’ajouts tardifs par les prêtres, les « mages ». Il n’y a donc pas de source interne fiable sur Zarathoustra comme nous en avons pour Moché avec la Thora.
De plus les historiens ne peuvent se mettre d’accord sur l’époque du ministère de Zarathoustra. Elle varie entre -6000 pour des grecs comme Pline l’ancien ou Platon qui l’évoquent, à quelques siècles avant J.C. pour certains analystes. D’autres le considèrent même comme un personnage mythique.
Mais il y a moins d’incertitudes sur la zone géographique concernée : il serait né dans les zones montagneuses aux confins de l’Iran actuel. Il aurait été un prêtre de la religion régnant perse qui comportait entre autres de nombreux rites sacrificiels. Il aurait eu trois filles et trois garçons. A l’âge de 30 ans, il aurait eu une série de visions dans lesquelles il vit Ahura Mazda (en persan : اهورامزدا), divinité suprême. Il commença alors une prédication passionnée qui remettait en question la religion établie.
L’ancienne religion perse était soutenue par les familles aristocratiques guerrières. Or ses arguments de justice et de conscience personnelle heurtèrent profondément leurs coutumes et mentalités. Il fut alors pourchassé par le peuple et dut s’enfuir pour sauver sa vie. Après plusieurs années d’exil au cours desquelles il aurait encore eu des Révélations de Ahura Mazda, il trouva un asile plus sûr en Bactriane. Mais il fut néanmoins assassiné à l’âge de 77 ans (celui de Moché au début de sa mission prophétique).
Au cinquième siècle avant J.C., le roi Hystaspès contraint son peuple, puis ses sujets vaincus à la guerre, à se convertir à une version altérée de l’enseignement de Zarathoustra, le « zoroastrisme ». Cette religion s’étendit, surtout en Perse et chez les Parthes qui en firent une religion officielle. Ils la dotèrent d’une institution ecclésiastique – la caste des Mobads – qui eut une grande influence dans les affaires de l’État.
2 Resituer Zarathoustra dans son contexte historique
Compte tenu des grandes incertitudes sur les datations historiques et les textes transmis, nous retiendrons les hypothèses des analystes qui s’appuient sur des données scientifiques solides. Et celles qui donnent une cohérence à l’homme Zarathoustra et à sa vie. Et nous reconstituerons son enseignement en le resituant dans la continuité prophétique qui va de Noé à nos jours.
En linguistique, les langues indo-iraniennes sont apparentées à celles des Latins, des Celtes, des Slaves, des Germains, ou des Grecs. Elles forment une famille qualifiée d’indo-européenne. Les peuples qui parlent ces langues sont appelés Indo-Européens. D’après les experts, la langue et la phraséologie de l’Avesta et du Rig-Véda (post 6) sont si proches que ces deux textes s’expliquent souvent l’un par l’autre. Ils pensent que l’Avesta a été composé en Bactriane ou en Sogdiane, en tout cas dans le Turkestan occidental. Sa langue, appelée l’avestique, est différente du vieux perse, mais elle est très proche du védique.
La génétique nous éclaire aussi sur le passé des migrations et métissages qui ont constitué les populations actuelles. Des groupes de nomades indo-européens ont commencé à une date ancienne à émigrer vers les hauteurs de la Turquie et de l’Afghanistan. Progressivement, elles peuplent l’Iran, puis le Nord de l’Inde. Ces peuples sont à l’origine des langues et des textes sacrés transmis d’abord oralement, les Gathas et le Veda. Arrivés sur des terres fertiles, ces migrants se sédentarisent, deviennent agriculteurs et guerriers pour protéger leurs terres. Ils bâtissent des villes comme l’ont fait des ancêtres des Han en Chine. Puis ils s’encombrent de prêtres, d’armées et de rois et bâtissent des empires guerriers.
Mais comment situer ces textes indo-européens par rapport à Abraham ? Car les religions comme les familles aristocratiques rivalisent d’ingénuité pour antédater leurs pairs. Chaque religion prétend avoir les enseignements les plus anciens. C’est plus facile quand la tradition est d’abord orale. Le Coran en 22/26, dit : « Quand nous avons établi pour Abraham le lieu du temple, nous avons dit : ne M’ajoute rien, purifie Mon temple pour ceux qui y tournent, s’y tiennent debout, s’y inclinent et s’y prosternent ».
C’est la Kaaba, lieu du grand pèlerinage pour les musulmans. Ce temple préexistait donc avant Abraham qui l’a restauré et purifié, et le verset 29 parle du « temple antique ». Or le mot « Kaaba » est un mot d’origine iranienne signifiant un cube. Les temples érigés en l’honneur de Zarathoustra sont appelés en Perse des « Ka’ba-ye Zartosh », Les Kaaba de Zarathoustra.
Ainsi on peut en déduire que la prédication de Zarathoustra était nettement antérieure à celle d’Abraham que nous avons situé à – 1800, mais dans le contexte d’un peuple urbanisé avec des dirigeants politique, les kavis, et religieux, les karpans. Zarathoustra aurait donc vécu au troisième millénaire avant J. C., disons vers 2300. C’est la datation retenue par Bérose, un prêtre chaldéen historien et astronome du IVe siècle av. J.-C. Puis, vers 1800 av J.C. les tribus aryas et iraniennes se séparent et développent des cultures différentes. La connaissance du sanscrit était réservé aux prêtres aryas pour la transmission du Veda. On pourrait situer les premières hymnes du Rig Veda vers – 1500 mais guère au-delà. Il ne fait aucune référence à l’enseignement de Zarathoustra : le rejet des sacrifices sanglants n’arrangeait certainement pas les affaires des prêtres sacrificateurs.
Nous savons que dans les principaux univers mentaux des langues sacrées, il y a une différence très nette entre :
- Les textes en langues indo-européennes élaborés par des sociétés sédentarisées et sophistiquées, les Gathas de Zarathoustra, le Veda des rishis, le Dharma de Bouddha
- Et les textes en langues sémitiques dans la continuité qui passe par Abraham, Moïse, Jésus et Muhammad, transmis d’abord oralement par des peuples nomades souvent illettrés. Rappelons qu’Abraham avait quitté la Mésopotamie sédentarisée et polythéiste pour vivre en nomade et migrer vers Canaan. Sa descendance spirituelle était donc dans un univers mental proche de la nature et des troupeaux qui en dépendaient.
Ces hypothèses de datation et de migrations permettent de clarifier ces évolutions parallèles des transmissions d’enseignement prophétique par la voie sémitique et par la voie indo-européenne.
3 La religion pré zoroastrienne
La religion de la période pré zoroastrienne d’Iran et la religion védique portent les caractères généraux de la religion indo-européenne. Cette religion polythéiste unit le naturel au politique par le symbolisme cosmique. Il existe des dieux deywos, « ceux du ciel diurne » auxquels s’opposent des démons habitant le ciel nocturne. Elle a une divinité commune appelée Mitra par les Indiens et Mithra par les Iraniens, qui est, entre autres, une divinité solaire.
Georges Dumézil a montré que les dieux Mitra et Varuna (Contrat et Serment) forment un couple dans le panthéon indo-iranien. Ils sont les représentants de la fonction souveraine et à Mitra-Contrat revient la souveraineté juridique, Varuna disposant de la souveraineté magique. Tous deux ont pour fonction de veiller sur la vérité et sur le cours du monde. Le terme ahura est étroitement apparenté à l’indien asura. Dans le Rig-Veda, le mot asura représente une catégorie d’êtres, dieux ou démons, dont le premier est Varuna.
Le culte de Mithra était une religion sanglante administrée par des prêtres mâles qui en tiraient profit dans une confusion de dieux multiples et de mystères d’eux seuls connus. L’histoire du sacrifice du Taureau Primordial et les formules perses associées renvoient directement à l’épopée de Gilgamesh, un héros sumérien ayant régné vers 2650 av. J.-C. Il évoque par une parabole le passage des activités de chasseur-cueilleur à celles d’éleveur-cultivateur. Cette épopée est surtout le récit de la révolte de Gilgamesh contre la mort de son ami Enkidu, l’homme du désert et de sa quête infructueuse de l’immortalité. « Quand les dieux ont créé les hommes, ils leur ont assigné la mort, se réservant l’immortalité à eux seuls« . C’est à cette quête que le prophète Zarathoustra apportera une réponse avec une perspective eschatologique.
Le mythe d’un Dieu assoiffé de sang a été magistralement déconstruit par les analyses de René Girard (voir par exemple « la violence et le sacré »). Le christianisme qui a rétabli tardivement des prêtres en a subi l’influence avec son mythe d’une communauté mangeant la chair et le sang de Jésus, transformé comme par magie par un prêtre consacré à partir de pain et de vin. Certes, YHWH avait établi provisoirement des prêtres à l’époque d’Aaron pour aider les hébreux à échapper à leur paganisation en Egypte. Après la destruction du Temple par les romains, les saducéens, prêtres descendant de Sadoc ont disparu. Il n’est resté chez nos frères juifs que les pharisiens, puis leurs successeurs, les rabbins.
Dans l’actuel Turkménistan méridional (ancienne Margiane), on a découvert un temple où l’on pratiquait le culte du feu. On y préparait le haoma, une boisson enivrante. Ce bâtiment faisait partie d’une culture, dite bactro-margienne, datée de 2200 av. J.-C. à 1700 av. J.-C. Sur tout le territoire de cette culture, on a trouvé des amulettes avec des représentations de lutte entre des serpents et des dragons ayant une attitude nettement agressive, avec des yeux énormes et une gueule grande ouverte. C’était une représentation primitive de la lutte entre la lumière et les ténèbres, entre la vie et la mort, qui caractérisait l’ancienne religion iranienne, un dualisme qui s’est réintroduit dans le « zoroastrisme ».
4 Reconstituer son enseignement
Un Message du Créateur doit être cohérent avec tous Ses autres Messages, aux adaptations circonstancielles près. Il faut dissocier ce Message des ajouts ultérieurs, des livres d’hommes et interprétations par les prêtres. Ce n’est pas toujours facile pour les messagers anciens.
Zarathoustra a apporté un monothéisme sans ambiguïté où le Créateur est appelé Ahura Mazda. Il a condamné les rites et les sacrifices traditionnels offerts aux dieux. Il a gardé la tradition du culte du feu comme symbole mais non comme dieu. Zarathoustra enseignait des manthras, « Paroles qui éveillent la pensée » avec trois recommandations centrales : Humata, Hukhta et Huvarshta (« Bonne Pensée, Bonne Parole, Bon Acte ») qu’on retrouve dans l’octuple sentier du Bouddha (post 4). Jésus insiste également sur la parole juste et l’acte juste.
D’après les Gathas, le but de notre vie heureuse sur terre et la raison de notre création, c’est de prendre part activement à l’amélioration de notre monde sur la planète Terre pour que toutes les créatures y vivent en paix et en plénitude. Selon Zarathoustra, la « bonté » est une lumière inhérente à l’homme. Il y a en tout homme deux tendances : l’une qui le porte au bien, l’autre qui le porte au mal.
Ce que propose Zarathoustra, c’est de toujours choisir le côté du bien, et cela se fait par un effort dialectique. C’est l’homme qui choisit, sans obligation, d’assumer sa responsabilité pleine et entière envers les autres. Le monde ne comporte qu’une voie, celle de la « droiture ». On ne voit donc pas de dualisme dans son enseignement, mais un rappel de la liberté de l’homme qui implique l’existence du mal par contraste avec le Bien. C’est le choix entre Asha (Justesse) et Druj (Tromperie, Mensonge). Par contre, les Gathas peuvent être mal traduits et greffés sur une pensée dualiste.
Les disciples actuels de Zarathoustra ont une noble vision de la morale collective, par exemple :
• Respecter l’égalité des hommes et des femmes soulignée dans les Gāthās. On constate dans l’histoire de la Perse antique l’avènement au pouvoir de femmes telle que Pourandokht. Des femmes prêtres ont récemment été ordonnées en Iran.
• Préserver la pureté de l’eau, de la terre, de l’air et du feu. L’air, l’eau et la terre sont les éléments divins qui existent sans le concours de l’être humain alors que le feu a besoin du concours de l’homme pour être entretenu. Donc les zoroastriens vénèrent le feu sacré pour exprimer la synergie active entre Ahura Mazda et les hommes.
• L’esclavage et la soumission de l’être humain sont complètement rejetés et aucune forme d’oppression ne peut être admise à l’égard des hommes. Si nécessaire, il faut se soulever pour l’éliminer.
• Le travail est important, toute idée de paresse, de vivre au crochet d’autrui, de voler le bien d’autrui est écartée. Chacun doit vivre de ses efforts et pouvoir bénéficier de sa propre récolte.
• L’idolâtrie, l’adoration de la pierre sont prohibées. La maison de Dieu n’est pas celle construite par l’homme, mais le cœur et l’esprit de ce dernier.
5 Les dérives religieuses du « zoroastrisme »
Il est souvent difficile de déterminer si un enseignement provient bien de Zarathoustra ou si c’est une idée tardive d’hommes qui se réclament de lui. Certaines parties de l’Avesta sont clairement postérieures aux Gāthās et à Zarathoustra. C’est en particulier le cas d’hymnes où l’on voit resurgir tout un panthéon que Zarathoustra écartait.
Selon beaucoup d’experts zoroastriens, ce livre a été influencé par les pensées polythéistes et mithraïstes pré zoroastriennes. Zarathoustra a rabaissé toutes ces divinités en faisant d’Ahura Mazdā leur maître comme Dieu unique. Un peu comme YHWH est aussi appelé Élohim au pluriel en référence aux « divinités » qui existaient dans l’esprit du paganisme de l’époque qui a souvent contaminé les Hébreux comme en témoignent les livres des rois.
En sus de l’altération des textes d’origine, les disciples de Zarathoustra ont établi ou conservé une caste de prêtres, de mages, censés délivrer la bonne interprétation des textes. Il serait étonnant que ce soit une directive de Zarathoustra. Nous avons constaté dans la tradition indienne la prise de pouvoir par les prêtres quand elle est passée de l’Inde védique à l’Inde brahmanique. Alors, la Puissance libératrice de la Parole qui aurait dû être livrée à tout le peuple a été étouffée par ce pouvoir religieux se prétendant l’héritier du prophète et confinée au sein d’une caste privilégiée. On retrouve cette dérive dans la « théocratie » chiite actuelle avec de lourdes conséquences pour le peuple iranien qui la subit.
Il y a aussi la question très importante de la résurrection des corps annoncée chez certains prophètes bibliques comme Isaïe (post 16). On trouve dans l’Avesta (Yasht 19/89) la notion de résurrection qui surviendrait à la fin des temps avec l’avènement du « Saoshyant ». C’est un personnage de l’eschatologie iranienne appelé le « vivifiant immortel ». Il joue un rôle déterminant dans ce Jour de la Résurrection (post 38). On trouve aussi mention de ce personnage dans un des fragments de Qumram (le 4Q521). Ce fragment parle du « pont de l’abîme », ce pont qui s’étend au-dessus de l’enfer et conduit au paradis, un concept qu’on retrouve dans les Upanishads.
Les esséniens, bien connus de Jésus, connaissaient donc les Gathas et/ou les Upanishads. Ce qui prouve que comme la pensée grecque, la pensée juive avait intégré tout ou partie des textes sacrés indo-européens. Notons aussi que la perspective eschatologique d’un vivifiant immortel a été reprise ensuite par le chiisme iranien dans sa propre version.
On connait l’attrait pour les mausolées dans la culture populaire chiite qui les a conduits à tolérer le recyclage de certains temples zoroastriens. Après la conquête par les arabes musulmans, les mages ont sauvé de la destruction leurs temples en les attribuant aux « saints » de l’Islam. Ainsi le temple de Mitra dans la ville de Mash’had, est devenu le mausolée du 8ème Imam, Réza fils de Muhammad. Le temple d’Anahita dans la ville de Ghome, est devenu celui de Fatima Masoumeh, la sœur de ce même Imam. L’influence de l’héritage de Zarathoustra sur le chiisme iranien est incontestable.
L’altération par le zoroastrisme des textes par ajout de livres d’hommes et de théologies soi-disant inspirées est un classique de la dérive religieuse. On la retrouve dans le christianisme des églises, influencés par les préjugés des peuples non sémitiques dans lesquels il s’est développé, à Rome ou à Athènes. La Parole de 1974 précise en 16/12 qu’il ne faut pas prendre « la parole d’homme, de Paul ou de Jean, de Pierre et des autres » pour la Parole qu’il enseigne.
6 La Parole de 1977 parle du messager Zarathoustra, comment ?
Dans le verset xviii/3 : « Dolent, le noir mâche le Nom, il roule dans sa dent. Le soleil, il dit : « Sarsouchtratame ! », la lune grasse « la-canne-sa-cuisse-pond-l’or !», l’étoile « Yëchou ! ». Le témoin, ignorant des langues perses et indiennes, restitue le nom comme entendu. Or les quatre syllabes prononcées ne correspondent pas à un mot perse. Les trois premières, Sarsouchtra pourraient être en persan ancien : سرسوشترا (SarSouchtRa) ou زرثوشترا (ZarSouthtRa). Dans ces deux cas, il s’agirait bien du prophète Zarathoustra, la prononciation exacte de son nom n’étant plus connue de nos jours.
La dernière syllabe « tame » n’existe pas à ma connaissance en persan. Mais elle est très importante en sanskrit et dans la tradition hindouiste. La Bhagavad-Gita dans son chapitre 14 parle des trois gunas : sattva (la vérité attachée au bonheur et à la connaissance), raja (l’instinct lié aux tendances et à l’action), tama (l’obscurité qui procède de l’ignorance). C’est une vocalisation du sanscrit tam (तम) qui garde ce sens d’obscurité en hindi moderne.
Dans la phrase suivante, la Voix dit « la-canne-sa-cuisse-pond-l’or », un nom composite évoquant la déesse abondance des matérialistes. Ainsi, ce mot composé Sarsouchtratame (influencé par le noir qui mâche le Nom) pourrait évoquer d’abord la déformation par la religion zoroastrienne des Gathas originaux. Puis une nouvelle obscurité dans la transmission du Veda diluant son monothéisme.
Dans le monde de langues européennes où se sont construits le christianisme puis le matérialisme athée, le Nom a été déformé et largement oublié. Après Noé vint le soleil prophétique de Zarathoustra adressé à un peuple de langue indo-européenne. Puis son Message a été altéré, d’abord dans ce peuple où les prêtres mithraïstes ont obscurcit la Lumière des Gathas en construisant un « zoroastrisme ». Puis dans le Rig Veda, référence incontournable de la religion hindouiste, où le soleil de la Révélation a été noyé dans des textes confus et des prescriptions sacrificielles gérées par les prêtres brahmanes.
Donc le verset xviii/3 décrirait bien l’obscurcissement du Nom et du monothéisme dans les peuples de langues indo-européennes. Il est logiquement suivi par les versets 4-5 qui récusent la dilution de la Parole révélée à Moïse dans le monde sémitique pour en faire les innombrables lois pointilleuses que les pharisiens et rabbins trouvent dans les quatre livres associés à Moïse.
7 Zarathoustra un pont entre le monde indo-européen et le monde sémitique ?
Les divisions entre les hommes sont aussi le produit de la géographie, de l’histoire des peuples et des cultures. De nos jours, la connaissance des autres cultures est devenue facile d’accès et non limitée à quelques individus, grands voyageurs ou chercheurs éclectiques. Mais la meilleure connaissance mutuelle s’est souvent accompagnée du préjugé que la culture de l’étranger est inférieure à celle de sa communauté d’origine.
En schématisant, un clivage géographique déterminant du monde actuel se situe entre l’Occident incluant la Russie dite blanche, un monde de tradition « chrétienne ». Et le subcontinent indien où coexistent une majorité hindouiste et une très forte minorité musulmane, ultradominante au Pakistan et au Bengladesh. L’Iran se situe au carrefour de ces mondes, comme au carrefour avec le monde arabe. Tout en partageant avec ce dernier le Coran, mais lu avec le filtre de la culture chiite.
Les européens, qui ont envahi le continent américain ainsi que d’autres parties du monde, sont le produit ambigu d’une référence sacrée sémitique et de langues vernaculaires de la famille indo-européenne. Lors de son épopée coloniale, le peuple européen, soi-disant chrétien, a asservi presque toute la planète. Il se réfère donc à la Parole du Messager Jésus, un sémite dont l’enseignement a été accommodé à la sauce des « pères de l’Eglise ». Ceux de Rome ou de Constantinople et de leurs rebelles protestants qui ont conservé leurs textes altérés et l’essentiel de leur théologie. C’est cette trahison que la Parole de 1974-1977 récuse avec Force, cette engeance princière de charlatans (33/20) qui ont tout fait pour dénigrer le Message et la vie de Muhammad qu’Elle loue comme le « Messager le plus sage et le plus écouté » (2/9).
L’Iran, le pays du peuple perse, est un carrefour des idées et des échanges humains et il est essentiel de mieux comprendre son double héritage spirituel de Zarathoustra et de Muhammad. Les relations entre le monde perse et le monde arabe seront aussi cruciales pour rétablir la paix dans le monde musulman. En particulier au Moyen Orient qui fait le pont entre le monde occidental et le monde indien.
Le monde indien est également très important, au moins spirituellement, même s’il n’a plus sa puissance économique passée que la Chine a retrouvé. C’est un lieu où toutes les cultures se rencontrent, en particulier le monde abrahamique, surtout musulman, le monde védique et le monde dravidien qui s’est rallié au Veda venu du Nord (post 14).
La Parole demande aux héritiers d’Abraham de faire alliance fraternelle (35/11) entre eux grâce à la Parole. Le monde abrahamique n’est pas très difficile à réconcilier spirituellement si on le libère de la Bête religieuse qui les fracture entre juifs, chrétiens et musulmans. Il suffit de reprendre les messagers et les prophètes et les textes qu’ils ont laissés au fil de l’histoire sacrée. Et de s’aider de la Parole de 1974-1977 pour retrouver l’Evangile d’origine et relire le Coran à la bonne Lumière.
L’histoire nous dira si c’est dans le monde sunnite ou dans le monde chiite que le pont avec le monde chrétien libéré de ses prêtres et pasteurs se fera le plus facilement. Mais le pont entre le monde abrahamique et le monde védique n’est pas facile à construire (post 40).
Or, si Zarathoustra n’est pas cité dans la Bible, les « mages » qui se réfèrent à lui sont évoqués en une occurrence du Coran (sourate 22/17) parmi les gens du Livre. C’est donc bien une Révélation à inclure dans la continuité prophétique d’un monothéisme sans ambiguïté comme celui d’Abraham. Or selon nos analyses, Zarathoustra serait antérieur à la formulation du Veda, donc à l’élaboration du sanscrit et les textes des Gathas et du Rig-Véda sont très proches.
Restaurer le Message original de Zarathoustra et faire le pont avec le Message original du Veda est certainement possible mais demandera du temps et du travail. Cela aiderait les occidentaux et les musulmans à dépasser leurs préjugés. Ils voient comme une forme de polythéisme ou d’idolâtrie cette sensibilité de la religiosité indienne qui vénère le Dieu unique sous de multiples formes. Or le clivage qui s’amplifie entre hindouistes et musulmans, attisé par les politiciens locaux. Ce drame de l’Inde actuelle pourrait être dépassé par une meilleure connaissance mutuelle du Fond de leurs Ecritures de référence.