Pour distinguer le bien du mal, les hommes se sont inventés des religions, des droits canoniques, des charias, des morales philosophiques, des lois profanes. Elles varient suivant les époques et les lieux et ne peuvent remplacer la conscience individuelle.

C’est à chacun d’apprécier ce qu’il est juste de faire ou dire sur le moment. Clarté et simplicité ne viendront que par un retour à la Parole du Créateur tenant compte du contexte des Révélations.

1 Bien et mal dans les récits de la Genèse

La Genèse commence par la création des cieux et de la terre. Puis elle raconte celle d’Adam et Eve comme une fable pour grands enfants avec ses images, ses leçons et ses contradictions. Le père de Noé, Lamek, y est d’abord présenté comme descendant de Caïn à la cinquième génération. Puis comme descendant de Seth à la septième génération au bout d’à peine 400 ans. Ce n’est pas crédible et on trouve une contradiction similaire dans les deux généalogies de Jésus présentées dans les Evangiles. Il nous faudra donc reconstituer l’Intention du Créateur en nous aidant des clarifications apportées par le Coran puis par la Parole de 1974-1977.

D’abord apparaît la référence absolue du Bien, la Création dont le Créateur dit après chaque étape (appelée jour) : « Dieu vit que cela était bon », puis « très bon » quand Il crée l’Adam mâle et femelle à Son Image et à Sa Ressemblance ». Il les « modela à partir de la poussière du sol et souffla la vie dans leurs narines », ce Souffle qui « planait à la surface des eaux » au début de la Création. Ensuite, la notion de bon et mauvais vient avec cet arbre de l’expérience du bien et du mal. Dieu prescrit à Adam de ne pas y goûter car la conséquence en serait la mort (2/15). Alors un serpent rusé (?) parle à Eve et l’invite à essayer : « vous serez comme Dieu, vous aurez l’expérience du bon et du mauvais ». Dans le Coran, c’est Iblis, un djinn qui sera le tentateur.

« La femme voit l’arbre appétissant, régal pour les yeux, désire l’arbre pour connaître. Elle prend un fruit, le mange, en donne aussi à son homme, avec elle il mange. Leurs yeux s’ouvrent, ils découvrent qu’ils sont nus et cousent des feuilles de figuier pour couvrir leurs reins. Ils entendent Dieu, ils ont peur et se cachent, Adam accuse la femme qui avoue avoir été trompée par le serpent. Dieu fait des tuniques de peau à Adam et à sa femme Eve, les expulse du jardin d’Eden et poste des chérubins pour garder le chemin de l’arbre de vie » (Genèse 3, trad. Bayard).

Le mal n’est donc pas une Création ontologique. C’est la conséquence du choix des créatures adamiques (post 42) de désobéir à leur Créateur qui les avait avertis. Mais cette expérimentation va les plonger dans d’épaisses ténèbres. D’abord par la convoitise sexuelle d’Adam qui impose ses désirs au lieu de partager avec Eve les joies de l’union des corps. Puis par Caïn avec le premier meurtre par jalousie de son frère Abel.

Leurs descendants s’enfoncent dans l’obscurité du mal en s’éloignant de Dieu et de Ses anges. Dès l’époque d’Enosh, fils de Seth, au lieu de dialoguer avec Lui, on commença à L’invoquer (Genèse 4/26). Au fil des millénaires, l’homme s’illusionnera avec le polythéisme et les sacrifices aux dieux. Le culte des statues censé porter des divinités se développera en Mésopotamie, le pays de Noé. A l’époque de Lamek, son père, le mal s’était répandu sur terre : Lamek a deux femmes, tue pour une meurtrissure et se venge 77 fois (Genèse 4/23).

Seul Noé (post 58) trouve grâce aux yeux de Dieu. Noé irréprochable et sans tache au milieu de ses contemporains. Dieu l’avertit : « A cause des hommes la violence est partout, avec la terre je vais les ruiner, fais-toi une arche ». Noé obéit et sauve du déluge les hommes qui l’ont suivi et leurs animaux. Puis Dieu donne une nouvelle alliance pour guider Noé et sa descendance (Genèse 6/7).

Beaucoup plus tard en Genèse 17/1, L’Eternel dira à Abram : « C’est Moi le Dieu tout puissant. Marche en Ma Présence et sois intègre, Je veux faire don de mon alliance entre toi et moi, ton nom sera Abraham ». Et en 18/19, l’Eternel précise « qu’Il a voulu connaître Abraham pour qu’il prescrive à ses fils et à sa maison après lui d’observer la Voie de l’Eternel en pratiquant la droiture et la justice ».

Voici donc ce qu’on pourrait retenir des récits de la Genèse :

  • Dieu n’a pas créé Adam et ses descendants pour le mal et la mort. Les créatures adamiques vivaient dans le bonheur en Eden entre elles et proches de Dieu, sans craindre la faim, les écarts de température, les bêtes sauvages, les catastrophes naturelles…
  • Le malheur est le résultat du choix ancestral de substituer un plan de domination au plan d’Amour de Dieu ; ils n’en avaient pas anticipé les dramatiques conséquences collectives qui persisteront au fil des millénaires, tant que les hommes ne se libèreront pas du choix du mal
  • Le mal n’est pas défini par des listes d’interdits, des règles ou des lois, il se détermine par l’éloignement du Créateur, référence absolue du Bien et de l’Amour.
  • Comme pour la pollution, les conséquences des choix humains de faire le mal sont imprévisibles et affectent des êtres innocents, ce qui infirme les théories de culpabilisation (cf. Job) et de rétribution karmique

2 Les prophètes bibliques de Moïse à Jésus : de la Tora à la loi de l’Amour

Les quatre livres suivant la Genèse, théoriquement dictés par Moïsel’homme le plus humble de son peuple nous dit-elle-, contiennent le Message reçu directement de Dieu et beaucoup d’écrits ajoutés par les scribes qui serviront aux pharisiens pour concocter ces 613 préceptes que les juifs pieux devaient suivre à la lettre.

L’enseignement de Moïse (post 3), est beaucoup plus simple : « Ecoute Israël, Unique est YHWH, YHWH notre Dieu. Et tu aimeras YHWH ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ton intensité… » (Deut. 6). Et dans son dernier discours, il dira : « Vois je mets devant toi la vie et le bonheur, la mort et le malheur, …tu choisiras la vie pour que tu vives, toi et ta descendance, en aimant le Seigneur ton Dieu, en écoutant sa voix et en t’attachant à Lui. » (Deut. 30/15). Il rappelle la liberté de choix laissée aux hommes.

Les générations passent et Dieu appelle Samuel encore jeune et au service du prêtre Eli dont les fils « étaient des canailles qui n’avaient que faire de YHWH et du devoir des prêtres à l’égard du peuple » (Samuel 1/12), mais leur père les laisse faire. Samuel grandit dans la sagesse. « Le Seigneur était avec lui et ne laissa sans effet aucune de ses paroles. Tout Israël sut que Samuel était accrédité comme prophète auprès de YHWH » qui continuera de lui apparaître à Silo.

Samuel devenu vieux donna ses fils comme juges à Israël. Mais ils ne suivaient pas ses traces et les anciens du peuple lui demandent de leur donner un roi. Le prophète les avertit de tout le mal que fera la royauté. Ils n’écoutent pas et veulent être « comme les autres nations avec un roi qui nous jugera, qui sortira à notre tête et combattra ». YHWH respecte leur choix et dit à son prophète d’oindre un roi, ce sera Saül.

Saül se détournera de YHWH qui lui dit par la bouche de Samuel : « Puisque tu as rejeté la Parole de YHWH, Il t’a rejeté, tu n’es plus roi ». Samuel oindra alors David comme roi. Saül le jalousera et cherchera à le tuer, puis il mourra en se jetant sur son épée pour échapper aux philistins. David, souvent présenté comme un roi exemplaire, commettra un horrible crime. Il fait mourir le vaillant Urie pour s’emparer de son épouse Bethsabée qu’il convoitait. Le prophète Nathan viendra le réprimander. Les rois descendants de David alterneront le relativement bien et le relativement mal et seront réprimandés par les prophètes comme Elie (post 15).

Les prophètes Isaïe (post 16) et Jérémie rappelleront avec courage et autorité les voies de YHWH au peuple et à ses classes dirigeantes qui s’en détournent sans cesse. Ils affirment que c’est en changeant de comportement que les hommes retrouveront la paix et le bonheur. Le prophète Jean le Baptiste fera de même. On les consultera, on viendra les écouter/Mais l’immense majorité du peuple et surtout ses dirigeants continueront à se détourner de YHWH et à expérimenter le mal.

Le livre de Job est incontournable pour réfléchir sur le mal. Job vivait en Ouç, pays de nomades. Il est mentionné quatre fois dans le Coran comme un homme intègre, un juste. Il avait tout ce que les hommes convoitent. Une série de malheurs imprévisibles l’accable : ses enfants sont tués, ses biens et ses amis disparaissent et la maladie le défigure. Le début du livre est d’origine douteuse, la cause de ses malheurs étant un « négateur (?) qui se glisse parmi les fils de Dieu devant YHWH et obtient de frapper Job de malheurs afin qu’il le maudisse ». Trois anciens amis arrivent, constatent sa situation et ne font rien pour lui. Mais ils lui donnent des leçons. Job serait coupable de fautes qui expliquent ses malheurs.

Job plaide son innocence. Il fait appel à YHWH qui intervient à la fin du Livre pour fustiger l’ignorance des hommes qui veulent sonder Ses Desseins. Il déclare Sa Colère contre les amis de Job qui ont mal parlé, contrairement à son serviteur Job. Mais Il ne répond pas à ses interrogations. Alors Job, en juste, reconnait qu’il discutait sans comprendre les Desseins du Créateur et les merveilles de la Création. « Je te connaissais par ouï-dire, maintenant que mes yeux t’ont vu, je me désavoue sur la poussière et la cendre ». YHWH relève la face de Job qui restaure sa situation, sa descendance et mourra comblé de jours. Dans ce livre, les idées de fautes personnelles expliquant les malheurs individuels sont balayées comme des inventions d’ignorants. C’est aussi une magnifique ode à l’espérance et à la résilience face aux malheurs.

Un nouveau Jour prophétique apparaît avec le prophète Jésus (post 2), empli de l’Esprit de Dieu. Dans les trois évangiles synoptiques, il enseigne que toute la Loi et les prophètes dépendent de deux commandements d’Amour, celui du Deutéronome 6 « tu aimeras Dieu » et celui du Lévitique 19 « tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Il donna l’exemple d’un amour exceptionnel. Ses miracles ont fait venir des foules, mais il n’eut qu’une centaine de disciples et douze d’apôtres. Les hommes repartaient après avoir obtenu ce qu’ils réclamaient.

Son enseignement sur le comportement juste est résumé dans le « Sermon sur la Montagne » de Mathieu 5-7, si peu appliqué chez les chrétiens ! La tradition ecclésiastique d’appeler père, monseigneur ou révérend leur clergé contredit Mathieu 23 où Jésus récuse les scribes et pharisiens et dit : « N’appelez personne maître, père ou docteur » avant de lancer ses célèbres malédictions contre les clergés de la religion, guides aveugles et assassins des prophètes.

La continuité prophétique des descendants d’Israël accompagne leur histoire. Ce peuple a légué à toute l’humanité l’héritage le plus riche de la Parole et du contexte du travail des Messagers de Dieu.
Cette continuité a été brisée par les pouvoirs religieux, dans le monde juif indifférent à l’enseignement de Jésus. Et dans le monde chrétien qui connaît mal « l’ancien testament » et ajoute des délires de théologiens au textes sacrés.
Le Coran et son prophète ont été ignorés et souvent vilipendés, en particulier par les clergés « chrétiens » se prétendant disciples de Jésus-Christ. Mais rien n’a pu étouffer la Puissance de la Parole révélée au sage prophète Muhammad (post 1) qui 1400 ans après lui continue à bouleverser d’innombrables cœurs de croyants.

3 Création, bien et mal dans le Coran

Dans le Coran, ce n’est pas un serpent, c’est Iblis, un djinn (18/50), ce démon qui tente les créatures adamiques et les fait trébucher (2/36). Le Coran précise en 15/26-33 : Nous avons créé l’homme d’une argile, extraite d’une boue malléable ; quant aux djinns, Nous les avions créés auparavant du feu de la fournaise ardente. Lorsque ton Seigneur dit aux anges : « Je vais créer un mortel, après que je l’aurai harmonieusement formé et dès que j’aurai insufflé en lui de mon Esprit, tombez prosternés devant lui ». Tous les anges se prosternèrent, mais Iblis refusa, déclarant : « Je suis meilleur que lui, tu m’as créé de feu et tu l’as créé d’argile » (7/11).

En 17/65-70 et en 38/71/85, le Coran complète. Iblis dit « Si tu me laisses subsister jusqu’au Jour de la Résurrection, je dominerai presque toute la descendance de celui-ci que tu honores plus que moi ». Dieu dit : « Vas t’en ! Celui qui te suivra saura que la Géhenne sera votre rétribution. Excite par ta voix ceux d’entre eux que tu pourras, rassemble contre eux tes cavaliers et tes fantassins, associe-toi à eux avec leurs biens et leurs enfants, fais-leur des promesses ! Le démon ne fait des promesses que pour tromper. Nous avons ennobli les fils d’Adam, Nous leur avons donné la préférence sur beaucoup de ceux que nous avons créés ».

Adam désobéit à son Seigneur et il s’égara (Ta ha 20/121). Ce choix lui fit perdre la part de divinité qui le mettait à niveau avec son Créateur, Son Souffle. Adam se repentit, Dieu agréa son repentir et dit « Descendez d’ici vous tous ! Quand Je vous enverrai un guide, ceux qui le suivront n’auront rien à craindre” (2/38).
Contrairement à Genèse 3, dans le Coran, la femme n’est pas à l’initiative du choix d’Adam, hommes et femmes sont coresponsables du mal. Genèse 6 dit : « les fils d’Adam virent que les filles d’homme étaient belles et ils prirent pour femme celles de leur choix ». Ce sont les hommes qui convoitent nous dit la Parole de 1974 : les hommes « imposent leurs ruts » et font d’Eve une chamelle toujours grosse pour « pourvoir aux cuisines et aux adultères » (2/3). Genèse 6 ajoute qu’en ces jours, les géants étaient sur la terre. Donc les fils d’Adam s’accouplaient avec d’autres créatures; des gènes de Neandertal ont effectivement été identifiés dans les nôtres.

Qui sont ces djinns créés avant Adam ? _Les djinns, comme les hommes ont un cœur, des yeux et des oreilles (7/179). Les hommes ont établi entre Dieu et les djinns une parenté (37/158). Alors que les djinns et les gens ont été créés pour M’adorer (51/56), les gens ont désigné des associés à Dieu, des djinns (6/100). Des diables d’entre les gens et les djinns s’inspirent trompeusement de paroles enjolivées, laisse-les donc avec leurs inventions (6/112). Nous (les djinns) pensions que nous ne pourrions ni affaiblir Dieu sur terre ni lui échapper par la fuite… certains de nous se sont soumis et d’autres sont rebelles (72/12-14).

Les djinns sont donc des créatures libres, terrestres et matérielles; ils fabriquaient pour Salomon des objets matériels. Les djinns rebelles sont ces princes du culte crispés sur leur prétendue science, méprisant les envoyés de Dieu, et égarant leurs contemporains. L’idée d’anges déchus préexistait au Coran : des esprits mauvais nommés « djinns » erreraient dans les lieux déserts (?). Iblis, selon une tradition musulmane, était un savant enseigné par les anges. Iblis et ses soldats (des princes de son culte), aveuglés par leur orgueil, refusèrent de se rallier à la Parole donnée à Adam. Les religions poussent de même leurs fidèles à renoncer à l’évolution spirituelle et à ignorer les envoyés de Dieu. Pour se libérer de l’emprise des religions et de leurs Iblis, leurs princes de cultes passéistes, l’humanité doit suivre la continuité prophétique passant par Moïse, Jésus et Muhammad.

Distinguer clairement entre le bien et le mal passe donc par l’écoute et l’accomplissement des Messages successifs envoyés par le Créateur aux peuples et adaptés à leur contexte. Muhammad fut envoyé comme avertisseur et annonciateur pour toute l’humanité (34/28), mais c’est au peuple arabe habitant à proximité de la Mère des cités qu’il est envoyé comme prophète auquel ils doivent obéir. Après lui, il n’y a pas de charia universelle figée dans le temps. C’est une invention des Iblis de l’Islam. Dans tout le Coran, qui compte 6 236 versets et 77 439 mots, le mot charia n’est mentionné qu’une seule fois dans un seul verset (l’Agenouillée 45/18) : « Nous t’avons mis sur le chemin de notre ordre. Suis le, ne suis pas les passions des ignorants ».

Il y a une charia saoudienne rigoriste jusqu’aux crimes légaux, mais il y en a d’innombrables autres comme celle de l’ex « état islamique » ou celle d’Aceh en Indonésie. La flagellation y est une punition assez courante, l’adultère, les relations sexuelles hors mariage ou homosexuelles sont punies. La consommation d’alcool et le jeu sont interdits. Le cinéma est banni, pour éviter les comportements « non islamiques » !

Le Coran, libre des interprétations de ses Iblis, appelle au Bien qui est de suivre la Parole donnée à son prophète. Formez une nation qui appelle au Bien (3/104). Dieu ne veut pas de mal pour les mondes (3/108). Croyants et croyantes sont amis entre eux, ordonnent le bien et interdisent le mal (9/71). Repousse le mal par le bien (23/96). Le bien et le mal ne se valent pas, libère-toi grâce au meilleur (41/34). La piété n’est pas de tourner votre face vers le levant ou le couchant, elle est de croire en Dieu et au Jour dernier, aux anges, au Livre et aux prophètes, de donner son bien pour l’amour de Dieu aux nécessiteux (2/177).

Le Bien se fait par amour, pas par obligation : pas de contrainte en religion (2/256). Le Coran s’inscrit harmonieusement dans la continuité prophétique sémitique, le musulman pieux demande à Dieu et à personne d’autre de le conduire vers le droit chemin (1/5)

4 Dans les textes indo-européens, Gathas, Vedas et sutras de Bouddha

Ce qui reste de l’enseignement original de Zarathoustra, les Gathas est très limité (post 5). Sa référence suprême est le Créateur, Ahura Mazda. Il détermine ce qui est bon dans sa recommandation de bonne pensée, bonne parole, bon acte. D’après les Gathas, le but de notre vie heureuse sur terre et la raison de notre création, c’est de participer activement à la bonification de notre planète Terre. Pour que toutes les créatures y vivent en paix et en plénitude.
Zarathoustra appelle à toujours choisir le côté du bien car la bonté est une lumière inhérente à l’homme. L’homme assume sa responsabilité pleine et entière envers les autres en prenant la voie de la « droiture », celle de Asha (Justesse) et en rejetant Druj (Tromperie, Mensonge). Tout ceci est en phase avec l’enseignement des prophètes sémitiques.

Pour le Rig Veda (post 6), je n’ai pas les compétences nécessaires pour distinguer clairement ce qui vient des rishis et ce qui vient des brahmanes (à part le mécanisme sacrificiel). Donc de faire une synthèse de ce qui y est défini comme le Bien. Selon mes premières recherches, il semblerait que dans la vision védique, il n’y aurait guère de notion de bien et de mal. Le concept serait plutôt celui du DHARMA, que l’on peut définir de façon très simplifiée par ordre cosmique. Il y a le dharma et ce qui s’en écarte, on trouve des indications dans certains hymnes. On retrouverait ainsi la même logique que dans la Genèse où le mal, c’est ce qui éloigne du Créateur, donc de l’harmonie cosmique de Sa Création. Je continuerai mon exploration du Veda.

Pour illustrer un concept védique de la Création, du bien et du mal, citons Daaji qui guide la Ram Chandra mission (https://fr.heartfulness.org) : « Qu’y avait-il avant la création de l’univers ? D’indescriptibles ténèbres. Puis il y eut un remous, première vibration qui causa le big bang. Ce fut aussi la première manifestation de la conscience, que le yoga décrit comme AUM. Le voile des ténèbres s’effondra, et ce fut la naissance du temps. L’identité individuelle apparut et la conscience, séparée de la Source, connut la peur. L’Être qui existait à l’aube du temps aspirait à s’étendre, ce fut le début du désir, qui commença à croître. Dès lors, on l’appela Brahmane. Il y eut ainsi mouvement ou expansion (karma) et pensée (jnana), et avant ces deux éléments, la connexion originelle avec la Source (bhakti) était là. Tous trois – karma, jnana et bhakti – étaient donc présents depuis l’aube de l’univers, éléments fondamentaux de la vie, inséparables et dépendants l’un de l’autre. _Le karma yogi idéal est comme un nouveau-né, si pur qu’il n’a pas besoin d’une conscience de ce qui est bien ou mal. Mais nous, empêtrés dans les pensées du bien et du mal, créons des entraves : une éthique et des valeurs. Les actions légitimes apportent le bonheur et sont accomplies avec audace, courage et vaillance. Une action illégitime provoque peur, hésitation et honte. Mais les actions sont soumises à d’autres influences : l’éducation, les valeurs personnelles et culturelles, la conscience collective et l’expérience. Une action est légitime quand elle s’accorde avec vos principes, les textes sacrés et philosophiques auxquels vous vous référez, et votre propre conscience » (Blog de Daaji).

Passons à la Gita rédigée par les brahmanes. Krishna y demande à Arjuna de ne pas s’attacher aux résultats de ses actes, mais de s’acquitter de son devoir dans la société sans poser de questions. La libération n’interviendra qu’après des réincarnations successives déterminées par un comportement approprié à la couche sociale de naissance. Ce livre d’homme a facilité la domination des brahmanes en figeant leur société.

Krishna y dit : Je suis le temps qui va broyant les mondes, engagé à présent dans la résorption des êtres. Sans même que tu interviennes, ces guerriers bientôt ne seront plus. Ressaisis-toi donc et pars à la conquête de la gloire. Tes ennemis une fois vaincus, ton règne sera prospère. Tous je les ai d’avance abattus. Tu ne seras dans ma main qu’un instrument, ô Arjuna. Nous sommes loin de la ahimsa ! Mais la Gita dit aussi : ils atteignent l’extinction en Brahman, ces voyants aux souillures effacées, aux doutes surmontés, et qui, maître d’eux-mêmes, ne se plaisent plus qu’à rechercher le bien de tous les êtres. Ces contradictions étayent l’hypothèse d’un texte amalgamant une ou des inspirations anciennes et des ajouts de brahmanes faits dans leur intérêt de caste.

Pour mieux comprendre le monde indien dont la source est le Veda, citons ses valeurs communes : l’hospitalité, la non-violence (ahimsa), l’honnêteté (asteya), la patience, la tolérance, le contrôle de soi, la compassion (karuna), la charité (dāna) et la bienveillance (kshama). Les bouddhistes se reconnaîtront dans ces valeurs, en phase avec les prophètes sémitiques. La non-violence s’évalue en fonction du contexte dans lequel chacun est placé. Face à Hitler ou aux mecquois déterminés à exterminer Muhammad, la non-violence absolue aurait conduit à l’anéantissement des hommes de bien et de l’espérance qu’ils constituaient pour l’humanité. La légitime défense est parfois un moindre mal.

Passons maintenant au Dharma de Bouddha (post 4), beaucoup plus simple à présenter grâce à la clarté de la pensée de cet homme exceptionnel. Pour éviter les débats intellectuels stériles, il part d’une constatation imparable, l’existence de la souffrance. Il détermine comme sa principale cause l’incapacité à voir correctement la réalité. Cette ignorance, et les illusions qu’elle entraîne, conduisent à l’avidité, au désir de posséder davantage que les autres, à l’attachement et à la haine pour des personnes ou des choses.

Bouddha n’oppose donc pas le bien et le mal mais ce qui est bon, profitable (kusala), à ce qui est mauvais, non profitable (akusala). Est non profitable ce qui résulte des « trois poisons » (avidité, colère, ignorance) et entraîne des effets négatifs, l’absence d’états idéaux (fermeté, pureté, liberté, capacité à agir, calme). La méditation, profitable a priori, peut susciter la vanité, non profitable.

Puis Bouddha montre le moyen de faire cesser cette souffrance. Par la pratique du sentier octuple, juste dans la compréhension, la pensée, la parole, l’action, le mode de vie, l’effort, l’attention et la concentration. Ce sentier permet de développer les quatre « qualités morales » : la bienveillance ou fraternité (maitrī), la compassion (karunā), née de la rencontre de la bienveillance et de la souffrance d’autrui, la joie sympathique ou altruiste (muditā), qui se réjouit du bonheur d’autrui ; l’équanimité (upekṣā), qui va au-delà de la compassion et de la joie sympathique, un état de paix en toute circonstance, heureuse ou triste.

5 Et maintenant, comment aller vers le Bien ?

Que nous dit la Parole de 1974 ? J’ai envoyé mon Souffle sur toute la terre, par Lui tout homme reconnait ma Voix… sa tête est faible, remplie d’orgueil, mais son cœur est empli de son Dieu (4/11). Elle affirme : Mon Souffle rafraîchira sans cesse tes pensées et ton cœur, pour que tu distingues ce qui est bon de ce qui est mal à mes yeux, ce qui est assez de ce qui est peu ou trop, ce qui est beau de ce qui ne l’est pas car la beauté est servante du Bien (12/3). Elle appelle les croyants à cesser de pécher, à se convertir à la Parole (30/12). Elle souffle en silence (28/6) dans la poitrine des incroyants scandalisés par les religions. Avec eux nous devons travailler à rétablir l’équité (28/10).

Il faut replacer le cœur et l’Amour au centre de notre vie personnelle et collective. Les femmes et hommes exemplaires, les saints, les justes et les nobles guides spirituels peuvent nous y aider. Il nous inspirent par leur vie, leur exemple et leurs conseils. Mais ils ne réfléchiront ni ne changeront à notre place. Le dialogue, l’échange, l’encouragement mutuel dans les assemblées de croyants et entre elles en alliance fraternelle, l’action dans les associations de terrain contribueront à nous édifier et au nécessaire changement du monde.

Du côté de la philosophie, de grands esprits se sont penchés sur la question du bien et du mal et des vertus. Certains se distinguent sur ce sujet comme Platon, Sénèque, Plotin, Spinoza, Kant, Pascal, Sartre, Ricoeur… Réfléchir à leurs travaux et en débattre avec d’autres est une bonne gymnastique de l’esprit, et peut éclairer ceux qui se tiennent à l’écart des textes sacrés, mais je n’y ai rien trouvé sur le Fond qui dépasse les Enseignements de la Parole qui ne se divise ni ne se tait (15/6).

Du côté des juristes, les morales, les valeurs, les droits et devoirs, les interdictions et les punitions (censées dissuader les fauteurs de mal) font partie de leurs sujets de prédilection. Les textes sur les droits de l’homme comme la déclaration de 1948, pilotée par un noble juriste, René Cassin, sont des protections utiles contre l’arbitraire des pouvoirs. Mais ils n’apportent pas d’éclairage fondamental sur le bien et le mal. Au contraire, ils font croire aux hommes que ce qui est bien, c’est ce que leurs lois autorisent. Alors qu’elles servent d’instruments de conflits, cautionnent la violence légale et dissuadent les hommes de lutter pour le Bien en figeant un ordre social injuste. La Justice n’est pas ce que les juristes décrètent.

Plus jamais de prêtres, ni princes, ni docteurs et La Bête qui agonisera longtemps derrière l’horizon, mourra (22/14). Cela inclut les docteurs de la religion mais aussi les docteurs de la loi et leurs serviteurs zélés, les princes de la politique et les clergés de la république. La nécessaire libération de toutes les formes de pouvoir est un préalable au Jour, au retour du Bien universel (post 38). Quatre générations ne suffiront pas (24/2) car il faut les rendre inopérants dans la pensée des hommes. Ce sont des charlatans (33/20). L’histoire a prouvé que les renverser ou en changer n’a fait que déplacer le problème.

La soumission aux pouvoirs et aux idées convenues fait le petit bonheur tranquille de beaucoup de nos contemporains. Mais le mal prolifère. Le vrai bonheur passera par un changement de regard vers l’autre, puis de comportement interindividuel et social. Le retour du Bien fera disparaître cette bassesse humaine qui aliène le cœur et la pensée, et nous rend esclaves de pouvoirs, de préjugés et d’idées qui emprisonnent nos esprits.

L’œil d’homme pleure grêlons, pleurer petit mal ; l’œil lève, la main laisse Ma Main, plus mort la mort… la main tient Ma Main, l’œil pleure, l’Eau reste dans l’œil, l’os la craie, moins mort la mort (Parole de 1977, XLI/9-11 et 16-17).

La seule solution au problème de la mort est de restaurer notre lien avec le Donneur de Vie, individuellement puis collectivement. Pour que Son Jour puisse apparaître, enfin !