Dieu a-t-il un Dessein pour les humains qu’il a créé à son Image et à sa Ressemblance ? Sa parole nous invite à gravir « Mes sentiers vers les Hauteurs Saintes » (1974-36/19). L’amour est le guide incontournable pour cette ascension spirituelle. On peut distinguer trois types d’amour spirituellement souhaitables : l’amour conjugal, l’amour parental, et l’amour du prochain. Mais leur pratique dépend de notre contexte personnel.

Comme dans la Parole, dans nos vies et l’exemple que nous donnons, il y a le contextuel et l’universel. Les femmes saintes étudiées dans le post 30 nous guident par leur exemple d’amour du prochain. Mais seule Marie mère de Jésus a pu connaître un époux humain et aimer un enfant qu’elle a porté. Or toutes les femmes ne peuvent avoir des enfants ou trouver un compagnon digne de leur amour

Beaucoup de femmes sont exemplaires dans leur vie conjugale. Dans une histoire dominée par les hommes, leur grandeur spirituelle reste discrète, dans l’intimité de l’amour partagé. Si leur mari est un bienfaiteur de l’humanité, on oublie trop souvent leur compagne qui l’a aidé à devenir un grand homme, la vie de Gandhi (post 41) en est une illustration. On se souvient mieux de l’influence de leur mère dans leurs choix de vie spirituelle.

1 Les croyants peuvent évoquer Marie comme image de la Mère universelle

Le Coran et la Parole de 1974 honorent la mère de Jésus. Comme Jésus et Elie, elle est un exemple rare d’être humain qui a atteint le Salut avant le Jour. Il ne s’agit pas de la vénérer, encore moins de l’appeler « mère de Dieu ». Mais pour ceux qui peinent à prier Dieu directement, c’est une intermédiaire agréée par le Très Haut.

Marie a probablement été une épouse admirable pour son mari Joseph. Mais elle est surtout un exemple de mère dévouée à son fils Jésus (et à ses autres enfants si elle en a eu, ce que l’Evangile laisse supposer en Mt 13/55). C’est en mère aux vêtements discrets et avec un visage rayonnant de bonté que Marie apparait dans les mariophanies. La Parole de 1974 dit d’elle en 11/2 : « Marie m’a porté, mis au monde, allaité, vêtu, elle a égalé le dévouement des anges qui Me servent ».

Elle en fait aussi en 12/12 une référence comme grande âme : « Sauf Marie, grosse du fils, la pécheresse qui me défia aussi, mais s’imposa les souffrances de gratter de sa chair les souillures, d’arracher de son cœur les doutes pour renaître pure, elle qui était plus faible que tout autre, aucune créature ne sera priée…Eve a succombé au tentateur, mais Marie a triomphé de lui ». La Parole fait peut-être référence à Mc 3/31 où Marie et les frères de Jésus demandent à le voir, probablement pour le dissuader de continuer sa mission. Jésus répond en montrant ses disciples : « Voici mes frères, mes sœurs, ma mère, ceux qui font la volonté de Dieu ! ». La Parole balaie la théorie ecclésiastique de Marie conçue sans péché, une sorte de robot prédestiné au salut : elle a dû comme nous tous lutter pour forger son âme. La réussite de son ascension nous encourage !

La dame de Lourdes dit à Bernadette pour répondre au prêtre qui la questionne : « Je suis (celle que vous appelez) l’immaculée conception ». Ce qui ne prouve pas la pertinence de ce dogme. On pense aussi aux questions posées à Jésus par Pilate qui lui demande s’il est le roi des juifs et le fils de Dieu. Jésus (post 2) répond : « C’est toi qui le dis » que l’église interprète comme une confirmation : « Tu l’as dit ».

Dans mon enfance, on me gavait au catéchisme d’images pieuses où Marie avait la première place. J’aimais prier mais pas devant des images. La débauche d’images dans les églises catholiques ne facilite pas la piété. Elles détournent vers les mythes ecclésiastiques une piété populaire qui devrait se tourner vers Dieu seul. Les nobles guides spirituels hindouistes (post 10) mettent tous en garde contre la dévotion aux images, une superstition absente de la spiritualité juive, protestante ou musulmane.

Il y a un décalage stupéfiant entre Marie mère de Jésus dont nous savons peu de choses, et ce qu’on fait d’elles les « bondieuseries ». Pour ceux qui y sont sensibles, la Parole recommande de « s’adresser à elle comme à une mère qui ne répand pas la vie, mais le conseil, la consolation et la force » (1974/39-5).

2 Prendre exemple de l’audace et de la piété de Térèse d’Avila

Thérèse refusa des propositions de mariage. Elle sentait que, trop attachée à sa liberté, elle ne pourrait accepter une position d’épouse soumise au mâle dominant, la norme de l’époque. Certes en entrant au couvent, elle se soumettait à un ordre monastique, à ses règles et à la hiérarchie religieuse qui contrôlait étroitement la vie des couvents. Mais à l’époque, les femmes n’avaient pas beaucoup de choix.

Elle n’a donc pas connu l’amour du couple ; les religieuses du Carmen compensaient en prenant Jésus de Nazareth comme époux mystique. Elle n’a pas mis au monde d’enfant, mais se comporta comme une mère dévouée avec ses « filles », les religieuses qui la suivirent dans ses couvents réformés. Thérèse d’Avila est donc l’exemple d’un amour évangélique exceptionnel par sa passion pour se rapprocher de Dieu et de Jésus. mais aussi pour guider et fortifier ses sœurs dans les couvents qu’elle a fondé.

Thérèse fondera au total dix-sept couvents dans toute l’Espagne. Ce qui l’amènera à être régulièrement sur les routes, malgré sa santé fragile et la rigueur du climat castillan, pour fonder de nouveaux monastères ou visiter les couvents existants. Chaque nouvelle ouverture nécessita un combat long et ardu contre les oppositions de notables locaux et pour trouver des mécènes. Sa vie audacieuse nous donne des leçons dans deux domaines assez différents. Quelles sont des étapes possibles de notre ascension spirituelle et comment résister de manière intelligente aux pouvoirs religieux qui l’entravent ?

La prière et la méditation assidue sont une pratique déterminante dans la longue ascension de la vie spirituelle. La prière est la base commune de toutes les pratiques religieuses. Comme le montre la pratique des prophètes Jésus et Muhammad, la prière individuelle est plus importante que la pratique collective. En 1974, Jésus enseigne que « prier, s’est proclamer la Parole pour l’accomplir » : la prière fait du bien au priant mais elle a un Dessein. Rabâcher des formules ou des gestes comme le font ces braves gens qui récitent le rosaire ou égrènent des chapelets en boucle les rassure peut-être, mais n’a guère d’effet sur les priants et leur entourage. De plus, pour le système religieux, c’est un outil d’abrutissement mental des fidèles. « »

En parlant des sept demeures du château intérieur, Thérèse insiste sur « l’humilité, marcher dans la Vérité, et la connaissance lucide de soi ». Elle insiste aussi sur la modération : « les extrêmes ne valent rien, même en fait de vertu ». Elle met en garde contre tout retour en arrière et déconseille de s’attarder aux goûts spirituels : « la perfection ne consiste pas dans les appétences spirituelles mais dans l’amour et les œuvres accomplies selon la justice et la vérité ». Pour tendre vers « la véritable perfection, l’amour de Dieu et du prochain, ce qu’il faut, c’est la détermination de notre volonté », celle de « servir avec justice, force d’âme et humilité« 

Thérèse explique clairement les diverses formes de prière et de méditation (qu’elle appelait oraison) et qui sont complémentaires. On retrouve les deux dans la piété de l’hindouisme : des chants d’hymnes védiques ou de mantras et la méditation. Thérèse distingue la prière vocale de l’oraison qui « consiste à travailler avec courage à rendre sa volonté conforme à celle de Dieu ». Elle explique différentes étapes de l’oraison. D’abord le « recueillement où se produit de manière très manifeste une dilatation de l’âme ». Puis la « quiétude (à ne pas confondre avec l’hébétement), où l’âme est endormie aux choses de la terre et à soi-même, alors nul besoin d’artifices pour suspendre l’activité de son esprit ». Ensuite pourra survenir l’oraison d’union où « notre part de concours est nulle car c’est le Seigneur qui opère dans l’âme », mais « pour y parvenir, l’amour du prochain est absolument nécessaire », car « le Seigneur veut des œuvres ».

« S’il n’y a pas de progrès, craignons beaucoup », car « il n’est pas possible, une fois monté si haut de cesser d’avancer car jamais l’amour ne demeure inactif ». « A ce stade l’âme peut entendre les paroles de Dieu et comprendre beaucoup plus que ces paroles ne signifient parce qu’Il suspend nos autres pensées pour nous rendre attentif à Lui. Alors pourra survenir la fusion où « Dieu suspend l’âme dans l’oraison de ravissement ou d’extase en lui envoyant des ravissements qui la dégage de ses sens ». « Une vague puissante s’élève avec une incroyable impétuosité qui emporte sur la cime des ondes la petite nacelle de l’âme ». « C’est un don que fait Dieu quand Il veut et qu’on est impuissant à se procurer ».

Pour ceux qui ont des visions surnaturelles, elle conseille de bien distinguer celles de l’imagination (de la pensée) de celles de « l’entendement » (une puissance de l’âme). « L’essentiel n’est pas de penser beaucoup mais d’aimer beaucoup ». Elle décrit le bonheur spirituel comme une « Eau qui coule de notre fond le plus intime avec une douceur extrême, remplit tout et se fait sentir au corps ». « Il commence en Dieu et se termine en nous, dans quelque chose de très profond qui doit être le centre de l’âme ».
Dans l’oraison de fusion qu’elle appelle mariage spirituel, « Dieu fait tomber les écailles des yeux de l’âme ».

Thérèse distingue clairement à ce stade la différence entre l’esprit et l’âme, ce que la Parole dictée à Arès confirmera : « Dieu a dans le centre le plus intime de l’âme une résidence et c’est Lui qui donne vie à notre âme qui souhaite alors s’employer à tout ce qui est à Son service ». Pour Thérèse, des signes lui furent donnés par Dieu pour l’encourager et pour que les croyants, petits et grands du monde, l’écoutent et changent leur vie. « Les âmes avancées vivent dans un grand détachement de toutes choses, elles désirent vivre de longues années pour mieux servir dans un oubli de soi complet, un abandon total à Dieu ; leur oraison ne consiste pas à jouir de la Présence de Dieu, mais à prendre des forces pour travailler à l’avancement spirituel du prochain ».

Ses lévitations et ses extases étaient spectaculaires. Comme elle l’explique clairement, elles n’étaient pas voulues, elle était emportée par sa passion pour Dieu. Elle met en garde contre l’orgueil et les tentations de rechercher des signes et des états mystiques, et rejoint ainsi les conseils des grands mystiques de l’hindouisme et du bouddhisme sur les pouvoirs surnaturels, appelés « siddhis » : on peut les constater, il ne faut pas les rechercher.

Le charisme spirituel et mystique de Thérèse était tel que ses contemporains l’appelaient déjà la « santa », la sainte, au grand dam des rois et des hiérarchies religieuses qui ne se distinguaient pas par leur sainteté. Dans les églises et cathédrales hispaniques, on voit beaucoup d’images de rois guerriers et de pierres tombales des autorités ecclésiastiques et de la noblesse croyant marquer la postérité et obtenir quelques grâces avec leur argent. On comprend mieux le contexte difficile dans lequel la grande Thérèse de Jésus a habilement manœuvré pour respiritualiser ses contemporains par ses réformes des couvents carmélites, son exemple de piété et ses écrits. Sa liberté d’action pour travailler à l’avancement spirituel du prochain était alors limitée.

Thérèse était courageuse mais sage, elle n’a jamais contesté globalement la théologie romaine et ses prêtres même si elle savait beaucoup mieux qu’eux ce qu’était le vrai surnaturel. Certains de ces ignorants, ces « demi-docteurs toujours ombrageux », ont beaucoup pesé son itinéraire spirituel, mais elle ne s’est jamais découragée, elle a gardé confiance en Dieu, cherché et trouvé d’autres conseillers et confesseurs plus éclairés, en particulier Jean de la Croix et Pierre d’Alcantara qui l’ont protégé et seront comme elle canonisés plus tard.

De nos jours, la plupart des sociétés ont pu se libérer partiellement de l’emprise et des menaces du roi blanc, comprendre l’imposture des prêtres et théologiens et découvrir les scandales qu’ils cachaient. La décrépitude de leur pouvoir sur la piété du peuple de Dieu s’accentuera. Ainsi, dans notre contexte contemporain, l’audace des croyants désirant servir Dieu et Sa parole consistera à faciliter la transition d’une piété religieuse vers un piété libre fondée sur la Parole et Elle seule. Ces croyants audacieux seront mal vus aussi bien par les croyants traditionnalistes que par les esprits rationalistes et ne devront jamais se décourager « Le roi blanc, lace la tête… lave ta tête, lève ton bras, annonce, récuse. Je récuse ! » (1977/36-5).

3 La détermination et la douceur de l’amour au quotidien de Thérèse de Lisieux

L’exemple donné par Thérèse de Lisieux est plus proche de nous : c’est la sainteté accessible à tous ceux qui aspirent à se rapprocher de Dieu quel que soit leur contexte. Alors que Thérèse d’Avila me fait penser à Ramakrishna par ses visions et ses spectaculaires extases, la petite Thérèse me fait penser à Ma Ananda Moyi qui avait aussi été une épouse humaine (post 9).

Son livre « Histoire d’une âme » a bouleversé beaucoup d’âmes comme la mienne par sa lumineuse simplicité. Elle montre que les plus grandes hauteurs spirituelles peuvent être atteintes par tous par la discipline quotidienne de perfectionner l’amour donné au prochain dans les petites choses de la vie en les accomplissant pour l’amour de Dieu. Les agnostiques peuvent faire de même par instinct spirituel, mais la prière assidue donne certainement une détermination pour agir et une résilience face aux épreuves. Elle facilite l’ascension des croyants vers les Hauteurs Saintes.

Beaucoup pensaient alors que la sainteté était réservée à quelques âmes d’élite, vivant des phénomènes mystiques, ou réalisant de grandes choses, or dès l’âge de neuf ans Thérèse voulait devenir sainte en lisant la vie de Jeanne d’Arc. Elle restera déterminée dans cette vocation personnelle, malgré ce christianisme d’église qui instille chez ses fidèles la culpabilisation et la peur d’être influencé par le tentateur pour mieux les contrôler. Ce poids psychologique a beaucoup pesé sur une hypersensible comme la jeune Thérèse, lui donnant la « maladie des scrupules » dont elle a mis longtemps à se guérir.

Au Carmel, elle approfondit le sens de sa vocation : mener une vie cachée, prier et offrir ses souffrances pour les prêtres, oublier son amour-propre, multiplier les actes discrets de charité. Elle ne se fait pas d’illusion sur elle-même : « Je m’appliquais surtout à pratiquer les petites vertus, n’ayant pas la facilité d’en pratiquer les grandes ». En 1890, un prédicateur est choqué quand elle lui dit son espoir de devenir une grande sainte et d’avoir pour Dieu le même amour que celui qu’avait Thérèse d’Avila.

A partir de 1893-1894, elle confie sa petitesse à Dieu et l’invite à agir en elle. En 1895, elle écrit : « je sens toujours la même confiance audacieuse de devenir une grande sainte, car je ne compte pas sur mes mérites, n’en ayant aucun, mais j’espère en Celui qui est la Vertu, la Sainteté Même, c’est Lui seul qui, se contentant de mes faibles efforts, m’élèvera jusqu’à Lui et me fera sainte ». À la fin de sa vie, elle écrira à sa supérieure : « Vous le savez, j’ai toujours désiré être une sainte ». « Bien des âmes disent : Mais je n’ai pas la force d’accomplir tel sacrifice. Qu’elles fassent donc ce que j’ai fait : un grand effort ».

S’il ne nomme pas expressément Thérèse, le concile Vatican II est dans la droite ligne de ses intuitions. Il prône ainsi le retour à la parole de Dieu ; il met en avant la pratique de la foi, de l’amour et de l’espérance dans la vie quotidienne ; il appelle chaque baptisé à la sainteté. Le 19 octobre 1997, année du centenaire de sa mort, sainte Thérèse est proclamée Docteur de l’Église par le pape Jean-Paul II qui dit (j’y ai élagué son jargon ecclésiastique) : « Dans les écrits de Thérèse de Lisieux, sans doute ne trouvons-nous pas, comme chez d’autres docteurs, une présentation scientifiquement organisée des choses de Dieu, mais nous pouvons y découvrir un témoignage éclairé de la foi accueillant Dieu et Jésus d’un amour confiant ».

4 Dieu a-t-Il un Dessein personnel pour certains humains ?

Comme nous l’avons vu dans ce blog, le Créateur a un Dessein pour l’humanité créée pour vivre dans l’amour, le bonheur et l’immortalité connue par nos lointains ancêtres adamiques (post 42). Ils ont imprudemment abandonné pour l’aventure de la fornication avec le mal sous toutes ses formes, une sorte d’ivresse de la liberté mal utilisée donc nous subissons encore les conséquences.

La Parole affirme que certains humains ont été choisis par Dieu pour accomplir une mission qu’ils restent libres d’accepter. Dans le Coran en 3/33 et 3/42 : « Dieu a élu Adam, Noé, la famille d’Abraham et la famille d’Imran au-dessus de tout le monde ». « Les anges disaient, Marie, Dieu t’a choisie et purifiée, Il t’a choisie entre les femmes des mondes. Marie, sois fervente envers ton Seigneur, prosterne-toi, incline-toi avec ceux qui s’inclinent ». Marie a accepté le Dessein que Dieu avait pour elle en répondant à l’ange : « Je suis la servante du Seigneur ».

La sourate 19 relate la naissance miraculeuse et la vocation des prophètes Jean le Baptiste et Jésus. Mais être élu par Dieu pour une mission particulière est une lourde responsabilité et augure d’une vie d’épreuves très difficiles. Même si Dieu donne toujours à ses élus la force de les surmonter, une piété sans faille leur est indispensable. Certains messagers et prophètes de la Bible sont appelés par Dieu bien malgré eux. C’est le cas de Jérémie (1/4). La Parole de Dieu s’adressa à moi : « Avant de te façonner dans le sein de ta mère, Je te connaissais, avant que tu n’entres dans son ventre, je t’ai consacré, je fais de toi un prophète pour les nation ». Jérémie répondit : « Ah, Seigneur Dieu, je ne saurais parler, je suis trop jeune ». Mais Dieu insiste : « Partout où je t’envoie, tu y vas, tout ce que je te commande, tu le dis, n’aie peur de personne, je suis avec toi pour te libérer, oracle du Seigneur ».

Jérémie s’exécutera, il deviendra un grand prophète de la Bible en contrariant les puissants de son époque, il sera persécuté, il se plaindra amèrement de sa vie terriblement solitaire (les fameuses « jérémiades »), mal aimé même de sa famille, contesté par de faux prophètes qui affirmeront le contraire de ce que Dieu lui dit d’annoncer. Les faits ultérieurs confirmeront que Jérémie était bien le prophète de YHWH pour Israël et le seul à son époque. Jonas, appelé comme messager pour avertir Ninive, refusera d’abord sa mission, puis il sera contraint de l’exécuter : tiré au sort pour connaître la cause de la tempête qui allait engloutir son bateau, il fut jeté par-dessus bord et implora Dieu pour survivre. Il accepta finalement d’aller à Ninive qui écouta sa mise en garde.

Plus récemment, Dieu dit au témoin d’Arès : « Je t’ai reconnu avant que de ton père tu n’entres dans les entrailles maternelles, Je t’ai réservé à Mon Service » (1974, 2/20). Il l’appelle « homme de Mon Dessein » (28/27) et ajoute « désormais tu es Mon Messager, tu n’es plus rien pour toi-même ». Mais Il le met en garde avec sévérité : « On te soumettra à des séductions et à des tentations très grandes, que ton esprit les frôle, Je t’anéantis ! » (1974, 37/5).

Cet ex-prêtre portera d’abord un témoignage courageux du surnaturel qu’il a subi, mais les vieux réflexes de la religion reviendront en force (post 20). Il s’imaginera avoir reçu le charisme de modifier la Parole qui lui a été dictée et de la gloser. Il n’a toujours pas publié ses notes prises sur le vif en 1977, probablement parce que le décalage entre la Parole et sa culture ecclésiastique encore vive serait trop évident. « Toi déjà sous la paille Mon Eau… la paille le lit de coucou » (19/24 et 33/19) : ses fidèles Pèlerins risquent de rester sur la paille comme des oisillons de coucou s’ils ne cherchent pas l’Eau au lieu de rester confinés dans son nouveau catéchisme à la sauce de queux blanc (30/9).

En dehors de ces destins d’exception que l’homme est toujours libre de refuser tout de suite ou de rejeter ensuite, on peut observer en réfléchissant à l’itinéraire de grands spirituels comme Thérèse de Lisieux que des vocations naissent parfois très tôt dans la jeunesse dans un contexte favorable. Avant l’âge de « raison », quand le monde commence à contaminer l’innocence enfantine de ses mensonges et de sa violence. Les enfants ont une grande sensibilité spirituelle et rêvent beaucoup, heureusement.

Certains rêves sont prémonitoires et marquent durablement les esprits des enfants, comme celui de la mort annoncée de son père pour Thérèse, et surtout celui d’Aïcha qui fit un rêve bouleversant dans son enfance où elle se voyait clairement comme la future épouse du prophète Muhammad. Elle confia son rêve à son père qui réagit avec prudence, mais resta résolue dans sa détermination, finit par le convaincre puis par convaincre le prophète qui s’engagea à la prendre pour épouse le moment venu. La présence d’Aïcha à ses côtés a été une bénédiction pour sa mission, d’autant plus qu’elle était tout sauf une femme soumise, elle était intelligente et d’un caractère affirmé. Mais avant que ces rêves ne se transforment en un choix de vie, une vocation progressivement forgée, il faut parfois beaucoup de temps. Pour Aïcha, le prophète attendit sa puberté et qu’elle confirme sa décision pour se rapprocher d’elle. Les ignorants de l’histoire prophétique accusent encore le prophète d’être un pédophile !

Mais Dieu a-t-Il aussi un Dessein pour des femmes et hommes ordinaires comme nous ? L’imam Tareq Oubrou enseigne à juste titre que la différence entre les humains et les anges est que nous sommes perfectibles. Son Dessein pour nous tous est celui d’un ascension spirituelle toujours possible. Même juste avant de mourir et peut-être après la mort (?). C’est le sens de la parabole de l’ouvrier de la onzième heure de l’Evangile, il n’est jamais trop tard pour se choisir un destin spirituel.

Alors peut se déclencher une synergie entre nos choix et l’aide du Père qui mesurera toujours ses Grâces avec Sagesse. Il sait les prodiguer le moment pour nous aider et nous encourager dans notre espérance de la vocation spirituelle que nous nous sommes donnée. Il ne peut y avoir de prédestination comme certains théologiens l’argumentaient.

Certains peuvent être appelés par Dieu mais restent libres de leur réponse. D’autres peuvent aussi décider tôt ou tard dans leur vie de « travailler à l’avancement spirituel du prochain » pour reprendre les mots de Thérèse d’Avila. Il y a des vocations tardives qui peuvent couronner en quelques années une vie pas toujours exemplaire.