Le dialogue entre Antoine Bastien et Gilles Cosson, préfacé par Marc Alpozzo, « Entends homme… » est maintenant disponible dans toute bonne librairie, ou commandable, par exemple à la FNAC. Cet essai dense est de lecture abordable (90 pages, 10 euros).

Le cœur de ce livre est un message inspiré à Gilles en 1997 qui lui dit : 

« Tu me demandes ce qu’est ta place dans cette immensité, tu veux savoir pourquoi tu es là et je vais te le dire… Tes questions sont les poutres qui ordonnent Ma demeure… Tes suppliques rendent les mondes inquiets et cette inquiétude monte vers Moi Qui suis ici et ailleurs, absorbé dans mes œuvres qui t’englobent, toi et le reste… ».

Dans cet esprit d’ouverture à la continuité prophétique chère à votre bloggeur, et dans le prolongement des posts 99a et b sur le temps, nous approfondirons ici nos pensées respectives avec Gilles sur les sujets du destin de la chair créée, de la Résurrection et de l’éternité. Car notre petit opuscule commun donne peu de place pour développer, contrairement à ce blog.

1 Des questionnements légitimes

AB : Beaucoup de nos contemporains, pour diverses raisons que je respecte, sont sceptiques sur la possibilité que l’Être infini et immortel parle encore de nos jours, et surtout à un homme modeste comme Gilles. Il pourrait imposer Sa Présence et Sa Lumière à nos sens d’hommes ordinaires, mais Il ne le fait pas par sagesse, pour respecter notre liberté. Il s’adresse rarement directement aux hommes et le fait de manière très sélective. Or, après avoir étudié le Message de 1997 et longuement parlé avec celui qui l’a reçu, j’affirme qu’il n’est pas le résultat de son imagination personnelle et que Gilles est un témoin fiable.

 Les traditions religieuses, surtout l’islam, pensent que la Révélation est close, mais tout dépend du sens donné à ce concept. Voici ce que nous dit le grand imam de Bordeaux, cité dans notre livre : « Cette parole (du Coran) est divine mais il ne s’agit pas d’une parole ontologique, puisque la parole ontologique de Dieu est inaccessible, il s’agit d’une traduction d’une pensée divine dans un langage humain. Dieu ne cesse de communiquer avec l’homme. Il y a un autre langage, un autre livre, celui qui nous parle de l’intérieur. Il nous montre ses signes dans les horizons mais aussi en nous-même… Lumière sur lumière, la lumière de la révélation qui s’ajoute à la lumière intérieure, l’immanence et la transcendance ». Nous parlerons d’Immanence et de Transcendance dans le post 100.

GC : L’analyse de Tareq Oubrou est magnifique dans sa concision. Elle nous indique que ce que nous tenons pour vrai dans notre compréhension du monde n’est qu’une apparence comparée au Dessein de Dieu dont les voies sont impénétrables. La direction qui nous est proposée par les différents messages reçus au fil des siècles, en réalité assez homogènes dans leur contenu, ne saurait être prise au pied de la lettre, ce qui préserve notre liberté de choix et c’est bien ainsi.

AB : Le message de 1997 nous dit effectivement : Dans le monde d’autrefois, à diverses étapes sont venus sur cette terre mes prophètes. Ce qu’ils disaient correspondait à ce que chacun pouvait recevoir. Leur vocation était d’ouvrir la voie aux hommes d’alors. Tu les honoreras comme tu honores ton père. Tu te pencheras sur leurs enseignements. Il nous place donc dans une continuité prophétique incluant le prophète Muhammad ?

GC : Je crois absolument à la continuité prophétique, expression du mouvement intellectuel et spirituel qui élève chaque fois l’humanité à un niveau supérieur, adapté à ses capacités de compréhension des connaissances du moment.

AB : Les étoiles brûlantes sont belles, mais belle aussi est la chair créée. Célèbre mon œuvre comme elle le mérite. Si tu ne veux pas qu’elle te renvoie le mal que tu lui auras fait. Tu as toujours affirmé l’importance de la beauté au service du Bien ?

GC : Oui, le livre que nous avons écrit en commun se clôt par un hommage à la beauté, reflet à notre niveau de la splendeur de la création dont nous ne pouvons imaginer la forme ontologique.

AB : Il t’est dit « Si tu n’avais pas ce savoir (du mal et du Bien), tu serais comme l’animal qui vit et agit sans savoir ce qu’il fait ». C’est bien dans l’intimité de chacun que se fait en permanence le choix entre une action de bien, une action douteuse, et une action de mal ?

GC : Oui, c’est forcément dans l’intimité que se fait le choix entre deux perspectives, l’une incarnant le « Bien » et l’autre le « mal », notions attribuables seulement aux êtres pensants. Cependant, la perception de la question posée est inévitablement influencée par l’environnement personnel de chacun. Celle-ci peut donc sans en avoir conscience être l’objet d’une pression, l’orientant vers telle ou telle solution. C’est pourquoi j’ai donné tant d’importance dans mes livres à l’éducation des enfants dont le premier rôle doit être, comme dans la tradition grecque, de former l’esprit à la critique constante du milieu intellectuel, politique et religieux pour éviter ce qui peut devenir une déviation permanente du jugement.

2 Conscience de la mort de la chair

AB : Un croyant affirme que l’humanité se distingue radicalement du règne animal parce que nous partageons certains attributs de Dieu. La noblesse de l’homme est de se poser des questions qui dépassent sa survie immédiate. A certaines, les scientifiques peuvent apporter quelques réponses, mais face au sujet de la mort, la science est dépassée et ne peut qu’osciller entre l’affirmation de la dissolution du corps de chair et l’aveu d’une incompétence. La peur de la mort est spécifique à l’homme et n’épargne que les sages ?

GC : Je pense que la peur de la mort est une caractéristique qui touche tout être vivant. Pensons au malheureux porc sentant l’approche de l’égorgeur et poussant des cris affreux, mais cette peur dans le monde animal peut aussi être acceptation inconsciente. Je songe à un séjour personnel dans les montagnes, rocheuses canadiennes, où pénétrant dans un bosquet, j’avais aperçu un cerf couché au sol et sachant sa mort prochaine. On dit souvent que l’animal cherche pour disparaître un endroit pour reposer à l’abri des prédateurs, tout en attendant sa fin. Le regard que ce cerf a posé sur moi, ce jour-là m’avait profondément bouleversé car il était la constatation inconsciente de son état critique et en même temps l’acceptation de l’inévitable.

AB : Je serais très prudent sur l’interprétation des attitudes animales en sentiments humains, peur ou résignation. Dans mes voyages de routard, des cochons voyageaient sur le toit du bus et poussaient des cris affreux, probablement pour l’inconfort d’être entravés et secoués dans une situation inhabituelle. J’ai aussi constaté la résistance et l’agitation des buffles qu’on conduisait de force vers les sacrifices lors des fêtes des morts aux Célèbes où on croyait honorer les défunts en multipliant les victimes. Mais c’est surtout avec leurs animaux domestiques que les humains projettent hasardeusement leurs propres sentiments.

GC : Je crois qu’à l’échelon humain nous rencontrons presque toujours le même problème avec une première phase de refus, suivie à la fin par une phase d’acceptation : c’est du moins ce que les médecins ayant vu mourir de nombreux patients certifient. Il existe donc un point où croyant ou incroyant, l’être humain accepte souvent sans se l’avouer la certitude de sa fin imminente. Encore plus beau bien sûr est le comportement des sages, acceptant sereinement l’idée de leur disparition sans pour autant être forcément à l’abri de ce que j’appellerai la « révolte de la dernière heure… ». Le partage entre l’attachement à un corps matériel qui s’éteint et les convictions spirituelles est difficile à faire pour tout homme de bonne foi, surtout au moment où la fin approche. Certains hommes, il est vrai, ont acquis un tel détachement à la suite d’exercices de jeûne ou de contemplation qu’ils voient la mort comme la simple continuation de leur être spirituel ; mais il s’agit là d’exceptions.

AB : Notre vie charnelle sur cette planète est placée sur une flèche de temps qui va de la naissance à la mort et dure rarement plus de 120 ans, ce qui est très peu à l’échelle du temps cosmique. Mais on peut dire que pour tous les hommes, quoiqu’ils en disent, la perspective de leur mort propre vient souvent les hanter durant leur vie ?

GC : Sans aucun doute ! Mais cela ne fait que souligner le côté relatif de l’affirmation humaine de la temporalité, de mon point de vue utile par le sentiment d’irréversibilité et donc de responsabilité de la personne humaine dans ses pensées et dans ses actes. Je reviendrai plus loin sur ce point pour moi essentiel.

AB : Tes idées sur la mort ont-elles un impact sur ton éthique de vie ?

GC : Je ne crois pas que ces idées aient une véritable influence sur ma vie ou la vie humaine en général. Il est essentiel de distinguer les règles de comportement temporel et l’aspiration divine à la transcendance. Les premières sont générales à l’humanité quelles que soient ces composantes philosophiques ou religieuses. C’est la fameuse « règle d’or » qui cadre les principes du comportement humain en lui demandant d’affronter la vie sans détruire celle de ceux qui l’entourent. Mais la mort dépasse ce stade en introduisant l’idée de la transcendance. Je la vois comme une certitude personnelle de l’existence de « l’Esprit qui veille », gérant de façon mystérieuse le cosmos qui nous porte. Cette certitude intime, quand elle existe, est une magnifique composante de l’être humain, capable de penser ce qu’il ignore et de s’incliner devant ce qui le dépasse, sans perdre pour autant la fierté de son existence propre.

AB : Dans mon parcours spirituel personnel, l’idée de transcendance a varié et s’est affinée, mais sans aucun lien avec la peur de mourir. Il y a bien d’autres réflexions et expériences qui peuvent nous inciter à réfléchir à la transcendance. Que penses-tu de ce qui se passe après la mort du corps physique ?

GC : Pour moi l’être humain est à chaque instant un rassemblement de cellules vivantes qui se modifie avec le temps. La spécificité inévitablement temporaire et donc la finitude qui sont celles de l’être humain n’ôtent pourtant rien à la valeur de son existence. La notion de disparition complète n’existe donc pas pour moi car l’éternité inclut tous les instants de la vie ; elle ne saurait donc avoir besoin de conserver l’être matériel en tant que tel, la substance de l’être humain changeant comme dit plus haut à chaque instant. Et s’agissant du concept même d’éternité, je pense qu’il n’est nullement convaincant d’affirmer sa croyance en un début et une fin du monde vivant pour nier l’existence de cette dernière. Car rien ne nous empêche d’imaginer un monde avant le big bang et un autre après la fin, si fin il doit y avoir de l’univers actuel.

AB : La Parole du Créateur affirme effectivement le début de la Création et le terme de ce monde tel que nous le connaissons, le Jour de la Résurrection où chacun verra alors ce qu’Il fera. Les religions spéculent beaucoup, malgré leur ignorance, sur les modalités de cette perspective.

Les dictionnaires donnent trois sens différents au concept d’éternité. Le premier, ce qui n’a ni commencement ni fin, s’applique au Créateur, Seul hors du temps. Le deuxième, ce qui a un commencement mais n’a pas de fin s’applique à l’homme ressuscité qui entre dans l’éternité. Le troisième qui correspond à ce que tu développes ici, est l’appréciation subjective d’une durée indéfinie comme dans l’expression une minute d’éternité.

Ton opinion que l’être humain n’est qu’un rassemblement de cellules vivantes est acceptable pour le corps physique mais pas pour les autres agrégats de conscience. Le Bouddha ajoutait à l’agrégat de la matière, ceux de la sensation, de la perception, des volitions et de la conscience. Tout au long de la vie, l’agrégat de la matière se modifie, mais une certaine conscience personnelle perdure. Certes la pensée utilise le réseau neuronal, en particulier pour communiquer avec les vivants, mais comme tu en as été toi-même le témoin, il y a d’autres formes de communication accessibles de notre vivant n’utilisant pas des voies décelables par les scientifiques. Sans parler des communications avec des personnes décédées dont il y a d’innombrables témoignages. A quelle activité de l’esprit et de l’âme la mort des cellules de notre organisme mettrait un terme définitif ?

GC : La conscience personnelle elle-même est évolutive. Nous parlons du temps humain, de la conscience humaine dans l’univers divin éternel dont l’existence transcende et relativise tout cela. La conscience de l’être humain après sa mort existe selon moi comme celle de la goutte d’eau issue de l’océan et y retournant un jour. Elle est partie du tout et donc disponible si nous souhaitons la reconstituer pour un instant en nous. Mon père est mort au sens physique du terme, mais si je l’appelle, sa conscience, infime partie du Tout, est prête à revenir vers moi et à nourrir ma vie spirituelle.

AB : La Parole affirme la continuité de la conscience individuelle après la mort du corps physique, la vie se poursuivant dans l’esprit et dans l’âme en fonction de ce que l’homme a fait dans sa vie charnelle. D’une certaine manière, tu exprimes bien, même implicitement, que la conscience de ton père décédé peut se manifester et revenir vers toi en cas de besoin. Ton appel ne la recrée pas. Penses-tu que l’humanité a un destin collectif ?

GC : Oui, je pense que l’humanité a bel et bien un destin collectif qui est celui d’élever nos connaissances vers l’idée de la gloire de Dieu et de prouver par notre hommage à la beauté et notre acceptation de l’inévitable souffrance, la richesse de l’Esprit universel. Ainsi sommes-nous à tout moment plus que nous ne le croyons. Si l’humanité prend conscience de l’échange constant qui la lie à l’univers, la notion de responsabilité individuelle prend tout son sens et, dans la progression de ce qui nous paraît être le temps irréversible, nous nous élevons peu à peu vers la grandeur de notre destin qui est de nous rapprocher de la majesté divine. Notre responsabilité à cet égard est donc essentielle.

AB : Tout à fait d’accord.

3 Corps et âme, la question de l’éternité

AB : Selon la Parole de 1974, l’être humain est corps, esprit et âme. Donnes tu au mot âme un sens distinct du mot esprit ?

GC : Le corps, l’esprit et l’âme sont pour moi partie constituante de l’individu, le corps plus proche, bien sûr de la matérialité, l’esprit plus proche de la réflexion et l’âme plus proche de la transcendance qui nous enveloppe à tout instant et que parfois nous sentons en nous comme une évidence. Revenue à l’océan immortel des âges, l’âme garde dans ma conception des choses, la mémoire mouvante de ce qu’elle a été et qui n’est rien de plus qu’une fraction du Tout qui l’englobe dans tous les instants de sa vie. Capable de comprendre son existence et d’échanger avec Lui, elle rentre simplement à la mort de l’être physique dans l’éternité dont elle a été un élément constituant. Là est notre grandeur avec au cours de notre vie la conscience de nos actes qui va avec.

AB : J’aime ta manière très poétique d’exprimer tes convictions, mais ma pensée logique a besoin de formulations plus précises et je l’ancre dans la référence aux Révélations. Ainsi, tu vois l’âme comme une mémoire mouvante de son passé, mais garde-t-elle sa liberté de choix qui la caractérisait du vivant du corps physique qui lui permet de grandir en lumière ou de s’assombrir ?

GC : Je pense que la réponse à cette question n’a pas de sens à la lumière de ce que je viens d’exposer. La liberté de choix n’existe que dans le contexte de l’être vivant, elle ne saurait avoir de sens pour l’être humain de retour à l’éternité.

AB : Sur ce point, nous voyons les choses différemment. La Parole de 1974, en particulier, précise que l’homme survit dans son esprit là où son âme l’emporte en fonction de ses actions de son vivant, vers des ténèbres glacées ou vers les Hauteurs Saintes. Nous pouvons donc évoluer jusqu’au Jour de la Résurrection collective où nous verrons alors ce que le Créateur décidera de faire. L’âme, si nous l’avons bien soignée dans notre vie charnelle, pourrait alors être notre véhicule d’éternité !

GC : Je crois qu’il faut bien distinguer la perception humaine de l’instant avec l’existence de ce même instant en tant que composante de l’éternité. Comme le dit Tareq Oubrou que tu cites, Dieu s’adressant à l’homme s’exprime par une voix à l’intérieur de ce qu’il est capable de comprendre, celle de la temporalité. Mais si nous nous élevons à l’échelle du divin, c’est un mot qui n’a pas de sens car le principe même de l’éternité est celui de l’intemporalité, ce qui signifie que tout ce qui est à un instant donné a été et sera. Je comprends que cette notion soit difficile à accepter, mais elle me semble essentielle au sens même de l’éternité en tant que telle.

AB : Je suis d’accord avec cet inévitable décalage de compréhension entre le cerveau humain mortel et la Pensée du Créateur et Son Dessein pour la fin du temps humain. Mais la pensée humaine au niveau de l’esprit et de l’âme dépasse les limites du cerveau mortel. Dans cette chair, nous pouvons vivre des moments d’éternité par appréciation subjective de la durée. Je suis allé déjeuner il ya quelques jours avec mon épouse chez un couple d’amis de longue date. J’avais prévu pour la journée un programme chargé de visites de librairies avant et après pour faire connaître le livre. Nous sommes arrivés à l’heure convenue, et nous avons complètement oublié la notion de temps. Quatre heures après nous étions encore là, ce qui n’est pas conforme aux convenances, mais nous avons vécu des moments intenses de partage amical qui donnent des souvenirs inoubliables et durables. Tous ont vécu des expériences ou le temps s’efface, où notre conscience est dans l’éternité au sens de durée indéfinie.

Pour le Dessein du Créateur, dans la Parole de 1974, je trouve un fois le mot éternité : « Ceux dont l’ardeur et la piété ne failliront pas, J’en ferai une constellation éclatante sur Mes Hauteurs Sacrées. Il y aura un temps pour leur peine et une éternité pour leur gloire. Mais que tous Me craignent tant qu’ils n’ont pas achevé leur tâche. Qu’ils observent la Parole Que Je te livre et Celle Que J’ai livrée à Mes Prophètes et à Mes Témoins avant toi ». J’y retrouve l’importance de la piété, du respect de la continuité des enseignements prophétiques évoquée dans le message de 1997, mais aussi notre destinée éclatante. C’est la perspective du Jour de la Résurrection avec la fin de la soumission des hommes à la flèche du temps qui pointe vers leur déclin et leur mort physique.

GC : Cela n’est pas contradictoire avec ce que j’ai exposé, minuscule parcelle que je suis de « l’Esprit qui Veille ». La direction nous est donnée à notre échelle, elle élève l’être humain vers son Créateur et en l’élevant, elle le rapproche de ce qu’Il Est. Le reste échappe à notre compréhension. Nous parlerons de la Résurrection un peu plus loin.

AB : Que penser alors dans le message que tu as reçu de : « Je suis le commencement et la fin de toutes choses dans cette gestation perpétuelle dont tu fais partie » et « L’édifice qui converge vers Moi » en parlant des mondes ?

GC : Ce message est destiné à l’homme, lui indiquant un chemin à suivre dans la temporalité qui est celle de toute existence humaine. Dieu en envisageant le bien et le mal n’a pour but que de faire progresser l’individu vers l’Unité qui englobe le Tout et dont nous ne pouvons prétendre comprendre la signification. Je crois que la Parole divine exclut la contrainte, l’ordre ou la facilité. Elle est effort vers l’unité et c’est là le fond de l’idée même de la volonté divine, splendeur rayonnante dont nous ne pouvons qu’imaginer l’existence. Je cite mon opinion avec humilité et la pleine conscience de son caractère relatif.  

AB : Mais quand Dieu décide d’adresser une Parole ou un Message à l’humanité, si on estime que le prophète ou le témoin n’a pas pu inventer ce message, nous avons accès à un support de connaissance collective beaucoup plus solide que ce que produit l’imagination de notre cerveau ?

GC : Sans doute. Et cela est, répétons-le, notre grandeur puisque la faculté de choix nous est in fine laissée.

4 Résurrection et chair transfigurée

GC : Je ne crois pas à la réincarnation ou au fait de ressusciter, car cela ne me semble ni nécessaire, ni posséder un sens précis. À quel moment et sous quelle forme serait censé être cette résurrection de l’être humain tant sur le plan spirituel que sur celui de sa matérialité ?  Ces hypothèses ne me paraissent ni utiles ni nécessaires à la gloire de l’homme, fraction d’une éternité qu’il va retrouver après sa mort.

AB : C’est une différence majeure dans nos convictions. J’ai évoqué, dans le post 36 en particulier, le sujet de la réincarnation popularisée par les spéculations des brahmanes, une rétribution karmique que je récuse comme idée d’hommes. Mais la Résurrection ne saurait être une hypothèse créée par la pensée humaine, elle est beaucoup trop en décalage avec nos conceptions communes. C’est d’abord une promesse explicite et répétée dans les messages prophétiques qui apparaît d’abord subrepticement avec les prophètes bibliques comme Ezéchiel et Isaïe, puis est affirmée de manière répétitive dans l’Evangile et plus encore dans le Coran. On peut tout à fait contester la fiabilité de certains textes bibliques compte tenu de la complexité de leur transmission, mais il est difficile d’affirmer que la promesse répétitive de la Résurrection n’a pas été enseignée par le prophète Muhammad lui-même.

GC : Je ne discuterai pas ce point qui relève de la foi. J’émets simplement à ce sujet les réserves liées à ma conception de l’éternité.

AB : Et c’est aussi un fait historique avec de nombreux témoins d’époque de la Résurrection de Jésus. Le témoignage de M. Potay de 1974 est très précis et répond aux questions légitimes que tu te poses sur les modalités de la Résurrection. Mais comme l’étude de ses publications prouve qu’il a altéré le message en se croyant investi d’un charisme prophétique de traducteur, on peut aussi alléguer qu’il a tout inventé. C’est une hypothèse très faible compte tenu de la Beauté du message et de l’insignifiance de l’autonomie du témoin, asservi à la dogmatique de son église et attaché au statut de dignitaire qui lui avait été octroyé et qui n’avait jamais rien écrit de significatif auparavant. Il faut noter que les détails de son témoignage rejoignent totalement ce qui résulte des nombreuses analyses du suaire de Turin. Notre camarade Olivier Bonnassies a fait une vidéo très documentée et convaincante sur ce sujet.

Il t’est dit aussi : « Les étoiles brûlantes sont belles, mais belle aussi est la chair créée », que je rapproche de « Parmi les étoiles, au milieu des astres embrasés est ton destin ». Penses-tu vraiment que le destin de cette belle chair créée est de finir en pourriture sans espoir d’y voir la vie réintégrer les os et les poussières qui en resteront pour reconstituer une autre chair ainsi que l’affirment le Coran et la Parole de 1974 ? Si j’écoute les prophètes d’autrefois, ils annoncent bien la Résurrection dans une chair transfigurée qui échappe à la loi du déclin et de la mort à laquelle la chair mortelle est soumise.

GC : La résurrection s’entend au sens de la temporalité de l’être humain perçue par lui. La personne physique de Jésus n’est morte que par sa volonté de s’incarner sous une forme humaine. Dans la religion chrétienne, Jésus est éternel, sa mort et sa résurrection illustrent l’option spirituelle dont il est l’exemple. L’incarnation de Dieu n’a pour but que de nous présenter une direction de vie, celle de participer à Sa gloire par nos pensées et nos actes. Quel est dans ce cas le destin de l’homme « malveillant », celui qui s’écarte volontairement du « Bien » tel qu’enseigné par Jésus, Bouddha ou Muhammad ? Nul besoin de sanction au niveau des cieux : pour moi, son malheur est sur terre, dans le tréfonds de sa conscience, il se sait coupable et son rôle a été de prouver à contrario la valeur du « Bien ».   Où l’on retrouve le problème de l’Unité divine au-delà de sa bipolarité apparente, au-delà donc de ce que nous pouvons comprendre. La phrase de Tareq Oubrou trouve là encore tout son sens.  N’est-ce pas le problème de la Foi ?

AB : Si tu penses vraiment cela, tu m’étonnes, car nous connaissons à peu près les dates de la naissance et de la mort de l’homme Jésus de Nazareth qu’il ne faut pas confondre avec la notion de Christ, le destin d’homme divinisé dont Jésus de Nazareth est un rare exemple historique d’accomplissement après le prophète Elie. La doctrine confuse de l’incarnation s’est constituée en particulier à partir d’un verset de l’Evangile de Jean, « Avant qu’Abraham fut, Je suis » que je considère comme inventé par l’auteur de ce verset car son contexte n’est pas compatible avec le déroulement des faits narrés dans les autres Evangiles. En 1974, le Ressuscité nous demande explicitement d’écarter les livres d’hommes parmi lesquels il cite la parole de Jean et celle de Paul. La différence entre Jésus et le Christ a été étudiée au post 2. Tout homme pourrait s’élever comme une fumée pure vers le Créateur pour qu’Il nous fonde en Lui. Cet état christique potentiel est effectivement atemporel. Mais le dogme que Dieu devait s’incarner pour expérimenter la matière et la mort ou sauver l’humanité est absurde. Le Créateur de la matière n’est pas pur Esprit contrairement à ce qu’on nous enseignait dans ma jeunesse. Je suis d’accord avec toi pour dire qu’il n’y a pas de sanction contre les criminels venant des cieux, certains semblent se porter très bien pendant leur vie charnelle. Les conséquences qu’ils subissent viennent au plus tard après la mort et sont terribles, mais ils ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes et à leurs mauvais choix.

GC : Je ne vois aucune contradiction entre la majesté de l’Esprit qui Veille et l’incarnation de Jésus aux fins de servir d’exemple. Matériel et spirituel se rejoignent en Dieu et nous ne pouvons prétendre en savoir plus.

AB : Nous prévoyons une suite à notre dialogue déjà publié avec deux autres ouvrages en perspective, « Percevoir Dieu au troisième millénaire » et « Vivre avec Dieu au troisième millénaire ». Merci à toi pour ce dialogue qui nous aura permis de progresser dans notre connaissance mutuelle et notre travail d’écriture.

GC : Notre dialogue continuera dans le post 100. Son chapitre 3 viendra en prolongement de ce que nous disons : l’Esprit qui veille inclut en lui le bien et le mal, notre choix interférant avec ce qu’Il est. Ce mystère de l’échange avec Dieu appelle donc à l’humilité, la règle d’or attestant d’une direction commune vers le bien temporel et le message reçu affirmant la grandeur de l’aspiration au « bien » au travers de nos sentiments comme de nos actes