Antoine tient d’abord à rendre hommage pour le centième épisode du blog à notre Créateur : je l’aime. Il nous donne à tous le Souffle de Vie, que nous en soyons ou non conscients.
Gilles a présenté dans cet interview sur youtube (activer le lien) notre livre de dialogue publié en février 2025. Ce post approfondit notre dialogue fructueux avec Gilles sur deux concepts plutôt associés aux réflexions philosophiques. En effet, Philosophie magazine nous dit succinctement : Opposée à la transcendance, l’immanence caractérise ce qui est intérieur à un être ou à une pensée. Mais nous n’allons ni les opposer, ni les aborder uniquement sous cet angle.
Car c’est à partir de la conscience vue sous un angle spirituel que nous allons réfléchir ensemble, ce qui implique d’abord de définir qui est l’égo ou le moi, puis comment il se relie au Créateur, enfin quelle voie vers une unité de conscience nous pouvons espérer, unité entre humains et avec le Créateur.
1 Conscience de l’égo
AB : Pour Bergson, conscience est synonyme d’invention et de liberté. Et le message de 1997 te dit : Ta vocation est de choisir ta voie, de choisir en conscience, puisque je t’ai donné cette faculté redoutable. Mais en t’élevant à ce degré de connaissance, Je n’ai fait qu’entrouvrir pour toi l’ordre du monde. Qu’entends-tu par conscience ?
GC : Les choix à faire à tout moment, face aux questions qui se posent à nous, sont influencés par notre environnement, matériel, social et religieux. Pourtant, il nous reste bel et bien la faculté, dans la mesure de nos connaissances, de choisir une voie parmi d’autres. La plus grande fierté de l’être humain est celle qui lui donne le pouvoir de penser le monde, et malgré toutes ses limitations, de choisir « en conscience » sa décision par opposition aux êtres moins avancés qui n’ont du choix à faire qu’une vision instinctive dépourvue de tout raisonnement.
AB : La neurobiologie estime maintenant que les processus conscients ne représenteraient que 1% peut-être du fonctionnement « intelligent » du cerveau. La réflexion mentale consciente est limitée par sa lenteur et sa concentration sur un seul sujet à la fois. Ainsi, la conscience saute de sujet en sujet de façon séquentielle. Cela ne m’étonne pas, car selon ma modeste expérience, la réflexion spirituelle doit prendre son temps et se nourrir d’autres sources, textes sacrés et conseils humains, avant de prendre position.
GC : Je ne vois pas grand-chose à ajouter à ta réflexion qui me semble juste, car le processus de raisonnement n’existe que en effet par l’ensemble des réflexions et des connaissances qui sont à notre disposition à un instant donné. Mais cela n’ôte rien à la gloire de l’être pensant, gloire qui ne saurait lui être retirée.
AB : Il nous faut donc parler de cet égo ou « moi » au contour très flou qui inclut conscient et inconscient. L’égo a fait couler beaucoup d’encre, chacun de nous en a une certaine conception. Il est incontournable pour cerner une identité individuelle et une frontière entre moi et le reste du monde. La distinction entre l’immanent qui se passe à l’intérieur du moi, et ce qui transcende notre personne et notre nature n’est possible que si le moi est bien défini.
GC : L’ego me semble être par nature la globalisation de tout ce qu’un être humain a vécu depuis sa naissance avec les limitations liée aux expériences et à l’éducation reçue. Ce moi a donc bien une existence réelle et il conviendra d’affirmer ce qui en lui nous distingue des autres, ouvrant ainsi la voie à l’appel de la transcendance qui ne peut être que personnel.
AB : En ce qui me concerne, j’ai complètement oublié ou relégué à l’état de traces inconscientes la plupart de mes expériences de jeunesse. Après un processus de digestion mentale, elles ne m’intéressent plus. Le plus grand penseur et sage ayant approfondi le sujet du moi est certainement Bouddha (post 4). Il affirmait son impermanence sans se prononcer sur son existence ou son inexistence : « la théorie suivant laquelle le moi existe est vaine et fausse ; la théorie suivant laquelle le moi n’existe pas est vaine et fausse ; la vérité est entre les deux, c’est le juste milieu que j’enseigne ». Le post précédent a évoqué les cinq agrégats de la matière, de la sensation, de la perception, des volitions et de la conscience qu’il avait identifiés par ses observations et réflexions.
GC : J’ai évoqué au post précédent l’existence relative du moi opposée à l’éternité qui l’englobe et la relativise.
AB : Plus proche de nous dans le temps, le guide spirituel Ramana Maharishi (post 11) a délaissé très jeune l’égo pour aller à la recherche du « Moi » (qu’on peut appeler le Dieu Immanent). Ce renoncement total lui permettra une conscience du « Moi » ininterrompue, à la différence des états d’extase occasionnelle des mystiques. Il enseignait « Tout ce qui est nécessaire, c’est la soumission à Dieu et au Moi Supérieur en abandonnant la fausse distinction entre moi et les autres. Toutes les religions ont trois postulats fondamentaux : l’individu, Dieu et le monde. Ce n’est que si l’ego subsiste qu’il est possible de dire : l’Unité se manifeste dans ces trois postulats. L’Etat suprême est d’exister dans le Moi ».
« Le sentiment d’un moi provient de la personne, du corps et du cerveau. Quand un homme découvre son véritable Moi, quelque chose émerge des profondeurs de son être et prend possession de lui. Ce quelque chose est derrière l’esprit, il est infini, divin, éternel, certains l’appellent le Royaume des Cieux, d’autres l’âme, le Nirvana, les hindous l’appellent libération. Quand cela arrive l’homme ne s’est pas perdu, il s’est trouvé lui-même. »
« Posez-vous inlassablement au fond de vous-même la question : Qui suis-je ? Vous vous connaîtrez vous-même et parviendrez au salut. Le véritable moi, le Moi Supérieur, n’est pas le corps, ni l’un des cinq sens, ni les objets des sens, ni les organes de l’action, ni le souffle, ni même le profond sommeil. La question « qui suis-je ? » fera disparaître les pensées de l’intellect. C’est quand l’intelligence se perd dans le Moi Supérieur qu’Il peut être réalisé. »
GC : je n’ai aucune objection face à cette belle analyse de ce que représente le Moi supérieur, partie du Tout, avec cependant une réserve c’est que l’approfondissement de la recherche du moi finit par englober l’être humain tout entier, rendant à mon avis difficile l’inclusion dans le monde matériel qui nous entoure et nous fait vivre. C’est pour cela que, si la quête proposée à chacun est magnifique, sa mise en œuvre ne saurait toucher que des sages détachés pour l’essentiel des préoccupations de la vie quotidienne, avec ce que celle-ci comporte de pertes inévitables de temps et de fatigue intellectuelle.
AB : Tu as raison, c’est en cela que les grands méditants de l’Inde ont un avantage déterminant par rapport aux grands renonçants de l’Occident qui doivent honorer leurs obligations de famille, de vie professionnelle, ou de vie collective s’ils sont ermites dans un monastère. En Inde, leur rayonnement attire naturellement des êtres de grande sensibilité spirituelle qui se dévoueront pour les assister.
En redescendant de ces hauteurs de conscience spirituelle, nous pouvons évoquer de grands philosophes comme Descartes, Kant, Husserl, Sartre et bien d’autres, qui se sont penchés sur le sujet de l’ego, le premier faisant de notre pensée individuelle la preuve de notre existence (ego cogito, ergo sum).
GC : On retrouve dans ce résumé philosophique l’importance unique de l’être humain rassemblant en lui toutes les facettes de l’ensemble cellulaire qui le constitue et dont émerge la pensée individuelle avec toutes les limitations dont j’ai déjà parlé. Nous ne devons en aucun cas les oublier pour éviter le domaine des certitudes qui ont fait tant de mal à l’humanité. L’obéissance sans discussion à des règles prédéfinies n’est pour moi qu’un aveu de faiblesse, honorable d’ailleurs, mais que nous devons nous efforcer de dépasser.
AB : Nous pouvons aussi parler du travail des psychanalystes. Freud distingue le ça du moi et du surmoi après avoir distingué le conscient, le préconscient et l’inconscient. Lacan complète ses analyses, en particulier avec le concept de stade du miroir. Jung a développé les concepts d’animus, d’anima et de persona et beaucoup travaillé sur l’inconscient où il distingue l’inconscient individuel et collectif. Les psychanalystes avaient pour objectif de soigner des patients en souffrance psychologique, mais leurs travaux sont utiles à tous. Ces concepts sont assez bien connus ou faciles à rechercher.
GC : Je n’ai rien à ajouter à ces analyses qui creusent en nous l’existence du conscient et de l’inconscient, issue de l’assemblage mystérieux des cellules qui nous constituent et dont les diverses facettes satisfont ou tourmentent l’individu, selon la force des émotions ou des craintes qui l’envahissent.
AB : Nous pouvons enfin évoquer le sujet des rêves dont nous avons tous la pratique. Contrairement aux psychanalystes soignant leurs patients, nous ne les étudions pas beaucoup, mais ils jouent un rôle déterminant dans notre équilibre physique et mental. Rien ne nous empêche de faire l’effort de faire intervenir notre conscient dans nos rêves. Et les grands méditants affirment que le sommeil profond est un état mental très favorable à nos contacts avec le monde spirituel. Les stades de rêve peuvent être en partie analysés de l’extérieur par les neurosciences.
GC : J’ai toujours eu conscience du fait que dans mes rêves, la part du conscient est essentielle car c’est elle qui oriente son notre intervention dans le « discours » du rêve en un instant donné. Bien souvent, j’ai ressenti en moi au moment du réveil, le rôle qu’avait joué les grandes options personnelles qui dirigeaient la nature même des rêves que je faisais, angoisse devant l’oppression, hommage rendu à la beauté du monde, effroi devant son horreur. Tout ceci garde sa place pour moi dans le rêve et je n’ai donc rien à objecter aux études savantes qui ont été faites à ce sujet.
2 Le Créateur dans l’Immanence
AB : Le post précédent a cité Tareq Oubrou : « Dieu ne cesse de communiquer avec l’homme. Il y a un autre langage, un autre livre, celui qui nous parle de l’intérieur. Il nous montre ses signes dans les horizons mais aussi en nous-même… Lumière sur lumière, la lumière de la révélation qui s’ajoute à la lumière intérieure, l’immanence et la transcendance ».
Pour moi, l’Immanence est une expérience que peuvent vivre au quotidien de nombreux croyants s’ils persistent dans leurs efforts quotidiens pour se rapprocher de Lui. Au fil de décennies de recherches et d’expériences, je me suis forgé la conviction inébranlable que Dieu EST, en moi, près de moi, ailleurs, partout, maintenant, hier et demain, éternellement. Silencieux pour ceux qui l’ont rejeté avant de Le connaître ou Parlant quand nous choisissons librement d’écouter Ses messagers.
L’égo sépare et divise. Pouvons-nous en le dépassant, par l’amour en particulier, trouver une unité d’action dans notre vie avec les autres humains ?
GC : Je pense que l’aspiration à l’unité est profonde chez la plupart des hommes. Mais l’écran de nos envies, de nos craintes et parfois de nos amours, s’interpose entre ce souhait et la réalité du monde. Il est certain que l’amour entre deux personnes reflète l’aspiration à une unité parfaite, mais qu’elle est à tout moment confrontée à ce que l’éducation et l’inconscient introduisent entre notre souhait et la réalité. D’où les immenses déceptions aussi bien en matière d’amour humain qu’en matière d’idées, dont la richesse nous a séduits à un moment donné mais qui s’avèrent à l’usage inexactes. Pensons aux certitudes et horreurs collectives, nées sous le règne d’Hitler de la suprématie prétendue de l’existence de la souche aryenne, comme dans le monde communiste à l’origine de la grande espérance en un monde débarrassé de ses envies matérielles abusives, avec les épouvantables catastrophes ou déceptions qui ont détruit tant d’hommes, pourtant sincères. Cela ne saurait nous inviter, je le répète qu’à la plus grande modestie, s’agissant de nos aspirations à l’unité.
AB : De plus en plus d’humains s’affirment non-croyants, parce que les abus des religions les ont détournés de Dieu, parce que l’agitation du monde ne leur laisse plus le temps de réfléchir à autre chose qu’aux soucis du quotidien, ou parce qu’après une recherche respectable, ils ont conclu que Dieu n’existait pas et que les explications par la matière et les sciences leur suffisaient.
J’ai connu moi-même une assez longue période d’agnosticisme, perplexe face à la multiplicité des religions. Mais ne n’ai jamais cessé de me poser des questions de fond : d’où venons-nous individuellement et collectivement, où allons-nous après la mort, qu’est-ce que le Bien… J’ai mis longtemps à comprendre que Dieu et les religions étaient des sujets de réflexion très différents. Je devais écarter les discours religieux pour chercher Dieu au fond de moi, dans ma méditation intime et dans la résonance en mon être des témoignages de Ses Messagers et prophètes.
GC : Chercher Dieu au fond de nous-mêmes est une nécessité car ce ne sont pas les rites qui peuvent nous permettre d’atteindre la profondeur nécessaire. Mais chacun dans ce domaine suit sa voie. Pascal a trouvé la sienne dans l’intimité de sa chambre, d’autres dans les grands pèlerinages religieux, d’autres encore, et ce fut mon cas, dans la fusion instinctive avec le monde dans sa magnificence, liée aux grands espaces sauvages ouvrant à la prise de conscience de l’unité de la création. Dans le dernier livre que nous venons de faire paraître, nous appelons à une nécessaire distanciation d’avec beaucoup de rites qui ne sont plus de saison. Le monde qui attend l’humanité sera neuf et parfois effrayant, mais aussi magnifique. Il va demander l’union difficile entre une action matérielle orientée par la sagesse universelle et une inspiration transcendantale que chacun ne peut atteindre qu’à sa manière. Il ne saurait y avoir de règle en cette matière.
AB : Nous sommes dans un monde où les sondeurs répartissent les hommes entre croyants dans une tradition religieuse et sans religion. Aux dernières nouvelles, dans le monde, ce serait 31% pour le christianisme, 24% pour l’islam, 15% pour l’hindouisme, 6% pour le bouddhisme, 5% pour le taoïsme/confucianisme, 2% pour les religions autochtones, 0,2% pour le judaïsme, et 0,8 % pour les autres. Reste 16% pour les non affiliés, catégorie qui mélange les athées et agnostiques (nombreux en Chine et en France) et l’infime pourcentage de croyants en Dieu sans religion comme moi. La confusion entre les croyants par expérience directe de Dieu et ceux soumis aux doctrines religieuses a encore de beaux jours devant elle ?
GC : Le monde est formé d’une infinité d’individus ayant tous des caractéristiques considérablement différentes. Depuis un matérialisme absolu, celui de « l’esprit pratique » élevé à la hauteur d’une institution, jusqu’aux croyants immergés dans la conscience de leur rattachement personnel à l’univers spirituel. Il est absolument ridicule de penser à une doctrine qui rassemblerait des êtres aussi différents. Il faut bien distinguer le contenu de la vie quotidienne, géré par la sagesse universelle et le respect devant de grands évènements dont la naissance, le mariage et la mort. Ils font partie du rattachement à la transcendance qui relève d’une option individuelle. Le « besoin de croire » que la plupart des êtres humains ressentent en eux, systématisé dangereusement au travers des différentes époques et des diverses religions normatives doit éviter tout appel à des certitudes dangereuses.
AB : Pour un croyant, l’Immanence du Créateur au plus profond de lui est en théorie une certitude, mais elle n’est pas toujours consciente. Dans le Message de 1997, « les hommes de prière sont le socle du monde. Par leur choix répété, ils l’engagent dans la bonne direction, en s’élevant vers Moi, ils élèvent les hommes, leurs frères. En renonçant aux vanités de leur siècle, ils rachètent les insuffisances qui les entourent ». Le rôle déterminant de la prière, peu importe la religion, et de la méditation y est affirmé. Elle permet certainement de consolider la certitude de la Présence Immanente ?
GC : Sans aucun doute, mais les hommes de prière représentent précisément un ensemble de personnes qui ne sauraient se rattacher à la grande masse des individus. Ceux qui ont conscience de porter en eux une conviction qui les écarte des vanités de leur siècle, et qui les rattachent à ce qu’ils ressentent être la présence de Dieu, élèvent leurs prochains sans pour autant se considérer comme supérieurs à eux
3 Le Créateur dans la Transcendance
AB : La Transcendance est une expérience, parfois difficile pour les prophètes historiques, confrontés à des Evénements Surnaturels exceptionnels qui s’imposèrent à leur perception usuelle. C’est aussi l’intuition du sublime qui peut envahir notre conscient dans certaines situations comme l’émerveillement devant l’amour, la Beauté de la Création ou celle d’œuvres artistiques humaines.
Il t’est dit en 1997 : Tu veux savoir pourquoi le Mal existe, pourquoi la souffrance ? J’ai créé le Mal pour que tu pressentes la grandeur du Bien, J’ai créé la Souffrance pour que tu prennes la mesure de la Joie. Si tu n’avais pas ce savoir, tu serais comme l’animal qui vit et agit sans savoir ce qu’il fait.
Et, dès le début de ce message : « Le moment approche de prendre ton vol, de quitter ta tanière, de regarder au-delà de ta maison. Parmi les étoiles, au milieu des astres embrasés est ton destin. Il est temps de t’interroger sur toi-même, temps de rêver, temps de prier ». C’est clairement un Appel au dépassement, car la tanière, c’est une cavité souterraine où se réfugient certains animaux sauvages.
GC : Ce qu’exprime ce message, c’est la nécessité d’une adaptation à l’univers entièrement nouveau qui nous attend. Les mondes virtuels, les expéditions spatiales, l’intervention sur le cerveau humain vont bouleverser l’univers dans lequel vont vivre nos descendants. Il me semble que le message cité appelle surtout à prendre conscience du caractère relatif des certitudes qui nous ont portés durant tant de siècles en se rapprochant d’une conception élargie de l’univers liée aux découvertes à venir.
AB : Pas plus qu’au transhumanisme, je ne crois pas aux rêveurs de l’exploration spatiale qui laissent les pouvoirs gaspiller des sommes pharamineuses dans leurs illusions de faire vivre l’humanité durablement en dehors de notre planète Terre. C’est notre maison que le Créateur nous a confiée. Notre destin collectif est bien une transcendance de notre état de chair mortelle, car comment rejoindre les astres embrasés ? Je crois à la Résurrection prouvée par Jésus il y a 2000 ans et par ses réapparitions physiques occasionnelles dans une chair transfigurée. J’y vois un Rappel du projet initial du Créateur avec les créatures adamiques. La Résurrection collective permettra à l’humanité de se libérer des contraintes de temps et d’espace liées à cette chair mortelle que nos ancêtres adamiques ont choisie.
GC : Que certains prophètes par l’illumination qui les a traversés concernant l’avenir du monde aient pu concevoir des vérités éternelles est certain. Les nombreuses « apocalypses » sont là en revanche pour nous montrer le danger des précisions concernant nos fins dernières, mais rien ne peut en effet écarter un être sincère de l’admiration ressentie devant ces êtres exceptionnels qui ont porté sur le monde un jugement éternel en y sacrifiant parfois leur vie. Mais apporter un regard neuf sur ce qui nous attend, si différent de ce que nos ancêtres ont vécu, est aussi une nécessité.
AB : Tout à fait, mais je rappelle que les écrits apocalyptiques sont venus de scribes humains et non des prophètes à l’exception de ces périodes historiques très particulières où des prophètes comme Daniel devaient s’exprimer en langage codé pour échapper à la vigilance des pouvoirs en place. La nostalgie de la transcendance n’est-elle pas propre à celui qui par exemple se laisse subjuguer par la magnificence de la nature ?
GC : La magnificence de la nature, comme la conscience de la beauté, dans sa plus belle expression, qu’elle soit musicale, picturale, sculpturale, ou simplement celle d’un un être humain reflétant un instant une noblesse et une beauté physique intemporelle, sont en effet des facteurs qui élèvent l’homme vers la prise de conscience de son appartenance à un monde qui porte lui la beauté universelle.
AB : Parfois les athées convaincus trahissent leur recherche de transcendance : « Les actions purement psychiques comme douter, raisonner, méditer, faire une hypothèse, doivent, elles aussi, être conçues comme des transcendances » (Sartre, Transcendance de l’ego, 1966). Et sa compagne Beauvoir avait déjà écrit dans Pyrrhus en 1944 : « C’est parce que ma subjectivité n’est pas inertie, repliement sur soi, séparation, mais au contraire mouvement vers l’autre, que la différence entre l’autre et moi s’abolit et que je peux appeler l’autre mien (…) je ne suis pas une chose mais un projet de moi vers l’autre, une transcendance ».
GC : Oui, j’approuve cela, mais ce n’est encore une fois que l’application de l’instinct de dépassement né de la rencontre avec des idées ou des êtres qui nous attirent au-delà de nous-mêmes. Pensons simplement à la « poésie des sphères » qui amène tant de mathématiciens à une sorte de conscience supérieure d’union avec l’univers comme à l’intuition qui saisit parfois un être humain devant un morceau musical ou un poème qui l’élève au-dessus du quotidien.
AB : Il t’est dit : Célèbre mon œuvre comme elle le mérite, si tu ne veux pas qu’elle te renvoie le mal que tu lui auras fait. Respecte-toi toi-même si tu ne veux pas te détruire. La souffrance que tu infliges à mes créatures, c’est à Moi que tu l’infliges. Sa sollicitude infinie et Son lien émotionnel avec la Création est absolument ce que je ressens de Lui. Nous sommes très loin de l’image d’un Zeus distant et indifférent au sort de l’humanité.
GC : Oui, sans aucun doute. L’inspiration reçue souligne l’interdépendance entre les mondes, visible et invisible. Tout ce que nous faisons comporte pour moi une mystérieuse interaction avec l’univers qui nous entoure. Le mystère est que l’Esprit qui veille inclut en lui le bien et le mal, notre choix interférant avec ce qu’Il est. Où l’on retrouve la thèse de la bipolarité de l’univers humain qui est la mienne contribuant in fine à l’existence de l’unité divine. Celle-ci dans l’inspiration citée ci-dessus donne au bien, à l’amour, à la beauté et à la compassion, une part primordiale. Mais c’est là que le dernier mystère nous attend qui ne saurait apporter aucune preuve définitive de la direction à prendre. Ce mystère de l’échange avec Dieu appelle donc à l’humilité, la règle d’or attestant d’une direction commune vers le bien temporel et le message reçu affirmant la grandeur de l’aspiration au « bien » au travers de nos sentiments comme de nos actes. L’on tombe là sur un problème de foi au sens noble du terme. Il me semble que l’on peut conclure comme Pascal que suivre la voie de ce pari-là, recommandée par le message reçu et ouvrant une porte sur l’univers de demain, peut nous mener au bonheur, celui de l’être humain ayant trouvé un guide non coercitif dans l’univers entièrement nouveau qui nous attend.
AB : Selon la Bible, nous sommes image et ressemblance du Créateur et ma conviction est que nous le sommes aussi par notre capacité à aimer et à nous émouvoir. L’amour parental, celui que nous portons à nos enfants biologiques, veille constamment sur eux en les laissant libres de leurs choix et en nous limitant à les avertir le cas échéant. Puisque nous avons des enfants, nous en avons l’expérience. C’est pourquoi nous pouvons comprendre le Créateur comme un Père/Mère, qu’il soit une certitude ou une hypothèse ?
GC : Cette comparaison est sympathique, mais elle ne saurait répondre à la gloire du monde que nous ne pouvons saisir et comprendre. Je maintiens que nous agissons sur Lui comme Il agit sur nous. Nous contribuons par l’amour et la compassion à la grandeur de ce qu’Il est.
AB : L’interaction d’amour avec nos enfants et nos parents nous fait évidemment grandir spirituellement. Beaucoup de français, scandalisés par la religion cajoleuse, se sont rendus orphelins en oubliant le Créateur qui leur donne le Souffle de vie. La plupart des humains perdent leur père et leur mère. C’est généralement une très grande souffrance, surtout si la mort frappe en laissant des orphelins assez jeunes. Certains malchanceux ne les ont jamais connus, ne cessent de les chercher et arrivent parfois à les retrouver. Mais les humains qui ont perdu Dieu de vue ou ne L’ont jamais ressenti sont-ils à la recherche du Père/Mère absolu, Celui que jamais la mort ne pourra leur arracher ? Celui dont l’Amour pour toutes Ses créatures est incommensurable ? S’ils cherchent assidûment, je crois vraiment qu’ils Le trouveront ! Ce qui ne peut que faciliter notre progression vers l’Unité.
4 La voie consciente vers l’Unité
AB : Pour ce grand inspiré qu’était le poète Victor Hugo : « Sache que tout connaît sa loi, son but, sa route, que, de l’astre au ciron, l’immensité s’écoute, que tout a conscience en la création ».
GC : Je ne vois rien à ajouter à cette improvisation qui recoupe tout à fait ma propre vision des choses
AB : On définit parfois ce qui est immanent comme une partie propre de la conscience et ce qui est transcendant comme un objet du monde. Ainsi, par exemple, les actes intentionnels seraient immanents à la conscience, tandis que les arbres/tables/chaises seraient transcendants à la conscience. Mais si nous dépassons la dualité du petit moi en progressant vers l’Unité absolue, l’Immanence et la Transcendance absolue pourraient se rejoindre en nous ?
GC : Oui, l’on peut dire cela, mais on entre là dans un monde de l’abstraction pure qui n’a pour moi pas de grande signification.
AB : Dans notre monde déspiritualisé, ceux qui se disent incroyants ou dubitatifs, peuvent donner un exemple sublime d’humanité compassionnelle. Ceux qui s’affirment croyants peinent à les égaler. Je les trouve d’autant plus admirables qu’ils ne peuvent s’appuyer sur la force intérieure dont disposent ceux qui ont conscience de l’Immanence et peuvent s’y resourcer à volonté.
GC : Je partage ton point de vue, et je ne vois rien à ajouter.
AB : Croyants et sceptiques, nous participons tous à la convergence universelle par nos actes de bien. Le Bien est ce qui concourt à la beauté des mondes. Son éclat t’éblouit, mais ne t’aveugle pas. Sa présence soutient l’édifice qui converge vers Moi.
GC : Je ne peux qu’être d’accord avec ces paroles avec cette réserve fondamentale qui nous dépassera toujours, celle du Bien absolu, apanage de l’Esprit qui veille qui s’exprime dans ses messages mystérieux. Nous ne pouvons que les écouter et tenter d’aller dans le sens qui nous est recommandé avec au cœur l’humilité nécessaire devant ce qui nous dépasse absolument. Ou l’on retrouve le problème de la foi que j’évoquais peu avant.
AB : L’horizon de l’avenir lointain envisagé par un esprit croyant ou incroyant n’est pas le même, mais la dynamique de vie qu’ils choisissent peut-elle converger par l’amour ?
GC : Pourquoi pas ? L’amour est le grand fédérateur des hommes entre eux, cela quelles que soient les croyances qu’ils professent. Mais il est vrai aussi que le Christ a insisté plus que tout autre sur l’importance de ce sentiment, élevé au tout premier rang : « Aimez-vous les uns les autres » est un texte qui figure au premier rang de sa prédication.
AB : Terminons ce post par la citation de la fin du message de 1997 : Avancez-vous donc vers Moi afin que je vous voie mieux. Aimez mes créatures, car Je les ai faites à mon image, au-dessous et pourtant au-dedans de Moi. Soyez modestes dans vos accomplissements et pourtant inflexibles dans votre volonté d’avancer vers l’horizon. N’oubliez pas vos origines sans lesquelles vous ne seriez rien.
Mais regardez maintenant vers le ciel
GC : Ces phrases inspirées concluent par la revendication de nous élever par nos pensées et nos actes vers l’avenir qui nous attend sans renoncer pour autant à la sagesse et aux préceptes éternels qui ont guidé nos anciens. L’idée de « dépassement sans reniement » est pour moi centrale et l’inspiration reçue ne fait que confirmer l’exigence d’élever notre regard vers l’avenir sans oublier la richesse de l’inspiration qui a guidé nos anciens sur le chemin de leur vie.
AB : Il y a dans la vraie sagesse quelque chose d’éternel dans sa dynamique collective dans l’humanité, mais les préceptes un fois dépassés peuvent être relégués aux travaux des historiens. Nos origines, c’est avant tout Dieu qui nous a créé et nos parents qui nous ont souhaité, porté et accompagné le temps nécessaire et que la Parole nous demande d’honorer. Les traditions ne doivent surtout pas nous engluer ou nous encourager à un paresseux immobilisme de conformisme.