L’histoire donnera tort aux avocats d’un pouvoir autoritaire, donc nécessairement centralisé et violent. Ce qui était valable dans le monde ancien ne l’est plus aujourd’hui car les prophètes et la Parole portée par le Souffle du Créateur jusque dans le cœur des hommes incroyants ont fait comprendre à tous que la liberté était précieuse. La Parole avertit les puissants et les riches que les nations se libéreront et reprendront leur héritage aux voleurs, parfois par la violence. Cette prophétie s’accomplira pour les générations qui sortiront de nos descendances (1974, 29/1). Les hommes épris de justice doivent donc avec patience préparer et accompagner ces libérations à venir en identifiant les faiblesses des Bêtes du pouvoir.

L’Etat chinois rivalise maintenant avec les USA comme superpuissance mondiale et ses décisions bonnes ou mauvaises ont un impact planétaire. Or toutes les clefs du pouvoir chinois sont entre les mains d’un seul homme, Xi. Cette situation est périlleuse comme le prouve la guerre décidée par Poutine. La nation chinoise se libérera de sa Bête du pouvoir, mais plus difficilement que d’autres nations soumises à un dictateur comme la Russie et l’Iran étudiés dans les post précédents.

La grande civilisation chinoise, celles des Hans (92% de la population de la Chine actuelle), est née dans le Bassin du fleuve jaune avec la culture du millet puis du riz il y a environ 7000 ans. Elle se voit comme le centre du monde, reste attachée au travail, à la terre, à la famille, au clan et à l’unité nationale. Elle est matérialiste, ne s’intéresse guère à la spiritualité et encore moins aux textes sacrés. Dans l’Hindutva, la terre indienne est terre sacrée, dans la conception chinoise, elle est la terre nourricière.

L’agriculture a permis la croissance démographique qui a fait de la Chine un empire, première puissance économique mondiale avant l’irruption des empires coloniaux suivi de la gestion désastreuse de Mao qui ont fait passer sa part du PNB mondial de 25% à moins de 1% ! Les chinois bénéficiaient du meilleur niveau de vie de la planète jusqu’à ce que la révolution industrielle européenne mécanise la production et les transports et enrichisse les européens au prix des souffrances de leur prolétariat industriel.

Les autres empires se sont construits par la puissance militaire et exporté leur religion ou leurs idéologies. La Chine est devenue beaucoup plus peuplée que l’Europe parce qu’elle n’a pas saigné sa population par des guerres de frontières ou de rivalités de pouvoir. Mais sa faiblesse militaire ne lui a pas permis de résister aux envahisseurs convoitant ses terres, sa richesse agricole ou son savoir-faire artisanal et technologique. Les guerriers mongols et mandchous sont venus du Nord, les européens de l’Ouest. Plus tard, les japonais ont envahi la Mandchourie pour leur géostratégie de domination militaire.

Compte tenu de cette histoire plurimillénaire, la Bête du pouvoir chinois est très expérimentée et soutenue par le peuple Han tant qu’elle tient ses promesses d’enrichissement matériel. C’est pourquoi la libération de cette Bête résiliente peut prendre plusieurs générations et ne peut venir que des Hans.

1 La Chine impériale

Le peuplement des vastes terres de la Chine centrale date de la dernière des grandes migrations des descendants adamiques venus du berceau mésopotamien (post 42), longtemps après celles qui ont peuplé toute l’Asie du Sud de l’Inde à l’Australie, Chine du Sud et Taïwan inclus. Il y a plusieurs dizaines de milliers d’années, des groupes de chasseurs cueilleurs de type sino-mongols se sont adaptés aux climats froids et déployés vers l’Est à partir de – 10 000 pour peupler progressivement les hauts plateaux de l’Asie du Nord, arriver en Sibérie et en Chine, puis traverser le détroit de Behring pour peupler l’Amérique.

C’est dans le Bassin du fleuve Jaune, après avoir défriché les forêts de bambou du Nord, qu’ils sont devenus des agriculteurs sédentaires. Leurs technologies étaient assez rustiques, l’âge du bronze commence vers – 2000, bien après l’Anatolie et la Mésopotamie. C’est l’époque de l’empereur mythique Yu (censé être de descendance divine) et des premiers grands travaux d’irrigation et de domestication des redoutables crues du fleuve qui ont permis une agriculture intensive.

Ce succès agricole explique la propension chinoise durable à préférer la centralisation du pouvoir et le collectivisme au travail. Le premier empereur validé historiquement fonde la brève dynastie Qin (221 – 207 av. JC) en mettant fin à une période féodale plutôt chaotique qui dura huit siècles et se termina par la période des royaumes combattants. Il unifia la Chine et commença la construction de la Grande Muraille pour protéger son empire des incursions des pillards mongols.

Cette dynastie sera suivie par les Han, les Tang et les Song (de 960 à 1279). Une très longue période de paix (en dehors des transitions dynastiques) pour la Chine qui devient la première économie mondiale avec une population équivalente à celle de l’Europe. La Chine antique cultive au Nord le blé, l’orge et le millet et au Sud le riz, et passe de la puissance agricole à la puissance commerciale avec la route de la soie qui la met en contact avec les autres empires jusqu’à Rome. Cette période prospère s’achève avec les conquêtes de Gengis Khan dont les héritiers fonderont la dynastie mongole des Yuan (1279-1368) renversée par la dynastie Han des Ming (1368-1644), que la conquête mandchoue remplacera par la dynastie Qing (1644-1911).

L’explosion démographique des Hans les conduit à chercher de nouvelles terres vers le sud du Yangtsé puis vers l’ouest dès la dynastie Han et jusqu’à la mer Caspienne sous les Tang. La dynastie Qing conquiert le Xinjiang et le Tibet qui s’ajoutent à leurs terres natales de Mandchourie et de Mongolie. Sous les Ming, en 1405, la Chine construit la « Grande Flotte » et mène sept expéditions jusqu’à Java, Ceylan puis l’est de l’Afrique. Mais la dynastie Qing abandonne les ambitions maritimes et se ferme aux influences étrangères quand l’Europe internationalise ses échanges et entre dans l’impérialisme colonial. C’est la cause majeure du déclin économique et technique chinois qui s’accélère avec les odieuses guerres coloniales de l’opium contraignant la Chine à en produire pour contrôler sa lucrative exportation et développer les fumeries locales qui droguent la population.

La Chine impériale était un tissu composite de modes de vie et de dialectes, mais son écriture relativement détachée de la phonétique permet de noter différents dialectes. L’administration et la langue Han partagée maintiennent son unité. De 605 à 1905, les mandarins, une caste de lettrés recrutée sur la base de concours très sélectifs, tiennent la haute administration impériale, et ce système efficace pour gouverner cet immense empire sera maintenu par les conquérants mongols et mandchous.

La Chine impériale a inventé la poudre utilisée pour effrayer les esprits, les européens l’ont reconvertie pour la guerre, les fusils et les canons. Elle a inventé la soie et perfectionné la porcelaine pour produire des objets raffinés et convoités qui seront exportés partout. Les européens prendront le contrôle de la filière et reproduiront ailleurs ses méthodes de production. La Chine est aussi à l’origine des inventions de la boussole, du papier et du billet de banque.

En 1911, la révolution chinoise abat le régime impérial et Sun Yat-sen proclame la République. Mao finira par s’emparer du pouvoir en 1949 au terme d’une longue guerre civile.

2 Le marxisme-léninisme-maoïsme, une idéologie sanglante

Marx (1818-1883) est un écrivain prolifique dont les théories économiques meublaient les discussions de salons d’après-guerre entre intellectuels européens comme les thèses de Trotski (1879-1940) sur la révolution communiste, oubliant la terrible violence de ces idéologies. Toute la Parole met en garde ceux qui versent le sang volontairement, même en cas de légitime défense, c’est un risque spirituel majeur. Marx, légitimement choqué par l’exploitation du prolétariat et la concentration du capital au début de la révolution industrielle, prône son idéologie du matérialisme historique et de la lutte des classes contre la bourgeoisie et promet une société « où le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous ».

Comme les religions, les communistes font miroiter des lendemains enchanteurs passant d’abord par une révolution instaurant provisoirement la dictature du prolétariat et l’étatisation des moyens de production. C’est une philosophie résolument athée où la dimension spirituelle de l’homme et la liberté individuelle sont de fait méprisées. L’analyse économique marxiste avec sa loi d’airain des salaires s’est avérée erronée, elle ignore les dynamiques de qualification de la main d’œuvre et de créativité des entrepreneurs qui prennent des risques, donc nécessitant l’épargne d’investisseurs.

Le marxisme a servi de couverture à des ambitieux qui ont instauré dans le sang un totalitarisme politique échouant dans ses promesses d’enrichissement du peuple partout où il a sévi, en particulier en Russie avec Lénine et Staline, et en Chine avec Mao. Il a mué en Bête du pouvoir, une religion athée avec ses idoles de l’esprit à vénérer, son culte des leaders, sa propagande mensongère, et ses grandes messes populaires et défilés militaires où l’individu devait se fondre dans une masse endoctrinée. Cette idéologie convenait aux ambitions de Mao comme à celle du dictateur coréen actuel.

Après la chute de l’empire, les luttes pour le pouvoir central seront féroces entre les nationalistes du Guomindang (qui contrôlent l’armée) et les communistes, puis discrètes à l’intérieur du parti communiste. Fin 1931, Mao proclame la République soviétique chinoise. D’abord modéré, il découvre la purge en URSS et fait éliminer tous ses opposants en 1934. Toutes ses décisions sont prises pour son pouvoir personnel et dans l’indifférence du sang versé, ses collègues du parti s’en inquiètent.

Fin 1934, chassé par l’armée de Tchang Kaï-chek, il entame la Longue Marche avec 100 000 hommes, une troupe décimée quand elle arrivera à Yan’an. En 1937, l’invasion japonaise déclenche la seconde guerre sino-japonaise, les nationalistes s’allient aux communistes contre l’envahisseur. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les USA aident massivement Tchang et en février 1945, la conférence de Yalta autorise l’URSS, avec l’accord tacite des communistes chinois, à chasser l’armée japonaise de Mandchourie. Le pouvoir chinois devient un enjeu de la géostratégie stalinienne.

3 L’arrivée au pouvoir de Mao, nouvel empereur, puis de Deng

Mao (1893-1976), fils de paysans aisés du Hunan, est un étudiant médiocre méprisé par les intellectuels pékinois qu’il côtoie comme modeste aide bibliothécaire. C’est un sensuel grand amateur de femmes et un intellectuel dévoreur de livres. Il écrit un article en 1919 sur les anarchistes russes et Marx dans une petite revue fondée avec quelques amis. Comme le prouvera son itinéraire politique, ce n’est pas un théoricien, ses pensées et écrits (révérés par la propagande après sa conquête du pouvoir) sont médiocres. C’est un ambitieux opportuniste qui fera assassiner ses rivaux, mais il est probablement sincère dans son intention d’améliorer la situation matérielle de son peuple car il a connu la misère estudiantine.

Il choisit le marxisme en 1920, voyage dans la Chine profonde où il met au point sa stratégie de réforme agraire et d’endoctrinement des masses paysannes contrastant avec la vision marxiste-léniniste d’une révolution urbaine à base ouvrière. En janvier 1949, sa guérilla paysanne avait rallié la majorité du pays, Pékin fut prise sans combat et les autres villes tombent sans grande résistance. Arrivé au pouvoir, Mao oriente ses ambitions vers l’extérieur : en 1950, la Chine écrase militairement le Tibet, incapable de résister à l’invasion, et il soutient la Corée du Nord qui venait d’envahir le Sud (avec l’accord de Staline) en envoyant 1,7 Mn de « volontaires » pour combattre les soldats des USA et des Nations-Unies.

En 1957, constatant les échecs de son régime, Mao lance la campagne des Cent Fleurs et invite la population à un débat. Les critiques formulées par les intellectuels permettent à Mao de les identifier et de les persécuter. Il lance sa campagne anti droite et le Grand Bond en avant, vaste mobilisation pour afficher une augmentation factice des niveaux de production. Elle se solde par une famine dramatique (30 millions de morts ?) et le discrédite au sein du parti. Il rompt avec la tutelle soviétique à partir de 1960.

En 1966 il lance la Révolution culturelle pour revenir au pouvoir en excitant la jeunesse du pays contre les élites du parti. Le chaos s’ensuit mais son fidèle soutien Zhou Enlai, un habile organisateur, parvient à reprendre la situation en main. Les dictateurs du passé comme Hitler, Lénine, Staline ont pris et gardé le pouvoir en versant le sang. Mao a du faire face à la persécution des nationalistes, la menace de l’impérialisme japonais, la guerre froide et la puissance militaire et économique des occidentaux. Au total, Mao Zedong est responsable de la mort de 40 à 80 millions de chinois.

La Bête du pouvoir chinois était affaiblie à la mort de Mao car le maoïsme avait failli à ses promesses d’enrichissement du peuple. Deng Xiaoping (1904-1997), leader des réformistes, parvint à se hisser au pouvoir en 1978 après avoir survécu à deux purges de Mao face à sa veuve Jiang Qing et sa « bande des Quatre ». Deng a remarquablement piloté l’économie chinoise en l’insérant dans le contexte politique international, un préalable indispensable pour la stratégie de développement par l’exportation imitée des japonais. Le peuple chinois sort enfin de la misère économique en travaillant dur et grâce à l’ouverture du marché américain. Sous la gouvernance de Deng, la croissance chinoise est de 9,8 % par an.

Deng a su éviter le culte de la personnalité, mais ne répugne pas à la violence, comme l’invasion du Vietnam en 1979 qui échouera et la répression militaire sur Tian’anmen en 1989 qui marquera les esprits et vaudra à la Chine un embargo sur les ventes d’armes. Il adoube comme successeur le maire de Shanghai, Jiang Zemin qui sera relayé par Hu Jin tao à la présidence, puis par Xi.

4 Xi Jinping, le nouvel empereur

La culture chinoise n’est pas juridique et la Constitution de 1982 ne protège pas des abus du parti communiste et de ses dirigeants. La souveraineté de l’Assemblée nationale populaire est théorique et aucun organe ne défend les libertés de croyance, d’expression, de presse, de réunion, d’association, de démonstration. La Constitution décrit un État multinational unitaire où « les affaires religieuses ne peuvent être soumises à une domination étrangère ». Il est facile de persécuter les églises chrétiennes comme religion étrangère et de qualifier les tibétains et ouigours de sécessionistes : un million d’entre eux croupit dans des camps de rééducation où ils doivent boire de l’alcool et manger du porc.

Les membres du parti communiste (7% de la population) doivent rester athées, ils ont tous les pouvoirs réels. Seulement 14% des demandes d’adhésion sont acceptées. Xi a dû à l’époque se représenter plusieurs fois : il faut montrer sa soumission au système ou le parrainage d’un puissant. Les luttes de pouvoir rendent les positions instables quand elles se rapprochent du courant au pouvoir à Pékin, mais Xi a su patiemment piloter sa montée en grade dans le parti.

Quand il a eu assez d’appuis, il a dévoilé ses tendances dictatoriales avec sa campagne contre les grands et petits corrompus (« les tigres et les mouches »), trois millions de membres du parti sont passés à la moulinette de sa purge. La corruption était certes très répandue, mais sans indépendance de la justice, il est facile de fabriquer des preuves contre tous les opposants à son pouvoir personnel qui préféraient se confesser plutôt que risquer la prison ou la condamnation à mort.

Les dictateurs d’aujourd’hui ont soif de puissance mais aussi d’argent. Xi écarte et emprisonne ou condamne qui il veut en contrôlant le parti qui contrôle toute la société. D’après des enquêtes sérieuses, sa famille s’est beaucoup enrichie indûment. L’expulsion musclée de son prédécesseur Hu en plein congrès du parti qui le nomme président à vie a martelé le message du nouvel autocrate : il n’y aura plus de débat à l’intérieur du parti.

En Chine, Xi est dangereux car il dispose de technologies de surveillance et de fichage à faire pâlir d’envie le « big Brother » d’Orwell. Dès 2009, la Chine installe un système de surveillance de la population, au Tibet puis au Xinjiang, puis contre les organisations comme le Falun Gong qui pourraient devenir un contre-pouvoir déviant du matérialisme officiel. Des caméras qualifiées « d’œil céleste » par les chinois sont généralisées et étendues aux entreprises.

La Chine est devenue une puissance technologique et financière, et Xi développe frénétiquement sa puissance militaire. Il menace d’un débarquement militaire Taïwan dont la population a compris après Hong Kong ce qui les attend s’ils se laissent faire. En mer de Chine méridionale, au mépris des arbitrages de la cour internationale, il mène une politique de fait accompli pour militariser des îles revendiquées par le Vietnam ou les Philippines, des pays en situation de faiblesse militaire et politique.

L’incident récent d’un ballon chinois volant à haute altitude pour espionner le territoire américain est un choc salutaire. Il confirme que Xi entraîne son pays dans une logique d’impérialisme militaire comme Poutine le fait de son côté, mais avec des moyens technologiques beaucoup plus avancés. La Chine regorge d’ingénieurs talentueux obéissant sans état d’âme aux ordres du pouvoir. En prétendant qu’il ne s’agissait que d’un ballon météo, Xi a été pris en flagrant délit de mensonge et de mépris des autres nations. Les illusions sur ce personnage ne dureront pas aussi longtemps que celles sur Mao.

En 2013, Xi lance la nouvelle route de la soie reliant la Chine à l’Europe et à l’Afrique avec des investissements colossaux dans des infrastructures de transport. Financés à crédit, ces projets créent une dépendance aux diktats de Xi pour des pays africains et asiatiques qui sombrent dans de graves crises financières et politique, le Sri Lanka est un exemple marquant.

A Moi la Puissance, nous dit le Créateur (1974, 39/3), mais Il la met en œuvre par Amour et parcimonieusement pour respecter la liberté humaine. Ce n’est pas le cas de Xi. Avec un nouveau « Grand Timonier » à la barre, la Bête du pouvoir chinois revient en force dans une idéologie de puissance : puissance du dictateur et puissance de la nation Han.

5 Une perspective lointaine d’affaiblissement de la Bête au pouvoir

A court terme, Xi surfe sur la dynamique économique lancée par Deng et la population le croit encore bon gestionnaire. Contrairement à ceux de HK et de Taïwan, les Han du continent n’ont jamais connu de vraie liberté civile, peu sont prêts à souffrir pour défendre leur liberté et celle des autres. La posture de grande puissance satisfait le désir de revanche du nationalisme chinois. Le pouvoir de Xi peut encore durer deux décennies, il a 70 ans, mais il conduit son peuple dans une impasse. Les défis sont nombreux, le plus implacable est celui de la démographie (post 43) et donc de la croissance économique soutenable.

La Chine vieillit très vite. Elle cumule la baisse brutale de la natalité constatée récemment dans tous les pays où l’athéisme est répandu, la politique de l’enfant unique et la préférence pour les garçons qui a conduit à des avortements sélectifs et à 8 femmes pour 10 hommes. Le gouvernement chinois a dépeuplé les campagnes où l’espace existe pour des enfants. Le taux de résidents urbains est de 65% avec des loyers dissuasifs. Pour la première fois en 2022, la Chine admet une baisse d’un million de sa population et les démographes projettent une population de 700 millions d’habitants au siècle prochain, elle sera dépassée par le Nigeria.

Les 19% de seniors vont peser lourdement sur les actifs malgré un système de retraite récent qui se fragilisera : les chinois parlent du 1/2/4, un jeune actif devant soutenir ses deux parents et ses quatre grands parents. Les chinois épargnent beaucoup et investissent dans l’immobilier, mais la bulle immobilière a récemment crevé avec des promoteurs en faillite. Avec la baisse des recettes, les 31 régions et municipalités autonomes sont en déficit et s’endettent auprès de l’Etat.

De plus la machine de production agricole s’enraye avec la baisse des paysans actifs et la machine d’exportation industrielle souffrira des tensions internationales et de la relocalisation des productions. La croissance économique a été divisée par deux, le taux de chômage des 16-24 ans est à 20% et une éventuelle politique de relance par les grands travaux d’infrastructures accroîtrait le poids de la dette totale (publique, entreprises et ménages), qui est à plus de 300 % du PIB en 2019. La trajectoire économique du Japon a prouvé que l’atterrissage économique d’un pays vieillissant est rude et la Chine est moins productive que le Japon.

Xi affaiblit les entreprises privées et menace les entrepreneurs trop visibles. Il va peser sur la dynamique économique du pays où les entreprises étatiques font déjà la moitié des bénéfices totaux. Le « grand timonier » s’est décrédibilisé en s’obstinant trop longtemps sur sa politique de zéro Covid qui a probablement réduit la mortalité au début de la pandémie. Il a dû supprimer à la hâte le confinement sous la pression du peuple chinois qui découvrit la liberté des foules de supporters lors de la coupe du monde au Qatar et les hôpitaux chinois ne s’étaient pas préparés à l’arrivée massive de patients. Un médicament Covid à 4 euros en Europe s’est envolé à 3000 euros au marché noir de Pékin !

La situation des Hans se détériorera, mais elle est pire pour les 55 minorités reconnues. En 2006, 130 millions de Chinois vivent avec moins d’un euro par jour, surtout dans les provinces éloignées des centres urbains. La misère économique s’ajoute à l’oppression religieuse. Le culte est strictement encadré par l’athéisme d’État, un sous-produit du marxisme qui a échoué partout dans ses rêves d’éradiquer « l’opium du peuple ». Son échec est flagrant dans le monde russe qui l’a propagé en Asie.

La Chine impériale, comme Rome bien avant elle, avait canalisé la piété populaire des Hans vers l’empereur divinisé et les cultes superstitieux, elle a su empêcher la diffusion du christianisme puis de l’islam. La culture chinoise leur a opposé le confucianisme avec ses rituels et son respect des hiérarchies et le taoïsme, issu de traditions locales anciennes qui prône l’harmonie et la complémentarité entre le Yin et le Yang. Il a nourri les médecines traditionnelles et encouragé le travail de contrôle des énergies et du souffle. Le bouddhisme arrivé près d’un millénaire après la prédication du Bouddha, est devenu Chan puis Zen au Japon et s’est fondu dans les autres traditions chinoises avec des temples partagés et quelques monastères spécifiques.

Cette fermeture du monde chinois aux religions du Livre et à ses prophètes, à l’affirmation d’un Créateur unique ne pourra indéfiniment durer, comme le montre l’évolution spirituelle des chinois émigrés. Sur le continent, il y aurait officiellement environ 100 millions de croyants soit 7 % de la population, mais les sondages sérieux parlent de 30% avec un développement rapide du christianisme s’ajoutant aux musulmans du Xinjiang et aux bouddhistes tibétains. Les nouveaux croyants font comme à l’époque des catacombes sous Rome : ils se cachent, mais cette contrainte renforce leur détermination.

La Bête du pouvoir chinois ne peut gérer de manière dictatoriale une société éduquée et une économie diversifiée et ouverte au monde. Elle faillira à sa promesse d’un enrichissement matérialiste étatique et se heurtera à l’impossibilité de se débarrasser définitivement de la vie spirituelle libre.

Elle entre dans un irréversible déclin. Le rythme est difficile à prévoir car ce sont les nouvelles générations des Han qui en décideront.