Ce blog a déjà consacré de nombreux posts à l’Inde, ses textes sacrés (posts 29, 30, 32, 43) et ses guides spirituels (posts 15, 22, 39, 40, 45). Le subcontinent est d’une grande complexité et pour comprendre ce géant humain, il faut le contextualiser dans sa longue histoire humaine. L’Inde est la plus grande démocratie du monde, un Etat dont la Constitution est laïque et fédérale, mais le principe même de la démocratie permet à une majorité d’élus d’imposer leurs vues aux minorités malgré des protections juridiques parlant de droits souvent bafoués.

Nous analyserons ici l’évolution préoccupante de la situation politique en Inde depuis l’indépendance et la montée en puissance de son extrême droite religieuse, nationaliste et violente. Nous vivons un problème proche en Europe et il convient de réfléchir aux causes et aux remèdes de cette dérive extrémiste et/ou autoritaire qui sévit un peu partout dans le monde.

C’est avec l’idéologie de la terre sacrée des hindous que le premier ministre Modi attise la violence qui sévit contre les musulmans de son pays et la rivalité avec les pays voisins. La Bête du pouvoir, l’alliance entre le politique et le religieux sévit aussi en Birmanie où les musulmans sont opprimés et maintenus dans un sous-développement économique tragique. Le pouvoir politique en Inde a été conquis par Modi par voie électorale et en Birmanie par un coup d’Etat militaire.

C’est en profitant des fractures religieuses que des minorités sont opprimées par la violence de leurs Etats-nations, mais l’héritage du colonialisme britannique est largement responsable de ces drames. En Inde, l’hindouisme est très largement dominant après la partition de 1947 décidée par le colonisateur qui a vu les musulmans migrer en masse vers le Pakistan, et en Birmanie, le bouddhisme domine suite à la décision des rois de se convertir, et la population a dû suivre. Mais les rohingya sont des musulmans déportés du Bengale par le colonisateur britannique pour travailler dans ses plantations. Le pouvoir militaire veut les rendre invisibles et apatrides avec la complicité des nationalistes birmans.

1 Modi et le nationalisme antimusulman au pouvoir local puis national dès 1996 et depuis 2014

La longue ascension de l’extrême droite en Inde commence en 1925 avec la fondation du RSS, « Organisation patriotique nationale », un groupe paramilitaire pour « forger l’unité de la communauté hindoue, lutter contre le colonialisme britannique et supprimer le séparatisme musulman ». Certains militants RSS préféraient collaborer avec l’armée britannique pour lutter contre les séparatistes. Son fondateur Savarkar (1883-1966), un athée, développa l’idéologie de l’Hindutva qui appelait à la guerre contre les anglais et à la domination de l’Inde par les hindouistes.

Le RSS a été interdit plusieurs fois par les anglais et par le gouvernement indien après l’assassinat du Mahatma Gandhi par un ancien membre du RSS, et après la démolition de la mosquée de Babri en 1992. Inspiré par les nazis, le RSS entame dans les années 2010 un programme médical ayurvédique pour que les couples hindous donnent naissance à des « enfants parfaits, grands et à la peau claire, avec d’importantes capacités mentales ». Nous sommes aux antipodes de la non-discrimination prêchée par Gandhi.

En 1951, le RSS avec quelques alliés nationalistes crée le parti BJS, mais ne parvient pas à s’imposer comme alternative au Parti du Congrès qui dominait la scène politique. L’instauration de l’état d’urgence par Indira Gandhi en 1975 et l’incarcération de leaders politiques bouleverse le paysage. Les partis d’opposition forment le Janata Party, une coalition hétéroclite qui éclatera en 1980, mais remporte les élections de 1977. Ils font campagne contre l’état d’urgence et les mesures d’exception, et se présentent comme les défenseurs de la démocratie.

Modi, né en 1950, adhère au RSS en 1975 et devient un pracharak, membre d’un corps de volontaires qui doivent renoncer à la vie professionnelle et familiale et se consacrer à la cause du RSS. Modi est un élève moyen mais bon orateur, le RSS le transfère au BJP en 1985, un avatar du BJS créé en 1980. Modi grimpe dans la hiérarchie du parti et prouve ses talents de stratège électoral en remportant les élections de l’Etat du Gujarat en 1995. Il est élu secrétaire national du BJP qui obtient pour la première fois la majorité à la chambre basse du Parlement de l’Inde en 1996. Vajpayee, leader historique du parti, devient Premier ministre.

Le parti gagne les élections de 1998 mais sa réputation est entachée par les violences antimusulmanes de février 2002 qui feront plus de 1000 morts dans l’État du Gujarat présidé par Modi. Le parti du Congrès revient au pouvoir de 2004 à 2014. L’enquête judiciaire de la Cour Suprême conclut en 2010 à l’absence de preuves d’implication directe de Modi, mais en 2014, un tribunal de New York le somme de répondre pour « tentative de génocide ». Modi fait une campagne antimusulmane en 2014 et le BJP remporte 127 des 182 sièges de l’Assemblée nationale. Il devient premier ministre.

Au Gujarat, Modi met en avant sa réussite économique, écarte des ministres radicaux et réduit la corruption. Fin 2011, il entreprend une série de 36 jeûnes brefs dans le cadre d’une « mission de bonne volonté » en direction de la communauté musulmane du Gujarat. En décembre 2012, le gouvernement BJP de Modi est reconduit pour un nouveau mandat, avec 115 sièges sur 182 dont aucun musulman. C’est un habile politicien.

La loi sur la Citoyenneté de 2019 modifie celle de 1955 pour faciliter la citoyenneté indienne (sous l’hypothèse de persécution religieuse) à toute personne de religion hindoue, sikh, bouddhiste, jaïn, parsi ou chrétienne d’Afghanistan, du Bangladesh et du Pakistan entrés en Inde avant 2015. Une violente répression s’abat contre les manifestations de 2019 contestant cette politique discriminatoire à l’égard des musulmans. On peut comprendre leur irritation, mais dans le contexte de l’Inde, elle n’était pas sage et a alimenté la surenchère nationaliste contre eux.

Un moine hindou, Adityanath, réélu quatre fois député du BJP de 1998 à 2017, avait fondé en 2002 le HYV, une organisation paramilitaire nationaliste responsable de violences organisées contre les musulmans. L’inde est un pays surpeuplé où il n’est pas difficile d’agiter des foules peu éduquées avec des slogans simplistes qui leur parlent. Il est nommé ministre en chef de l’Uttar Pradesh après la victoire du BJP aux élections parlementaires locales. Son gouvernement adopte en novembre 2020 une loi contre les mariages interreligieux, agitant la menace du « Love Jihad » : un musulman qui épouse une femme hindoue s’expose à une peine allant jusqu’à dix ans de prison !

Ce moine fait campagne en 2022 sous le slogan « 80 % de la population contre 20 % de criminels », une allusion au pourcentage de minorités religieuses dans cet Etat. Son inquiétante victoire montre aussi que la popularité de Modi perdure malgré la gestion catastrophique du Covid-19 (des ONG parlent de plus de 3 millions de morts), l’inflation, le chômage, la perte de pouvoir d’achat de la classe moyenne et des pauvres et la colère paysanne visible pendant plus d’un an aux portes de la capitale.

D’après le mouvement Citizen for Justice and Peace, « depuis l’arrivée de Narendra Modi au pouvoir, une grande partie de la télévision indienne est entrée dans une surenchère islamophobe ». De grandes chaines de télévision, Republic TV et ZeeNews, appartiennent à des proches du Premier ministre, et d’autres diffusent des contenus islamophobes et sensationnalistes afin d’augmenter leurs audiences (comme CNEWS ou les communicants du RN en France). Les prochaines élections nationales se tiendront en 2024 avec plus de 800 millions d’électeurs !

2 La dynastie Nehru/Indira Gandhi au pouvoir dès 1947

Grâce à l’immense popularité du Mahatma Gandhi, le parti du Congrès qui s’inspire de son action va dominer la politique indienne à partir de 1947 malgré un niveau élevé de corruption et de rivalités politiciennes. Il se réclame de la laïcité, de la justice sociale et du non-alignement. Nehru est premier ministre de 1947 à sa mort en 1964, et sa fille Indira Gandhi le sera de 1966 à 1977 et à nouveau de 1980 à 1984. C’est une femme autoritaire placée à la tête d’un Etat-nation très difficile à gérer, hindouiste mais pas sectaire : elle a épousé un parsi et fait élire en 1967 un musulman à la présidence de l’Union indienne. Dans son propre parti, elle reforme les mécanismes de gouvernance pour concentrer tous les pouvoirs.

Décidée à se soustraire à toute dépendance externe et à obtenir l’autosuffisance alimentaire, elle mène à bien la « Révolution verte ». Elle nationalise par ordonnance les grandes banques du pays et abolit en 1970 les privilèges des maharadjahs. Elle s’oppose frontalement à la Cour suprême, qui avait tenté d’annuler la réforme agraire en qualifiant le droit à la propriété de droit fondamental, et le conflit s’envenime. Elle gagne les élections de 1971, victoire invalidée en 1975 par la Cour Suprême. Invoquant l’article 352 de la Constitution, Indira Gandhi s’octroie des pouvoirs dictatoriaux jusqu’en 1977, réduit massivement les libertés civiles et frappe l’opposition politique et la presse : des chefs de partis sont emprisonnés et l’approvisionnement électrique des médias est coupée.

Elle meurt assassinée en 1984 par un de ses gardes du corps sikh suite la prise de contrôle par l’armée de leur temple sacré et au massacre des séparatistes qui s’y étaient réfugié. Son fils Rajiv lui succède jusqu’à la défaite électorale de 1989. Le Congrès revient au pouvoir avec le gouvernement Rao (1991-1996) où l’économiste sikh Singh est ministre des Finances et instaure un programme de libéralisation de l’économie qui dynamise la croissance du pays. Il devient premier ministre de 2004 jusqu’à la défaite électorale de 2014 au profit du BJP. En 2017, Rahul Gandhi, petit-fils d’Indira est élu président du Congrès. Pendant la campagne des élections législatives de 2019, il est la cible d’attaques islamophobes et xénophobes (sa mère est italienne). Il est présenté par le BJP comme musulman, parce qu’une photographie le montrait enfant en prière dans une mosquée.

On voit tout au long de ces péripéties électorales le rôle déterminant des clivages religieux instrumentalisés avec succès par le BJP. Heureusement, le système démocratique de l’Inde la protège des dérives totalitaires qui pourraient tenter un premier ministre disposant d’une forte majorité électorale, car la séparation des pouvoirs, la puissante bureaucratie et l’organisation fédérale laissent une place pour des contrepouvoirs efficaces.

A contrario, on voit en Israël, qui n’a pas de Constitution écrite mais des lois fondamentales, que l’équilibre démocratique peut être écrasé par un Parlement élu, la Knesset, non pas sur la base d’un mandat clair de l’électorat, mais en fonction des tractations politiciennes orchestrées par un insatiable du pouvoir, Netanyahou, prêt à s’allier aux extrémistes de droite décidés à museler la Cour Suprême, seul contrepouvoir (modeste) aux lois concoctées par son alliance partisane.

3 L’inspirateur de la Constitution et converti au bouddhisme, Ambedkar (1891-1956)

La Constitution indienne est donc un facteur déterminant pour tenir en laisse la Bête du pouvoir dans un pays où le sectarisme religieux antimusulman est très payant au plan électoral. L’inspirateur de cette Constitution est Ambedkar, un brillant « dalit » (intouchable) nommé Ministre de la Justice en 1947 par Nehru et chargé de sa rédaction. Ce post ne peut pas faire l’analyse exhaustive de ce monument de 450 articles et 114 amendements totalisant 117 369 mots en traduction anglaise. Elle est si détaillée dans sa description du fonctionnement du gouvernement que des modifications sont ratifiés environ deux fois par an par la Cour suprême de l’Inde composée de 31 juges désignés par le Président, en consultation avec la Cour elle-même.

Elle s’est inspirée de la tradition du Royaume-Uni et de la Constitution des États-Unis pour la séparation des pouvoirs, la création d’une Cour suprême et l’adoption d’un système fédéral répartissant les pouvoirs entre le gouvernement central et les gouvernements des États. Elle déclare que l’Inde est une « république souveraine, socialiste, laïque, démocratique » (les mots socialiste et laïque ont été ajoutés en 1976). L’esprit de cette Constitution, faite sur mesure pour la situation indienne, est de prohiber toute forme de discrimination, envers les intouchables hors-castes et les femmes, et d’affirmer la liberté de religion.

Ambedkar est convaincu que l’intouchabilité, liée au système des castes, est consubstantielle à l’hindouisme et explique l’échec des approches sociales et politiques du changement de la situation des dalits. Il lance des mesures destinées à améliorer la condition sociale des femmes et instaure un système destiné à permettre aux personnes des basses castes de faire des études et de trouver un travail en rapport avec leurs qualifications.

Lui-même déclare en 1935 qu’il ne mourra pas hindou et après étude des grandes religions du monde et du marxisme, il suggère la conversion des dalits au bouddhisme comme la meilleure issue possible hors de l’hindouisme. Peu avant son décès, en 1956, il organise la première conversion en masse de 380 000 intouchables rassemblés à Nagpur qui prononcent les Trois Refuges et les Cinq Préceptes. Il y ajoute une série de 22 vœux qu’il rédige.

4 Comment faire la paix entre hindouistes et musulmans ?

Le post 45 était consacré à « Gandhi, un noble guide spirituel dans la vie politique ». Il a amplement mérité son titre de grande âme, « Mahatma ». Tous ont en mémoire sa lutte pacifique pour la décolonisation, mais peu mesurent l’importance et les immenses difficultés de sa lutte pour faire la paix entre les hindouistes et les musulmans qui causa son assassinat par un endoctriné de l’Hindutva. Il n’a pu empêcher la partition orchestrée par les britanniques dont les conséquences se sont avérées catastrophiques.

Elle a changé la donne de l’équilibre entre ces communautés et donc les stratégies de paix possibles : le tiers de la population du subcontinent était musulman à l’époque de Gandhi, ils sont maintenant moins de 15% de celle de l’Union indienne, soit près de 200 millions de personnes opprimées pour leur foi. Leur influence sur les résultats électoraux est devenue minime et à part dans l’Etat du Kashmir, le séparatisme n’est plus un sujet sauf pour les fanatiques hindouistes. Par contre des endoctrinée djihadistes sévissent, probablement aidés par les services secrets du Pakistan.

La mosquée de Babri est emblématique du clivage entre hindous et musulmans qui revendiquent le site comme lieu de dévotion. Elle fut construite en 1527 par Bâbur, premier empereur moghol, dont une chronique historique relève que ses troupes démolirent de nombreux temples hindous dont celui de Chanderi consacré à Rama, construit au xvie siècle, donc un site sacré pour les Hindous. Elle est située à Ayodhya, dans l’Etat d’Uttar Pradesh (UP), surpeuplé (230 millions) et un des plus pauvres de l’Union indienne, dans la vallée du Gange, le berceau historique de la culture dravidienne, et la région où les grands empires qui se sont succédés en Inde ont centré leur pouvoir. Dans la tradition hindoue, c’est le lieu de naissance de Rama et de Krishna considérés comme des avatars.

La mosquée a été détruite en 1992 à l’occasion d’une manifestation de nationalistes hindous et fut le prétexte des pogroms antimusulmans de 1992 et 2002 ; elle était déjà délabrée et ne pouvait servir à aucun culte, mais servait depuis 1985 de lieu de pèlerinage hindouiste. Des associations musulmanes entreprennent une action en justice pour retrouver la propriété du terrain, et un premier jugement de la Haute Cour d’Allahabad décide en 2010 de diviser le site en trois parties : un tiers aux représentants de la communauté hindoue, un autre aux représentants de la communauté musulmane, le dernier pour une organisation hindoue.

Les fouilles rendues possibles par la destruction de la mosquée mettent à jour 265 inscriptions du XIe siècle en écriture devanagari ainsi que d’autres vestiges architecturaux confirmant les vestiges d’un temple sous la mosquée. Il y a eu clairement une injustice historique liée à la domination d’un empire musulman destructeur de temples. De leur côté les jaïns affirment que la structure la plus ancienne serait un temple jaïn du vie siècle sur lequel le temple dédié à Rama avait été bâti. La ville antique d’Ayodhya était parmi les cinq plus grands centres du jaïnisme et du bouddhisme avant 1527. Malgré ces découvertes, les associations musulmanes s’obstinent et font appel à la Cour Suprême qui casse le verdict de 2011 et accorde en 2019 l’autorisation de construction d’un temple hindou, le terrain devenant propriété pleine et entière des hindous.

Le résultat de cet acharnement juridique est à l’opposé des attentes des procéduriers, mais la Cour Suprême demande aux pouvoirs publics à titre compensatoire d’accorder aux musulmans un autre terrain situé dans un endroit approprié et bien en vue. Le chantier de construction démarre le 5 août 2020 avec Modi qui préside la cérémonie religieuse et dépose lui-même des offrandes dans les fondations du nouveau temple. À ses côtés sur l’estrade de la cérémonie, un prêtre, le gouverneur, le chef du gouvernement de l’UP et le chef de la RSS. La laïcité constitutionnelle n’existe plus que sur le papier.

5 Un rapprochement des âmes par la connaissance mutualisée des textes sacrés

Ni la politique, ni les manifestations de rue, ni les procédures judiciaires, n’ont permis d’établir une paix durable entre ces deux communautés antagonistes en Inde. La seule solution est spirituelle et passe par une meilleure connaissance de l’autre, un préalable incontournable à la fraternisation des populations. Dans ce contexte de conflits entre religions faisant référence à des textes sacrés, la première étape du dialogue pour le subcontinent indien serait de revenir à la source, les textes les moins pollués par les livres d’hommes, en commençant par les plus anciens, les Gathas de Zarathoustra et le Veda des rishis.

Faire le pont entre eux aiderait les occidentaux et les musulmans à dépasser leurs préjugés qui voient comme une forme de polythéisme ou d’idolâtrie la religiosité hindoue qui vénère le Dieu unique sous de multiples formes. Peu importe que le Dieu unique soit invoqué dans des langues différentes et appelé Brahman, YHWH ou Allah, ou évoqué comme le « Non Né, Non Devenu, Non Créé, Non Composé » (sutras de Bouddha), ou défini comme le Dieu à la fois Immanent et Transcendant des philosophes ou perçu directement par expérience intime.

Quand un fanatisé du « djihad » islamiste tue en criant « Allahu Akbar », il ne pense pas que dans le contexte polythéiste de la prédication du prophète Muhammad, cette affirmation prononcée dans sa prière voulait simplement dire : « Dieu est plus grand (que vos idoles de bois) ». Le verset 17/111 du Coran souvent cité peut se traduire par « proclame sa grandeur ». Or Dieu n’a pas besoin d’être glorifié par Ses créatures humaines mais honoré en accomplissant des actions conformes à Son Dessein d’amour et de liberté.

Il est indispensable que des musulmans indiens réfléchis, crédibles dans leur pays, bons connaisseurs du Coran et épris de paix et d’amour fraternel fassent ce travail de relecture du Coran sans préjugé et le partagent avec leurs frères musulmans pour soigner les fanatismes liés à l’ignorance du texte. Aucun musulman sincère ne peut écarter d’emblée une citation du Coran arabe. Ils pourront ensuite partager leur travail avec des croyants réfléchis des autres religions de l’Inde.

Les brahmanes ont détourné les inspirations des rishis et ont longtemps dominé la société indienne. L’emprise de leur système de castes n’a pas complètement disparu, mais l’Inde a fait de considérables efforts pour réduire leur influence dans la vie sociale, y compris par les dispositions légales. Mais leurs systèmes de pensée gardent une forte emprise sur l’hindouisme moderne (voir post 28 sur la réincarnation). Pour balayer la poussière accumulée sur la sruti, il y a du chapati sur la planche ! Il faut retourner à la Source des textes, les contextualiser et en écarter ce qui n’est que spéculations intéressées d’hommes au pouvoir. Cette tâche prendra plusieurs générations et peut redonner à l’Inde un rôle de phare spirituel pour guider loin des écueils des religions qui divisent et de la politique qui les instrumentalise.

Je conclurai ce post avec des citations de Gandhi dont l’œuvre et les actions peuvent éclairer les chemins de la paix en Inde : « La loi de la majorité n’a rien à dire là où la conscience doit se prononcer et la désobéissance civile est le droit imprescriptible de tout citoyen ». « Je ne crois pas que les Vedas soient les seuls textes que Dieu ait inspirés, la même inspiration divine se retrouve dans la Bible, le Coran et le Zend Avesta. Mais ils représentent la Parole de Dieu de manière imparfaite, et il nous est impossible de La comprendre parfaitement ». « L’homme doit plonger dans cet océan vivifiant qu’est l’esprit des textes et en rapporter des perles ».

Le Coran, imposé par la force, est devenu une puissance indigène, mais le christianisme est resté marginal sauf dans quelques régions et auprès des populations des castes dominées. Gandhi (post 41), plongé dans l’action urgente pour son pays n’a pas eu le temps de le faire, mais d’autres guides spirituels de l’Inde peuvent et doivent faire le pont entre le Veda et le Coran pour le bien de leur pays malmené par l’histoire et se méfiant des ingérences spirituelles extérieures.