Ce post présente un dialogue avec Gilles Cosson. Le post 83 a annoncé un livre coécrit avec lui qui devrait être publié successivement en trois parties. Le premier opuscule sera « Entends homme » et reprendra en particulier le message reçu par Gilles en 1997 (post 77§4). Le second, préfacé par Tareq Oubrou, sera « Percevoir Dieu au troisième millénaire » et le troisième « Vivre avec Dieu au troisième millénaire ».

1 – Dieu unique, Création bipolaire

AB : Tu souhaites d’abord parler du monothéisme

GC : Les divers monothéismes admettent tous que Dieu est Un, Être suprême, unique, transcendant, universel, créateur de toutes choses, doté d’une perfection absolue, constituant la destinée de salut pour l’humanité et qui se révèle dans le déroulement de l’histoire. Mais, ô paradoxe, Il va créer l’univers bipolaire que nous connaissons dont la dualité de l’être humain lui-même fait partie. La dualité ne serait-elle pas dès lors voulue, manifestation de la volonté de Dieu d’ouvrir la compréhension de chacun aux divers aspects de l’univers ?

AB : Pour moi, la Création procède par contrastes. Le brillant philosophe athée Jean Baudrillard pose sur nos sociétés modernes un regard décapant. Dans son livre « L’échange symbolique et la mort », il montre à quel point nous cherchons à rendre invisible la mort, alors qu’elle est incontournable dans notre perception de la vie. Un déni pathologique de l’altérité. La conscience aigüe de la mort individuelle qui nous attend est une caractéristique spécifiquement humaine. Mais revenons à la bipolarité.

GC : L’observation quotidienne du monde qui nous entoure montre sa bipolarité. Entre la vie et la mort, le jour et la nuit, la paix et la guerre, la maladie et le bien-être, le masculin et le féminin, l’électricité positive et négative, le fort et le faible, le grand ou le petit, l’expansion de l’univers visible et les trous noirs, la bipolarité est une caractéristique évidente de l’univers. Dans le domaine spirituel également, compassion et indifférence, amour et haine, dévotion et désintérêt, transcendance et athéisme révèlent le caractère fondateur des contrastes.

Ces contrastes apparaissent aussi bien à l’échelle cosmologique qu’au niveau de l’être humain. Il porte en lui des caractéristiques antinomiques se dévoilant à l’occasion de circonstances particulières. Ainsi l’homme est-il à la fois bon et mauvais, lumière et ténèbres, amour et haine. Même si prédomine chez lui une qualité, il peut l’oublier et éprouver un sentiment d’attraction pour ce qu’il déteste et de répulsion pour ce qu’il aime… 

AB : Avec un impact différent pour les croyants et les athées ?

GC : Pour ceux qui ne voient que le visible et qui nient la possibilité de toute transcendance, la cause est entendue : le monde porte en lui tout et son contraire sans que cela possède la moindre signification ontologique. Mais pour ceux qui ressentent le besoin ou la certitude personnelle, de l’existence d’un Créateur (et Acteur) de l’univers, la question se pose très différemment.

Dieu peut-il tolérer la coexistence dans l’univers de caractéristiques aussi opposées que l’amour de deux êtres et les souffrances d’un enfant martyrisé, la richesse scandaleuse confrontée à la misère noire, le respect de la vie et la Shoah, etc. ? La plupart des religions affirment que Dieu est bon ou à tout le moins miséricordieux, comment peut-il laisser au mal la place essentielle qui lui revient ? N’est-ce pas la négation de l’existence même du Créateur tel que nous pensons être capables de le concevoir ?

AB : Nous partageons, bien que de manière un peu différente, la certitude d’un Créateur unique. La vie de sa Création semble la faire osciller d’un pôle à l’autre tout en gardant un équilibre dynamique. Il ne s’agit pas de la bipolarité pathologique qui frappe certains humains et que les psychiatres ont beaucoup de mal à soigner. Les malades alternent les phases extrêmes d’excitation et de dépression, déstabilisant en permanence eux-mêmes et leur entourage. La question que je voudrais creuser ici est l’équilibre entre le Bien et le mal.

2 Le mal est-il incontournable ?

AB : Le message que tu as reçu en 1997 (cf. post 77) affirme : Je suis le Tout et le Rien, le temps et la matière, la lumière et la nuit, le bien et le mal. Toi qui l’as reçu, peux-tu partager avec nous ton entendement de ces apparentes contradictions ?

GC : Dans mes divers ouvrages, j’ai déjà répondu à la suite de bien d’autres que la grandeur de la liberté humaine voulue par l’Éternel exigeait l’existence du mal pour faire ressortir la valeur du « bien ». Et qu’il appartenait à l’homme de décider souverainement de ce qu’il estime être la meilleure voie, lui-même faisant partie par son intelligence, bien qu’à une échelle minuscule, de l’Esprit universel. Dans cette mesure, Il lui échoit une responsabilité particulière, celle de faire grandir la part du « bien » dans l’univers au terme d’une interaction signifiante entre lui et le Tout. En bref, il appartient à l’être humain d’affirmer la polarité positive du monde par ses pensées et ses actes.

Aux négateurs de la positivité du monde, il est naturellement impossible de répondre en lieu et place de l’Être Créateur. Mais du taoïsme au mazdéisme, du bouddhisme compassionnel à l’hindouisme compliqué, de la Torah aux Évangiles ou au Coran, tout converge vers ces mêmes recommandations. « Aime ton prochain comme toi-même » ou « ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’il te fasse ».

AB : Cette affirmation positive du bien définirait donc par contraste le mal ?

GC : Cette « règle d’or » est admise de façon générale tant par les croyants que par les incroyants. Car agir dans le sens du « bien » apporte à l’homme une satisfaction personnelle qui n’est pas pour autant une garantie contre la souffrance et la mort. Il existe donc un choix conscient vers le « bien » contribuant à la nature positive du monde, sans qu’il soit besoin de l’existence d’une divinité transcendante et sans qu’aucune « rétribution » soit due à ce titre. Si nous admettons donc qu’agir vers le bien accroit la polarité positive du monde, le phénomène de la bipolarité prend un sens nouveau, s’agissant des caractéristiques du monothéisme comme si Dieu s’était ingénié à faire apparaitre sans cesse les deux faces de sa mystérieuse grandeur.

AB : Je reviens à l’œuvre de Baudrillard qui s’attache à montrer que la mondialisation génère un monde de plus en plus artificiel où tout n’est que simulacre et simulation, ce qui affaiblit toute forme d’altérité. Il dit dans « La transparence du mal » : Nous ne savons plus dire le Mal, seulement proférer le discours des droits de l’homme – valeur pieuse, faible, inutile, hypocrite qui repose sur une croyance illuministe en l’attraction naturelle du Bien, sur une idéalité des rapports humains, alors qu’il n’existe évidemment de traitement du mal que par le mal. De plus, ce Bien, cette valeur idéale est toujours conçu de façon protectionniste, misérabiliste, négative, réactionnelle.

GC : On constate ici que son choix de l’athéisme peut conduire à des impasses

AB : Il déconstruit habilement des dynamiques utiles à la pacification du monde, mais ne veut ou ne peut intégrer la positivité et donc proposer une dynamique sociale bénéfique. A propos de la liberté d’expression, il ajoute : Si le droit à la parole est conçu comme la forme duelle, complice, antagoniste, séductrice, il n’y a plus aucun sens à la notion de droit. Les droits de l’homme et l’écologie sont les deux mamelles du consensus mondial. Faut-il voir dans l’apothéose des droits de l’homme l’ascension irrésistible de la bêtise, ce chef d’œuvre en péril qui promet cependant d’illuminer la fin du siècle de tous les feux du consensus ?

GC : Son écriture et son humour sortent de l’ordinaire

AB : Aucun doute, mais je vois les choses très différemment de lui. Comme lui, je n’adhère pas du tout au discours juridique car ma référence absolue est la Parole, mais le droit peut être utile pour négocier un moindre mal entre humains antagonistes et obstinés, en particulier dans ces situations de guerre que nous vivons actuellement. Ce n’est pas le Bien, mais c’est un moindre mal. Baudrillard poursuit, « le Bien consiste en une dialectique du Bien et du mal. Le mal consiste en sa dénégation, donc en l’autonomie du principe du mal. C’est le règne de l’antagonisme éternel qui triomphe ».

GC : Une philosophie bien pessimiste !

3 La complémentarité entre christianisme et islam

AB : Le dernier chapitre de l’échange symbolique et la mort est « l’extermination du Nom de Dieu ». Baudrillard est un provocateur sincère. Mais, comme beaucoup d’occidentaux, il assimile le Créateur aux religions qui s’en réclament indûment. Il dit : « L’Église s’est instituée d’emblée sur la partition de la survie d’avec la vie, du monde terrestre et du Royaume du Ciel. Elle y veille jalousement, car si cette distance disparaît, c’en est fini de son pouvoir…Le stratagème de Dieu, c’est d’avoir envoyé son fils pour racheter la dette de l’homme, si bien que l’homme ne pourra jamais la racheter, sa dette, puisqu’elle a déjà été rachetée par le créancier. L’homme se retrouvera avec sa dette comme une faute irréparable ».

On retrouve cette confusion entre les religions et Dieu. La religion chrétienne a repris à son compte ce vieux mythe des religions sacrificielles prétendant que le sang d’une victime permet de se réconcilier avec Dieu. Il pense : « Que rien ne puisse plus s’échanger en valeur, trouver son équivalent, fait que nous vivons dans un monde qui baigne dans une incertitude définitive. le temps « réel » et l’espace virtuel ont pris le dessus. L’effacement de Dieu nous a laissés face à la réalité. Qu’en sera-t-il de l’effacement de la réalité ? le principe même du mal et de l’intelligence du mal est ce retournement maléfique de la structure elle-même, qui transforme une destination positive en une finalité meurtrière. Il oppose deux formes antagonistes, la réalité intégrale, mouvement irréversible de totalisation du monde et la forme duelle, réversibilité interne au mouvement irréversible du Réel ».

Après cette digression philosophique et athée sur le mal, je reviens à ce mal réel qui scandalise car perpétré par convictions religieuses. Comment juges-tu ces guerres entre des hommes croyant en un Dieu unique, YHWH de la Bible juive, Dieu, le Père pour les chrétiens, et Allah du Coran ? Pour dépasser les conflits interminables entre les mondes chrétiens et musulmans, tu as l’idée intéressante et originale de rapprocher la sensibilité plutôt masculine de l’islam et celle plutôt féminine des chrétiens modernes. Peux-tu développer cette hypothèse ?

GC : Dans un esprit de complémentarité, le christianisme ne représenterait-t-il pas l’aspect « yin », au sens du taoïsme dont la séparation de l’univers en deux contraires est une caractéristique essentielle ? Né dans une période stable, celle de la paix romaine et du siècle d’Auguste, n’incarne-t-il pas une version féminine, compassionnelle et peu normative de la doctrine dans une société acceptant de multiples croyances. Jésus accepta sa mort cruelle en pardonnant à ses ennemis.

Ne peut-on dire à l’inverse que l’islam, né dans un moment de turbulences et d’instabilité tribale représenterait plutôt l’aspect « yang » de l’univers taoïste : guerrier et prosélyte par essence, ne serait-ce que par la nécessité pour Muhammad de garder vivante la révélation reçue au milieu des attaques dont il a été l’objet. L’interprétation traditionnelle du Coran appuyée sur des hadiths reflète bien cet état de fait. Dans cette vision du monde, réplique dans le domaine monothéiste du Yin et du Yang, la distinction en deux parties n’est-elle pas une constituante essentielle de l’Unité divine par rapprochement de deux faces en apparence opposées ?

Le taoïsme ne dit-il pas :            

Toutes choses sont adossées au féminin

Et font face au masculin.

Quand masculin et féminin se rejoignent

Toutes choses s’harmonisent…

Dans cette hypothèse, personnelle je le reconnais, ne faut-il pas discerner l’unité de Dieu au troisième millénaire comme le rapprochement nécessaire entre les deux faces du monothéisme, la face yin, chrétienne, et la face yang, musulmane.

AB : Ce qui impliquerait qu’elles aient la sagesse de cesser de se combattre ?

GC : Les deux faces ont besoin l’une de l’autre, elles doivent accepter leur dualité comme la nécessité voulue par Dieu de Son Unité fondamentale ! Elle constitue en réalité un facteur essentiel de l’Unité divine. Se combattre pour annihiler l’autre face constitue dès lors une offense à l’Esprit universel et ne peut mener qu’à d’inutiles catastrophes. La chrétienté, issue du judaïsme, et l’islam ne sauraient se comprendre l’une sans l’autre, elles doivent accepter leurs différences comme l’expression même de la volonté de l’Éternel. Si l’une des faces devrait l’emporter sur l’autre, c’est la richesse même de l’univers divin qui serait anéantie !

4 Quel avenir pour le troisième millénaire ?

AB : Le message de 1997 nous avertit. « Tu regarderas au-devant, car les temps ont changé et s’approchent les grandes mutations ».

GC : Nous constatons la conjonction de facteurs déstabilisants du monde d’hier. Ne faut-il pas nous réjouir devant la dualité apparente de l’Unité divine en dépassant les oppositions anciennes ? Pouvons-nous les inscrire dans le processus d’espérance commune que l’avenir va exiger du genre humain ?

AB : Comment procéder ?

GC : Il nous faut développer chez l’enfant la connaissance des grandes traditions monothéistes, celle des diverses faces de la foi, reflet de l’universel « besoin de croire » sans qu’une face ait à l’emporter sur l’autre. Et l’étendre à toutes les croyances, leur essence yin et yang n’étant qu’un reflet particulier de la dualité voulue par Dieu. De façon plus générale, s’agissant des religions et philosophies orientales non monothéistes dont le taoïsme fait partie, constatons que leur approche est dans l’ensemble peu normative, laissant chacun décider en fonction de ses convictions, mais mettant toujours au premier plan la règle d’or commune à tous.

Voilà̀, je crois, en rejetant toute prétention à la supériorité d’une croyance par rapport aux autres les réflexions qui permettent d’éviter les déchirements actuels. Puisse chacun comprendre que seule une vision élargie du divin pourra permettre à nos descendants de partir l’espoir au cœur vers le formidable destin qui les attend !

AB : Tu soulignes qu’il n’y a pas opposition entre l’unicité de Dieu et la dualité de l’univers. Le Rig Veda comme les sutras de Bouddha ont en effet plus ou moins directement affirmé l’unicité d’un Créateur et les grandes philosophies développées par la suite en Inde ont majoritairement enseigné la non-dualité à la suite de la Chandogya Upanishad (« Tat tvam asi », Tu es cela). Le taoïsme et le soufisme de leur côté offrent à l’homme de réaliser sa vraie nature par la compréhension intime qu’il ne fait qu’un avec le Tout. Et tu proposes en particulier, si je suis ton idée, de construire un pont entre la tradition musulmane et la tradition chrétienne en développant leur complémentarité ?

GC : Oui, c’est bien l’idée, mais mon approche part d’une intuition spirituelle qui s’applique particulièrement aux deux grands monothéismes actuels (par le nombre de leurs fidèles). Et si elle peut contribuer à rasséréner des esprits troublés par les catastrophes du moment, j’en serais évidemment très heureux.

 AB : Ton idée est innovante et trouve en moi un écho personnel car je me relie à la fois au monde judéo-chrétien et au monde musulman.  Mon côté yin est plutôt ce rapport d’Amour intense avec Jésus, le Ressuscité, construit dans ma jeunesse. Je le ressens bien quand je vais en pèlerinage dans des lieux marqués par les saintes femmes, Marie-Madeleine, la Dame de Lourdes ou Fatima, Thérèse d’Avila ou de Lisieux. Ce n’était pas encore le sens de la Présence du Créateur, à la fois masculin et féminin que j’ai clarifié comme adulte. Entré dans le monde musulman par la voie intellectuelle, j’ai construit un lien social avec des musulmans de nombreux pays et dans la prière collective. Mais, à part lors du pèlerinage de La Mecque, les femmes sont tenues à distance des hommes. Mon rapport au monde musulman est donc plutôt yang, intellectuel et masculin, très complémentaire de mon rapport émotionnel avec le monde chrétien, celui de mes amis d’enfance ! Ton intuition lumineuse a ouvert une nouvelle porte de compréhension de mon vécu de croyant. Le dialogue avec toi m’a beaucoup fait progresser, je t’en remercie.

GC : C’est mon tour d’être ému par tes explications et ta franchise. Si la rencontre entre les deux hommes intègres que nous sommes pouvait coïncider avec une meilleure compréhension entre juifs, chrétiens et musulmans, nous aurions ensemble franchi une petite marche dans un monde trop souvent violent qui doit pourtant s’ouvrir à la grandeur, à l’amour et à la miséricorde de Dieu.  

AB : Il est indéniable, compte tenu de la diffusion planétaire de l’Evangile et du Coran, que la pacification des relations entre les chrétiens et les musulmans est un défi majeur pour le monde de demain. Mais à un moindre degré, la fraternisation laïque entre hindouistes et musulmans dans l’Inde de Modi est aussi un problème grave et urgent.  

GC :  Sans aucun doute  

AB : Dans la deuxième publication, nous rapprocherons les grands textes sacrés sans tomber dans le piège des religions qui considèrent comme intemporel, absolu et indépassable le message auquel elles se réfèrent. Je trouve éclairant ce que nous dit Tareq sur son site (https://tareqoubrou.com/la-theorie-des-trois-livres/). « Cette parole (du Coran) est divine mais il ne s’agit pas d’une parole ontologique, puisque la parole ontologique de Dieu est inaccessible, il s’agit d’une traduction d’une pensée divine dans un langage humain. Dieu ne cesse de communiquer avec l’homme. Il y a un autre langage, un autre livre, celui qui nous parle de l’intérieur. Il nous montre ses signes dans les horizons mais aussi en nous-même… Lumière sur lumière, la lumière de la révélation qui s’ajoute à la lumière intérieure, l’immanence et la transcendance ».

GC : Un musulman réfléchi ne devrait donc montrer aucune réticence à étudier le message que j’ai reçu en 1997 ?

AB : Il suffit de le lire. Il te dit que les hommes de prière sont le socle du monde et te demande d’honorer les ermites de toutes les religions. Nous pouvons vivre avec Dieu en harmonie avec notre monde, et en particulier en partageant la vie spirituelle de tous nos frères humains.

GC : Nous voici d’accord

Addendum : Que dit la Parole de 1974-1977 sur les religions et Dieu ?

Le message inspiré à Gilles n’utilise pas explicitement le mot bipolaire, mais son contenu le suggère indéniablement. La Parole de 1974-1977 a été dictée à un homme convaincu que Dieu était trinitaire, une idée erronée et diviseuse qu’elle écarte sans ménagement. Elle insiste donc de diverses manières sur la nécessité de retrouver la voie de l’Unité, de l’Unicité de Dieu caractéristique du monothéisme. Elle n’évoque pas, même indirectement, cette notion de bipolarité, mais je n’y vois rien d’incompatible avec la Parole, surtout si elle peut faciliter le dialogue entre le christianisme et l’islam.

Mais pour apaiser les relations entre le monde chrétien et le monde musulman, il faut d’abord restaurer le Fond, donc que les chrétiens renouent avec le monothéisme enseigné sans ambiguïté par le juif Jésus de Nazareth. Ils doivent absolument écarter résolument les rois blancs et leurs docteurs serviles, ces pouvoirs religieux qui les dominent et les endoctrinent dans une idéologie erronée.

Jésus avait annoncé son retour à un moment où personne ne l’attendrait. Il est revenu en 1974 pour affirmer que l’Evangile avait été mal transmis par ses témoins et que les clergés l’ont ensuite altéré et glosé. Le mot religion n’y est pas prononcé, c’est un concept trop humain, mais les pouvoirs religieux y sont balayés d’un geste royal.

Cette Parole s’adresse en effet à un prélat orthodoxe, Michel Potay convaincu que sa branche chrétienne était la meilleure et lui avait donné le pouvoir de distribuer des sacrements salvateurs à ses fidèles. « Mensonge ! Toi, homme Michel, tu Me seras une abomination si tu prononces la moindre indulgence pour ceux qui volent Mes Attributs et trompent Mon Peuple ». « Bannis les docteurs dont l’ignorance M’est un dégoût…ils mont façonné un dieu à trois têtes pour étonner les faibles, les faire trembler sous leur oracle. Ils ont décidé de Ma pitié et de Mon châtiment selon les œuvres en discours interminables, énigmatiques, d’un Mot de Moi ils ont écrit des livres. Mon peuple ne sait plus où Je suis, où je ne suis pas. Abats les idoles de l’esprit comme ont été abattues les idoles de bois ».

Jésus y redonne aussi la prière qu’il avait enseignée il y a 2000 ans et dont l’entame est « Père de l’Univers ». L’Evangile transmis par Rome parle de « Notre Père qui est au cieux », comme si Dieu n’était pas Etalé sur toute sa Création, en nous, ici et ailleurs. Dans la Parole entendue par le témoin en 1974 et 1977, « Je suis » est l’expression la plus fréquente pour désigner Dieu, l’expression transmise par Moïse qui l’a entendue lors des théophanies au Sinaï.

Dieu affirme être hors du temps que l’homme subit « Ecoute homme Michel ! Je suis hors du temps, mais toi qui est dans le temps, tu sais combien de soleils se sont levés depuis Ma Parole et Mes Œuvres ». Sa Voix affirme qu’Il est aussi au-delà de l’espace que subit le Bon (Jésus ressuscité) : « J’ai, Je suis. Les soleils tournent dans Ma Main. Ma Main a mille Mains. Ton œil tend, bute. Le Bon (Jésus) descend, il est bas, il va droite, il est à droite, quand Je dis. Je descends, Je suis haut, Je vais à droite, Je suis au milieu, Etalé. »

La Parole éclaircit dans la veillée 32 la confusion qui règne dans le christianisme sur la différence entre l’homme Jésus et Dieu « Muhammad Mon messager venu avant toi a enseigné que l’homme Jésus n’est pas Dieu, que ceux qui croient cela sont impies. Ma Main a oint les lèvres de Mon Messager, son enseignement est vrai. L’homme Jésus n’est pas Dieu, c’est le Christ qui est Dieu, c’est Moi né de Jésus né de Marie. Un espace plus long qu’un rayon de soleil va de Jésus au Christ. La distance infinie qui sépare la terre du Ciel, il l’a parcourue, parce qu’il a mis ses pas dans Mes Pas, il ne s’en est jamais écarté. Il s’est embrasé de Mon Amour pour l’homme son frère et comme une fumée pure il s’est élevé vers Moi. Il a accompli en un an, le temps d’un battement d’ailes, ce que le monde pour son salut accomplit sans les siècles des siècles. Je l’ai fondu en Moi, J’en ai fait un Dieu, il est devenu Moi, quelle intelligence d’homme, faible lumignon peut comprendre cela ? Mais Je lui ai donné assez de force pour qu’elle comprenne en parabole qu’il est vain de discourir sur mes livres, impie d’entendre les docteurs qui bavardent !»

Ainsi il n’y a pas incarnation de Dieu dans un fils unique voué à être sacrifié pour nous sauver comme l’ont inventé les docteurs chrétiens. Mais l’homme peut retrouver le chemin vers Dieu par un effort constant d’ascension qui peut exceptionnellement trouver son apogée dans cette vie comme dans le cas d’Elie et de Jésus. Pour les hommes ordinaires mais s’efforçant de contribuer au Bien, cette promesse attendra le Jour de la Résurrection.

Car le Dessein du Père est annoncé en 1974, 35/2 : « Ma Volonté de rétablir le temps où s’écoulaient dans Mes Jardins le Tigre, le Pichône, le Guihône en Assour qu’on reverra entre les chaumes la Moisson faite, quand les moissonneurs poseront leurs faux et se pencheront sur les rives pour se désaltérer. Alors J’arrêterai les jours et les nuits, Je suspendrai les hivers er les étés, le cours de Mes Fleuves s’arrêtera pour qu’ils ne se vident plus dans les failles de la terre, qui rejetteront leurs spectres ».

L’Appel à retrouver l’Unité concerne aussi l’homme, image et ressemblance de Dieu : « Sois un dans toi. Ta dent mort Ma Lèvre, elle tient, ta dent mort ta lèvre, tu es deux, ton ventre creuse sous la peur, tu es dix. Sois un ! » (1977, XXIV). C’est en s’accrochant à la Parole entendue de la Lèvre du Père que l’homme cessera de se diviser en idées conflictuelles et antagonistes, de trembler de peur devant la mort. Elle nous dit : « La tête est insoumise, remplie d’orgueil, mais le cœur est empli de son Dieu« .

Selon cette Parole, la dualité observée actuellement dans la Création arrivera à son terme, mais il nous est impossible dans notre état actuel d’imaginer cette Vie future partagée entre le Créateur unique et ses innombrables créatures autonomes que Sa Lumière éclairera sans cesse. Un chemin est tracé pour l’humanité, elle doit avancer dans cette direction car Dieu nous a laissé notre liberté de contribuer au règne du bien : « Ceux qui goûteront jusqu’au bout du bonheur à leur peine, dont l’ardeur et la piété ne failliront pas, J’en ferai une constellation éclatante sur Mes Hauteurs Sacrées. Il y aura un temps pour leur peine et une éternité pour leur gloire. Mais que tous Me craignent tant qu’ils n’ont pas achevé leur tâche. Qu’ils observent la Parole Que Je te livre et Celle Que J’ai livrée à Mes prophètes et à mes témoins avant toi ».