« La création est une œuvre qui se pense sans cesse intensément. À tout moment elle s’interroge sinon elle serait achevée. Et que serait cet achèvement sinon la négation de Moi-même Qui suis le commencement et la fin de toutes choses ? Dans cette gestation perpétuelle dont tu fais partie. Il t’appartient de donner un sens à la matière » (Message reçu par Gilles en 1997, post 77 §4).
Cette réflexion sur le temps propose un dialogue de polytechniciens. Michel Galiana-Mingot (X68, qui a écrit « les clés secrètes de l’Univers) et dont je viens de faire la connaissance. Et Gilles Cosson (X 57), coauteur avec moi du livre « Entends Homme… », disponible en librairie à compter du 13 février. Pour en limiter la longueur, la publication a été scindée en une partie plutôt scientifique, 99a, et une partie plutôt transcendante, 99b. Transcendante, non pas parce que nous le sommes, mais parce que nous y étudierons des textes qui ne viennent pas, selon moi, d’une simple imagination humaine. Nos lecteurs rebutés par le jargon scientifique pourront sauter à la conclusion et passer au post 99b qui sera publié bientôt.
AB : Commençons donc ce dialogue amical. Nous ne pourrons épuiser ce thème vaste et complexe du temps dans ce modeste blog, mais vous avez peut-être quelques remarques préliminaires ?
MG : Oui, tout se transforme en permanence. Nous avons trop souvent le travers de former des images statiques du monde éloignées de la réalité. Même la physique a tendance à nous emmener vers ces images simplistes parce qu’il est bien plus facile de décrire un système statique qu’un système dynamique. Or, tout dans l’Univers, la vie, le cerveau, etc. est en perpétuelle transformation, tel un ordinateur qui mènerait des calculs à l’infini sans jamais s’arrêter.
GC : Il doit être clair que je ne prétends pas à ce que l’inspiration reçue par moi ait en quelque manière que ce soit une origine scientifique sinon peut-être par le substrat général de mon éducation. Je voudrais redire que seule l’intuition issue de mes longs et durs voyages dans les grandes solitudes plus la contemplation du monde matériel et quelques lectures à caractère philosophique ont joué pour moi un rôle de révélateur. Cela ne m’empêchera pas naturellement de me pencher de façon rationnelle sur ce qui va suivre.
1 Les sciences et le temps
AB : Dialoguer avec des polytechniciens n’est pas un choix corporatiste, mais résulte d’abord de la plus grande accessibilité des scientifiques avisés qui sont passés par l’X. Ils répondent aimablement et sans condescendance aux questions de gens comme moi qui ne se sont jamais vraiment intéressés à la science. Seuls les problèmes de mathématiques ardus m’amusaient car j’essayais de deviner la pensée du rédacteur du problème. Cette motivation m’a permis de rentrer à Polytechnique dans les derniers et « à la nage » (grâce à mes notes en sports). Dès l’intégration à l’X, j’ai focalisé ma soif de savoir sur les sujets qui m’intéressaient, les textes sacrés et les sciences humaines.
Contrairement à des idées reçues, notre formation ne développe pas l’orgueil, car nous côtoyons lors de nos études des cerveaux beaucoup plus brillants que les nôtres. Et en science, approfondir les sujets étudiés conduit à de nouvelles incertitudes, dans une quête insatiable de vérités relatives, ce qui rend modeste. A l’inverse du monde des politiciens ou des clergés, formés pour répondre à tout en masquant habilement leur ignorance et leur incompétence. Certes, cette remarque est relative, car j’ai des amis clercs et énarques pour qui j’ai la plus grande estime, mais l’orgueil est malheureusement plus répandu et encouragé que l’humilité, vertu essentielle pour progresser spirituellement.
MG : Pour ce qui me concerne, j’avais perdu l’intérêt pour les sciences en me lançant dans le management, mais il m’est revenu vers l’âge de 35 ans, lorsque j’ai eu la chance de rencontrer l’astrophysicien Michel Cassé, grand spécialiste des étoiles et poète à ses heures. En conversant avec lui, je me suis rendu compte que beaucoup de questions que nous nous posions à l’X avaient trouvé réponse. Cependant, j’ai vite compris que chaque réponse appelait deux ou trois nouvelles questions, en général plus fondamentales. C’est cette régression infinie qui m’a motivé à me replonger dans les sciences.
AB : En tout état de cause, notre formation facilite la compréhension des sciences. Les polytechniciens sont rarement des savants experts dans une discipline, mais peuvent comprendre les modèles théoriques, les expériences et les conclusions qui peuvent s’en déduire. Et donc s’enrichir mutuellement de recherches nourries pas nos soifs de savoir, puis les partager avec vous en essayant de faire simple.
MG : Effectivement, je suis bien incapable de manipuler les équations d’Einstein et de Schrödinger, mais, grâce à ma formation, je vois très clairement ce qu’elles disent (ou ne disent pas !).
GC : Bien qu’ayant exercé des fonctions importantes dans le monde de la gestion des grandes entreprises, jamais, je crois, l’orgueil ne m’a saisi dans cet exercice. Le risque existe maintenant pour moi de m’attribuer une sorte de rôle de « chaman » à la suite des divers contacts inattendus que j’ai eu avec le monde invisible. Il est clair qu’en matière scientifique, les recherches personnelles que j’ai entreprises sur certains sujets m’intéressant particulièrement comme le destin de l’univers m’ont donné une petite teinture de savoir. Cela dit, je n’ai aucune prétention à une compréhension particulière du domaine cosmologique si brillamment représenté par tant de savants illustres devant lesquelles je m’incline.
AB : Personnellement, je distingue bien le contenu du message que tu as reçu, que je considère comme important et inspirant, de ta personnalité avec ton caractère propre et tes choix spirituels qui ne sont qu’un contexte de réception, utile à connaître pour évaluer ta sincérité et ta fiabilité.
Pour rédiger ce post 99a et être un partenaire de dialogue acceptable, j’ai dû dépoussiérer et actualiser mes modestes connaissances scientifiques en me plongeant dans de nombreux livres scientifiques récents. Traditionnellement, on appelle cosmologie la discipline scientifique qui étudie l’origine, la structure et l’évolution de l’Univers, c’est une branche de la physique. Par contre, la cosmogonie (du grec, engendrement du monde), étudie aussi le sujet de l’origine mais à partir de sources plus larges qui peuvent inclure les textes sacrés et les mythes des sociétés traditionnelles.
C’est dans cette perspective non réductrice au scientisme que se situe tout mon travail sur ce blog. J’intègre la cosmogonie scientifique pour comprendre le processus de formation des objets célestes et l’analyse méthodique des textes sacrés pour en comprendre les causes. Pour une telle réflexion, les textes sacrés dépollués des altérations humaines sont incontournables. Car Dieu sait beaucoup mieux que nos petits cerveaux de quoi il retourne et quel est Son Dessein. Mais personne n’est contraint à croire en un Créateur de l’Univers.
MG : Je ne suis pas croyant, mais je respecte profondément ceux qui le sont, parce que je sais bien qu’en étudiant le Big Bang, on découvre à la fois la façon dont l’Univers s’est formé à ses débuts, et le mystère insondable qu’il recèle. Newton disait « Je vous explique comment la Lune tourne autour de la Terre, mais non pourquoi. »
AB : Je tiens à te remercier de m’avoir fait tes remarques scientifiques sur le chapitre 2 de notre livre avec Gilles et fait connaître deux livres, celui d’Olivier Bonnassies (X 86, coauteur de Dieu, la Science, les Preuves), et celui de Carlo Rovelli, L’ordre et le Temps.
Le livre de Bonnassies a atteint un tirage exceptionnel pour un gros essai sur un sujet difficile, ce qui prouve à la fois la qualité du travail des auteurs (trois ans de recherches), mais aussi la réalité d’un questionnement largement répandu dans la société française. C’est loin des images que certains répandent, d’un pays confiné au matérialisme réducteur. Je ferai prochainement un post de notes de lecture sur cet ouvrage consacré aux preuves modernes de l’existence de Dieu. Car, tout en appréciant l’ampleur de leurs réflexions, je vois les choses assez différemment des auteurs.
Avec le concept du Big Bang, de plus en plus reconnu sous ses diverses formes par la communauté scientifique, le temps humain semble avoir eu un début il y a quelque 13 milliards d’années. Tout ce qui a eu un début a une fin ?
MG : À mon avis, non : un début n’implique pas une fin. Cela dit, la science nous annonce que l’Univers tel que nous le connaissons aura une fin : effondrement en trous noirs, disparition des particules de matière, etc. Il s’agit là de la mort de l’Univers tel que nous le connaissons ! Nous ne savons pas si elle pourrait être suivie d’autre chose.
AB : L’argument présenté par Bonnassies, le lien entre début et fin, est logique mais contestable et l’éternité est un beau sujet dont nous reparlerons dans le 99b. Mais où allons-nous, nous l’humanité ? Vers la mort thermique du soleil, de l’Univers, ou la Résurrection et la sortie du temps ?
MG : Nous sommes là devant la même énigme que celle du Big Bang, des mystères qui, selon moi, ne seront jamais résolus par la science.
AB : La fin thermique de l’Univers pourrait être précédée bien avant par une intervention du Créateur, celle qu’annoncent ses prophètes !
MG : Si nous revenons à la science, nous pouvons distinguer trois territoires dans notre connaissance du monde :
– Celui de la « science de Galilée », c’est-à-dire la science « prouvée » par l’expérimentation. Là, bien que des interprétations différentes puissent exister, ces différends restent limités en raison de la cohérence et de la rigueur de notre corpus de connaissances et des multiples observations qui le corroborent.
– Celui de la science spéculative échappant à la vérification expérimentale. Là, tout est possible et la science peut impliquer facilement des considérations spirituelles. Un exemple est la distinction entre la cosmologie (où l’on exige l’existence de prédictions vérifiables) et la cosmogonie qui s’élargit à un champ plus vaste et plus métaphysique.
– Le reste, où la science a peu à dire et la recherche spirituelle beaucoup.
À ceux qui croiraient en la toute-puissance de la science, je dirais que ce troisième domaine (humanité, religions, vie spirituelle, vie sociale, art, amour, émotions…) est bien plus vaste que celui de la science.
GC : Permettez-moi l’ajouter un petit commentaire à ces réflexions. L’énergie noire semble avoir évolué dans le temps (cf. entre autres « 20 juillet 2020 : les propriétés de l’énergie noire révélées sur 11 milliards d’années d’expansion de l’Univers », ou « avril 2024 : l’énergie noire pourrait avoir évolué au fil du temps »). Selon Michael Levi, directeur de la collaboration DESI, tout peut évoluer dans l’univers. Est beaucoup trop sûr de lui celui qui affirme des conclusions définitives dans ce domaine. Il semble donc dans cette hypothèse que l’énergie noire, facteur répulsif aboutissant à l’expansion de l’univers, aie connu des fluctuations importantes parmi lesquelles une augmentation de sa « densité » après cinq milliards d’années environ avec comme contrepartie une expansion accélérée. Rien ne prouve que le phénomène inverse soit impossible. Rien, entropie ou pas, ne me paraît exclure une contraction ultérieure de l’univers, contrairement aux analyses de Bolloré/Bonnassies. Ceci sera, avec l’existence possible d’un univers existant avant le big-bang, l’origine des réflexions que je porte en moi sur la notion d’éternité (voir post 99b).
AB : Analysons maintenant ce que disent des scientifiques reconnus sur l’origine du temps.
2 Les travaux de Hawking
AB : Stephen Hawking (SH, 1942-2018) est un savant mondialement célèbre. Il a miraculeusement survécu longtemps à la terrible maladie de Charcot.
MG : Lorsqu’à 20 ans, il apprend qu’il a cette maladie dégénérative, on lui donne un pronostic vital de deux ans et demi. Il aura vécu jusqu’à l’âge de 76 ans.
AB : Il a été sauvé par l’amour de son épouse et des enfants qu’elle lui a donné. Il a aussi pu continuer à poursuivre ses travaux grâce aux prouesses technologiques compensant son incapacité à de déplacer, puis à communiquer vocalement. A la fin de sa vie, son fonctionnement moteur était réduit à des expressions du visage activant des logiciels de traduction vocale. Il est connu scientifiquement surtout pour ses travaux mathématiques sur les trous noirs et le problème qu’ils posaient à la relativité générale.
MG : Je dirais plutôt que les trous noirs mettent en évidence les incohérences entre nos deux grandes théories, la relativité générale et la mécanique quantique. Il y a maintenant exactement un siècle que l’on s’évertue en vain à les réconcilier. Dans la vie de tous les jours, les deux théories fonctionnent à merveille, mais dans les situations extrêmes où les champs de gravitation deviennent très intenses, comme les trous noirs ou le Big Bang, elles disjonctent.
AB : Hawking est aussi connu pour sa remarquable capacité, rare chez les savants, à remettre en cause ses convictions personnelles au vu de nouvelles découvertes scientifiques, physiques ou purement logiques comme les travaux du génial Kurt Gödel. Pendant la plus grande partie de sa vie, il a cherché à bâtir une « théorie du Tout ». « Une formulation de la théorie M prenant en compte la supergravité et les théories de cordes et les limites de l‘information sur les trous noirs ».
MG : Hawking n’a pas fait partie des artisans de la théorie des cordes. En revanche, il s’en est inspiré pour chercher à résoudre les problèmes cosmologiques du Big Bang et des trous noirs. Comme beaucoup, il a partagé l’illusion que nous parviendrions à une Théorie du Tout permettant, d’une part, d’unifier la relativité et la mécanique quantique, et, d’autre part, cerise sur le gâteau, d’élucider le Big Bang.
AB : Il s’est ravisé et a reconnu en 2002, en suivant Gödel, que cet objectif était inaccessible. « Je suis maintenant heureux à l’idée que notre recherche de la compréhension ne se terminera jamais et que nous connaîtrons toujours le défi de nouvelles découvertes ».
GC : Je tiens à redire ce qui est le fond de ma conviction personnelle que rien n’est impossible en matière scientifique aussi bien qu’en matière spirituelle. La conception spéculative de Hawking, revenu à la modestie en raison de l’extrême difficulté de sa « théorie du Tout », est un hommage à ce que peut et doit être la connaissance humaine. Je pense que tout ce qui est admis peut et doit être remis en question à l’occasion de nouvelles découvertes aujourd’hui inconcevables.
MG : Les travaux scientifiques de Hawking se situent largement dans le domaine spéculatif où les vérifications expérimentales sont hors de portée. Certaines de ses théories sont potentiellement vérifiables,comme celle du rayonnement des trous noirs (cependant, jamais observé à ce jour), d’autres ne le sont pas du tout, comme la création du temps au Big Bang, l’univers sans bord, le multivers, etc. Cela explique qu’il n’ait jamais reçu le prix Nobel.
AB : Sachant sa vie fragile, Hawking s’entoura d’étudiants brillants pour travailler avec lui afin qu’ils poursuivent les analyses à partir de ses intuitions. Dès 1998, il demanda à Thomas Hertog de travailler pour sa thèse sur une théorie quantique du Big Bang, afin de réfuter en particulier la théorie du multivers issue de l’inflation éternelle proposée par Andreï Linde qu’il considérait intuitivement comme une impasse. Hertog a publié en 2023 les résultats de son travail actuel dans L’origine du temps. Son livre assez technique permet de comprendre les sauts quantiques de l’intuition de Hawking. Mais il est borné par un biais de réduction scientiste, une gêne face à l’hypothèse d’un Dieu créateur.
MG : En effet, dans la science de Galilée, on ne fait jamais appel à Dieu tout simplement parce que l’on ne cherche que des causes naturelles vérifiables par l’observation. Cela n’empêche qu’un savant ait, par ailleurs, ses propres croyances et puisse aller à la messe tous les dimanches. Il est donc naturel que si Hawking travaille sur la cosmologie, il n’y introduise pas l’idée de Dieu (même s’il y avait cru).
AB : L’athéisme est un phénomène récent dans l’histoire de l’humanité, mon diagnostic est qu’il est le produit des excès des religions. Mais à l’époque de Galilée ou de Kant, croire en Dieu allait sans dire. Et chez les scientifiques, y compris Einstein, tout ce qui rappelait trop le Dieu Créateur de la Genèse biblique les mettait mal à l’aise.
Dans le monde relativiste d’Einstein, l’univers observable dans l’espace et le temps se limite à la région intérieure de notre cône de lumière passé. Il y a un horizon cosmologique, limité par la vitesse de la lumière. En relativité générale, la gravitation émerge de l’interaction entre la matière et la forme de l’espace-temps.
MG : Effectivement, en 1917, Einstein a été le premier à donner une description mathématique de l’Univers pris dans son ensemble. Dans ce sens, il est le fondateur de la cosmologie, même si, à son époque, on ne considérait pas cela comme une science. L’un des enseignements des modèles cosmologiques est l’existence d’un horizon. Ce mot est tout à fait approprié : de même que l’homme préhistorique voyait les choses disparaître derrière l’horizon de l’océan, l’astronome se voit imposer une limite de distance et de temps incontournable, due à la vitesse finie de la lumière.
AB : Hawking a beaucoup cogité sur sa théorie d’un univers sans bord prenant naissance dans un temps imaginaire pour éviter l’écueil des infinis et des « instants zéro » asymptotiques et inaccessibles. C’est pour lui la seule manière d’entrevoir le commencement de l’Univers d’une manière totalement déterminée par les seules lois de la science, sous-entendant qu’un « Créateur » n’y joue aucun rôle.
MG : Pourtant, l’approche d’Hawking ne me semble pas éliminer l’existence d’un Créateur. Si elle présuppose l’existence de lois physiques, on doit se demander d’où celles-ci viennent !
3 L’origine du temps selon Thomas Hertog
AB : Hertog constate que « l’univers semble répondre à un design cosmique, car sa configuration est spectaculairement adaptée au développement de la vie ».
MG : L’ajustement fin des lois physiques et de ses constantes, lesquels paraissent conçues pour que la vie apparaisse sur Terre, me paraît le problème le plus mystérieux soulevé par la science (et insoluble par elle, selon moi).
AB : Il parle ensuite de thèmes liés à l’origine de l’Univers comme les ondes gravitationnelles primordiales, la constante cosmologique, le fond diffus cosmologique, ou la matière et l’énergie noire. Notons que si les premiers résultats de DESI de 2024 étaient confirmés, la constante cosmologique serait définitivement hors course pour expliquer l’accélération de l’expansion de l’Univers. Les hypothèses scientifiques évoluent rapidement. Hertog évoque la théorie inflationniste, des idées aux interprétations hasardeuses comme le principe anthropique de Carter ou des hypothèses de multivers, non scientifiques dans la classification de Popper car invérifiables. Mais il tourne un peu en rond dans des questions sans réponses.
MG : Oui, je trouve aussi qu’il tourne en rond sans jamais trouver l’issue. À mon avis, les questions du genre « pourquoi l’Univers est-il ainsi fait ? » échappent et échapperont toujours à la science (la vraie : celle de Galilée). Une raison est que nous ne connaissons qu’un Univers, et pour cause ! Dès lors, il est impossible de le comparer à d’autres pour le comprendre. Une autre est que l’observateur (nous) se trouve à l’intérieur de ce qu’il veut décrire. Nous sommes en quelque sorte un petit ver qui vivrait à l’intérieur d’une pomme et qui ne pourrait en sortir : quelle chance aurait-il de savoir qu’elle est le fruit d’un arbre se trouvant dans une vallée irriguée par une rivière qui descend d’une montagne pour se jeter dans la Mer Méditerranée ? Tant qu’existera l’humanité, je ne pense pas qu’elle expliquera les origines de l’Univers. Je n’en déduis aucunement l’existence de Dieu, mais ce fait doit incliner le scientifique à rester modeste et à respecter les croyants.
AB : Hertog résume assez justement le cadre prédictif traditionnel des sciences physiques à trois éléments. En premier, l’évolution dynamique (les lois physiques). En second, la question de l’origine (les conditions aux limites). Enfin, il y ajoute l’observateur et ses questions. A ce « triptyque interconnecté », qu’il voit comme un « unique schéma holistique de prédiction », il manque la Liberté du Créateur qui a la Puissance et la Connaissance pour changer l’Univers et ses lois.
MG : J’y vois aussi un manque : j’admets que ce puisse être l’omission du Créateur, ou bien, comme je le pense, ce peut être tout simplement les limites de la démarche scientifique. Disons qu’Hawking pense expliquer nos origines, mais qu’en fait, il laisse la question ouverte.
AB : Pour un croyant comme moi, aucune prédiction solide ne peut se faire en excluant le Créateur auquel nous sommes durablement connectés. Le chapitre 7 du livre aborde la question du temps sans temps, envisagé comme une superposition d’espaces temps, au cœur de la philosophie descendante qu’ils exploraient avec Hawking : « Nous créons l’univers autant qu’il nous crée ».
MG : Là, Hertog nous embarque dans la spéculation la plus stratosphérique.
AB : Le jeune professeur assistant à Harvard, Juan Maldacena eut une intuition géniale en 1997. Il découvrit la dualité holographique qui pouvait relier des théories des cordes avec gravitation à des théories de particules sans gravitation. Ainsi les systèmes physiques peuvent être gravitationnels et quantiques en même temps. L’holographie postule que la trame courbe de l’espace-temps est tissée à partir de l’intrication quantique, l’intrication d’une myriade de particules quantiques se déplaçant sur une surface frontière. L’holographie élimine le temps des concepts fondamentaux en fusionnant la dynamique et les conditions aux limites.
MG : Je souhaite préciser que la théorie des cordes est non aboutie à ce jour. Malgré d’intenses recherches mathématiques, elle reste un rêve. Quant à l’holographie, je ne la qualifierais d’idée géniale que si elle pouvait se raccorder à une quelconque observation expérimentale, ce dont elle est très éloignée. Je ne dirais pas pour autant que ces sciences spéculatives sont inutiles : lorsque Karl Schwarzschild a présenté les équations des trous noirs à Einstein, celui-ci a reconnu que ses mathématiques étaient exactes, mais il a qualifié son travail d’élucubration. Il en avait fait de même à propos des travaux du chanoine Georges Lemaître, le penseur initial du Big Bang.
AB : C’est le thème que Hawking à l’approche de la mort a demandé à Hertog de creuser pour répondre au problème de la récupération de l’information engloutie par les trous noirs. En théorie, elle ne peut disparaître à jamais. Or la formule de l’entropie mesurée à partir du nombre de carrés à l’échelle de Planck (10-66 cm) prédit que l’information totale contenue dans un trou noir est égale au nombre de cellules nécessaires pour recouvrir le quart de l’horizon du trou noir, chacune pouvant contenir un bit d’information. Tout se passe donc comme si les trous noirs n’avaient pas d’intérieur mais étaient des hologrammes. Ce qui permet de respecter une loi fondamentale de la théorie quantique : la fonction d’onde de tout système évolue en conservant l’information (car la somme des probabilités est toujours égale à un).
MG : Cette « théorie » me semble reposer sur un grave malentendu : le découpage d’un hologramme en carrés à l’échelle de Planck est une vue de l’esprit. En effet, la longueur de Planck n’a rien de physique. Il s’agit seulement de la très petite longueur en dessous de laquelle, nos théories de la relativité et de la mécanique quantique deviennent inintelligibles. Comment peut-on expliquer quoi que ce soit à partir d’un étalon de distance qui représente la mesure de notre ignorance ?
AB : Pour Hawking, avec une hypothèse sans bord, en remontant le temps, celui-ci se transformait en espace au fur et à mesure que l’on approchait du commencement. Mais dans l’approche holographique, le temps disparait en tant que donnée a priori, il est une illusion. Le principe fondamental de la cosmologie holographique implique que le passé est une projection depuis un réseau de particules quantiques intriquées qui forment un hologramme à plus basse dimension. Il fusionne la dynamique et les conditions aux limites et implique une vision descendante de l’univers. Notons que cette démarche est l’inverse de celle du Message de 1997 qui se termine par : « N’oubliez pas vos origines sans lesquelles vous ne seriez rien, mais regardez maintenant vers le ciel ».
MG : Pour moi, les deux démarches sont en dehors de la science. Chacun peut y croire ou non.
AB : Dans leur esprit, pour comprendre l’univers, il fallait descendre au plus bas niveau, celui des particules élémentaires et non s’obstiner dans la recherche d’une théorie du Tout. Mais dans son message d’adieu en 2018 à Westminster, Hawking dit : « Regardant la Terre depuis l’espace, nous nous voyons comme un tout, nous voyons l’unité et non les divisions : une planète, une humanité. Travaillons ensemble pour faire du futur un endroit où nous aimerions aller ». Je ne peux qu’être d’accord avec cette vision de travailler harmonieusement entre agnostiques et croyants en respectant les convictions de chacun et les points de vue très différents qu’ils choisissent.
MG : Bravo pour cette vision unificatrice ! La science ne peut en aucun cas éliminer l’idée de Dieu. Je propose de remettre l’homme à sa place en écoutant Pascal : « Qu’est-ce que l’homme dans la nature ? Un néant à l’égard de l’infini, un tout à l’égard du néant, un milieu entre rien et tout. »
GC : Ces théories, pour fumeuses qu’elles puissent paraître, ont en réalité un rôle essentiel pour stimuler les recherches scientifiques et philosophiques. Je pense comme l’a dit Hawking que « Nous créons l’univers autant qu’il nous crée » et que l’échange entre la création et nous-même est constant dans les deux sens. Ce que nous apportons en matière de connaissance ne saurait nous faire perdre la notion unitaire absolue de l’éternité. Peut-être pourrait-on citer la célèbre formule « il faut que tout change pour que rien ne change » qui anoblit toute forme de recherche tout en remettant à sa juste place la soif de connaissance comme la faculté de choix des êtres humains.
4 « L’ordre du temps » selon Carlo Rovelli
AB : Je passe à Carlo Rovelli que je vais longuement citer. Son livre fait 239 pages, remarquables par la clarté, la concision de son style et la richesse de son contenu. La conclusion, en p. 109 de sa première partie, est « le temps n’est pas unique, il y a une durée différente pour chaque trajectoire, il passe à des rythmes différents en fonction du lieu et de la vitesse. Le temps n’est pas orienté, la différence entre passé et futur n’existe pas dans les équations élémentaires du monde. C’est un aspect contingent qui apparaît quand nous regardons les choses en négligeant les détails ».
MG : Je dirais plutôt « un aspect contingent qui émerge à l’échelle macroscopique ».
AB : « Dans ce flou, le passé de l’univers était dans un environnement étonnamment particulier. La notion de présent ne fonctionne pas ». Dans cette vision, rien n’empêcherait que le temps se déroule en cercle fermé, ce qui permettrait le retour au passé, déjà évoqué par Gödel comme possible dans certaines conditions extrêmes de la relativité générale.
MG : Ce qui me paraît intéressant chez Rovelli, c’est qu’il présente le temps, non comme quelque chose de préexistant, mais comme un phénomène émergent : une notion qui se forme spontanément lorsque l’on monte de l’échelle des particules vers le macroscopique, jusqu’à notre échelle.
AB : Il poursuit par : « Le substrat qui détermine les durées de temps n’est pas une entité indépendante, différente des autres qui constituent le monde : c’est un aspect dynamique. Celui-ci saute, fluctue, se concrétise seulement dans l’interaction et n’est pas défini en deçà d’une échelle minimale… Que reste-t-il du temps ? » Ces phrases ne sont pas de simples assertions vagues, elles sont étayées par de solides démonstrations scientifiques et les observations et expériences les plus récentes.
MG : Je ne dirais pas vraiment l’expérience, car cela se situe dans l’échelle de Planck qui est inaccessible à l’observation. Au moins, cette thèse rend compte du fait que la flèche du temps existe à notre échelle, alors qu’elle n’apparaît pas dans la mécanique quantique.
AB : Exact. Nous sommes encore bien loin de disposer d’outils d’observations adéquats et on peut douter qu’ils existeront un jour. En tout état de cause, les lecteurs du blog sont invités à lire ce livre pour vérifier par eux-mêmes. Ce savant est-il bien dans son rôle en questionnant nos ignorances ?
MG : Tout à fait. De plus, Rovelli touche à ces questions fondamentales d’une façon bien moins opaque que Hawking ou ses disciples.
AB : Sa deuxième partie est encore plus inspirante, c’est « un monde sans temps ». Son chapitre 6 est : « le monde est fait d’événements, pas de choses ». « L’absence de temps signifie que la production incessante d’événements qui fatigue le monde n’est pas ordonnée le long d’une ligne du temps. C’est un réseau immense et désordonné d’événements quantiques ». Le chapitre 7 est « L’inadéquation de la grammaire ». « Le monde ne peut être pensé comme une succession de présents. Un présent objectif universel n’existe pas. Dans le monde, il y a le changement qui se produit de façon locale et complexe et ne peut être décrit comme un ordre global. Nous luttons pour adapter notre langage et notre intuition à cette nouvelle découverte : le passé et le futur n’ont pas de signification universelle. »
Le chapitre 8 est « La dynamique comme relation ». « Pour décrire le monde, nous n’avons pas besoin de la variable temps, mais de variables observables qui le décrivent ». Dans la gravité quantique à boucles qu’il propose comme alternative aux théories des cordes, « l’espace et le temps ne sont plus les contenants ou les formes générales du monde. Ce sont les approximations d’une dynamique quantique qui par elle-même ne connaît ni espace ni temps ». Le dépassement de l’espace et du temps rejoint pour moi l’intuition qui peut se dégager à partir des textes inspirés.
MG : Le présent est une notion née du cerveau humain et de la forme particulière de notre conscience. Il n’a pas d’existence en physique. Cela ne nous empêche pas de toujours vouloir ramener l’Univers à des concepts simplifiés correspondant au fonctionnement de notre cerveau : des représentations mentales. Comme Hawking, Rovelli n’hésite pas à remettre en question fondamentalement nos modèles.
GC : Je me sens très proche de l’examen « modeste » de Rovelli sur la notion de temps. Je l’ai déjà écrit, l’instant est pour moi une notion relative car pour en revenir au concept même de l’éternité, rien n’existe qui n’ait déjà existé. Ce qui nous paraît essentiel n’a pas en ce sens d’existence « absolue » puisque la temporalité n’a pas de signification absolue. Le temps n’est pour moi qu’une constante nécessaire à l’évolution humaine vers une meilleure connaissance de l’univers.
AB : Sa troisième partie débute par : « le temps est ignorance… Le temps émerge d’un monde sans temps ». Puis il nous parle de l’entropie, mot familier pour ceux qui ont une formation scientifique. « C’est l’augmentation de l’entropie dans l’Univers qui entraîne la grande histoire du cosmos. La seule source de différence entre passé et futur est la basse entropie passée ».
MG : Oui, j’ajouterai que l’entropie mesure la probabilité d’un état : un état entropique est un état probable (désorganisé). Pour des raisons très débattues, l’Univers est né, au contraire, dans un état faiblement entropique (très organisé) et il évolue inéluctablement vers une entropie maximum (désorganisé). C’est le fameux deuxième principe de la thermodynamique. Il détermine largement l’évolution de l’Univers de sa naissance à sa mort.
AB : Il continue ainsi : « L’existence de traces permet à notre cerveau de disposer de vastes cartes des événements passés, alors que rien de semblable ne se produit pour les événements futurs. Mémoire, cause et effets, écoulement, détermination du passé et indétermination du futur sont les conséquences de l’improbabilité d’un état passé de l’univers ».
MG : Un exemple de cela est la différence entre le cerveau de l’homme et celui d’un mammifère. Les deux disposent de ces « cartes des événements passés » que l’on pourrait nommer « expérience du passé ». Seul l’homme sait les exploiter pour prédire l’avenir dans une certaine mesure. À l’inverse, la notion du futur est inexistante chez l’animal : tout ce qu’il sait faire, c’est corréler un événement présent à ses « cartes » du passé. Cela lui permet de réagir instantanément, mais non de prédire.
AB : Il continue : « Le grand récit cosmique naît du fait que la configuration des choses était très particulière il y a quelques milliards d’années en termes relatifs : par rapport à une perspective, à notre « flou ». Inexorablement, l’étude du temps ne cesse de nous ramener à nous-mêmes ».
MG : Beaucoup de scientifiques pensent qu’il existe une réalité en soi que nous cherchons à décrire. C’était le cas d’Einstein. Lorsqu’il éprouvait des difficultés conceptuelles avec la mécanique quantique, Niels Bohr lui rappelait que le physicien ne travaille pas sur la réalité elle-même, mais sur les représentations mentales qu’il s’en fait. Il est impossible d’extraire l’Homme du raisonnement sur les choses et encore moins sur l’Univers.
AB : Ensuite l’auteur évoque Bouddha et les grands philosophes avant d’aboutir aux sources du temps. « Finalement, nous ne pouvons parler que d’un seul temps, celui de notre expérience : uniforme, universel, ordonné. C’est un concept stratifié, complexe, avec de multiples propriétés distinctes qui proviennent d’approximations diverses. Le mystère du temps s’entrecroise avec celui de notre identité personnelle, le mystère de la conscience. Notre posture émotionnelle vis-à-vis du temps a contribué à construire des édifices philosophiques, parfois à une adoration du temps comme chez Héraclite et Bergson. L’émotion du temps est peut-être ce qu’est pour nous le temps. Nous sommes mémoire, nostalgie, nous aspirons à un futur qui ne viendra pas. En nous permettant d’être, nous pouvons retourner sereinement dans notre temps fini pour goûter la claire intensité de chaque moment fugace et précieux ». Belle sensibilité humaine pour un savant !
GC : Cette vision du temps, élément à la fois temporel et intemporel, est là pour permettre à chacun de contribuer à la beauté de l’univers par sa pensée et par ses actes.
MG : Si nous avons tant de difficultés à définir le temps, c’est simplement qu’il est une construction de notre esprit. Ronsard écrivait à une amie : « Le temps s’en va, le temps s’en va Madame. Las le temps non, mais nous nous en allons ».
AB : Une chose est sûre, plus la science progresse, plus elle constate à quel point les conditions biophiles du début de notre univers résultent d’un miracle statistique qui ne laisse pantois que ceux qui s’obstinent à écarter de leur champ mental la possibilité du Créateur Qui nous parle par ses prophètes et messagers.
MG : Je suis d’accord sur le fait que l’ajustement extrêmement précis de notre Univers à sa création est un épais mystère (qui, à mon avis, ne sera jamais éclairci). En revanche, je ne vois pas en quoi il induit l’existence de Dieu. J’ai beaucoup parlé des représentations mentales qui sous-tendent toute la discussion scientifique qui précède. N’oublions pas que l’idée de Dieu en est une autre. À chacun ses modèles mentaux.
AB : En ce qui me concerne, mon rapport avec Dieu n’est pas celui d’une idée mentale, mais d’une expérience de l’Immanence vécue dans mon âme. Je conçois bien que ce soit difficilement partageable dans une vision purement matérielle de notre monde perceptible.
GC : J’approuve cette approche de la création divine par l’insistance mise sur le « dessein intelligent » qui a permis l’émergence de la pensée humaine. Mais il n’est aucune nécessité de poser comme dogme « la mort thermique de l’univers » pour justifier l’existence d’un Big Bang qui qui semble recueillir à juste titre l’assentiment de presque tous. Est bien sûr de lui celui qui affirme des conclusions définitives dans ce domaine.
Le vrai problème pour moi, et je lui accorde une signification philosophique est celui du temps, au sens de la faculté donnée à l’être humain d’aller irrésistiblement vers la recherche d’un accroissement de ses connaissances. Cela peut permettre à la Création de porter un regard sur elle-même alors qu’il n’en est nul besoin. Cette caractéristique merveilleuse donnée à la pensée humaine de réfléchir sur l’Être même dont il est la création est un mystère véritablement ontologique. Elle ne peut mener qu’à un élan d’admiration pour Celui qui nous a remis cette capacité d’interprétation de l’univers lors de notre passage sur la Terre par la contemplation et « l’appellation » de tout ce qui existe. C’est là un élément essentiel de l’interaction entre la création et les êtres pensants qui nous élève au-dessus du quotidien et fait de nous des témoins responsables à notre toute petite échelle de ce qu’a été, est, et sera l’humanité par cet échange intuitif qui nous lie à la création.
5 Conclusions
AB : Que reste-t-il du temps, nous disent les scientifiques modernes ? Nous sommes habitués à penser qu’il y a un temps objectif, une flèche du temps que nous devons subir, qui va du passé au futur en passant par le présent. Nous devons organiser notre vie pour nous y adapter, régler nos montres pour ne pas être en retard au travail, à un RV, ou à la gare. Et nous ne cessons de nous agiter et de courir dans tous les sens. Est-ce vraiment une vie ou pouvons-nous nous en construire une autre ? Les scientifiques modernes déconstruisent avec audace notre perception du temps. Tout ceci prête à réfléchir et à nous donner envie de desserrer l’étau du temps moderne qui étouffe nos vies.
MG : La tyrannie du temps est devenue insoutenable aujourd’hui. Le retraité que je suis voit comment fonctionnent ses enfants et ne peut être qu’effaré par la pression induite par la société et par nos propres comportements.
AB : Dans les sociétés traditionnelles, le temps rythmé par le soleil, la lune et les saisons était plus paisible à vivre, j’ai eu l’occasion de m’en rendre compte dans mes voyages sac à dos. Il ne s’agit pas de rêver à un retour vers le passé, mais de chercher un juste équilibre entre notre rythme intérieur et l’agitation du monde. De : « Suspendre le bourdonnement de notre activité… prendre le temps de nous interroger sur nous-même, temps de rêver, temps de prier » (message de 1997).
AB : Après cette synthèse plus ou moins bien faite (?) des ouvrages que j’ai laborieusement consultés et mes réflexions personnelles, je laisse mes amis de l’X conclure ce post 99a
MG : Je laisserai le mot de la fin au physicien et philosophe Paul Davies : « Nous sommes les esclaves de notre passé et les otages de notre futur. »
GC : Je crois avoir exprimé dans le paragraphe précédent la crainte, l’admiration et l’enthousiasme que suscite chez moi la vision de la création dont nous sommes partie prenante. Seule l’humilité par-delà l’augmentation de nos connaissances peut faire de nous les acteurs d’un temps dont nous devons comprendre le caractère relatif face à l’éternité. Mais ceci n’ôte rien à la grandeur de notre destin devant les perspectives inouïes que nous offre le fait d’entrer plus avant dans la quête de cet Esprit qui a créé l’univers pour le meilleur et pour le pire. Je crois que la modeste inspiration reçue en 1997 a soudainement fait naître en moi le sens de la responsabilité qui est la nôtre dans l’univers magnifique qui est « de nous, en nous et par nous ».