Le « guide » Khamenei et ses sbires n’ont aucun intérêt personnel à lâcher le pouvoir, ils sont comme Poutine, Staline et Hitler et leurs milices, ils ne comprennent que les rapports de force tout en s’habillant d’un déguisement clérical. Comme l’idéologie de la Bête du pouvoir iranien est religieuse, c’est avec le texte du Coran qu’elle peut être déconstruite par le peuple iranien, une société jeune et éduquée.
De plus, le Coran n’appartient pas à ceux qui se disent ou se croient musulmans ou aux experts auto-proclamés. Rien n’empêche que des iraniens épris de liberté, agnostiques ou athées éduqués (gardant par prudence leurs convictions pour eux), utilisent des citations universelles du Coran comme arme non violente contre cette dictature pour la prendre à contrepied.
L’autre arme pacifique que peuvent utiliser dès maintenant les révolutionnaires iraniens et leurs sympathisants est de commencer à travailler sur une nouvelle Constitution, car celle qui est en vigueur n’est pas réformable. Elle doit être abattue avec ses idoles de l’esprit (Parole de 1974, 23/8), les mythes du chiisme duodécimain, comme le prophète Muhammad avait abattu les idoles de bois mecquoise. Le post 65 a proposé d’insérer dans une nouvelle Constitution des versets soigneusement choisis du Coran afin de rassurer les croyants et de consolider durablement un consensus populaire solide.
Il ne reste plus beaucoup de cartouches à la Bête cléricale pour faire reculer la population iranienne : la peur d’être privé de liberté et de vie pour ceux qui se rebellent ouvertement contre ses injustices, et ce mélange de peur, de convoitise et de sadisme qui anime les sbires du pouvoir qui détournent leurs yeux de leurs mains pleines de sang. Les iraniennes et iraniens n’ont plus peur, c’est ce qui est évident dans les rares images qui traversent la censure. Et dans les soutiens du pouvoir, il n’y a pas que des endoctrinés ou des sadiques aveugles, il a des individus qui écoutent leur conscience et se posent des questions.
Se libérer du piège clérical avec un minimum de violence est une tâche immense qui incombe aux iraniens. La révolte légitime des jeunes commence à ressembler à une guerre civile. Dans la sanglante histoire des guerres entre musulmans, un des partis a eu l’idée de piquer des feuillets du Coran sur leurs lances pour déstabiliser le camp adverse. Brandir le Coran pur, libéré des délires des théologiens qui prétendent savoir, peut les déstabiliser, eux et leurs sbires et raccourcir la période de violence, ce que tous les vrais croyants et les humanistes agnostiques et athées souhaitent.
Commençons par déconstruire les mythes de la religion officielle à l’aide de l’histoire et de la Parole.
1 Les fragiles assises historiques du chiisme
Le récit de la tour de Babel en Genèse 11 met curieusement en scène le Créateur décidant de créer la confusion entre les langues humaines pour les empêcher de construire une tour allant jusqu’au ciel. La transmission orale sur des millénaires chez les hébreux est aléatoire et faussée par l’idée d’un Dieu omnipotent qui déciderait tout à la place des hommes, mais c’est bien à partir du foyer mésopotamien (dont Babylone était une ville majeure) que les créatures adamiques se sont dispersées, que leurs langues se sont diversifiées et que les hommes se sont inventé des dieux, un polythéisme né de l’éloignement du Créateur.
Les prophètes, Zarathoustra (post 5) en tête l’ont vaincu, mais son Message a été altéré et récupéré par les pouvoirs religieux, prêtres, scribes et théologiens, qui ont réussi à faire du mazdéisme la religion officielle de l’empire perse. Les cavaliers arabes qui conquirent l’empire en 637 imposèrent l’islam peu avant que n’éclate la grande discorde de 656 (post 34) qui plaça les iraniens au milieu des rivalités pour le califat avec les turcs et les arabes.
L’islam perse a recyclé des temples zoroastriens, celui de Mitra à Mash’had, comme mausolée du 8ème Imam, Réza, et celui d’Anahita pour sa sœur Fatima Masoumeh. Les compagnons du prophète sont encensés par la tradition musulmane comme ceux de Jésus l’ont été par les princes du culte chrétiens qui leur ont forgé des couronnes et s’en sont coiffés (Parole de 1974, 16/12). Mais les « salaf » n’étaient pas infaillibles et leur première grave erreur a été de ne pas comprendre l’intelligence du « plus écouté des Messagers, le plus sage » (2/9), Muhammad qui n’avait pas désigné de successeur à la tête de la communauté musulmane.
Ils ont choisi un calife et le noble Abu Bakr fut choisi, mais avec l’augmentation de la communauté, les rivalités entre mâles pour en être le chef ont tourné en tragédie lors de la désignation du quatrième calife avec la sanglante guerre entre Ali (600-661) et Muawiya (602-680), fils d’un farouche opposant du prophète, qui se ralliera à lui et sera nommé gouverneur de Syrie en 640 par le calife Uthman. C’est un homme ambitieux et habile qui réussira à fonder un empire sur le trône duquel il assiéra son fils et la dynastie des Omeyades. Les sunnites se rallient à son imamat, une tradition qui sera abolie par les turcs en 1924.
Ali avait été nommé calife en 656 par les mecquois, mais Muawiya refuse de faire allégeance car le clan des Quraychites (dont il fait partie) demande vengeance après l’assassinat de Uthman alors que les meurtriers se sont réfugiés dans l’armée d’Ali. Ali tergiverse, ce qui donne lieu à une première guerre fratricide, la « bataille du chameau », remportée par Ali. Ali décide ensuite d’imposer par la force son califat et une autre guerre plus sanglante encore a lieu à Siffin en 657 contre Muawiya. Les deux clans se calment après avoir laissé 40 000 morts sur le champ de bataille et désignent deux arbitres qui devaient examiner le Coran.
Un groupe notable avait déjà opté pour la neutralité, affirmant que Muawiya s’était trompé en refusant de reconnaître le califat d’Ali, mais aussi qu’Ali s’était trompé en marchant contre lui. Les deux arbitres vont dans leur sens pour soumettre le califat à réélection et en exclure Muawiya et Ali. Ils se séparent, mais les Syriens nomment Muawiya comme calife. Les kharidjites se révoltent et disent à Ali : « tu as accepté cette conciliation, tu es hérétique, nous pouvons te tuer ». En 661, ils organisent un triple meurtre des protagonistes : Ali meurt de ses blessures, Muawiya est blessé et survit, et l’arbitre Amr y échappe.
Le « martyr » d’Ali est commémoré lors de « l’Arbaïn » où 20 millions de chiites se rassemblent au mausolée de Kerbala et des groupes d’hommes fanatisés se lacèrent le dos pour prouver publiquement leur dévotion. On trouve ainsi dans la religion chiite les mêmes dérives que dans le christianisme : dolorisme sacrificiel, vénération des saints et des leaders et emprise par une caste de théologiens s’imposant aux croyants. Ali reste cependant un personnage charismatique dans l’histoire musulmane. La plupart des chaînes de transmission chez les mystiques soufis comme chez les sunnites remontent à Ali.
2 Les discordes dans le chiisme
Les chiites, alors même que le Coran appelle à ne pas se diviser en sectes, sont celle des partisans d’Ali très minoritaires en Islam car les empires omeyyades et abbassides se réclameront de la succession califale de Muawiya. Les sunnites sont près de 90% des musulmans, ils s’appuient sur le Coran, la sunna, la tradition de tout l’enseignement du prophète Mahomet et le consensus communautaire. Ils n’ont pas de clergé mais se sont divisés en écoles juridiques (hanafisme, chafiisme, malékisme, hanbalisme…) qui divergent par leurs interprétations des innombrables hadiths attribués à tort ou à raison au prophète.
Les chiites ont donc des imams, puis des clergés, qui prétendent relayer fidèlement les enseignements du prophète et d’Ali. En l’absence de la recherche de consensus communautaire, les chiites ont continué à se diviser en sectes se référant à différents califes : le septième, Ismaël, mort en 762 pour les ismaéliens, le onzième pour les alaouites, le douzième Muhammad al-Mahdi pour les duodécimains iraniens, Al-Hakim mort en 1021 pour les druzes, Nizar mort en 1094 pour les nizarites khodjas de l’Agha Khan, Mustali mort en 1101 pour les mustalites…
Ces divisions ont viré au mythe quand est apparu l’idée étrange de l’occultation vers 700 avec les kaysanites, une secte chiite vivant à Koufa, pour qui Muhammad ibn al-Hanafiya, fils d’Ali, ne serait pas mort mais vivrait occulté, dans un monde invisible. La secte a disparu, mais ses idées perdurent. L’imam caché est le Mahdi qui reviendrait à la fin des temps, en compagnie du Messie, le prophète Jésus, selon une révélation faite à Fatima qui serait « à l’origine d’une lignée de sauveurs dont le dernier, du même nom que son père, comblera la terre de justice et d’équité. ».
Dans le chiisme duodécimain, Muhammad al-Mahdi, fils du onzième imam Hasan al-Askari, devient imam à la mort de son père empoisonné sur ordre du calife abbasside en 874 et l’imam, alors âgé de 5 ans, se cache entre 874 et 941 et un émissaire se charge de sa communication. En 941, le quatrième émissaire annonce une lettre de l’imam prédisant sa mort sans successeur et qu’il ne sera plus en contact avec les humains jusqu’à ce qu’Allah décide du contraire.
L’enlèvement sur un char de feu d’Elie n’est pas acceptable pour les incroyants et les scientistes, elle n’est pas documentable historiquement, mais elle est affirmée d’abord par la tradition juive, mais aussi dans la Parole de 1974. Je la considère donc comme une réalité historique, mais l’occultation d’un imam n’est que la tradition d’une faction de musulmans facilement explicable comme mythe pour faciliter la tâche de leurs clergés.
Des dignitaires chiites comme Khomeini et Khamenei se coiffent de noir pour montrer qu’ils sont des Sayed, des descendants du prophète via Hussein fils d’Ali, un homme respectable qui s’est insurgé contre l’injustice omeyade et aurait dit : « Si vous ne croyez pas à une quelconque religion et n’avez pas peur du Jour de la Résurrection, au moins, soyez libres dans ce monde. » Comme si la descendance génétique avait une valeur spirituelle ! En théorie, il n’y a pas de saint en Islam, mais la vénération du guide et de ses photos est omniprésente en Iran et la vidéo de ces lycéennes brandissant un doigt d’honneur face à leurs photos était marquante.
3 L’opportunisme politico-religieux d’une dynastie turkmène et sa religion officielle
Paradoxalement, la dynastie séfévide est issue d’un ordre religieux sunnite soufi apparu en Turquie au XIVème siècle. Pour se soustraire à la domination ottomane et lutter contre leurs rivaux sunnites, les ouzbeks au Nord et les ottomans à l’Ouest, ils décident de se différencier par la religion. C’est le fait du prince Ismaïl Ier, premier souverain séfévide, qui impose en 1502 comme religion d’état de l’Afghanistan à l’Euphrate un chiisme duodécimain relativement modéré.
Il voulait unifier ce territoire où cohabitaient ses partisans et leurs traditions de combat avec la bureaucratie perse, et son idéologie messianique avec les exigences administratives d’un État territorial. Les postes administratifs restent majoritairement contrôlés par des Perses, et les Turkmènes détiennent les postes militaires. La Perse était plutôt sunnite, des conversions forcées ont eu lieu, ce qui explique la crispation des clergés iraniens actuels sur leur pouvoir acquis de force. Les partisans d’Ismail Ier le reconnaissent comme le murshid kamil, « le guide parfait »
Selim Ier devient calife, et remporte la victoire contre les Séfévides, en 1514 : les Ottomans s’emparent de l’Irak actuel, ainsi que de l’Arménie historique. Selim fait massacrer des milliers de chiites et combat cette « hérésie ». La politique de la terre brûlée pratiquée par le shah force les Ottomans à se retirer, même lorsqu’ils sont victorieux. En 1542, le shah reçoit à sa cour le second empereur moghol, Humâyûn, défait par les afghans et l’aide à reconquérir Kandahar, Lahore et Delhi. L’empereur moghol sunnite se convertit au chiisme pour plaire au chah.
L’apogée des Séfévides est atteinte sous Abbas Ier le Grand (1588-1629), un roi pieux qui construit des mosquées et des écoles religieuses, mais instaure une séparation progressive des institutions religieuses et de l’État, et encourage l’indépendance des clergés. C’est un tournant dans l’histoire des Séfévides : le shah ne peut plus être considéré comme « l’ombre de Dieu », et son influence décroît. Les oulémas chiites persécutent les sunnites d’Afghanistan.
En 1722, le tsar Pierre le Grand lance ses troupes en Asie pour contrer l’expansion ottomane à la faveur du déclin des séfévides. À la veille d’une nouvelle guerre russo-turque (1735-1739), l’impératrice Anne rétrocède tous les territoires annexés à la Perse pour s’allier avec eux contre les Ottomans. La dynastie turkmène Qajar s’impose en 1789, mais elle ne peut maintenir son autorité face aux puissances occidentales et elle est déchue en 1925, les Pahlavi prendront le relais.
Par calcul ou conviction, aucun monarque perse ne remettra plus en cause la religion officielle choisie arbitrairement par Ismaïl, et l’ayatollah Khomeini (qui tenait à son pouvoir) fera de même.
4 Les mâles du pouvoir iranien, leurs sbires et la caste des puissants et des riches
Le pouvoir religieux, comme le pouvoir impérial, reste en Iran une affaire de mâles dominants. En théorie, les ayatollahs sont des experts de l’islam dans les domaines de la jurisprudence, de l’éthique, de la philosophie ou du mysticisme. Dans la famille de Khomeini (1902-1989), on était ayatollah de père en fils mais aussi des descendants du prophète, ce qui donne statut et audience dans la société iranienne. Son père est assassiné quand il a 6 mois par les hommes de main d’un grand féodal, ce qui a dû le marquer et explique en partie sa hargne face à toute opposition.
Il aura cinq enfants de son épouse et après de longues études de philosophie et de théologie, il enseigne à Qom et est nommé ayatollah à 50 ans. Il formera de nombreux disciples à ses idées conformes à la tradition du chiisme duodécimain. C’est un homme sûr de lui et ambitieux qui postule en 1961 à la succession du grand ayatollah Borujerdi, mais est écarté. Il se lance dans l’opposition politique résolue aux réformes de la Révolution Blanche de 1963 qui pourrait déconstruire la tradition cléricale. Ses talents de prédicateur et son statut lui donnent une forte audience et le Shah doit l’exiler, il a déjà 62 ans.
Pendant son exil de 14 ans il ambitionne toujours de renverser le Shah et mue en idéologue de la Révolution pour prôner une société où les clercs ont le pouvoir et désignent le plus savant d’entre eux pour concentrer l’autorité. La Constitution devra reconnaitre le chiisme duodécimain comme religion d’État et préciser que la loi iranienne doit s’accorder avec la charia. Le président de la République s’occupe des questions quotidiennes et doit être élu, c’est ce compromis qu’il baptise la « démocratie islamique ». Après être devenu le mâle alpha dans son pays en 1979, l’ayatollah Khomeiny cherchera à renforcer dans la région sa domination politique en y consolidant un arc chiite. L’idéologie impérialiste perse se réincarne avec lui.
Rafsandjani, un fidèle de Khomeini, admit plus tard qu’il avait commandité un attentat raté visant le Shah. En 1980, il est élu président du Parlement et profite de la concentration de l’économie pour devenir milliardaire (immobilier et commerce de pistaches). Pour faire pression sur la France, il commandite l’attentat de Beyrouth en 1983 qui tue 60 militaires et fait défiler 10 000 hommes en armes du Hezbollah libanais qu’il finance. En mars 1988, Khomeini le nomme commandant en chef des armées iraniennes, et en avril il impose le cessez-le-feu avec l’Irak, la guerre n’arrangeant plus ses affaires.
Les rivalités de mâles vont se compliquer après l’élection en 2005 de Ahmadinejad comme président. C’est un ancien élève de Khomeini et un ex-pasdaran, il avait milité pour nommer Khamenei comme guide, et avait été élu maire de Téhéran. Rafsandjani est candidat à l’élection présidentielle de 2013 mais sa candidature est rejetée par le Conseil des gardiens contrôlé par Khamenei et ses alliés et Ahmadinejad est élu par manipulation électorale.
Khamenei, nouveau mâle dominant, n’a pas le charisme du précédent, ses adversaires raillent ses connaissances religieuses limitées. En 1981, après l’assassinat du président Radjaï, Khamenei est élu président de la république, le premier ayatollah à ce poste. Quand les clercs choisissent un nouveau chef, Ali Khamenei émergent comme candidat inoffensif et consensuel. En 1995, Khamenei essaie de se faire nommer marja’ suprême d’Iran, mais, malgré les arrestations et tortures contre ses opposants (comme Montazeri et al-Shirazi), il doit se contenter de se considérer marja sans être reconnu par ses pairs.
Dans cette Constitution, les mâles dominants commandent des sbires sans aucun contrôle du peuple ni ses élus, le corps des « Gardiens de la Révolution Islamique ». Sous la férule de Khamenei, leur part au Parlement est passée de 6 à 26% en quarante ans, celle des mollahs passant de 52% à 11%. Reprendre le contrôle sur cette milice sera long et difficile car ils s’accrocheront à leur argent, à leurs privilèges, voire à leur sadisme. Certains pourront être jugés comme criminels, la plupart pourront être intégrés dans l’armée officielle responsable devant les élus, d’autres pourront l’être dans une police de maintien de l’ordre sérieusement encadrée et les terroristes d’Al Quds à l’étranger doivent être rapatriés. La plus grande partie du corps, surtout les jeunes bassidjis, ont surtout besoin d’avoir une formation pour leur reconversion et d’un travail.
En octobre 2018, le corps des gardiens de la révolution islamique est classé comme organisation terroriste par l’Arabie saoudite et Bahreïn. Et en avril 2019, ils sont inscrits sur la liste des organisations terroristes par les USA. L’historique de la création de ce corps rappelle celui des SS de Hitler. Ils disposent de forces terrestres – dont des unités spéciales anti-émeutes –, aériennes et navales, ainsi que de leurs propres services de renseignement. Outre leur pouvoir militaire, les Pasdaran s’enrichissent par la contrebande et contrôlent un tiers de l’économie iranienne. L’armée régulière, bien encadrée, a un effectif de 413 000 hommes, les pasdarans avec les bassidji sont probablement plus nombreux.
5 Quel bilan après 40 ans de dictature cléricale ?
Selon l’article 154, La République Islamique d’Iran a pour idéal le bonheur de l’homme dans toute la communauté humaine, et reconnaît que l’indépendance, la liberté et le règne du droit et de la justice sont des droits pour tous les peuples du monde.
Sur l’indice du bonheur national brut 2019 de l’ONU (post 54), l’Iran n’arrive avec 4,5 que 117ème et régresse, loin derrière les pays du golfe qui sont à plus de 6 ou la Turquie à 5,4 et les pays du Maghreb. Les indices PIB et espérance de vie sont encore à un bon niveau, mais l’indice de liberté des choix de vie est particulièrement bas à 0,3. Sur les critères de soutien social et de générosité, les pays musulmans sont très performants, derrière l’Occident mais loin devant l’Afrique.
La dynamique économique est très négative : l’Iran était nettement au-dessus de la Turquie en 1979, son PIB est maintenant seulement le tiers de son grand voisin (il faudrait cependant ajouter la contrebande importante qui enrichit les pasdarans sans bénéficier à la population). La Turquie a su encourager le dynamisme de ses entrepreneurs et maintenir des relations correctes avec la plupart des autres pays. Malgré l’envolée des prix du pétrole qui aurait dû booster son économie, L’Iran a souffert de l’incurie de ses dirigeants et sa dépendance aux produits pétroliers a fortement augmenté. L’inflation est à plus de 40% en 2021. Le taux de chômage reste élevé, surtout chez les jeunes avec un haut niveau d’éducation, privés de débouchés professionnels valorisant leurs compétences. Ils quittent leur pays pour ne pas y revenir comme les nombreux réfugiés politiques. On est loin de l’équité économique et du bonheur social promis.
Au plan spirituel, qui devrait être le point fort de cette République islamique, y-a-t-il des progrès ? Les déclarations aux sondeurs sur la religion donnent un chiffre très important dans les pays musulmans, mais c’est une déclaration de principe ou de soumission à l’ordre social. La qualité de la piété intime ne peut être appréciée de l’extérieur et l’adhésion à une tradition religieuse peut être hypocrite. Seul le comportement visible peut-être apprécié. Qui peut savoir si le peuple iranien sous la férule des clergés shiites, s’est rapproché du Créateur, ou au moins de la connaissance et de l’accomplissement du Message du Coran ?
Par contre, les relations avec les pays voisins et les musulmans du monde se sont fortement dégradées sous la férule des clergés chites pour qui la pax islamica n’a aucun sens. A l’inverse, le ministère du prophète Muhammad dans la péninsule arabique au VIIème siècle avait incontestablement fait progresser les croyants arabes dans tous les domaines, paix sociale, respect des individus et des femmes, relations avec les autres communautés et les pays voisins.
6 Libérer de la dictature cléricale et pacifier ce grand pays hétérogène
Le contexte actuel est clérical et centralisé. Certains observateurs se préoccupent car la révolution n’a pas encore fait apparaître de figure politique proéminente. C’est plutôt rassurant face au risque de l’installation d’un nouvel autocrate dans ce pays meurtri par l’histoire sanglante des pouvoirs. Le peuple iranien doit prendre le temps de se concerter (sourate 42) librement et paisiblement pour rechercher un consensus sur une nouvelle Constitution qui protège mieux tous ses citoyens.
En Iran, comme en Russie, les clergés font partie des riches et des puissants que la Parole avertit avec insistance et qui attisent la violence. En Russie, ils bénissent les soldats qui iront tuer, en Iran ils supervisent les crimes des milices pour garder leur pouvoir de s’enrichir abusivement. Avant la révolution constitutionnaliste, les clergés étaient le plus grand propriétaire foncier, il reste une caste de riches au milieu d’un peuple appauvri dans un pays qui a tout pour être riche sauf des dirigeants avisés.
La résistance aux clergés n’est pas nouvelle en Iran : les iraniens exilés à Berlin entre 1916 et 1928 ont beaucoup argumenté en faveur de la laïcité. La laïcité n’est pas le rejet de Dieu ou de ses messagers, celle des laïcards sectaires, c’est le rejet des clergés religieux, de leur imposture, de leurs délires (post 55). La plus grande démocratie du monde, l’Inde a une Constitution fédérale et laïque qui protège les minorités, c’est pourtant un des pays où les pratiques religieuses imprègnent fortement la vie quotidienne.
Les clergés catholiques ont écœuré les français (2% vont à leurs messes) et il serait regrettable que l’imposture des clergés chiites éloigne les iraniens de leur Créateur aimant (Al Rahman) avec le risque de sombrer dans le chaos de l’égocentrisme, du matérialisme triomphant ou du scientisme obtus, ou dans la domination par des puissants et des riches injustes.
L’Iran est un immense pays hétérogène avec des communautés ethniques soudées par une longue histoire commune. Il y a les chiites azéris (16%), les sunnites kurdes (10%), baloutches (2%), et turkmènes (2%), il y a aussi des sunnites arabes, des arméniens chrétiens. Or nous ne sommes plus à l’époque impériale, quand les menaces étrangères justifiaient un pouvoir politique et militaire centralisé. La décentralisation s’impose à la fois par équité, par efficacité de gestion, mais surtout pour mettre un terme aux violences contre les autonomistes.
Ce sont les kurdes qu’il faut d’abord protéger. L’oppression des kurdes dans toute la région est une honte pour l’ONU qui leur avait fait miroiter un Etat nation, pour la communauté internationale qui les a instrumentalisés dans la lutte contre Daesh, pour les Etats comme la Turquie ou l’Iran qui recommencent à bombarder les territoires où ils survivent. Il faut déconcentrer le pouvoir pour éradiquer la terreur organisée par les puissants de Téhéran qui justifient leurs crimes au nom du respect de l’unité de l’Etat que leurs milices bafouent dans les Etats voisins.
Partout dans le monde musulman, malgré les pressions exercées par le système religieux, l’avenir est à l’autonomisation spirituelle des croyants. C’est aussi l’analyse du Dr Al Ajami dont le livre « Ce que dit vraiment le Coran » est une relecture décoiffante du texte arabe sans interprétation : « Le Coran est révélé et l’Islam résulte d’une œuvre humaine. Si l’on considère que l’Islam est un prolongement du texte coranique, la différence de nature et de sujet entre Coran et Islam prouve que l’Islam n’est qu’une interprétation du Coran parmi d’autres. L’Islam n’est donc pas le Coran, il faut revenir à la source première, le Coran ».
La Lumière de la Parole dont les clergés chiites se réclament est un levier déterminant pour accélérer la libération iranienne. La bonne lecture du Coran, révélé en arabe, libéré des interprétations du chiisme duodécimain, sera grandement facilitée en le rapprochant de la Parole de 1974-1977, révélée en français, deux langues étrangères pour les locuteurs fârsîs qui devront disposer de bonnes traductions. Mais la tradition musulmane s’est enkystée dans l’idée erronée qu’il n’y aura plus de Messager après Muhammad (post 1), il faudra du temps pour lever ce voile d’obscurité.
L’Iran a vu trop de sang répandu au Nom de Dieu, il est urgent de se débarrasser au mieux de cette Bête cléricale qui pourrait agoniser trop longtemps après de terribles violences entres les sbires du pouvoir et les résistants.