Le post 45 a été divisé en deux pour faciliter la lecture, ce 45b prend la suite du 45a. Des idoles de l’esprit de la pseudo démocratie française, la loi et son Etat de droit, ou la justice des tribunaux sont évoquées dans le post 53. Or le culte de ces idoles s’exerce surtout dans le cadre des frontières d’un pouvoir politique, celui de l’Etat-nation. Et l’idéologie de l’Etat-nation est à la base des calamités guerrières et économiques du monde moderne.
La politique (du grec politikos) désigne ce qui est relatif à l’organisation et la gestion d’une cité ou d’un État et à l’exercice du pouvoir dans une société organisée. Elle porte sur les actions, l’équilibre, le développement interne ou externe de cette cité ou société et ses rapports à d’autres entités. Elle traite de collectif d’individualités ou d’ensembles sociaux. La « science politique » implique d‘autres disciplines comme l’histoire, le droit, la sociologie, l’économie ou la finance.
En théorie juridique moderne, le jeu politique se conforme à un texte constitutionnel définissant sa structure et son fonctionnement. En pratique interne, la politique est devenue l’art de s’emparer du pouvoir à l’intérieur d’une frontière étatique et de le conserver. Donc à survivre aux luttes de pouvoir entre des hommes et femmes ambitieux. Et entre les partis politiques qui les encadrent et les soutiennent.
Et en pratique internationale, la réalité est déterminée par les rapports de force entre Etats nations, économiques, financiers et militaires. Pas par un évasif droit international dont le rôle est très limité.
1 L’idéologie de la démocratie électorale : des théories juridiques
La réduction de la démocratie (« le gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple » selon la Constitution française) à un processus électoral est contestable. Partout dans le monde, les citoyens y participent de moins en moins. Mais cette idéologie a justifié des calamités comme l’aveuglement du président américain Bush pour envahir l’Irak en mentant effrontément. Comme les guerres en Syrie et en Lybie, elles ont aboutit à des désastres organisationnels et à des drames pour les civils.
Les « démocraties occidentales » revendiquent des valeurs spécifiques (post 74), la liberté en tête. Le respect de la vie humaine les différencient des régimes autoritaires ou dictatoriaux qui font florès dans le monde. Mais où est la liberté face à l’avalanche de lois et normes, à des serviteurs du pouvoir zélés, avec ou sans uniforme ?
La Parole nous avertit : N’ai-je pas mis les forts et les sages au service des faibles et des petits ? (1974-26/9). Abats les idoles de l’esprit comme ont été abattues les idoles de bois (23/8). La politique démocratique contribue-t-elle au bonheur commun et à la jouissance des droits naturels ? Comment faire sentir à l’homme son potentiel immense de bonheur absolu, universel ? Quelle est la référence du juste qui devrait encadrer les lois et les interprétations des juges ?
Au niveau mondial, la référence est la déclaration universelle de 1948. Elle fut rédigée pour l’ONU et soigneusement expurgée de thèmes spirituels à part une référence vague à la fraternité. Son article 18 parle de la liberté d’expression pour manifester « tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites« . Il donne plus de liberté que les usages français qui limitent la religion à la pratique d’un culte entre quatre murs.
SI la déclaration de 1948 reste prudente sur la question des nations et des Etats, elle inclut des phrases utilisables pour résister aux abus des pouvoirs étatiques, comme : « Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un Etat ; de quitter tout pays et de revenir dans son pays ; devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l’asile en d’autres pays ; nul ne peut être arbitrairement privé de sa nationalité, ni du droit de changer de nationalité ; tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, à ne pas être inquiété pour ses opinions et à chercher, recevoir et répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit ; aucune disposition de la présente Déclaration ne peut être interprétée comme impliquant pour un État, un groupement ou un individu un droit quelconque de destruction des droits et libertés qui y sont énoncés ».
Aux USA, le droit anglo-saxon est jurisprudentiel. Ce sont les juges qui interprètent les intentions des « pères fondateurs » de la démocratie américaine. La Constitution de 1787 n’avait pas de déclaration de droits. Les amendements de 1791 ont été ajoutés pour obtenir la ratification des États réticents. La Cour Suprême en 1803 et 1833 a décidé d’en limiter la portée aux lois fédérales. Elle délègue aux juges le pouvoir d’apprécier la constitutionnalité des lois. La situation évolue lentement. Le droit des personnes arrêtées de garder le silence et d’obtenir un avocat ne date que de 1966.
La plupart des démocraties ont leur propre Constitution qui encadre les décisions des élus. Leur interprétation est laissée aux juristes.
2 Le piège de l’Etat nation : luttes internes et externes pour plus de pouvoir
Il y a les textes, et il y a la réalité, la vie des peuples et nations. Les Constitutions se succèdent et se traduisent par des régimes politiques variés. En Europe, les frontières étatiques ont toujours fortement fluctué au gré des logiques de guerres et d’empires (voir https://www.youtube.com/watch?v=t2vDidU5mHc). Les européens sont donc soumis à l’arbitraire de leur lieu de naissance, de leur généalogie, ou des naturalisations. Mais la doxa de l’Etat-nation reste prédominante en Europe.
Au XIXe et au XXe siècle, de multiples crises des États-nations se produisirent sous l’effet des colonisations, des impérialismes occidentaux et des totalitarismes bolchevique et nazi (cf. « Les origines du totalitarisme » d’Hannah Arendt, citée au post 26). Des dizaines de millions de morts sont la conséquence de l’idéologie nazie d’un empire racial constitué après la prise de pouvoir d’Hitler. Un ex-putschiste qui remporte 36 % des suffrages au deuxième tour de l’élection présidentielle, contre 53 % pour Hindenburg. Il offre à Hitler la chancellerie après de vaines tentatives de gouvernement d’union nationale.
À la mort du président, Hitler se déclare Führer et fusionne les postes de président et de chancelier. Les parlementaires lui accordent les pleins pouvoirs en 1933 par un vote de 444 voix contre 94 ! Dans le respect des textes constitutionnels, comme les pleins pouvoirs accordés à Pétain par l’assemblée nationale française. On connaît les calamités qui ont suivi ces processus nationaux « démocratiques ».
Après ces drames et sous l’égide des USA, l’ONU est créée en 1945. Les sujets du droit international n’y sont pas des individus, mais des États-nations, une cinquantaine à l’origine. Après les décolonisations de 1947 (Inde) à 1974 (colonies portugaises) et la dislocation du bloc communiste, le nombre d’Etats nations a fortement augmenté, 193 sont actuellement représentés à l’ONU. D’autres attendent d’être reconnus comme le Somaliland. Dès qu’ils ont une certaine consistance, les États veulent se faire une place dans le monde et augmenter leur influence. La tentation de l’empire perdure, comme l’illustrent le débarquement franco-anglais à Suez, l’épisode de l’invasion par les américains de la baie des cochons à Cuba, la Russie de Poutine qui déploie allégrement ses troupes au-delà des frontières de son immense territoire ou la Chine se Xi qui s’approprie les mers des Etats voisins pour y implanter ses bases militaires.
Les Etats-nations continueront à se désagréger dans la violence (post 42) comme l’on fait la Yougoslavie et le Soudan. Tôt ou tard, cela se fera au Mali, Centrafrique, Congo, Libye, Syrie, Irak, Afghanistan, Pakistan, ou Birmanie…, tous ces pays hétérogènes aux frontières artificielles déterminées par la décolonisation.
Sur les 57 conflits armés entre 1990 et 2005, 53 étaient des conflits internes aux États-nations. Et d’innombrables guerres civiles larvés ou ouvertes ne figurent pas dans les statistiques guerrières. La désagrégation des Etats instables n’est pas une mauvaise nouvelle pour l’humanité. C’est la violence qui accompagnera ces changements qui l’est, inévitable parce que les puissants au pouvoir résisteront de toutes leur force. Et les juristes se crisperont sur leur idéologie de souveraineté de l’Etat-nation.
Un Etat-nation de taille modeste est plus homogène, plus facilement gouvernable, et moins tenté par les intrusions dans la vie des autres nations. A contrario, les Etats-nation grands et puissants sont un enjeu plus tentant pour les ambitieux. Les rivalités de pouvoir y sont féroces, et le pouvoir est éloigné du peuple plus facilement opprimable. De plus ils ne voient que leur propre intérêt lors des conflits internationaux. Au lieu de rechercher la justice et la paix, ils mobilisent leurs espions ou les milices armées à leur service.
Comparons la petite Suisse, une fédération de cantons où la votation populaire est souvent sollicitée et écoutée, et la France hétérogène et centralisée. Les français chauvins se gaussent de leurs petits voisins, de leur volonté d’indépendance et doutaient de leur avenir. Les faits les ont démentis dans tous les domaines. Il fait bon vivre dans une Suisse apaisée. Elle n’est pas étouffée par une avalanche de lois et gère beaucoup mieux son abondante immigration. Elle se concentre sur ses enjeux domestiques au lieu de chercher à donner des leçons aux autres. Son revenu par habitant est devenu le double de la France avec un taux de chômage à faire rêver.
La désagrégation des Etats-nations instables s’ajoutera au rééquilibrage des pouvoirs nationaux au détriment du pouvoir central. Les contrepouvoirs supra étatiques se renforceront. Le pouvoir exécutif central devra laisser plus de place à des régions autonomes, aux pouvoirs locaux et aux assemblées libres. Les pratiques politiques se transformeront en profondeur, cela prendra plusieurs générations.
3 Les procédures électorales dans l’impasse : propagande et mensonges
La distinction traditionnelle entre monarchies et républiques a perdu sa pertinence. Il y a toutes sortes de monarchies (des parlementaires scandinave, espagnole, britannique aux monarchies absolue des Etats pétroliers). On peut classer les républiques en démocraties avec régimes présidentiel, parlementaire et formes mixtes. Et y distinguer les Etats unitaires plus ou moins centralisés des Etats fédéraux.
Ainsi, la pensée commune réduit la politique moderne à une prise de pouvoir faisant suite à des élections épisodiques qui réduisent le citoyen en électeur occasionnel et gouverné permanent. Le processus électoral s’est imposé au XXe siècle comme le standard international de désignation des dirigeants. Il instaure une compétition massive pour le pouvoir, à la différence des régimes autoritaires ou totalitaires qui se réclament de la volonté populaire. Ils se dispensent du formalisme électoral ou le manipulent en excluant des candidats, en achetant des voix ou en matraquant leur propagande.
La dérive autoritaire se répand dans le monde moderne. Même dans les pays où la rivalité électorale est relativement ouverte. Historiquement, les révolutions violentes qui ont abattu des régimes totalitaires les ont remplacés par d’autres qui ont souvent dérivé vers l’autoritarisme. Et de nos jours, les évolutions technologiques donnent aux puissants de redoutables outils informatiques pour espionner, influencer et dominer le peuple. Ils facilitent la propagande, le mensonge et la peur. L’omniprésence des grands médias, leur soumission aux pouvoirs financiers et leur collusion avec le milieu politique laissent très peu de place à la recherche objective des faits.
La peur reste un outil incontournable de la manipulation des consciences. Le pouvoir religieux jouait de la peur de l’enfer, le pouvoir politique a la peur de la prison et crée d’autres angoisses pour renforcer son emprise et sa police. L’angoisse du terrorisme islamique a laissé place à l’angoisse du coronavirus. D’autres angoisses seront opportunément inventées ou nourries pour étayer le discours sécuritaire et l’omniprésence d’uniformes de toutes sortes, armée, policiers nationaux et municipaux, vigiles privés…
En France le pouvoir est de plus en plus présidentiel et bureaucratique (post 49). La faiblesse des contre-pouvoirs est criante. Les parlements sont verrouillés par les partis et le ministère de la « Justice » qui a autorité sur les juges du parquet, fait tout pour se soumettre les autres juges. Les maires de grandes villes cumulent pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires. Ils peuvent étouffer facilement toute opposition ou débat public. Ils utilisent leur connaissance du terrain pour le clientélisme et la division pour rester au pouvoir et propulser un successeur bienveillant à leur égard. Quant aux partis, contrairement à ce que dit la Constitution française (« les partis et groupements politiques concourent à l’expression du suffrage »), dans la pratique actuelle, ils sont un facteur de blocage de l’accès aux mandats et d’appauvrissement du débat public.
Heureusement pour la France, la déconcentration géographique du pouvoir national progressera avec la montée en puissance de l’Europe et des régions. Beaucoup de sujets ne peuvent se traiter correctement à l’échelle nationale, trop grande pour certains sujets et trop petites pour d’autres. La lutte contre le coronavirus ne peut se faire qu’à l’échelle mondiale avec le support de l’OMS, et la lutte contre Monsanto et son herbicide tueur d’abeille ne peut se faire qu’à l’échelle européenne, de même que la lutte contre le kleptocrate Poutine.
L’Europe n’est pas toujours bien vue en France. Mais la gestion monétaire y est beaucoup plus efficace que les politiciens français qui faisaient tourner la planche à billet. Ils accumulaient sans frein des déficits générant une inflation incontrôlée. Les citoyens défendant leur liberté peuvent avoir recours à elle, et de nombreux programmes européens font l’unanimité comme Erasmus.
4 L’érosion de la confiance dans les mondes politiques et médiatiques s’accélère
Des factions politiques opposées ont toujours existé. Pour soutenir une personnalité en vue ou diviser le peuple en idéologies artificiellement opposées comme l’axe droite-gauche en France ou républicains-démocrates aux USA. Mais partout ces modèles partisans sont en crise, même en Angleterre. The Economist, écrit : « La vie politique britannique, ses institutions et sa culture se sont à tel point détériorés qu’un honnête menteur comme Boris Johnson s’est révélé attrayant. Les députés n’hésiteront pas à garder Johnson s’il les aide à garder leur siège ». On retrouve ces mêmes calculs avec Trump, menteur invétéré, et les élus républicains aux USA. Mais la propagande mensongère de ses post-vérités a fait augmenter d’un cran l’ignorance populaire américaine et déstabilisé les médias de qualité.
Les médias furent appelés le quatrième pouvoir. Les grandes plumes qui y écrivaient pouvaient faire basculer les élections. Les journalistes enquêteurs mettaient en lumière ce que les puissants cherchaient à cacher. Mais son modèle économique a été déstabilisé par Internet et la dérive de l’éthique des milieux journalistiques vers le sensationnel et les préjugés de leur milieu largement athée. Ce n’est pas la recherche de la vérité ou la réflexion documentée qui détermine le contenu de leurs articles ou reportages, c’est la ligne éditoriale imposée par les propriétaires des médias et leurs annonceurs.
La panne de réflexion dans les médias et l’influence du marketing politique a conduit à une modification des comportements des partis. Ils mettent en scène leur candidat comme une vedette aux photos retouchées avec une accroche publicitaire. Les électeurs se résignent à choisir le moins mauvais dans la liste, à part la petite minorité qui soutient mordicus un parti, un programme ou un candidat.
En France (post 53), les vainqueurs de la joute électorale recueillent rarement plus de 25% au premier tour dont une partie seulement leur fait confiance sans hésitation. En tenant compte des abstentions qui grimpent inexorablement, on est sous la barre des 20%. Le modeste soutien populaire au vainqueur ne lui permet pas de se déclarer honnêtement mandaté pour gouverner son Etat-nation. Il obtient un pouvoir légal, mais souffre d’un déficit de légitimité.
Ainsi la perte de confiance du peuple est patente à l’égard des puissants du monde politique comme du monde médiatique. La panne de réflexion des citoyens alimente les idées les plus fantaisistes comme les théories complotistes qui se cultivent en petits réseaux. Comme ceux qui prônent la violence dite « djihadiste », une trahison du sens de ce mot dans le Coran.
L’impasse du système électoral est également évidente à l’international. Nous n’avons pas la place ici pour développer l’analyse de la dérive des nombreux pays où l’élection détermine le pouvoir politique, comme dans la plus grande démocratie du monde, l’Inde, ou en Turquie, en Egypte. Et bien d’autres où les élections ont oint un manipulateur cynique et violent qui aggrave les difficultés du peuple. Partout la dérive autoritaire est manifeste et les inégalités sociales s’accentuent.
Les impasses actuelles de la politique mondiale exigent une nouvelle pensée politique qui stimule la discussion (post 70) interindividuelle. Puis le dialogue entre les nations et les assemblées (post 44) pour favoriser le Bien universel de manière déterminée et positive sans se limiter aux calculs et marchandages des intérêts des diverses parties.
Le Bien n’est pas le moindre mal, il est le refus du mal sous toutes ses formes. La Parole nous dit en 1974 : J’ai interdit qu’on s’empare de l’héritage de Mon Peuple et de son gouvernement que J’ai laissé à tous ! Pour les citoyens du monde, la résistance pacifique s’impose.