Ces trois mots sont le slogan emblématique des résistants face aux crimes de la Bête du pouvoir iranien, l’alliance entre les pouvoirs religieux et politiques. A l’inverse de la Bête du pouvoir russe (post 61), en Iran, c’est le religieux qui domine cette société. Il y a bien une Constitution, des élections, un président, des ministres et une armée régulière.

Mais cette Constitution est un piège clérical voulu par Khomeiny qui a pioché dans le Coran pour justifier son idéologie. Ce piège peut être cassé en réécrivant une Constitution avec des citations appropriées du Coran. Ce projet pourrait être librement débattu par des opposants au régime et fédérer un mouvement de résistance. Ce post inaugure une série de quatre articles (63 à 66) consacrée à l’insurrection iranienne en cours.

Le « guide suprême » chiite Khamenei (post 64) et les milices à ses ordres tuent sans vergogne des manifestants, adultes et enfants (plus de 400 morts en deux mois). Le post 65 évoque quelques pistes qu’il appartient au peuple iranien de creuser. Le pouvoir iranien se réduit pas à un individu au sommet comme Poutine en Russie. Il est très organisé et soutenu par des profiteurs du pouvoir, mais aussi par une partie des iraniens à qui les mollahs font croire que leur désobéir, c’est renier le Coran. Mensonge : ce sont les mollahs qui trahissent le Coran ! Et c’est à l’aide de l’outil sacré du Coran qu’il est possible de déconstruire leur idéologie mensongère et meurtrière (post 66).

J’étais jeune étudiant français en mai 1968, la jeunesse rebelle avait créé de nombreux slogans. Je trouvais excessif le « CRS=SS », même si la violence policière était et reste une menace pour les manifestants (post 52). Par contre j’aimais le slogan « Il est interdit d’interdire » qui traduisait notre révolte contre les lois liberticides des juristes mises au service des puissants.

Mais plus d’un demi-siècle après, alors que beaucoup de mes camarades ont connu les hautes sphères du pouvoir, la frénésie législative et règlementaire n’a fait qu’empirer en France, sans résultat probant. Le slogan de la jeunesse iranienne nous porte beaucoup plus haut, car les trois mots choisis entrent en résonance avec la Parole et sont liés. C’est ce que nous allons analyser ici.

1 La femme dans les textes sacrés

Ce blog a souvent constaté le décalage entre la place accordée aux femmes par la religion et les pouvoirs profanes et la place que les textes sacrés restaurés des altérations des clergés leur donnent.

La Parole est d’abord une transmission orale par des prophètes et messagers avant d’être mise par écrit par des scribes qui en altèrent le contenu volontairement ou non en fonction de leurs préjugés et de leurs intérêts. Le Rig-Véda a été mis par écrit par les prêtres brahmanes, un millénaire avant que la Bible ne le soit à l’époque d’Esdras, mais longtemps après les inspirations des hommes rishis mais aussi des femmes rishinis (voir commentaire post 17) qui sont le cœur du texte sacré.

Dans la tradition indienne, il est difficile de distinguer le mythe de la réalité historique. Les rishis et rishinis sont réputés avoir vécu très longtemps, comme les premières générations des descendants des Eves et des Adams. On pourrait les situer entre Adam et Noé, soit il y a plusieurs dizaines de milliers d’années et les textes du Veda qu’on peut leur attribuer n’expriment pas la domination masculine. Les études historiques situent vers – 5 000 le début des migrations vers le Sud des clans nomades ariens qui conquirent dans le sang les terres indiennes.

Dans leur organisation fondée sur des castes, au-dessus des guerriers se situait la caste des brahmanes, les prêtres sacrificateurs, des hommes dont les femmes n’avaient accès ni à l’éducation ni à la langue sacrée, le sanscrit. Ils ont noyé le Veda de rites et formules magiques censés assurer la victoire de leurs guerriers. Les femmes étaient cantonnées dans le rôle effacé de reproductrices et de soin du foyer et cette domination masculine est encore présente dans la société indienne actuelle. Cependant quelques femmes se sont illustrées comme guide spirituel comme Ma Ananda Moyi (post 9 §4) ou Amma (la swamini qui la représente en France est présidente de la fédération védique) et certains mouvements comme la Brahma Kumaris sont dirigés par un collège de femmes.

Les quelques versets du Veda qui évoquent la Création ne dévalorisent pas la femme, mais ce n’est pas le cas des textes de la Bible altérés par des scribes masculins. Dans le texte biblique, la femme est créée à partir d’une côte de l’homme pour lui être une aide, et c’est Eve qui est censée avoir goûté la première au fruit du mal avant d’en convaincre Adam. Dans la tradition hébraïque, les hommes ont toujours la position dominante, la généalogie est déterminée par le nom du père et les personnages bibliques féminins sont évoquées comme femme de ou fille de. Les engagement pris par les femmes sont subordonnés, au point qu’en Nb. 30, le père ou le mari peuvent annuler arbitrairement tous les engagements pris par une femme qui demeure encore chez eux.

L’Evangile de Jésus rend davantage justice à la femme, mais ses douze apôtres étaient des hommes, probablement pour des raisons pratiques. Quant aux écrits de Paul qui ont imprégné le christianisme, ils sont marqués par ses préjugés machistes. « Que les femmes soient soumises à leur mari comme au Seigneur » et « que la femme écoute l’instruction en silence avec une entière soumission. Je ne lui permets pas d’enseigner ni de prendre de l’autorité sur l’homme ». Et elles doivent se couvrir la tête lors des cultes.

Le Coran rectifie à l’avantage de la femme le texte biblique. Dans la sourate « les femmes », Il dit : « Votre Seigneur vous créa d’une âme (zawj) unique dont Il créa sa moitié et qui, de ces deux, a suscité un grand nombre d’homme et de femmes » (4/1 traduction Al Ajami). Face à l’arbre qui symbolise la connaissance du mal, la transgression associe à égalité l’homme et la femme contrairement au récit biblique : « Ne vous avais-je pas interdit à tous deux cet arbre ? » ; ils répondent « Nous nous sommes lésés nous-mêmes » (7/22).

L’amour conjugal n’est pas la soumission : « Un de Ses Signes est qu’Il a créé pour vous et de vous-même des complémentaires afin que vous preniez appui l’un sur l’autre et qu’Il ait mis entre vous amour et bienveillance » (30/21). Les mauvaises traductions égarent comme celle qui utilise le mot autorité pour ce verset 4/34 qui dit en réalité : « Les hommes ont des responsabilités quant aux femmes selon ce que Dieu favorise certains d’entre eux et par ce qu’ils dépensent de leurs biens ». Il signifie simplement dans cette société arabe où c’est souvent l’homme qui a le plus d’argent, que les hommes riches ne doivent pas être avares à l’égard de leur épouse.

Après des millénaires de domination masculine, le Créateur lance dans la Parole dictée en 1974-1977 un Appel vibrant pour que l’humanité redonne enfin à la femme la place qui lui est naturellement due. Il rappelle le rôle déterminant du mâle dans la propagation du mal qui « de compagnon d’Eve a choisi de devenir son maître, d’imposer ses ruts, et de faire d’elle fait d’elle une chamelle toujours grosse pour grossir les rangs de ses armées et de ses serviteurs, pourvoir à ses cuisines et à ses adultères » (1974/2-4).

Le mot homme y est utilisé au sens d’être humain, homme et femme, et parfois péjoratif comme « homme noir ». Le mot femme est utilisé au sens positif, surtout dans ce passage à propos de la « femme claire » qui évoque son énergie et son dévouement au maintien harmonieux de la famille : « Devant la porte l’enfant, beaucoup… Epais le cheveu de femme, sa main ouvre sur le frère, sa dent mort la braise, fait le fil. La femme a la paix, entre ses dents coule la Parole, le soleil descend (de) son sein » (1977, XXVII/12).

2 La Vie dans la Parole

C’est Dieu qui insuffle la Vie et la maintient : « Quand Mon Souffle cesse, laissant choir dans la mer la graine qu’il transportait, la pluie qu’il poussait devant lui, le désert reste désert et ce qui y restait de vie meurt » (1974, 2/10). « J’ai envoyé Mon Souffle sur toute la terre ; par Lui toute vie, dès la graine, dès l’œuf, reconnaît sa nourriture et les lois de son espèce, par Lui tout homme reconnaît Ma Voix » (4-10). Ainsi la Vie de l’être humain est à la fois matérielle et spirituelle. Il a gardé le lien avec la Voix de son Créateur et se distingue en cela de toute la création. Le deuxième mot-clef du slogan de l’insurrection iranienne est la vie. Qu’est-ce que la vie, que dit la Parole sur la vie et le respect de la vie ?

Dans la complémentarité homme-femme, la femme est la seule à pouvoir porter la vie biologique issue de la fécondation sexuée provenant de la synergie entre le Créateur et le couple humain. Elle est évoquée en XVI/10 : « Ma Main (est) le nid de l’homme, Mon Doigt plie (pour) mouler les œufs (de la femme), faire le pollen du bec de l’homme ». C’est dans le corps de la femme que peut naturellement se développer le fœtus, promesse de vie autonome. La vie est insufflée par Dieu et le fœtus acquiert sa propre vie en respirant, quand il se sépare du corps de la mère, comme la graine devient vie autonome en germant et en lançant ses feuilles pour respirer. Avant cela, le fœtus n’est qu’une partie du corps de la mère et une espérance de vie pour ses parents.

Ceci récuse l’illusion des pro-life parfois sincères mais souvent dogmatiques (voire violents aux USA). Ils justifient leur interdiction de l’avortement sur leur foi en suivant des préjugés inculqués par leurs pasteurs ignorants de la Parole. La liberté de disposer de son propre corps (qui peut aller jusqu’au suicide) est une des libertés fondamentales de l’être humain et elle serait déniée aux femmes parce qu’elles seules peuvent porter la vie ?

Les préjugés des sociétés machistes sous-tendent les mariages d’enfants, les mariages arrangés ou les vérifications de virginité pour la femme et pas pour l’homme en tirant parti de différences anatomiques. Ces sociétés veulent dominer le corps de la femme au profit des mâles, de leur famille ou de la société avec des arrières pensées de grossir le clan familial avec une main d’œuvre enfantine corvéable à merci ou d’augmenter la population pour disposer de plus de fidèles ou de soldats.

On est très loin de l’amour des deux parents qui devrait accompagner leurs enfants tout en les préparant à l’autonomie. Car la vie d’un être humain est celle du corps, celle de l’esprit et surtout celle de l’âme. L’individu pourra construire son âme au moment de l’âge de raison. Sa conscience pourra le guider vers le chemin du Bien, mais il restera libre de décider de ses choix individuels. Ainsi, n’en déplaise aux adorateurs de leur animal domestique qui le préfèrent aux humains, seule la vie de l’être humain est sacrée. Car il peut « engendrer son âme en une autre vie infinie qu’il bâtit comme un vaisseau pour prendre le large (17/3) » quand il quitte son corps physique au moment de la mort. L’animal est comme l’aurochs, entièrement recyclé dans la matière biologique.

Au Jour de la Victoire sur la mort, la Résurrection (post 36) : « Je m’inclinerai vers les fosses, les vases funéraires, les mers, les os et les poussières frémiront sous la caresse des âmes descendues avec Moi des Hauteurs Saintes, ils s’assembleront et se relèveront ». C’est pourquoi la vie humaine est si sacrée, car l’âme que les adultes sont libres de se construire est un vaisseau d’éternité. Tous les messagers sont affirmatifs sur le respect absolu de la vie humaine. La non-violence, ahimsa, est une valeur fondamentale de l’hindouisme, des sutras de Bouddha et le jaïnisme étend le respect de la vie à tous les animaux, insectes compris.

Dans le contexte guerrier de la vie d’Abraham et Moïse, la légitime défense pour protéger soi-même, ses proches ou ses contemporains est une exception légitime qui peut conduire à tuer sans le vouloir, même Gandhi (post 41) en avait convenu. Abraham a pris les armes pour libérer Loth emporté comme esclave par des rois conquérants. Plus tard, Moïse, de retour des théophanies du Sinaï, a transmis dans les dix Paroles : « Tu ne tueras point », mais les hébreux ont vite relativisé cet enseignement. Jésus l’a rappelé avec force et montré l’exemple de la non-violence absolue dans un contexte où la lutte armée contre les romains (que préconisaient les zélotes) était insensée. Il a lutté contre la Bête de l’empire romain avec l’arme de l’amour et l’a vaincue.

Le Coran rappelle que la Vie est sacrée : « Quiconque fait périr une vie humaine non convaincue de meurtre ni de corruption sur la terre, c’est comme s’il a tué l’humanité tout entière. Et, quiconque sauve une vie humaine, il a sauvé l’humanité tout entière… » (5/32). Et : « Ne tuez pas l’homme que Dieu vous a interdit de tuer sinon pour une juste cause » (17/ 33), verset à rapprocher de 2/194 : « Soyez hostile envers celui qui vous agresse comme il l’aura été contre vous ». C’est la circonstance où l’obligation de se défendre après avoir proposé la paix peut conduire à tuer son agresseur sans l’avoir prémédité. Car tuer est un mal et on « repousse le mal par le Bien » (23/96).

C’est bien avec le Coran que nous pouvons récuser cette clique de mollahs iraniens qui cautionne des assassinats par leurs satrapes, les pasdarans, ou des peines de morts décidées par des juristes contre des hommes torturés pour extorquer des aveux. Quelle disproportion entre l’hostilité justifiée des manifestants à l’égard de leur système oppressif et leurs crimes de sang froid !

Quant à la Parole de 1974-1977, Elle efface (28/21) la violence des athées scandalisés qui luttent pour établir l’équité, mais Elle dit aux croyants : « tu ne porteras la main sur personne » (28/27).

3 La Liberté dans la Parole

Pour les résistants iraniens, la liberté civile, c’est la fin de l’oppression par le pouvoir et ses sbires. Mais la liberté spirituelle va beaucoup plus loin et distingue l’être humain de toutes les autres créatures. Des scientistes ignorants veulent réduire l’homme à une espèce animale avec un gros cerveau en refusant de voir notre dimension spirituelle. Les animaux suivent leur instinct, mais l’homme est libre de choisir de perpétrer le plus abominable dans le mal ou d’accomplir le plus sublime dans le Bien pour accéder à une vie infinie en engendrant son âme.

Cette liberté est une qualité spécifique, un Don du Créateur qui en fait son image et sa ressemblance, sans atteindre évidemment la Connaissance, la Puissance, la Lumière et la Sagesse dont Il dispose. Dès l’époque d’Eden, quand Dieu insuffle la Parole dans les créatures adamiques, il les met en garde contre la connaissance du mal. Mais Il les laisse libre d’y goûter, ce qu’ils feront et que nous continuons à faire pour notre malheur et notre mort. Ce choix majeur est rappelé à Moïse (Dt/30) : « Voici, Je mets devant toi la vie et le bonheur, la mort et le malheur. Tu choisiras la vie pour que tu vives, toi et ta descendance en aimant le Seigneur ton Dieu, en écoutant sa Voix et en t’attachant à Lui ».

La liberté n’est pas la licence d’en abuser. La libération sexuelle des années 60-70 en Occident a engendré des excès, une soif illimitée de sensations et de jouissances. La majorité des occidentaux en sont revenus, prenant conscience que le couple fidèle est une voie d’accès bien meilleure au bonheur partagé. Ceux qui choisissent d’autres voies pour leur sexualité restent libres de le faire. Mais on ne peut pas dire qu’ils rayonnent de bonheur et ne font pas de dégâts autour d’eux par leur quête ostensible et incessante de satisfaction génitale. Le Bouddha a clairement montré que le désir sans limite dans un monde impermanent est une impasse.

La Parole de 1974 avertit contre la tentation qui « rendra les hommes plus avides de biens, de plaisirs, de puissance et les femmes plus impudiques » (26/7). Elle dit : « Etablis partout les femmes dans leurs mérites ! Mais mets-les en garde les contre l’adultère et l’impudicité sacrilèges où elles perdent leur Vie, car Marie a fait de son ventre un temple sacré à jamais ! Que les joies que J’ai réservée aux époux consacrés demeurent secrètes en(tr)e eux, que leurs cris de bonheur ne percent pas les murs » (9/5-7). Ici « Marie » fait référence au symbole d’une femme portant la vie et « consacré » évoque l’amour partagé mais pas à l’institution de mariage via un maire, un curé ou un imam.

La pudeur est naturelle pour beaucoup de femmes, mais c’est aussi aux hommes de veiller à la chasteté de leur regard, en particulier pour ne pas convoiter la femme d’autrui, une des dix Paroles transmises par Moïse. A l’inverse, la débauche récente d’artifices, de chirurgie esthétique et de maquillages outranciers (le ruileau, XVIII/13) ne met pas en valeur la féminité, au contraire, elle enferme les femmes dans un carcan d’apparences standardisées et les distrait de s’activer à leur beauté intérieure car « la beauté est servante du Bien » (12/3).

La liberté en général est un sujet complexe pour la philosophie, c’est un mot abstrait alors même que les langues sémitiques manquent de mots abstraits et se situent dans une logique de dynamique et pas de stagnation. La liberté spirituelle absolue se déduit de ce verset pivot du Coran « pas de contrainte en religion (Din, post 39) ». La Parole de 1974-1977 récuse avec insistance les princes de la religion et de la politique qui privent les hommes de leur liberté spirituelle et sociale, mais le mot liberté n’y figure pas.

On y trouve les déclinaisons du verbe libérer et l’adjectif libre dans l’image de « la Parole comme un poulain libre courant vers son but, libre du harnais que lui mettent les docteurs, des haies que dressent devant lui les princes du culte, tous ceux qui tirent bénéfice de le dompter et de l’atteler à leur char » (10/10). Elle utilise le mot abstrait Vérité dans un sens dynamique de changement : « C’est (des abusés scandalisés) que Je fais des prophètes, Je n’ai pas envoyé à ces hommes Ma Parole dans les Livres, mais en secret J’ai conduit leurs pas vers la Vérité qui gisait comme un aigle blessé dans les cœurs de leurs pères et de leurs frères ployés sous les puissants et les riches et ils ont libéré la Vérité…car la Vérité, c’est que le monde doit changer, Ma Parole est la Loi qui vient » (28/5-7).

Être l’esclave du mal et de ses impulsions n’a jamais fait un homme libre, mais le choix de la voie du Bien ne peut lui être imposée. Il doit comprendre par expérience que c’est la clef du bonheur.

4 La nation iranienne face à la Bête du pouvoir

Il y a eu plusieurs révolutions en Iran. La révolution constitutionnelle de 1905-1911, celle de 1963, une « révolution par le haut » lancée par le Shah pour donner plus de droits aux femmes et moins au clergé, suivie de celle de 1979, une insurrection populaire contre le régime du Shah qui aboutira à une « République islamique », en réalité la dictature de l’ayatollah Khomeini et de ses sbires. Les étudiants se révoltent en masse en 1999, ils seront écrasés par le pouvoir. En 2009 éclate un large soulèvement populaire, la révolution verte qui sera noyée dans le sang des manifestants avec 1500 morts. La libération du voile imposé à la femme était un des enjeux de ces révolutions et contre-révolutions. Mais il y manquait souvent l’affirmation documentée que cette interdiction est une invention cléricale contradictoire avec le Coran.

Ce que dit la sourate 24/31 est : « Dis aux croyantes qu’elles réfrènent certains regards et qu’elles soient chastes. Qu’elles ne montrent de leur beauté que ce qui peut en paraître et qu’elles couvrent de leurs étoffes (khumur) leur décolleté (juyub) ». Cette sourate est centrée sur les rapports moraux dans la société, le couple et la famille à une époque où les esclaves féminines étaient seins nus. C’est une recommandation de sagesse adressée aux femmes dont la poitrine peut exciter indûment les hommes, mais la recommandation de regards chastes s’adresse à tous.

Quand les femmes se cachent au-delà de la mesure, les fantasmes et l’obsession sexuelle des hommes risquent d’augmenter. Les naturistes d’Europe du Nord, ne se caractérisent pas par des comportements dépravés et les humains étaient nus en Eden sans éprouver de honte. C’est en se libérant des regards de convoitise que l’humanité retrouvera la liberté de s’habiller ou non pour les femmes comme pour les hommes et la joie chaste d’apprécier la beauté naturelle des corps. La nation iranienne libérée de ses clergés définira elle-même les codes vestimentaires adaptés à son climat et à sa culture.

La Parole de 1974 affirme : « les nations reviendront vers moi » (19/21) et « quatre générations ne suffiront pas » (24/2). En France, les scandales de la religion ont éloigné ses citoyens de Dieu et de Sa Parole, mais la situation est très différente dans la nation iranienne où les pouvoirs se réclamant du Coran assassinent et où chacun peut s’armer du Coran pour lutter contre eux comme les premiers chrétiens à Rome s’armaient de l’Evangile avant que l’engeance des princes de l’église ne s’empare de leurs assemblées au IVème siècle.

Dans le monde moderne, la dimension sacrée a presque disparu du monde politique : le président américain prête serment sur la Bible, alors même qu’Elle enseigne de ne pas jurer ! Mais la collaboration entre pouvoir politique et religieux persiste pour dominer les peuples comme dans la Russie de Poutine. Leur amalgame est en place en Iran avec l’autocratie de son « guide suprême » et inspirait le criminel « Etat islamique » surfant sur le mythe du « calife bien guidé ». On parle de « théocratie », mais Dieu respecte la liberté donnée aux hommes : il s’agit de la mainmise d’un roi blanc religieux sur son pays par endoctrinement.

A l’inverse de la population russe, celle de l’Iran est jeune et très urbanisée, un facteur favorable pour renverser un pouvoir aussi inepte que rejeté (on estime à 13% ceux qui soutiennent inconditionnellement le pouvoir en place). On peut espérer que le soulèvement de 2022 aboutira tôt ou tard car la jeunesse est déterminée, courageuse et collective. Le système de pouvoir iranien est un échec dans tous les domaines. La Parole parle d’un changement qui s’étale sur des générations : le cinéaste iranien Panahi, récompensé récemment pour son film « aucun ours », à 62 ans, brosse un tableau empreint de désespoir des impasses de sa société, mais la jeunesse, à 15 ou 30 ans, refuse d’être privée de son avenir et elle entraîne leurs mères dans leur enthousiasme. Je reste résolument optimiste sur l’issue du soulèvement populaire de 2022.

La réussite de cette dynamique pour abattre la Bête du pouvoir iranien (post 64) est importante pour sa population, mais aussi pour les Etats voisins où la Bête envoie ses agitateurs pour créer un « arc chiite » et pour les nations opprimées par l’alliance entre pouvoirs religieux et profanes, en particulier dans le monde musulman où la référence est le texte arabe du Coran. Le Coran libéré de toute interprétation cléricale pourra être replacé au centre de la réflexion collective pour contester les délires des pouvoirs religieux.