Idole est prononcé deux fois dans la Parole de 1974, dès 2/9 : « Je suis Celui Qui a parlé par Muhammad, le briseur d’idoles, le plus écouté de Mes Messagers, le plus sage, qui n’a pas fait ployer son peuple sous les observances et ne l’a pas fait fléchir sous les ordonnances des princes du culte ». Puis en 23/8, Elle récuse la trinité chrétienne à laquelle le témoin Potay croyait dur comme fer : « Les docteurs M’ont façonné un dieu à trois têtes pour étonner les faibles, les faire trembler sous leur oracle, ils ont décidé de Ma Pitié et de Mon Châtiment selon les œuvres en discours interminables, énigmatiques, d’un Mot de Moi ils ont écrit des livres. Mon Peuple ne sait plus où Je suis, où Je ne suis pas, abats les idoles de l’esprit comme furent abattues les idoles de bois ! ».
Ce post creuse l’idolâtrie sur la base des textes sacrés et de l’histoire des idées religieuses pour identifier des idoles de l’esprit instrumentalisés par la Bête du pouvoir religieux pour opprimer les peuples : le christianisme colonisateur, l’Islamisme conquérant des pays voisins et le brahmanisme sacrificiel envahisseur de la terre indienne. Le christianisme prétendait apporter ses lumières aux païens, l’islam prétendait libérer du polythéisme les peuples conquis et l’hindouisme sert de prétexte aux nationalistes hindous pour marginaliser les minorités. Même le pacifique bouddhisme est instrumentalisé en Birmanie pour opprimer les musulmans.
Ce post est aussi un écho tardif à la question d’un commentateur : « L’unicité est-elle incontournable ? Les sciences montrent qu’il doit exister des planètes habitées par d’autres espèces que la nôtre. Auraient-elles forcément le même créateur que la nôtre ? Ce serait contraire aux probabilités. Un Créateur par planète ne contredirait aucune déduction scientifique ». L’intellect humain est libre de formuler diverses spéculations, celle-ci se relie à la question des croyances au monothéisme ou au polythéisme, je place donc la réponse avant le post 78 sur la Bête du pouvoir en Inde car la faille dramatique de cette société est entre le monothéisme strict des musulmans et la piété hindouiste qualifiée de polythéiste. L’observateur extérieur croit voir de l’idolâtrie si un hindou pratique son culte devant une statue de Ganesh, la divinité ventripotente à tête d’éléphant, or il vénère Dieu, Brahman, sous de multiples formes.
1 – L’idolâtrie comme obscurcissement du monothéisme adamique et védique
Le Rig-Véda, mis par écrit bien avant la Bible à partir d’inspirations des rishis (ceux sur la Création rappellent la Genèse biblique), dit : « Celui qui existe est Unique, les sages lui donnent des noms variés » ou « Enfants de l’immortelle félicité, j’ai trouvé l’Ancien Unique qui est au-delà de l’obscurité et de l’illusion, en le connaissant, lui et Lui seul, vous serez sauvés de la mort ». Il s’adresse à l’humanité comme les « enfants de l’éternité » et dit « Soyez unis dans vos buts, dans vos cœurs, dans vos esprits et que votre unité se renforce sans cesse ». Il appelle également à dépasser la dualité Créateur-créature : « Ce qui est immortel dans les mortels est un Dieu, établi intérieurement comme une énergie se manifestant en nos divins pouvoirs ».
C’est avec les brahmanes, maîtres des Ecritures et des sacrifices cultuels, qu’apparaissent plusieurs divinités leur permettant de s’enrichir davantage en multipliant les sacrifices pour implorer chacune. C’est avec eux qu’apparait la notion de trimurti, divinité triple dont s’est peut-être inspiré la théologie chrétienne. Après le brahmanisme, les diverses formes d’hindouismes se sont formées en amalgamant les versets des rishis, des éléments de l’ancienne culture religieuse dravidienne, en gardant la référence au Véda mais en le détournant pour bénéficier à leur caste. On constate en Inde cet obscurcissement sur le temps long de la connaissance directe du Dieu unique.
La Bible affirme « Le Seigneur est notre Dieu, le Seigneur est Un » (Dt 6, 4). Je résume ci-dessous un article remarquable de Rivon Krygier un rabbin parisien, sur l’idolâtrie. La seule autorité pour le bloggeur est la Parole, mais l’analyse de ce rabbin est pertinente pour faire un pont entre les musulmans qui reconnaissent l’autorité des prophètes de la Bible et les hindouistes qui reconnaissent celle des inspirés du Veda. Il affirme que : « se prosterner devant des idoles de bois ou de métal est considéré comme la mère de toutes les perversités, mais la pensée juive reste sur des clichés tenaces hérités de la scolastique médiévale. Corporéité, anthropomorphisme, multiplicité en Dieu ou des dieux seraient les caractères distinctifs du paganisme, à combattre en raison de la perversité qu’ils supposent ».
Or la Bible parle des pieds (Ex 24, 10), du doigt (Ex 31,18), des yeux (Gn 38, 7), ou des oreilles de Dieu (Nb 11, 1) et la Parole de 1977 utilise des expressions similaires. Ce rabbin affirme que « le culte d’un seul dieu est monolâtrie s’il adore exclusivement l’un des avatars ou des forces immanentes au cosmos, comme la réforme du pharaon Akhenaton ». La Bible appelle à adorer le « Dieu suprême, Créateur du ciel et de la terre » (Dt 4, 19), « de peur que tu ne lèves tes yeux vers les cieux et que tu ne voies le soleil, et la lune et les étoiles, toute l’armée des cieux, que tu te laisses séduire et te prosternes devant eux » (Gn 14, 19).
Jérémie (10, 5) associe avec humour l’idole à “un épouvantail dans un champ de concombres” et l’idolâtrie est qualifiée d’adultère (Osée 1 ; Ezéchiel 16,6-30…) : c’est une trahison du pacte passé avec YHWH par Abraham et confirmé par les hébreux pour les accompagner dans le devoir de sanctification et de moralisation de l’homme. « Si Je t’ai distingué, c’est pour prescrire à tes enfants et à ta maison d’observer la voie divine, pour accomplir l’équité et la justice » (Gn 18, 19).
Maïmonide voit dans certains monothéismes le pire de l’idolâtrie, la déshumanisation : « La dédivinisation, l’idolâtrie est l’idéologie de la déshumanisation ». La Bible dit : « Ta vertu marchera devant toi, et derrière toi la majesté de l’Éternel fermera la marche (Is 58,2-8) » et YHWH est le « Dieu de toute chair » (Jér. 32,27), des hommes tous modelés avec Son Souffle, appelés un Jour à se rassembler autour de Lui (Mi 4, 1-5) et Soph. (3, 9) ajoute : « Je transformerai la langue des nations en une langue limpide pour implorer le nom de l’Éternel ».
Ce rabbin commente : « Le désastre du monothéisme mal digéré est que par volonté hégémonique, il mute en monolâtrie virulente, réprime violemment toute hérésie et dénie aux autres humains la possibilité de nouer un rapport authentique avec Dieu. La monolâtrie est négation du monothéisme comme projet d’unité du genre humain, dans sa diversité, l’unitarisme monolâtre est pensé comme un totalitarisme. Pour lui, le monde du Dieu Un est binaire : on est du côté des fils de la lumière ou de celui des fils des ténèbres ». Cet état d’esprit est largement répandu chez certaines sectes chrétiennes « évangélistes » comme chez les islamistes.
« Fanatisme et nihilisme sont les deux pôles de l’idolâtrie contemporaine. Le contraire de l’idolâtrie n’est ni la foi affranchie de ses figurations anthropomorphiques, ni la tolérance à tout vent, mais la civilisation humaniste, la constitution d’un socle solide de valeurs universelles et divines : respect de la dignité des personnes, justice, bienveillance, amour de la paix ». Le fanatisme des talibans qui explosent les statues géantes de Bouddha ou détruisent les statues assyriennes illustre l’absurdité de cette chasse aux idoles qui croit parachever le travail fait dans son contexte et à son époque par le prophète Muhammad pour réformer une société arabe polythéiste très éloignée de la Révélation transmise par leur prophète Ismaël.
2 Idoles de matières et polythéismes face aux Messagers du Créateur
Les plus anciens messagers de Dieu, Ses créatures adamiques parlaient avec Lui « dans la fraîcheur du soir » il y a 50 000 ans, ils n’avaient aucune raison de s’inventer d’autres divinités. Il y a 7000 ans, le messager Noé n’a pas été rejeté par son peuple comme messager du Dieu unique, mais parce que les puissants n’acceptaient pas que Dieu s’adresse à un homme modeste et leur demande de changer de comportement. Selon Genèse 4/26, dès l’époque d’Enosh, petit fils d’Adam « on commença à invoquer Dieu sous le Nom de Seigneur ». Les générations post-adamiques perdent le dialogue direct avec leur Créateur qu’ils invoquent, et s’inventent des idoles de substitution : historiquement, le monothéisme adamique a précédé le polythéisme.
Les idoles se sont multipliées en Mésopotamie comme dieux tutélaires d’une cité pour apporter la victoire aux guerriers lors des conflits locaux. Ces idoles, proclamaient leurs prêtres sacrificateurs payés à l’acte, avaient besoin de sang, de sacrifices humains, ceux des vaincus et même de leurs enfants. De plus, selon l’intuition géniale de René Girard qui explique le phénomène de bouc émissaire, ces sacrifices stabilisaient les tensions mimétiques dans le groupe social.
Ensuite, des conquérants comme Cyrus laissent les cités et peuples vaincus garder leurs propres divinités. L’accumulation d’idoles aboutit aux fables du polythéisme et aux multiplications de sacrifices humains. Alors, dans sa compassion, Dieu envoie des prophètes pour rappeler la Parole aux enfants de Son Souffle et les libérer des ténèbres des religions et des prêtres criminels.
Le post 24 rend hommage au prophète Zarathoustra qui a affronté la religion mithraïste structurée dans la logique brahmanique par des prêtres organisant des sacrifices sanglants dédiés à des divinités variées. Il a prêché le Dieu unique (Ahura Mazda), l’inutilité des sacrifices et l’importance de pratiquer le Bien. Son message a été déformé par la religion mazdéenne qui s’est emparée de son héritage, avec des prêtres, les mages (mentionnés par le Coran en 22/17 parmi les gens du Livre). Zarathoustra a probablement précédé la formulation du Veda et sa mise par écrit en sanscrit. Les textes des Gathas et du Rig-Véda sont très proches et antérieurs à Abraham.
Deux millénaires après le prophète Zarathoustra, alors que la diaspora juive avait peu d’influence, les grecs ont inventé un panthéon issu en partie de la culture mésopotamienne, mais aussi des talents de conteurs comme Homère et de l’imagination créatrice de leurs artistes géniaux. Avec moins de talent, les romains ont suivi la voie du panthéon grec en ajoutant une décadence supplémentaire, la divinisation d’un homme : le guerrier César, d’abord sacré empereur, fut intégré au panthéon par décision du Sénat.
La tradition catholique enseigne que le monothéisme judéo-chrétien était un progrès décisif par rapport aux polythéismes des religions païennes arriérées des panthéons grecs et latins dont nous apprenions les langues. L’islam était orgueilleusement vu de haut comme une vague copie du christianisme qui l’avait précédé. De même l’hindouisme et le bouddhisme étaient ignorés dans les écoles, considérés comme des religions réservées aux études de spécialistes de l’anthropologie, des langues anciennes ou des religions. Les méthodes scientifiques rigoureuses de l’école biblique de Jérusalem, de l’archéologie, de la linguistique ou de la génétique ont permis de rétablir des faits historiques trop longtemps occultés, ignorés des grands esprits de la culture européenne comme Hegel formatés par l’éducation chrétienne.
L’analyse précise des textes par Hegel montre que le polythéisme n’a rien à voir avec le panthéisme, mais présuppose une forme première de monothéisme car monothéisme et polythéisme s’opposent au panthéisme. Pour lui la religion est affective et représentative et s’oppose à l’État qui est réalité effective et conceptuelle. « La religion comme simple opinion est inoffensive, mais si elle s’applique à l’effectivité, alors naît le fanatisme religieux qui, comme le fanatisme politique, condamne les institutions de l’État et l’ordre légal, comme limites inappropriées de l’intériorité et de l’infinité du cœur ». « Monothéisme de la raison et du cœur, polythéisme de l’imagination et de l’art, voilà ce dont nous avons besoin ». Le polythéisme a une grande unité, parce que chaque dieu particulier est en même temps le tout divin. Et Hegel souligne que les religions combattant le polythéisme interdisent la représentation de Dieu. Dans les catégories hégéliennes, la religion de la beauté est la religion grecque, la religion du sublime est la religion juive.
Le polythéisme et ses prêtres sacrificateurs ont placé Zarathoustra, Abraham, Moise et Muhammad dans une situation de légitime défense sans rapport avec le fanatisme monothéiste des colonisateurs chrétiens (l’alliance du sabre et du goupillon) et des guerriers musulmans convertissant par la force les populations soumises. Ce monothéisme idéologique est une idole de l’esprit.
3 La foi libre comme dépassement de l’opposition artificielle entre croyance et intellect
La relation avec Dieu est intime, mais la foi peut être réfléchie, avec des arguments partageables. A l’époque de Kant et de Hegel, l’athéisme était impensé. La foi populaire reste tributaire du hasard de la naissance et polluée par les doctrines cléricales : un français moderne est majoritairement agnostique, un polonais est catholique, un algérien est musulman, un russe est orthodoxe, un indien est suivant sa famille hindou ou musulman. L’athéisme, malgré les efforts de la propagande marxiste est rare sauf en Chine. Il est mal vu aux USA, risqué dans certains pays musulmans et impensable aux Philippines.
Or chacun peut remettre en question sa religion conventionnelle pour se poser la question de Dieu librement en réfléchissant sous plusieurs angles complémentaires : l’observation de la nature, des cultures humaines et de leurs pratiques religieuses, la réflexion sur l’histoire de l’humanité et les textes sacrés, le choix entre le scepticisme dogmatique et l’analyse logique sans préjugés, le constat des expériences spirituelles personnelles, l’écoute de celle des autres…
Un itinéraire spirituel n’est pas représentatif mais peut illustrer la migration d’une foi héritée vers une foi réfléchie, un choix d’adulte libre. Enfant, j’avais une foi naturelle intense, je m’émerveillais devant la vie, celle du jardin, celle de la forêt, celle des lacs puis de la mer, j’étudiais le comportement des insectes, j’apprenais à reconnaître les champignons sur place et les dinosaures dans les livres. C’est la foi heureuse et simple des enfants, mais teintée de la religion de ma famille chrétienne. La messe m’ennuyait mais j’aimais prier et je développai le sens du Bien, la honte de mes petits mensonges et la joie de faire plaisir aux autres.
L’école catholique, les abus, les contradictions entre religions et le rationalisme des études scientifiques m’ont fait perdre cette foi naïve. Mais le questionnement sur le Bien et notre destin après la mort m’est resté. J’ai décidé de beaucoup voyager et lire pour découvrir d’autres contextes et cette réflexion m’a conduit à une foi construite, méthodique tout autant qu’expérimentée, l’alliance entre le cerveau et l’âme. L’étude des sutras m’a aidé à transcender la logique déductive. Quand Bouddha dit « l’idée suivant laquelle le moi existe est vaine et fausse, mais l’idée que le moi n’existe pas est également vaine et fausse, la vérité est entre les deux, c’est le juste milieu que Bouddha enseigne », il nous aide à dépasser notre logique intellectuelle binaire.
En allant au-delà de l’intellect, j’ai pu m’ouvrir à l’expérience spirituelle, aussi réelle que difficilement partageable, et la certitude de la Présence de Dieu est revenue à ma conscience d’adulte. Cette évolution s’est faite en synergie avec la réflexion logique avec deux arguments déterminants. D’abord l’extraordinaire équilibre de la Création, l’univers, la planète et notre organisme qui ne peuvent pas venir du seul hasard ou d’une vague loi de l’évolution : la science que beaucoup vénèrent est incapable de recréer la Vie, même dans un brin d’herbe. Et d’autre part l’absence d’explication historique convaincante de l’extraordinaire succès des Messages transmis par Moïse, Jésus ou Muhammad, des hommes ordinaires pour les puissants de l’époque qui les ont combattus.
Maïmonide insiste sur l’effort de réflexion : « la dérive idolâtre menaçant tout un chacun, l’effort de sainteté consiste à s’en émanciper pour accéder à la transcendance de Dieu. Seul l’intellect peut diriger l’homme sur ce chemin escarpé vers la réalisation de la qualité transcendante en l’homme, la seule et véritable « image de Dieu ». Il faut donc s’abstraire de la mondanité, de la corporéité, en adhérant à la vérité métaphysique de l’unité pure de Dieu pour désapprendre à projeter sur Dieu toutes les formes d’anthropomorphisme ».
Citons aussi Ram Chandra (post 22) : « A notre époque le mental individuel est constamment agité et perturbé. Or c’est ce mental qui nous mène à la vertu et nous aide à réaliser le soi le plus élevé. Il ne faut pas l’écraser, mais l’entraîner en le fixant sur notre but, la quête du Divin ». Il ajoute : « La connaissance est une acquisition du cerveau, la réalisation est l’éveil de l’âme ». Le rayonnement évident pour ceux qui les approchent des nobles guides spirituels de l’Inde comme Ramana Maharishi (post 39) ou Ma Ananda Moyi (post 40), comme celui de Jésus, souvent accompagné de miracles, est aussi une Voie pour retrouver l’intuition de la Présence de Dieu.
Une foi solide dépasse la croyance héritée du contexte familial et social ou la réponse à des peurs existentielles, elle permet de sortir de l’impasse de l’athéisme d’ignorance qui ne vaut pas mieux que la vague adhésion à une religion traditionnelle. Mais de nos jours une démarche de réflexion assidue est rare, ce sont plutôt les chocs de la vie, la mort de proches ou une maladie grave qui contraignent les hommes à y réfléchir bien tardivement et hâtivement.
4 Méthodes scientifiques et scientisme
Rabelais disait au XVIème siècle : « La sagesse ne peut pas entrer dans un esprit méchant, et science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Il a inspiré l’humaniste Montaigne, le scientifique croyant Descartes et préparé le siècle des Lumières qui a permis à l’Europe de sortir de l’obscurantisme du christianisme. Leurs délires théologiques ont pavé la route du scepticisme pseudo-scientifique qui restreint la pensée de beaucoup de nos concitoyens, comme je le constate fréquemment dans mes contacts de rue.
Certains sombrent dans le scientisme, mot inventé par R. Rolland, contre le positivisme d’A. Comte, une idéologie (dont le drapeau brésilien porte la trace, « ordre et progrès ») selon laquelle la connaissance scientifique pourrait résoudre tous les problèmes philosophiques, sociaux, moraux, politiques de l’humanité. Les scientistes les plus radicaux confieraient le pouvoir politique à des savants plutôt qu’à des politiciens élus ou à leurs bureaucrates, mais les vrais scientifiques sont prudents sur les limites de leur travail et les jeunes commencent à se méfier : 33% pensent que la science apporte « plus de bien que de mal », contre 55% en 1972.
Pourtant, les méthodes scientifiques ont amélioré notre compréhension de l’Univers et favorisé des technologies de progrès pour l’humanité quand elles servent le Bien. Ceux qui comme Einstein ont élaboré les théories à l’origine de la bombe atomique n’avaient certainement pas envisagé toutes les conséquences de leur travail de recherche et la plupart n’auraient jamais laissé faire les destructions massives que les armes modernes permettent.
La méthode mathématique part d’hypothèses et en déduit par calcul abstrait des équations, elle n’est pas en soi contestable, mais ce qui marque nos sociétés, ce sont les sciences expérimentales comme la physique ou la biologie. Elles se limitent au quantitatif mesurable dans des expériences renouvelables et statistiquement valables, or le principe d’incertitude d’Heisenberg affirme que l’impact de l’observateur rend impossible une expérience renouvelable à l’identique. Et l’approche probabiliste de la mécanique quantique a bouleversé les théories classiques longtemps considérées comme certaines et indépassables.
C’est par dérive scientiste que la médecine scientifique occidentale, dont le principal souci devrait être de soigner, a longtemps combattu des protocoles de soin inoffensifs de médecines traditionnelles qui donnaient des résultats. Protéger les malades du charlatanisme et de la superstition est nécessaire, mais sans perdre de vue le bien des patients, heureusement la médecine officielle devient moins rigide.
Sur l’origine de l’univers, quand la science sort de l’espace-temps qui conditionne le fonctionnement de nos neurones, elle bute sur l’avant big bang. Or le Créateur affirme en 1974 : « Moi Seul suis hors du temps » et « Je suis l’Etalé ». L’idée que la planète et l’humanité sont au centre de l’univers est religieuse mais pas dans la Parole. Elle nous parle dans les limites du langage humain pour nous aider à changer en bien et bonifier le monde à notre portée.
L’hypothèse d’un Créateur par planète évoquée par un commentateur est légitime mais ne résulte d’aucune expérience scientifique irréfutable. Or le Donneur de Parole s’affirme comme le Père de l’Univers. S’il y avait d’autres corps célestes où vivent des créatures douées d’une forme d’intelligence, Il les connaîtrait. Je ne peux pas les voir comme une menace potentielle, sinon le Créateur nous avertirait pour nous protéger d’eux. De plus, je ne crois pas à l’existence de plusieurs créateurs autonomes, sinon, comme le dit le Coran, ils seraient en conflit de puissances. Ce qui écarte la dualité de la religion manichéiste, fondée au troisième siècle par l’iranien Mani prêchant une lutte éternelle entre les puissances de Lumière et celles des ténèbres. La possibilité de choisir entre le Bien et le mal est simplement la conséquence de la liberté laissée à l’homme par son Créateur.
C’est par l’expérimentation que le scientifique nobélisé A. Aspect a tranché le débat Einstein-Bohr. Le résultat est déroutant car il récuse le principe de séparabilité : deux particules qui ont été en interaction continuent à être interdépendantes même en s’éloignant indéfiniment. C’est le phénomène d’intrication quantique qui prouve la non-localité de l’espace-temps. Comment ce lien est-il maintenu ? Les scientifiques ne savent pas, mais pour le croyant qui connaît le Créateur hors du temps et étalé dans l’espace, la réponse est évidente et souligne notre interdépendance mutuelle d’humains, même éloignés dans l’espace et dans le temps.
5 Abattre les idoles de l’esprit
Les idoles de bois et de pierre ont été abattues, les idoles de l’esprit restent à abattre. Le scientisme est pour certains une idole de l’esprit qui écarte l’idée improuvable d’un Créateur. Ils gardent heureusement confiance en l’amour, expérimentable personnellement, mais tout aussi improuvable. Un porteur de la Parole n’écarte ni les témoignages des savants qui expérimentent leurs équations mathématiques, ni les témoignages des prophètes et des grands spirituels, ni sa propre expérience. Et s’il identifie une contradiction avec la Parole, il réfléchit à une erreur d’interprétation de sa part.
En 1974, Elle nous dit : « Tout homme, même celui qui n’a jamais reçu Ma Parole, au milieu des arbres et des bêtes sauvages, au milieu des cités bâties avec science, même celui qui M’a rejeté avant de Me connaître, sait qui Je suis quand je lui parle, car il ne s’est pas levé tant de milliers de soleils depuis leur père, Mon premier fils, qu’ils n’aient gardé par la Puissance du Souffle que J’exhale sur eux souvenir de Moi, car Je suis si proche d’eux qu’ils peuvent ne pas me voir, mais qu’ils sont moulés à Moi comme l’arbre poussé contre le mur du temple se courbe au contour de son porche ».
L’image de l’homme comme arbre moulé au Temple de Dieu illustre le lien indissoluble entre le Créateur et Sa Création. L’unité, la non dualité se trouve dans le Veda, elle a été enseignée par les prophètes abrahamiques et par Bouddha. La Parole de 1974 nous dit « Sois un dans toi » et chaque âme peut ressentir cette unité fondamentale en elle et autour d’elle. La vraie foi ne saurait se limiter à une affirmation comme la profession de foi musulmane sur l’unicité de Dieu et la prophétie de Muhammad, elle suit aussi l’enseignement du prophète Jésus : « Ce n’est pas celui qui dit Seigneur, Seigneur, qui sera sauvé, mais celui qui accomplit la volonté du Père ».
La foi peut se libérer des idoles de l’esprit à l’aide de la Parole qui ne se divise ni ne se tait. Le scientisme est une idole de l’esprit, mais la soumission aux lois des juristes contraires à notre conscience du Bien est une autre idole de l’esprit qui éloigne les hommes de la Loi Qui sera, celle de l’amour et de la justice. Les hommes modernes se sont inventé des idoles : les déesses abondance, loi, justice, démocratie et sécurité (post 23§6). Quand le président Bush lance la guerre en Irak au nom de son idée de la démocratie, il en fait une idole que tous les Etats doivent vénérer pour éviter d’être classifié dans les « Etats voyous ». La démocratie en théorie, c’est un Etat de droit qui respecte les droits des personnes telles que les juristes les définissent et des élections transparentes de gouvernants qui décideront pour nous des lois qui étouffent nos libertés.
La Bête du pouvoir iranien a une Constitution approuvée par référendum à plus de 90%, des pouvoirs exécutifs et législatifs élus et des lois rédigées par de savants juristes et validées par les « représentants » du peuple. C’est un Etat de droit démocratique et ce qu’y font les milices qui tuent et les tribunaux qui condamnent à mort est parfaitement légal. Mais cette apparence ne trompe personne et illustre le vide de sens de la démocratie représentative et des lois humaines variant arbitrairement suivant le lieu et l’instant.
La Parole de 1974 nous dit : « Les riches, les puissants, les impudiques, les prêtres et les autres ont mis en lois leurs rapines, leur injustice et toutes leurs abominations en alliances qu’ils font habilement sceller par ceux qu’ils dominent pour les corrompre, les tromper, les voler ». Elle ajoute « Pour cela on tirera de leurs palais et de leurs temples les hypocrites qui ont fait faussement de Ma Parole la loi qui est. Elle est la Loi qui sera ».
Les lois des hommes sont d’innombrables textes aléatoires, venu des théologiens, lois de Manu, droit canon catholique, fiqh « musulman », ces interprétations tardives et contestables de la Parole, ou des docteurs de la loi profane, Constitutions, lois et règlements censés garantir l’Etat de droit. Ces textes sont idolâtrés par les hommes endoctrinés par la Bête du pouvoir religieuse et politique.
La solution aux crises qui maltraitent l’humanité ne résultera pas de thèses scientifiques ou de rédactions juridiques, elle sera d’abord spirituelle. La Loi qui sera vit déjà dans la conscience des hommes assoiffés d’Amour et de Justice, croyants ou athées. Ils se libèreront de la Bête du pouvoir qui sépare en religions antagonistes et en nations soumises à des lois qui n’ont jamais établi l’équité, prétendument connues de tous, mais s’imposant aux citoyens d’un espace-temps particulier. Dans le cadre universel de la Loi qui sera, les hommes libérés pourront alors se servir avec sagesse d’outils scientifiques et juridiques sans s’incliner vers des idoles de l’esprit.