En faisant des recherches pour écrire le précédent post sur la guerre et l’actuel sur la paix, j’ai découvert à quel point la guerre envahit depuis toujours les esprits des humains, leur art, leurs mythes, leur histoire, leurs livres et discours en plus de massacrer leurs populations et de ruiner les nations. Et la situation a empiré au fil des siècles passés comme le démontre le post 87.
Le XXIème siècle se présente mal. L’année 2023 détient un triste record, celui du plus grand nombre de réfugiés civils, 76 millions dont 9 au Soudan ont dû quitter leur domicile pour fuir la guerre ou les violences. Les idéologues belliqueux et les marchands d’armes, de frontières physiques ou culturelles, de barbelés et d’outils de surveillance seront toujours nombreux. Mais les artisans de paix sont rares. Il leur faut courage, sagesse, détermination et intelligence spirituelle à l’école de Gandhi, Luther King ou Mandela.
En contraste avec le sujet de la guerre, celui de la paix est à peine visible. Un appel à la paix ennuie vite l’auditeur, contrairement à l’étalage du mal sous toutes ses formes. L’audience des grands médias grimpe avec les images de sang qui coule et de destructions, les analystes militaires et politiques en débattent sans fin. Mais que disent-ils d’intelligent sur les chemins de paix possibles ?
Dans ce siècle, la marge de manœuvre pour la paix entre nations et la paix civile sera étroite partout. Mais pour ce troisième millénaire, c’est la voie spirituelle, le renforcement des âmes et la dynamique pacifique d’assemblées et de nations qui déterminera l’avenir de l’humanité et sa capacité à se libérer de toutes les violences meurtrières. Sans donner de délai, car elle dépend des efforts des humains, le Créateur nous rappelle en 1977 sa prophétie du Jour de la Résurrection, quand le mal sera vaincu. Un Jour pour Dieu est comme mille ans pour l’homme, nous dit la Bible.
1 La pacification intérieure
Le CNRTL propose les liens suivants avec la notion de paix intérieure : « État d’âme qu’aucune inquiétude ne vient troubler. La paix du bonheur ; la paix éternelle (après la mort) ; avoir sa conscience en paix ; achever ses jours en paix ; goûter une paix profonde ; être en paix avec soi-même ».
Dans la vision de l’UNESCO, « Les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix ». Cet organisation n’évoque pas l’âme individuelle, incontournable pour pacifier durablement les hommes (post 86). Mais ls peuvent au moins apprendre à contrôler leurs esprits où la violence peut naître et à résister à l’endoctrinement des fauteurs de guerre.
Grâce à la diffusion des techniques de méditation par les gurus de l’hindouisme et les maîtres du bouddhisme, l’Occident, la grande puissance militaire, commence à prendre conscience de l’importance de la paix intérieure. Leur culture chrétienne n’aide plus les occidentaux à renforcer leur âme, à cause de la décrédibilisation des cultes chrétiens et de la baisse des pratiques de prière personnelle.
Du côté oriental, l’enseignement de Bouddha (post 7) s’est répandu sur toute la planète. Sa démarche part de la compréhension juste, un préalable canalisant les efforts de maîtrise du mental et donc de l’émotion, avant de tendre vers le samadhi. Elle est complémentaire de la démarche hindouiste qui part de l’émotion (post 80). Celle qui peut provenir de la lecture des textes sacrés, des chants védiques, de la prononciation de mantras comme Om̐. Ou du yoga, le travail sur la respiration et les chakras qui énergise l’organisme et prépare la méditation.
Le témoignage paisible de Ma Ananda Moyi (post 9) sur l’Amour de Dieu est un sommet de la spiritualité hindoue. Elle nous dit : « L’excitation émotionnelle et l’Amour Suprême ne sont en rien comparables ». Or la méditation tronquée qui se répand en Occident se limite souvent au confort psychologique. Certes, la relaxation physique et mentale réduit le stress. La méditation de pleine conscience se limite à se concentrer sur ce qu’on perçoit et fait. Ces étapes préalables suffisent à la plupart de nos contemporains.
Or pour répandre la paix, il faut la force d’âme, l’équanimité. Elle consolide le courage des nobles résistants croyants ou athées pour dompter leurs peurs, leurs convoitises et vaincre toute tentation de répliquer aux injustices par la violence qui engendre un cycle de représailles à l’issue incertaine. Mais pardonner aux agresseurs, ce n’est pas se soumettre à eux. La peur permet aux individus et groupes violents de sévir face à des personnes faibles ou intimidables. La non-peur et la non-violence sont les piliers d’une stratégie efficace de lutte contre l’injustice et l’oppression.
Le croyant qui médite sur la Parole veille à se rapprocher d’un Créateur bienveillant, attentif à toutes Ses créatures, mais le but fixé à la prière et à la méditation est déterminant. Comme sa prière, sa méditation doit aider à dépasser les vices courants, l’envie, l’orgueil, la colère, le ressentiment, la violence… Elle rend duplicité et mensonge insupportables et nous prépare à l’action dans le monde.
2 paix et Paix dans les textes sacrés
Les prophètes de Dieu et les inspirés ont tous appelé à la paix individuelle et collective. Mais les clergés religieux, alliés aux pouvoirs guerriers ont détourné leurs messages et divisés les hommes pour les dominer. Le Rig Veda amalgame les traditions pacifiques des inspirés dravidiens avec les stances des prêtres brahmanes sacrifiant à leurs dieux pour vaincre dans leurs guerres de conquêtes.
On retrouve ce contraste dans les textes bibliques qui regorgent de récits de guerre. Or le prophète Isaïe annonce des temps de paix (2,4) : « Alors, de leurs glaives, ils forgeront des socs de charrues et de leurs lances des serpettes ; un peuple ne tirera plus l’épée contre un autre peuple ». Les prophètes Moïse et Muhammad enseignent dans un contexte historique violent. Ils appellent au refus de tuer, la cinquième des dix Paroles de la Torah. Et le Coran en 4/152 dit « Ne tuez personne à tort, Dieu l’interdit ». Il n’autorise la lutte armée que dans deux cas précis, la légitime défense et la lutte contre l’oppression (22/39).
Comme Bouddha avant lui, le prophète Jésus enseigne dans un contexte pacifié. En Luc 10/5, il envoie ses disciples pour annoncer l’Evangile. Là où ils entrent, ils doivent dire « Paix à cette maison ». Mais les fauteurs de guerre tordront les textes pour justifier leur bellicisme et leurs rapines et le monde chrétien comme le monde musulman seront fauteurs de violences et de guerres.
Le mot hébreu désignant la paix, shalom, vient d’une racine signifiant plénitude, intégrité, liée à la notion de shlemout, perfection. L’équivalent arabe, salam ou sanscrit, shanti, ont la même racine linguistique, mais l’histoire humaine oubliera cette source commune à toute l’humanité. Notons que le mot français paix n’a pas de pluriel.
Dans la Parole de 1974, le mot paix apparait huit fois, toujours dans le sens de la paix intérieure, avec Dieu et avec nos semblables. Il récuse d’emblée la fatuité du témoin, un clerc chrétien qui « discours sur les Livres de Mes Messagers et se croit en paix avec moi » (1/2). C’est la paix de la nuit car son engeance princière s’est emparée de Mes Assemblées sur toute la terre.
En 1977, la Voix confirme : « Moché, ses frères Yëchou, ses frères, les bras (des clergés juifs et musulmans) pèsent sur les frères, la nuit couche sur les frères » (1/7). La libération des dogmatiques qui enténèbrent les religions du Livre et nous divisent est un préalable incontournable. Il en est de même pour toutes les philosophies athées détournées comme le communisme par des idéologues belliqueux.
Au chapitre 25, la Voix appelle le témoin à écrire aux dirigeants égyptiens et israéliens pour les appeler instamment à planter la Paix du Saint. Elle se plante, contrairement à la Paix qui a l’écorce, celle des calculateurs politiques aux dents noires comme des vieux chiens qui rodent les boules. Ils préparent leurs futures guerres comme Netanyahou et les chefs du Hamas. Mais le pieux Sadate écoutera cet Appel et engagera un solide processus de paix solide entre l’Egypte et Israël.
Par respect pour notre liberté, Dieu intervient rarement dans l’histoire humaine comme lors de cet Appel solennel et non coercitif. C’est aux humains de construire la paix. La paix n’est pas dans ta main (19/6). La main symbolise l’action, la paix ne vient pas dans la passivité d’un laissez faire, elle est le résultat de notre lutte laborieuse contre le mal.
3 La pacification sociale
Après avoir pacifié son univers intérieur, l’homme peut ensuite pacifier ses relations interindividuelles du domaine de la vie privée, familiale et amicale. C’est le fondement de toute paix civile élargie. Dans le domaine de l’amitié, l’emprise peut exister mais la violence est rare. Il en est de même dans les petites associations de soutien local.
Mais à l’intérieur d’une famille, la violence sévit ou couve. Elle peut rester invisible de l’extérieur et s’exerce au détriment des plus fragiles. L’oppression des femmes et l’exploitation des enfants est flagrante dans beaucoup de cultures. La lutte contre ces violences est d’abord affaire de conscience personnelle, mais la dénoncer est un enjeu collectif. Beaucoup d’adultes criminels sont héritiers de violences familiales.
Messy évoque le désir frustré et l’oppression comme sources majeures des violences sociales. Dominer le désir est affaire de spiritualité personnelle, mais la lutte contre l’oppression est du registre collectif. Lacan disait : « aux confins où la parole se démet commence le domaine de la violence ». Il est parfois plus facile de s’entendre avec d’autres membres d’une communauté ou d’une association qu’avec son voisin ou ses collègues de travail. Donc il faut donc se parler sans hypocrisie pour prévenir toute violence, éventuellement en se faisant aider d’un médiateur en cas de forte tension.
N’en déplaise aux biais médiatiques et aux extrémistes de droite, le déclin historique des assassinats est incontestable. D’après Harari, leur taux pour 100 000 habitants est passé d’une trentaine dans l’Europe médiévale à neuf en moyenne mondiale et un dans les grands Etats européens. Dans l’histoire ancienne, des prédicateurs de la non-violence (ahimsa) avaient émergé en Inde en s’opposant à la culture sanglante des castes de prêtres et de guerriers. Ils renonçaient à toute forme de possession, se concentraient sur la recherche de la libération et le partage de leur sagesse avec ceux qui venaient les consulter. Bouddha en est un exemple illustre.
Gandhi et Martin Luther King furent des artisans de paix exemplaires ayant vaincu leur peur, mais ils finirent assassinés par des extrémistes. Ils n’ont jamais renoncé à interpeller les puissants de leur société. Tous deux croyants, ils ont relayé une Parole de lutte pacifique, seul antidote durablement efficace à la violence en soi et autour de soi. Leur lutte les a contraints à entrer dans la politique comme piédestal pour prêcher la paix et la justice sociale.
Leur exemple édifiant doit cependant être revivifié dans leurs propres pays. L’Inde de Modi est devenue un cauchemar pour les minorités religieuses opprimées, musulmans et chrétiens en particulier. Elle continue à réduire les femmes à un rôle domestique, un héritage du brahmanisme, et à laisser faire les fanatiques. Les récents résultats électoraux sont cependant encourageants : il a perdu la majorité face à son projet de changer la Constitution pour faire de son pays un Etat hindouiste et abolir la laïcité.
Les USA sont un pays plutôt violent. Il y a l’héritage ancien de l’oppression des minorités raciales, les amérindiens et les afro-américains, et il y a la pression continuelle du lobby des armes qui en fait une société d’individus toujours prêts à dégainer. L’omniprésence des drogues gangrène cette société. Les Pères fondateurs auxquels ils se réfèrent seraient certainement perplexes face aux américains modernes. Les citoyens américains sont pieux, mais leurs clergés chrétiens ne les pacifient pas.
4 Politiques nationales et violences
Pour une action réaliste, il faut d’abord comprendre les principaux facteurs locaux de violence. X. Crettiez (post 85) retient trois niveaux de violence politique : national, intermédiaire et individuel. En Europe, il distingue quatre catégories. Les violences idéologiques avec l’islamisme, l’ultra gauche et l’extrême droite. Les violences séparatistes, irlandaise, basque, corse ou canaque. Les violences émeutières, celle des banlieues françaises et anglaises, et des hooligans. Les violences d’Etat, police des foules, violence symbolique des systèmes de surveillance et de fichage, et violences policières. De nouvelles formes de violence ont émergé avec l’écologisme et l’altermondialisme après les exactions policières lors des manifestations contre le G8 en 2008.
De plus la drogue est un facteur majeur d’accroissement des violences dans ce monde, surtout en Amérique Latine, prise en étau entre les pays producteurs et l’énorme marché des drogués des USA. J’avais rapidement traversé le Salvador en 1981 avec des groupes armés à presque tous les carrefours. Trente ans après, c’était encore le pays avec le plus fort taux d’homicides au monde. Les rivalités entre les classes dominantes au pouvoir et les guérillas marxistes furent relayées par l’emprise des gangs MS-13 et Mara 18, en guerre permanente pour contrôler la rue.
En 2019, Bukele en est élu président et prend des mesures drastiques. Malgré les critiques des ONG humanitaires, soutenu par sa population, il engage une féroce répression des gangs, faciles à identifier par leurs tatouages. Il mobilise l’armée et fait incarcérer 70 000 personnes pour des peines pouvant dépasser 60 ans. La peur change de camp : les citoyens ordinaires peuvent enfin sortir sans risquer d’être dépouillés ou tués, les enfants peuvent jouer dans les parcs publics. Le nombre d’homicides passe de 87 pour 100 000 habitants en 2019 à moins de 3 en 2023.
En Haïti comme ailleurs, le trafic de drogue et les bandes de malfaiteurs ont déstabilisé beaucoup de pays et les solutions spirituelles s’éloignent. Les consommateurs de drogue devraient réfléchir aux conséquences de leur fuite en avant égoïste vers des plaisirs fugaces. Les drogues deviennent plus meurtrières pour eux. Le Fentanyl décime des quartiers entiers aux USA où les drogués errent comme des spectres en quête d’un shoot avant de replonger dans le désespoir. Ce problème interpelle toute la société.
Dans les Etats africains, les havres de paix sont rares. Ce continent a une très longue histoire, berceau des premiers hominidés, mais aussi des premières violences organisées répertoriées. Sa population est fragmentée avec une exceptionnelle diversité de langues et de mode de vie. Il a été profondément déstabilisé, d’abord par le colonialisme arabe et européen, puis par l’instauration d’Etats trop grands, définis sans tenir compte des réalités tribales. Le pouvoir national tente des ambitieux sans scrupules pour enrichir leur clan et leurs soutiens. L’armée y est un lieu idéal pour fomenter des coups d’Etats et les mâles violents oppriment les civils.
Les grandes puissances militaires comme la Russie et la Chine ont aussi une longue histoire de violence intérieure, de concentration de pouvoir aux mains d’un empereur et d’un empire étalant sa puissance dans tous les domaines. Ils constituent une menace pour le monde et surtout pour leurs voisins géographiques. Leur pacification intérieure ne pourra venir que de leurs populations majoritaires, les russes blancs et les chinois Han. Les minorités y bénéficient d’une situation relativement favorable dans la fédération de Russie, mais elle est dramatique en Chine pour les tibétains, les ouïgours et d’autres dont on parle moins.
Longtemps dans l’histoire humaine, le niveau de violences civiles dans une population et les initiatives guerrières de leurs dominateurs politiques ou religieux n’étaient pas corrélées. Les guerres s’expliquaient par l’histoire longue des peuples, les ambitions de leurs pouvoirs et leur contexte géographique et économique.
Mais dans un monde interconnecté, le virus de la violence se répand sans limite et des rivalités internes d’abord modestes peuvent se transformer en guerres ouvertes avec un impact international. Les bombardements de civils à Gaza et en Ukraine ne sont que la suite d’un engrenage violent initié par les conflits entre milices juives et arabes avant 1948 et par la révolte des séparatistes du Donbass armés par les russes dès 2014. La lutte contre les violences intérieures est donc vitale pour les Etats.
5 Arrêter chaque guerre le plus tôt possible
Les boucheries européennes du XXème siècle ont contraint les historiens à constater que la distinction entre violences civiles nationales et guerres entre nations était devenue floue. Ils ont introduit la notion de guerre civile avec l’Espagne en 1936, car les belligérants étaient soutenus par d’autres Etats en rivalité idéologique.
La Bête du pouvoir (post 60), roi noir et roi blanc, se dévoile. L’humanité commence à comprendre que les pouvoirs religieux sont des imposteurs, que les pouvoirs politiques sont des menteurs incompétents, et que les pouvoirs militaires sont aveuglés par leur logique de guerre. Elle constate que des innocents sont les victimes des guerres modernes, civiles ou militaires. Elle peut mieux résister à l’endoctrinement guerrier en réfléchissant aux conséquences pour leur famille et leurs voisins des conflits.
Après chaque guerre, les historiens font le décombre macabre des victimes et recensent les dégâts matériels, mais ils ne peuvent quantifier les drames psychologiques et émotionnels que les guerres engendrent. Elles laissent des traumatismes à vie. Chaque guerre a des facteurs explicatifs spécifiques, mais le risque de guerre est mesurable. Il faut déterminer rapidement les mesures d’apaisement possibles, car les guerres déjà entamées rendent la situation très compliquée.
Les politiciens, les yeux rivés sur les prochaines élections, revendiquent des frontières pour attiser le nationalisme. Les populations en guerre suivent leurs chefs de gré ou de force et les soldats sont entraînés dans un engrenage de déshumanisation et de vengeance. Quand, enfin, les belligérants commencent à se fatiguer, les dégâts irréparables sont abyssaux et la réconciliation est ardue. C’est de la population que doit venir le plus tôt possible la résistance.
Ainsi, en Ukraine, Porochenko lance son slogan « Armée, Langue, Foi » et impose sa politique d’ukrainisation aux russophones. Il se fait élire, puis lance son armée contre les séparatistes du Donbass. A-t-il réfléchi à la réaction de Poutine, leur soutien de toujours ? A-t-il anticipé qu’il risquait l’invasion de Kiev comme au temps de l’URSS, bien au-delà des oblasts contestés, et surtout d’être coresponsable de centaines de milliers de morts des deux côtés et d’un cauchemar pour les civils ?
Le président suivant Zelenski a courageusement affronté une situation cornélienne, mais il aurait pu signer la paix en 2022 dans une situation militaire plus favorable. Malheureusement, des conseillers locaux et Boris Johnson l’ont encouragé à poursuivre la guerre jusqu’à la « victoire ». Il faut récuser ce terme militaire : toute guerre est une défaite pour l’humanité et les deux parties en conflit armé. Il y a très peu d’exceptions justifiables comme la résistance armée au monstre nazi.
L’espérance renaît en 2024. Aucun des pouvoirs en guerre ne semble prêt à construire maintenant une paix. Des solutions raisonnables existent (post 62, la Paix du Saint en Ukraine), et l’évolution du contexte international les contraindra avec le risque d’élection de Trump, la dérive à droite des électeurs européens et l’influence chinoise. Sans compter le coût exorbitant, même pour la Russie, de cette guerre en vies humaines et en destruction économique. Les deux populations sont fatiguées.
L’horrible guerre de Gaza (post 84) a duré trop longtemps, mais ni Netanyahou ni le Hamas n’étaient prêt à la suspendre pour négocier un accord durable. Les institutions internationales, minées par les divisions entre les principaux acteurs, n’ont pu imposer un cessez-le-feu. L’espoir renaît enfin avec le plan de paix américain accepté par le Conseil de Sécurité alors que les USA avaient bloqué les précédents. Le revirement de Biden à l’approche des élections US s’explique par la pression des citoyens américains, en particulier des juifs refusant l’abîme dans laquelle Netanyahou entraîne Israël.
Il y a d’autres guerres interminables au Congo et au Soudan, des pays hétéroclites devenus chaotiques par rivalités de chefs de milices financées par divers trafics. Les fauteurs de guerre locaux n’ont aucun intérêt personnel à arrêter la boucherie. Les Etats puissants répugnent à s’engager dans un bourbier par peur d’être accusés de colonialisme. Seule l’action humanitaire perdure. Mais la pacification doit venir des populations en révolte contre les chefs de guerre. En Corée, il n’y eu qu’un cessez-le-feu. Ce n’est pas idéal, mais c’est mieux qu’une guerre à épisodes. L’espoir de réunification porté par beaucoup de familles coréennes a été enterré.
Arrêter les guerres est plus facile quand il y a deux camps bien identifiés dans une logique militaire fondée sur des alliances stables. Dans le contexte actuel, il n’y a ni solution miracle ni communauté internationale capable d’arrêter les guerres. Mais des alliances internationales à géométrie variable peuvent être constituées pour s’imposer aux belligérants en utilisant les ressources institutionnelles existantes.
6 Comment pacifier un XXIème siècle guerrier
Né en 1950, peu après la fin de la deuxième guerre mondiale, j’étais profondément pacifiste dans ma jeunesse. Je reste épris de paix, mais mes voyages et mes réflexions sur les leçons de l’histoire ont tempéré ma naïveté. De plus, face à la machine hitlérienne, il fallait d’abord lutter à l’exemple de mon courageux grand-père. Et je suis profondément reconnaissant à mes frères américains qui nous ont libéré par leur courage et la puissance de leur armée des machines de guerre allemandes et japonaises. Leur détermination a radicalement changé le destin de ces peuples. Leurs pays, après avoir été abreuvés de violence sont devenus des havres de paix où il fait bon vivre, où les femmes sont respectées et où le souci de l’écologie est omniprésent.
Après ces victoires militaires, la guerre froide a permis un certain équilibre de la terreur entre deux grandes puissances, les USA et l’URSS, qui a failli tourner au drame lors de la crise de Cuba. Elles pouvaient dissuader des nations rivales d’entrer en guerre. Dans le monde multipolaire actuel, il y a toujours des Etats influents en rivalité, mais la plupart des peuples et leurs dominateurs rejettent leur ingérence. Le premier ministre israélien n’a pas hésité à défier le président américain pour continuer sa guerre meurtrière et sa population l’a suivi.
En 1966, A. Myrdal fonde l’Institut sur la paix de Stockholm (Sipri). Ses experts ont constitué une base considérable d’informations utiles pour instaurer la paix dans le monde en analysant les ressorts des guerres. Mais comment transformer la connaissance en pouvoir de paix ? La masse d’informations instantanées disponibles permet maintenant d’agir rapidement quand la confrontation entre nations devient dangereuse et peut dégénérer en guerre ouverte. L’opinion mondiale est composite et réactive, plus difficile à manipuler que des populations opprimées et désinformées. Elle peut faire pression sur les politiques, comme pour Gaza.
Quand on a la chance comme moi d’habiter en Europe, il est plus facile d’être un artisan de paix. Ce continent est à la bonne échelle politique pour démontrer les bienfaits de l’absence de guerre et contribuer à la construction d’une paix mondiale. C’est un regroupement d’Etats nations très différents qui ont une longue expérience des guerres et dont les peuples se méfient des discours guerriers.
Les peuples peuvent y débattre librement aux quatre niveaux successifs des individus, des assemblées, des nations et du continent. C’est un antidote efficace à l’endoctrinement asséné par une pyramide de pouvoir. Les collectivités apprennent à construire laborieusement un consensus opérationnel sur les sujets économiques ou sociaux abordés.
Dans ce siècle guerrier, aucune institution politique ne garantit que les hommes ou partis arrivés au pouvoir agiront dans l’intérêt long terme des peuples qu’ils gouvernent. Car il est facile de les endoctriner avant de se faire élire ou de compter sur la passivité des populations pour conserver un pouvoir acquis par la force. La seule solution durable pour l’humanité est de revitaliser notre dimension spirituelle.
7 Un troisième millénaire pour planter la Paix spirituelle
Dans l’histoire biblique plurimillénaire, YHWH avertit par la bouche des prophètes les peuples et leurs dominateurs de menaces qui s’annoncent. Il sait ce qui se passe dans le cœur de chaque homme et aux extrémités de l’univers qu’Il a créé. Il voit mieux que quiconque ce qu’annonce l’avenir. Mais Il ne prédit pas de dates précises ni d’enchaînement de faits, Il a toujours mis en garde contre les devins. Dans les prophéties d’Isaïe, certaines ont déjà réalisées, d’autres attendent encore.
Car Il a créé les humains libres de leurs choix et ils peuvent individuellement et collectivement changer le cours de l’histoire et l’orienter vers un scénario plus favorable. C’est ce qu’Il attend de nous. Dans la Parole de 1977, Il annonce que d’autres nations se libèreront et qu’Il effacera les violences de ceux qui aiment leurs frères et feront la paix avec eux. Dans le Message de 1997 (post 77), Il nous avertit que s’approchent les grandes mutations. Et Il nous rappelle : Aimez mes créatures car Je les ai faites à mon image, au-dessous et pourtant au-dedans de Moi.
Nous sommes à une période charnière et nous devons faire des choix courageux pour laisser un monde pacifié à nos descendants. Sur quelques décennies, l’évolution reste imprévisible, mais à l’échelle des siècles, l’éthique de résistance collective ancrée dans la non-peur et la non-violence (post 85) est la seule solution de paix universelle durable.
Longtemps encore, le monde devra se résoudre à une paix armée afin de dissuader les fauteurs de guerre. Quand les peuples seront enfin capables de résister à l’endoctrinement des puissants, à l’invention d’un ennemi menaçant, la paix entre nations pourra vraiment s’installer partout. La Parole de 1977 prédit « le nuage d’or où les nations s’embrassent ». Car la Paix est plus que l’absence de guerre.
C’est dans nos âmes individuelles que se plante d’abord la paix spirituelle, indissociable de l’amour du prochain, tous les humains. Des consciences éclairées par leur lumière intérieure peuvent construire et animer ces assemblées que la Parole appelle de ses vœux (post 44). Ce ne sont pas des communautés repliées sur elles-mêmes et cherchant à recruter et convertir. Elles travailleront en alliance fraternelle entre croyants et avec les incroyants car Dieu souffle en silence dans leur poitrine pour guider leurs pas vers la Vérité.
Et la Vérité, c’est que le monde doit changer. La Vérité est dynamique, elle transcende les convictions de chacun, variées comme les reflets des roches. Elle s’enrichit des diversités. Dans un monde changé les nations pourront s’embrasser au lieu de se soumettre aux intérêts de leurs dominateurs. Quatre générations ne suffiront pas. Ce sera l’aube du Jour annoncé dans toute la Parole, quand l’univers criera sa liesse et tremblera de plaisir (Parole de 1974, 31/9).
Dans le prochain post, nous parlerons de l’éthique individuelle, socle indispensable pour vivre dans une société pacifiée.