Les guerres contre Israël sévissent depuis l’approbation par l’ONU en 1947 de la partition de la Palestine sous mandat britannique qui sera suivie par la création de l’Etat d’Israël. Celle avec le Hamas fait rage depuis le 7 octobre 2023, après une journée de massacres barbares qui a causé 1200 morts du côté juif et permis l’enlèvement de plus de 200 otages. La percée soigneusement préparée par le Hamas dans le mur de protection qui encercle Gaza a profondément traumatisé tout le monde juif. Les bombardements intensifs de l’armée israélienne qui ont suivi ont fait plus de 10 000 morts à Gaza en détruisant la moitié des immeubles d’habitation et en endommageant des hôpitaux.

L’objectif était d’éradiquer la capacité militaire du Hamas et son infrastructure de tunnels. Contrairement à Israël, il n’y a pas d’abri antiaérien à Gaza. Le Hamas qui l’administre, conformément à son idéologie guerrière, a privilégié les dépenses militaires et aurait réservé la protection de ses tunnels à ses 20 ou 30 000 combattants, en civil pour la plupart, dissimulés parmi les 2,3 millions de gazaouis. Des deux côtés, les victimes sont surtout des civils avec beaucoup d’enfants innocents. Des voix crédibles s’élèvent pour parler de crimes de guerre de part et d’autre.

Les grands médias privilégient la « cause palestinienne » ou la sécurité pour Israël avec des images atroces qui nous bouleversent. Elles montrent les victimes des armes palestiniennes ou israéliennes en fonction de leur audience occidentale ou arabe. Ils condamnent unilatéralement, mais ne proposent pas de chemin vers la paix. Ce blog prend le parti de Dieu, il ne juge pas, il ne condamne pas. Il donne à ses lecteurs des éléments d’information aussi fiables que possible pour qu’ils réfléchissent à ce qu’il est juste et possible de faire pour redonner des espérances de paix aux futures générations.

Sur une autre guerre meurtrière qui sévit actuellement, le post 72 avait été publié en novembre 2022 quand une fenêtre d’opportunité semblait envisageable pour un cessez-le-feu et une négociation possible entre Russie et Ukraine. Leurs dirigeants ont choisi de poursuivre la guerre, espérant une « victoire » ou atteindre leurs « objectifs militaires ». Les ukrainiens se sont référés aux frontières internationalement reconnues plutôt que d’évaluer de manière réaliste le terrain, les forces en présence, et les conséquences humaines de la guerre. Certes, il était vital de stopper définitivement l’impérialisme russe, mais avec l’aide de l’Occident, cet objectif pouvait être atteint autrement. Depuis les victimes s’amoncellent des deux côtés et le pardon et la paix seront beaucoup plus difficiles à atteindre après une génération décimée et traumatisée par la guerre et ses crimes. Cette guerre de tranchées risque d’être longue et meurtrière.

La même rhétorique de victoire militaire est utilisée par Netanyahou qui promet une « victoire » par l’écrasement militaire des forces du Hamas qui administre autoritairement Gaza. La révolte face aux bombardements et l’envie de venger les morts risquent d’amplifier son soutien populaire, comme en Cisjordanie occupée où il est bien implanté. Si une action internationale déterminée n’améliore pas rapidement la situation à Gaza, le Hamas pourrait tirer parti du piège criminel tendu à Netanyahou et recruter facilement de nombreux combattants. Cette impasse militaire peut faire perdre une génération avant de pouvoir ancrer solidement un processus de paix.

Ce post reprend l’histoire longue pour comprendre les sentiments complexes qui influent sur les opinions publiques juives et palestiniennes et donc sur toute paix possible. Que mes lecteurs me pardonnent sa longueur car le sujet ne peut être traité utilement de manière partisane ou superficielle. Quelle Paix établir sans un minimum de justice ? Elle a semblé possible à certains moment clefs, mais il s’est toujours trouvé des idéologues manipulateurs de part et d’autre pour la faire capoter. Entre ces deux ennemis irréductibles, ni Netanyahou, ni le Hamas n’ont intérêt à favoriser la paix qui affaiblirait leur posture politique. Les victimes innocentes pèsent peu sur leurs décisions militaires, au contraire, certains leaders du Hamas ont avoué que faire couler le sang de leur propre peuple servait leur idéologie.

Dieu est intervenu en 1977 pour appeler l’Egypte et Israël à la Paix du Saint.

1 Pourquoi Dieu intervient-Il si rarement dans les massacres provoqués par les humains ?

Dieu intervient partout au niveau individuel par des miracles, la vie est un miracle permanent. Mais par respect pour la liberté humaine et par Sagesse, Il n’intervient ponctuellement dans des guerres que si elles peuvent avoir des conséquences dramatiques pour l’humanité et/ou irréversibles pour Ses Desseins. L’histoire humaine a oublié beaucoup de Ses interventions, mais les Livres sacrés en gardent des traces. Quand Il a aidé les esclaves en fuite guidés par Moïse à échapper à la vindicte meurtrière du pharaon. Ou quand Il a envoyé des anges assister les 300 compagnons de Muhammad que les armées mecquoises menaçaient d’exterminer à Badr en ruinant la possibilité que le Message coranique soit transmis.

Lors des cinq théophanies de 1977, Sa Voix prophétise la guerre d’Afghanistan et annonce Son soutien aux résistants en lutte contre la machine de guerre communiste. Personne n’aurait prédit qu’elle battrait en retraite face à ces hommes défendant leurs terres ancestrales avec un courage admirable. Puis Dieu attire l’attention du témoin au Proche-Orient, et La Voix lui dit « le paro parle à Israël : entre le fer dans ta main. Tu envoies l’aile blanche au paro » (1977, XXV/5). Le témoin Potay finit par comprendre qu’il fallait avertir le président égyptien de l’urgence de faire la paix avec Israël.

Sadate était jusqu’alors un militaire favorable à la guerre, celle des six jours de 1967, puis celle du Kippour de 1972 où la réputation d’invincibilité de Tsahal (l’armée israélienne) avait été écornée, même si elle a finalement repris le dessus. C’était un proche de Nasser, grand avocat de l’idéologie du panarabisme, d’abord orientée contre le colonialisme européen, puis contre le sionisme. Compte tenu de la puissance démographique de l’Egypte et des alliances avec la Syrie et la Jordanie, une nouvelle tentative pour vaincre Israël avait du sens. A l’époque, au plan militaire, l’Etat d’Israël était bien dans une lutte existentielle, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.

Mais Sadate était un homme pieux et il affirmera être « investi d’une mission divine » qu’il accepta au pied de la montagne de Moïse, celle de planter la Paix du Saint. Il tenait fermement l’Egypte et peu après avoir reçu le Message de M. Potay, il fit une visite surprise en Israël et signa un accord de paix avec Begin qui venait d’arriver au pouvoir. Sa décision sera dénoncée par la majorité des Etats arabes et de l’opinion égyptienne, mais la paix tiendra et évitera un embrasement incontrôlable.

A l’heure où on reparle d’une solution politique à deux Etats, méditons ce qu’il dit à Israël : « la paix ne sera réelle que si elle est fondée sur la justice et non sur l’occupation des terres d’autrui. Si vous avez trouvé la justification légale et morale de l’établissement d’une patrie nationale sur un territoire qui n’était pas le vôtre, alors comprenez la détermination du peuple palestinien à établir son propre État dans sa patrie ». Sadate sera assassiné en 1981 par des membres de l’armée appartenant au Jihad islamique égyptien, fondée par d’anciens Frères musulmans qui rejetaient sa politique de paix.

Y. Rabin, prix Nobel de la paix pour son rôle majeur dans la signature des accords d’Oslo, finira assassiné lâchement en 1995 après son discours pour la paix par un extrémiste religieux juif qui portera un coup décisif contre le camp de la paix en ouvrant la voie aux calculs politiques de Netanyahou. Le drame actuel vient affaiblir à nouveau les militants de la paix dans cette région. Quels que soient les événements futurs imprévisibles, il est hautement probable que ces crimes retardent pour longtemps la Paix du Saint qui ne peut s’ancrer que dans le pardon et le dialogue apaisé entre les femmes et hommes.

2 Le contexte historique du drame actuel

Le post 38 a expliqué l’émergence du projet sioniste de Herzl (1860-1904) par le traumatisme des pogroms dans l’empire russe qui séviront entre 1821 et 1917 avec plus de 150 000 morts. En 1914, la Russie comptait encore cinq millions de juifs, la moitié de leur population mondiale, malgré l’émigration de deux millions de juifs, principalement vers les USA et un peu vers la Judée où la communauté juive compte déjà 85 000 personnes sur un total de 700 000, fuyant l’antisémitisme européen.

Son projet fut marqué par les pamphlets et foules haineuses françaises lors du procès Dreyfus en 1897. Il inspirera la déclaration de l’anglais Balfour en 1917 : donner enfin une terre de sécurité pour les juifs. Les discriminations fiscales en Pologne et les restrictions américaines à l’immigration en 1924 conduiront à d’importantes migrations vers la Palestine où la population juive passera de 160 000 en 1929 à 400 000 en 1939 par achat de terres, accentuant la pression sur les populations arabes locales.

L’argumentaire religieux des colons sionistes est fondé sur une interprétation littérale d’un texte biblique forgé très tardivement : la terre de Palestine leur aurait été donnée par YHWH pour punir les populations qui y habitaient et pratiquaient des abominations et ils l’auraient conquise très rapidement. Le peuple juif émigré après la destruction du Temple n’est pas le descendant des douze fils de Jacob devenu Israël, mais le résultat d’un long métissage avec les peuples de la région. Sa langue est de la même famille sémitique que l’arabe des palestiniens qui croient aux prophètes de la Bible et du Coran et revendiquent la même terre. Ces peuples, difficiles à différencier physiquement contrairement à ce que pensent les racistes, sont devenus des frères ennemis.

L’objectif messianique, reprendre un territoire octroyé aux juifs, était inacceptable pour les palestiniens témoins d’un flot croissant d’immigrés juifs. Les violences entre juifs et arabes seront d’abord le fait de milices locales en conflit pour des questions de terre. Elles deviendront un problème régional avec la montée du panarabisme incarné par le Parti Baas.

Il n’y a pas d’autorité religieuse crédible pour tous les musulmans, contrairement aux catholiques et heureusement. Mais certains leaders comme Amine el Husseini, nommé en 1921 « grand mufti » de Jérusalem par les anglais, peuvent jouer un rôle délétère. Il manigança avec Hitler, ils avaient les mêmes ennemis, les anglais et les sionistes. Cet idéologue ambitieux ne se préoccupait guère des drames humains que son aveuglement allait provoquer. Il s’était assuré d’un indéniable prestige auprès de la masse arabe par sa lutte contre les colons européens. Il mène la lutte contre la création de l’État d’Israël et se rend à l’ONU pour refuser le partage de la Palestine qu’il veut réserver aux arabes. C’est un des grands responsables de la guerre de 1948.

La commission Peel organisée par les britanniques après la grande révolte arabe de 1936 proposera une solution à deux Etats se répartissant le territoire. Le projet échouera, mais le 29 novembre 1947, l’ONU adopte la résolution 181. C’est un plan de partage de la Palestine préparant la fin du mandat britannique avec un découpage détaillé des territoires et un statut spécial pour Jérusalem. Il est accepté par les dirigeants du Yichouv (communauté juive en Palestine) malgré l’opposition de l’Irgoun (commanditaire de l’attentat contre l’hôtel King David qui fera 91 victimes) et du Lehi.

Il sera rejeté par la quasi-totalité des dirigeants de la communauté arabe et la Ligue arabe. Certains États arabes déclarent leur intention d’attaquer l’État juif. Déclenchée dès la proclamation de l’Etat d’Israël en mai 1948. La première guerre israélo-arabe à grande échelle aboutit finalement à la débâcle des palestiniens, malgré l’envoi de corps expéditionnaires égyptien, syrien, irakien et jordanien en Palestine. Des armistices seront signés en 1949.

Ses conséquences seront durablement dramatiques pour la paix dans la région : c’est al-Nakba pour les Palestiniens, la Catastrophe. Plus de 700 000 palestiniens arabes auront quitté leur terre ancestrale par peur de la guerre, des milices juives ou contraints par le pouvoir israélien. Ces réfugiés et leurs descendants constituent 80% de la population réfugiée à Gaza. Les relations entre arabes et musulmans s’envenimeront. Entre 1948 et 1998, le Maghreb, le Machrek et l’Irak se vident de leurs habitants juifs qui passent de 784 000 (dont 500 000 au Maghreb) à moins de 10 000.

La cohabitation millénaire entre arabes et juifs disparait et l’antisionisme se développe dans le monde arabe. Pourtant les persécutions séculaires contre les juifs furent d’abord celles des nations européennes soi-disant chrétiennes. C’est la cause initiale de ces conflits qui n’ont cessé de s’envenimer et du drame interminable qui deviendra la « cause palestinienne ».

3 Des résolutions de l’ONU après 1948 et des accords de paix piétinés

Le 11 décembre 1948, l’ONU adopte la résolution 194 qui décide de : « permettre aux réfugiés qui le désirent de rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et de vivre en paix avec leurs voisins, et que des indemnités doivent être payées à titre de compensation pour les biens de ceux qui décident de ne pas rentrer dans leurs foyers et pour tout bien perdu ou endommagé lorsque, en vertu des principes du droit international ou en équité, cette perte ou ce dommage doit être réparé par les Gouvernements ou autorités responsables ».

Par mépris ou provocation, le gouvernement d’Israël introduit des ordonnances sur la « propriété des absents ». Elles permettent de confisquer les terres présumées abandonnées à la suite de la guerre et de les transférer aux autorités israéliennes. Elles ne seront utilisées que pour ses citoyens juifs. Au fil des guerres gagnées par Tsahal en situation de légitime défense, Israël étendit son emprise territoriale. Ses gouvernements ignoreront la résolution 242 de l’ONU demandant de revenir aux frontières de 1967. Dans ces conflits, c’est la logique de la force qui a prévalu, jamais le droit international.

Après la paix de 1977, le Hamas fut créé simultanément à la première Intifada de 1987 une flambée de violence à Gaza consécutive à l’oppression par l’Etat d’Israël. Pour le Haut-Commissaire des Nations Unies des droits de l’homme : « imposer un siège total qui met en danger la vie des civils en les privant de biens essentiels à leur survie est interdit par le droit international humanitaire ». Des politiciens israéliens ont reconnu avoir soutenu indirectement le Hamas pour contrer l’OLP et torpiller la possibilité d’un Etat palestinien.

Les accords d’Oslo, signés en 1993 sous l’égide de Clinton, redonnèrent l’administration du territoire à une Autorité palestinienne. Après la deuxième intifada, Sharon décida en 2005 d’évacuer les 10 000 juifs des colonies de Gaza qu’il avait autorisées. Certains colons rêvent encore d’y revenir. En rivalité avec l’OLP, le Hamas obtint 44% des voix aux élections de 2006, prit le pouvoir par la violence et lança des affrontements armés avec Israël en 2008, 2012, puis 2014.

L’idéologie guerrière du Hamas est proche de celle de Qutb, qui écrivit au début des années 1950 l’opuscule toxique « Notre combat contre les Juifs ». Une partie de la nébuleuse des Frères musulmans a dérivé vers un islamisme violent, très différent des idées de leur fondateur de 1928, Hassan el-Banna, sous l’influence d’idéologues comme Qutb. L’armée israélienne envahit Gaza en 2014 pour détruire les tunnels, en vain. Le Hamas avait solidement installé son emprise sur la population et en fit creuser d’autres au lieu d’investir l’argent de l’aide internationale pour offrir des perspectives économiques à cette population jeune. Ses dirigeants vivent très confortablement ailleurs et le Hamas est accusé de prélever 20% sur tout ce qui entre dans la zone.

La corruption est un problème endémique dans la région, même en Israël, où Netanyahou est poursuivi par la justice. Du côté palestinien, l’OLP est gangrenée par la corruption et Abbas a perdu toute crédibilité en se montrant incapable de freiner les ardeurs colonisatrices du pouvoir israélien. Il a annulé des élections prévues il y a deux ans alors que les sondages donnaient la victoire à Barghouti, qui croupit depuis vingt ans dans les prisons israéliennes, devant le Hamas qui continue à s’implanter en Cisjordanie.

Des instituts de sondage arabe donnaient un soutien au Hamas avant les massacres du 7 octobre à moins de 25%. Il est possible que la décision des dirigeants du Hamas de déclencher ce massacre anticipait une réaction de vengeance meurtrière du gouvernement israélien pour remonter dans les sondages. Barghouti pourrait peut-être offrir une solution politique relativement consensuelle pour les palestiniens ? Il n’est pas entaché comme le Hamas d’accusations de corruption.

La surenchère guerrière reste de règle entre le Hamas et le Djihad islamique palestinien. Comme d’autres groupes armés qui se forment en Cisjordanie, ils sont armés par l’Iran qui finance aussi les houthistes et le Hezbollah avec ses 100 000 combattants et 150 000 roquettes. Leurs Chartes et déclarations montrent que leur objectif avoué ou implicite reste l’anéantissement de l’Etat d’Israël et donc la déportation de tous les juifs qui survivraient.

Netanyahou arrive au pouvoir dès 1996 et y revient en 2009 en s’alliant avec l’extrême droite, les partis religieux soutenus par les colons. Il permet l’implantation de nouvelles colonies en Cisjordanie, de check points militaires et de murs qui morcellent la Cisjordanie. Certains colons expriment ouvertement leur projet de bouter tous les palestiniens de Cisjordanie vers la Jordanie et d’en faire de même pour les gazaouites vers l’Egypte. Ce projet odieux déstabiliserait ces deux pays et tout le monde arabe.

Certains responsables israéliens rêvent de réaliser cet objectif en rasant Gaza. Un ministre désavoué par la suite a même déclaré qu’il envisageait l’utilisation d’une arme atomique. Depuis la Shoah, le peuple juif sait qu’il doit d’abord compter sur lui-même pour se défendre en se préparant à toute éventualité. La logique militaire est compréhensible pour un pays encerclé par des pays hostiles et menacé par la dictature cléricale iranienne (post 74 et 75) Mais l’amalgame avec l’idéologie des ultra-orthodoxes et des colons est calamiteuse.

4 Que dit la Parole dans la Bible et le Coran ?

Pour nos frères juifs, même athées, on peut leur rappeler ce que dit la Bible dans le Lévitique 19/18 « Tu ne te vengeras point, et tu ne garderas point de rancune contre les enfants de ton peuple, c’est ainsi que tu aimeras ton prochain comme toi-même ». La réaction israélienne au 7 octobre ressort davantage de la vengeance qualifiée de « représailles » que de la bonne stratégie militaire. Deut. 32/35 ajoute : « à moi la vengeance et la rétribution…l’Eternel jugera son peuple ; mais il aura pitié de ses serviteurs, en voyant que leur force est épuisée ». Or nul ne peut nier que le juif comme le musulman sincère se voient comme serviteurs de Dieu. Mais quand seront-ils épuisés de s’entretuer ?

Et pour ceux qui sont indifférents aux non-juifs, voici Lév. 19/33 : Si un étranger vient séjourner avec vous dans votre pays, vous ne l’opprimerez point, vous l’aimerez comme vous-mêmes, car vous avez été étrangers dans le pays d’Egypte. Cette injonction est confirmée en Exode 22/21 et renforcée dans Deut. 27/19 : Maudit soit celui qui porte atteinte au droit de l’étranger, de l’orphelin et de la veuve ! Et tout le peuple dira : Amen ! Et en Deut. 24, « Tu ne biaiseras pas avec le droit d’un émigré ou d’un orphelin…si tu fais la moisson dans ton champ et que tu oublies des épis, ne les ramasse pas, ils seront pour l’émigré, l’orphelin et la veuve ». Or, sous la pression de l’idéologie d’extrême droite d’une partie de l’électorat de Netanyahou, l’Etat d’Israël fait de ses deux millions de citoyens arabes des minorités opprimées sur leurs terres ancestrales.

L’Evangile prêché par Jésus en Palestine n’est pas recevable pour les rabbins, mais il l’est pour les imams et la force de son Message de non-violence (« tends l’autre joue ») et d’amour pour les ennemis est un sommet de l’Ecriture. « J’étais étranger et vous m’avez recueilli » (Mat. 25, 35). Dans l’Evangile comme dans le Coran, le pardon des offenses est central (les sourates du Coran commencent par rappeler que Dieu pardonne).

Pour nos frères musulmans, voici le Coran : « Nous avons prescrit aux fils d’Israël que quiconque tue quelqu’un n’ayant commis ni meurtre, ni oppression, c’est comme s’il tuait tout l’humanité » (5/32). Un musulman devant suivre les enseignements de Moïse et Jésus au même titre que ceux de Muhammad, il est directement concerné. « Combattre est permis à ceux qui ont été lésés, parce qu’ils ont été injustement opprimés – Dieu est puissant pour les secourir – et à ceux qui ont été chassés injustement de leurs maisons Si Dieu n’avait pas repoussé certains hommes par d’autres, des ermitages auraient été démolis ainsi que des synagogues, des oratoires et des mosquées où le Nom de Dieu est souvent évoqué. » (22 : 39-40).

La lutte armée est donc acceptable en cas de légitime défense ou d’oppression avérée. Mais le massacre des jeunes de la rave party ou des habitants des kibboutz voisins ne relève en aucun cas des situations évoquées par le Coran. Il prouve la haine et l’aveuglement où sombrent des esprits endoctrinés par des idéologues et leur barbarie quand on leur donne des armes.

L’exemple donné par le prophète Muhammad dans son contexte est la référence absolue dans le monde musulman. Il fut confronté à l’oppression criminelle des clans de La Mecque en position de force et peu disposés à la compassion. Il consolida patiemment et sagement la position de ses compagnons, proposa la paix et quand elle fut refusée, il passa à la lutte armée et réussit à vaincre les clans mecquois malgré leur avantage numérique. Il pardonna à ses ennemis les plus féroces et quand l’objectif de renverser l’oppression fut atteint, la paix islamique régna dans cette péninsule arabique jusqu’alors très conflictuelle.

Or dans le contexte de la Palestine, la posture de mouvements guerriers comme le Hamas et le Djihad n’est pas de dissuader leur ennemi ou de faire cesser l’oppression. Ils veulent opprimer les juifs s’ils les dominent militairement ce qui est de toute évidence impossible. Ces petits groupes font face à un peuple déterminé à se défendre et Tsahal avec 170 000 hommes est suréquipée. Beaucoup de réservistes parmi les 460 000 disponibles, hommes et femmes à égalité, ont été rappelés.

Ces mouvements guerriers acculent leur propre peuple à une logique de violence et de vengeance sans fin des deux côtés. En 41/34, le Coran nous dit : « Le mal n’est pas égal au Bien. Repousse le mal par ce qui est meilleur, et voilà que celui qu’une hostilité séparait de toi devient un ami ». L’oppression est un mal, il ne sera pas vaincu par un autre mal, la violence aveugle qui tue des victimes civiles innocentes comme celle des barbares du 7 octobre.

J’ai le souvenir d’un échange comme professeur en master d’école de commerce avec des étudiants de divers pays. Ils me demandaient mon avis alors que les roquettes et obus pleuvaient. Je leur dis que je récusais toute forme de violence aveugle et que la terreur d’une mère palestinienne entendant les sifflements des armes valait bien celle d’une mère israélienne. Mon mail fut rapidement bombardé de commentaires me traitant de traître à la cause palestinienne ! S’émouvoir de son fauteuil, condamner, prendre parti est mieux vu dans ce monde mais ne fait pas progresser la paix.

5 L’impasse politique et juridique

L’Etat d’Israël est une « démocratie » sans Constitution. La Déclaration d’établissement de l’Etat d’Israël de 1948 a longtemps été sa référence juridique. Elle promet « une complète égalité de droits sociaux et politiques à tous les citoyens sans distinction de croyance, de race et de sexe ». Depuis le retour au pouvoir de Netanyahou et de la clique qui le soutient, ces grands principes ont été bafoués.

Il y a des élections avec leur lot de mensonges, puis des négociations entre partis juifs pour nommer le premier ministre. Netanyahou fit voter la loi de 2018 proclamant Israël comme État-nation où le « droit à exercer l’auto-détermination nationale dans l’État d’Israël est propre au peuple juif » et qui « encouragera et promouvra le développement et la consolidation de l’implantation juive ». Ses tentatives récentes de réduire les pouvoirs de la Cour Suprême font d’Israël une démocratie en danger. Le contexte social est explosif : Israël est un état juif où les citoyens les plus pauvres sont plutôt les arabes. Les tribunaux rabbiniques, souverains pour les questions de mariages, font tout pour empêcher les couples mixtes.

Plus d’un million de juifs ont fait leur aliyah (retour) depuis 1948. L’Etat d’Israël limite maintenant l’immigration, mais l’évolution démographique favorise nettement les arabes, plus jeunes et au fort taux de fécondité. Sur le territoire historique de la Palestine, il y a environ 6,8 millions de juifs et presque autant d’arabes, dont près de 2 sont citoyens israéliens auxquels s’ajoutent plus de deux millions en Cisjordanie et autant à Gaza. Il y aurait environ 3 millions de descendants des réfugiés palestiniens de 1948 dans les autres pays, beaucoup en Jordanie mais pas en Egypte.

Il est difficile d’estimer le nombre de juifs vivant en dehors d’Israël, 15 à 24 millions suivant le sens donné à ce mot dont 6 à 10 millions aux USA et 5 à 600 000 en France. Il y a surtout une multitude, la « rue arabe », facilement inflammable, près de 400 millions de musulmans arabes dont 100 en Egypte, au Maghreb ou dans les Etats du Moyen Orient. Sans compter les grands pays musulmans non arabes du voisinage comme la Turquie ou l’Iran ou ceux d’Afrique ou d’Asie.

Du côté des Etats, une coalition d’Etats arabes pour faire la guerre contre Israël n’est heureusement plus envisageable pour de nombreuses raisons. Les seuls ennemis avérés sont l’Iran tant que la dictature cléricale chiite est en place et à un moindre degré la Syrie, surtout via les milices armées qui y restent actives. L’Irak et le Yémen sont traditionnellement hostiles à Israël mais ont trop de problèmes internes pour s’impliquer dans une guerre à grande échelle. Seules les milices houthistes ont un pouvoir de nuisance.

Les pouvoirs en place sont plutôt autocratiques, habitués à contrôler la rue. Mais ils doivent gérer leur opinion publique remontée contre l’Occident colonisateur auquel l’Etat d’Israël est malheureusement assimilé. La fin de la dictature cléricale iranienne peut réduire les risques d’embrasement, mais le risque d’un changement de pouvoir en Egypte et donc de politique régionale existe. Si l’injustice faite aux palestiniens est prise à bras le corps, la situation régionale pourrait être apaisée.

Il est urgent d’agir. Selon Amnesty International, les massacres de civils par le Hamas comme le blocus actuel de Gaza, sont des crimes de guerre. Son rapport de 2022 qualifiait « le système mis en place par l’État israélien à l’encontre de la population palestinienne de crime d’apartheid ». En 2021, la Cour pénale internationale a ouvert une enquête sur la situation dans les territoires palestiniens occupés et dans la bande de Gaza. Son mandat porte sur les crimes de droit international commis par toutes les parties au conflit, ainsi que sur le crime contre l’humanité que constituerait un apartheid à l’encontre des Palestiniens.

C’est l’opinion de Benjamin Pogrund exprimée dans Haaretz. Il avait vécu l’apartheid en Afrique du Sud et fut membre de la délégation israélienne contre le racisme. Longtemps défenseur de la politique israélienne, il pense maintenant que la dérive vers l’apartheid est avéré. Il cite le refus du fonds national juif qui possède 13% des terres de vendre ou louer aux non-juifs.

Le mot d’ordre du début de l’OLP, du Hamas ou du Djihad islamique était d’abattre l’Etat d’Israël. Ce qui implique (puisqu’il s’est défini comme état juif) de massacrer ou de déporter la totalité ou presque de la population juive. C’est cette idéologie criminelle qu’il faut éradiquer en s’appuyant sur le Coran ou sur le respect de la vie des innocents. Plus d’un million des descendants des expropriés de 1948 sont à nouveau contraints de quitter leurs domiciles dévastés et dans une incertitude totale. Ce contexte ne peut que produire dans les jeunes générations des individus prêts à tout pour se venger et facilement manipulables par les idéologues de mouvements bellicistes.

Sur le terrain, la situation est alarmante. Du côté israélien, la logique militaire prévaut sans aucune perspective politique et le pouvoir d’influence du grand allié américain est faible. Pourtant l’opinion publique juive devrait comprendre à la lumière des faits que le discours sécuritaire a échoué. Israël ne peut vivre en paix que s’il fait les efforts nécessaires pour rendre justice aux palestiniens qui n’oublient pas le drame de 1948 et ses campements de tentes improvisées.

Il faut voir les images de l’époque pour comprendre leur traumatisme transmis aux générations suivantes, comme celui de la Shoah a été transmis aux descendants des victimes. C’est la référence dont se servent les idéologues du Hamas pour museler toute voix dissidente du côté palestinien? C’est un peuple jeune dont on peut espérer qu’il se libérera de l’engrenage d’une vengeance sans fin.

6 La solution spirituelle : combien de générations pour la Paix en Terre Sainte ?

La Parole de 1974-1977 récuse les pouvoirs religieux et politiques et leurs négociations alourdies d’arrière-pensées. Elle appelle à un travail de rapprochement des cœurs pour construire des solutions pacifiques et équitables en constituant des assemblées nouvelles libres de tous pouvoirs religieux. Elles travailleront en alliance fraternelle (1974, 35/11) avec les assemblées existantes des synagogues et celles des musulmans. L’objectif ultime est que les nations s’embrassent et que le monde devienne un nuage d’or (1977, XIX/22). C’est une feuille de route, c’est aux humains d’avancer, quatre générations ne suffiront pas.

Quand Dieu en 1977/XXV appelle Sadate à planter la Paix du Saint, Il ne prend pas parti et renvoie dos à dos les ennemis et leurs guerres féroces : « Je porte ton œil (où) guerre le poil épais ; Sarbal, Moussa (le Sinaï) ferrent Yërouch’lim (Jérusalem), les murs pleurent, (ils) appellent « Al », l’œil voit l’œil, (se croit) dans Mon Eau (et crie) « Mauvais, mauvais ». Chaque camp dénonce l’autre et appelle « Al ! » (Allah et Elohim ont la même racine) à son secours. Mais ce qui préoccupe le Créateur et devrait nous motiver, c’est que cessent les drames, les crimes et que vienne la Paix.

Les mondes politique et médiatique se querellent sur les mots, apartheid, terrorisme, pogroms, crimes de guerre, génocide… En Israël, la liberté d’expression existe et des voix s’élèvent courageusement pour utiliser des mots forts. L’avocat M. Sfard dans Haaretz parle de « crimes de guerres, qu’ils soient commis à la kalachnikov depuis des pick-up ou devant le tableau de bord d’un hélicoptère de combat » et le professeur d’histoire R. Segal évoque dans les colonnes de Jewish Currents un « cas classique de génocide » à propos des bombardements de Gaza.

Le mot génocide, martelé maintenant par la chaîne Al jazeera, est injustifié car il implique l’intention de massacrer tout un peuple. C’était bien le cas des nazis, mais la Turquie le contesta à propos des massacres des arméniens par les jeunes turcs. Dans le cas d’Israël, ce qui pose problème, c’est le peu de cas fait des victimes civiles face à l’objectif militaire d’anéantir le Hamas. Ses guerriers ne sont qu’environ 1% de la population où ils peuvent se fondre.

Les querelles sémantiques sont causes de blocages politiques. Lors du récent Sommet du Caire pour la paix, l’Irak qualifiait le Hamas de mouvement de résistance mais refusait le qualificatif terroriste. L’UE tenait à l’employer. Aucun communiqué commun n’a pu être publié, seule le sujet de l’aide humanitaire a un peu progressé. Les juristes des Cours et les policiers travaillent pour qualifier les crimes, chercher et de punir les coupables. Ce processus dissuade rarement la violence et ne suffit pas pour établir la paix.

La solution pour sortir de l’impasse actuelle sera longue à faire émerger sur place, au milieu de la fumée de la guerre et des cris des victimes et des endeuillés. Pour appeler nos frères juifs et musulmans à se resourcer à la Parole, aux textes sacrés qu’ils vénèrent, il faudrait trouver des leaders d’opinion qui déconstruisent les idéologies bellicistes qui n’ont cessé de prouver leurs échecs. Des Gandhi palestiniens qui imaginent des solutions de résistance efficaces et non violentes, des De Gaulle israéliens qui imposent une décolonisation de la Cisjordanie.

On reparle d’une solution à deux Etats, mais s’ils en restent à la confrontation permanente et aux dérives guerrières, la Paix du Saint sera repoussée. Israël est devenu une société riche, mais sa puissance ne peut servir à écraser les faibles. Un jour, les pouvoirs idéologiques en place en Iran et en Israël passeront, mais l’Appel à la Paix de la Parole restera. Elle implique l’équité pour alléger le drame des palestiniens dont le développement économique demandera du temps, de l’argent et une saine gestion.

Des initiatives favorables à une paix durable peuvent venir un peu de l’Europe (post 90), mais surtout des USA et des Etats du Golfe. L’Arabie Saoudite est à la fois une puissance économique et militaire. Son rôle de gardien des lieux saints de l’Islam lui donne une aura dans l’ensemble du monde musulman et le prince héritier Mohammed ben Salman (MBS) a bien en main le pouvoir sur son pays. Il pourrait comme Sadate en 1977 prendre une initiative déterminante pour planter une paix régionale.

Le sommet du 11 novembre réuni par MBS (https://www.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/israel-palestine/arabie-saoudite-un-sommet-consacre-a-gaza-organise_6179418.html) confirme le leadership que l’Arabie Saoudite peut prendre. Le communiqué final exige l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes et rejette l’argument de la légitime défense. Il demande au Conseil de sécurité des Nations unies d’adopter une résolution contraignante en ce sens et appelle à une résolution de l’ONU pour une solution à deux Etats.

Les négociations politiques ne seront pas faciles. Elles dépendront de ce que les israéliens et les palestiniens accepteront et de la position des USA. Toute guerre aboutit un jour à un cessez-le-feu, mais elle peut reprendre. Donc quel chemin de Paix au Proche Orient peut-on envisager au bénéfice des futures générations ? Ce sera l’objet du post 90. Comme tous les posts de ce blog, il pourra être modifié en fonction des événements et des commentaires.