Le drame vécu par les palestiniens et les israéliens nous touche au cœur mais la Paix semble lointaine. Ce blog est écrit pour les générations qui viennent, dans une perspective spirituelle sur le temps long, car un Jour pour Dieu et comme mille ans pour l’homme. Or, pour comprendre le christianisme et l’islam, il faut aller au-delà même du millénaire passé. L’agenda économique, politique ou journalistique est sur un temps très court, mais même en pleine guerre, il est sage de réfléchir. Comment reprendre résolument le chemin de la Paix en évaluant la situation avec un regard spirituel ?
En 1997, dans un Message de Dieu cité dans le post 88, le Créateur nous avertit : « les temps ont changé et s’approchent les grandes mutations ». L’actualité qui s’accélère confirme cette prophétie et les prévisionnistes de toutes disciplines sont dans le brouillard le plus épais. Nous commençons seulement à comprendre certains de ces bouleversements sans en mesurer toutes les conséquences, comme le changement climatique. Mais nous connaissons certaines des mesures que l’humanité doit impérativement prendre sans tarder comme la pacification des relations humaines.
Les guerres sont un désastre humain et écologique qui n’a malheureusement jamais cessé, mais celles de ces derniers temps montrent un bouleversement radical des conflits car il n’y a plus de grandes puissances ou blocs d’alliance capables de peser sur des belligérants et l’ONU est souvent impuissante. Les Etats dotés de l’arme nucléaire sont devenus nombreux, et de nouvelles armes facilitent les guerres asymétriques avec des moyens accessibles pour des groupes de faible taille ou des armées modestes qui peuvent déstabiliser ou faire reculer de puissantes armées. Les circuits d’argent sale n’ont jamais aussi bien fonctionné et financent facilement les rebelles assis sur des matières premières.
Des situations iniques comme celle des palestiniens au Proche Orient que les grands de ce monde croyaient pouvoir ignorer peuvent ressurgir et déstabiliser une partie de cette planète. La Parole de 1977 nous avait averti du risque, il est donc urgent d’apaiser rapidement ce conflit complexe qui s’envenime. Or des acteurs majeurs de la scène géopolitique ont intérêt à ce que la guerre se prolonge, comme l’Iran et la Russie et il en est de même des belligérants locaux, le Hamas et le gouvernement de Netanyahu.
Repartons de la décision de l’ONU de 1948 citée au post précédent, la résolution 194 de : « permettre aux réfugiés qui le désirent de rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et de vivre en paix avec leurs voisins, et que des indemnités doivent être payées à titre de compensation pour les biens de ceux qui décident de ne pas rentrer dans leurs foyers…en vertu des principes du droit international ou en équité ».
Après 75 ans de guerres épisodiques, qu’est-il raisonnable d’envisager en 2023 ?
1 Ces peuples entraînés dans un logique de guerre peuvent-ils être ramenés à la raison par la Parole ?
Probablement pas dans cette génération à part une infime minorité agissant pour la Paix du Saint d’Israël, YHWH, Qui est aussi le Révélateur du Coran, Allah. Les événements de ces dernières décennies ont pesé lourdement sur les opinions publiques locales. Un sondage récent montre que 58% des palestiniens interrogés sont favorables à la « lutte armée » contre Israël où l’union nationale s’est faite autour de la logique de guerre comme le prouvent les réservistes qui ont afflué de partout.
Le Sunday Times du 22 octobre cite un jeune homme en larme près de Bethléem assistant aux funérailles d’un adolescent de 14 ans tué par les soldats israéliens lors d’une descente : « Ce sont des bêtes sauvages, ils veulent nous tuer ». A proximité, dans une colonie, une famille fait le deuil de leur fille de 23 ans tuée lors de la rave party du 7 octobre, et sa mère dit : « Ces gens-là sont comme les allemands pendant l’Holocauste, ce ne sont pas des êtres humains. Il faut les détruire, tous sans exception. Les petits, les grands, les aînés, les frères, les sœurs, les mères. Ils descendent tous du Mal, il faut les rayer de la surface de la terre, comme les Amalécites ». Mauvais, mauvais, nous dit la Parole de 1977.
Les excès de langage lors d’un deuil sont excusables, mais cette analogie avec des animaux a aussi été utilisée par des officiers israéliens. Cette thématique de « guerre existentielle », comme si quelques dizaines de milliers de combattants mal armés pouvaient rayer Israël de la carte, est reprise par un porte-parole de l’armée pour refuser l’idée de toute trêve humanitaire en exigeant la libération préalable de tous les otages. Or la possibilité de les échanger moyennant la libération de prisonniers qui croupissent dans les prisons israéliennes a été d’abord refusée par son gouvernement. Nous sommes aussi en pleine guerre de communication.
Les calculs politiques sordides ont certainement joué dans la décision de lancer l’attaque du 7 octobre afin de torpiller la normalisation en cours entre Israël et des Etats du Golfe et de casser les relations déjà établies après les accords d’Abraham ou de plus longue date. Mission réussie pour ces criminels avec un impact qui touche jusqu’en Amérique du Sud à la suite du géant brésilien.
Dans les générations qui suivront, une cohabitation harmonieuse entre juifs et arabes peut être espérée avec un retour partiel et progressif de familles des déplacés de 1948. Mais le retour en masse des descendants de réfugiés devenus très nombreux serait explosif et inacceptable pour les juifs qui ont depuis très longtemps organisé leur vie locale. Il faut d’abord leur proposer une indemnisation adaptée à leur situation, il y a toujours de l’argent pour la guerre, il devrait y en avoir pour la paix ! Quant aux familles particulièrement attachées à leur terre ancestrale qui la refuseront, nos frères juifs devraient les comprendre en se souvenant de la vigne de Naboth (1 Roi 21) qui refuse de la céder au roi Achab même contre une terre meilleure : « que YHWH m’ait en abomination si je te cède l’héritage de mes pères ». La reine Jézabel le fera assassiner et le roi sera réprimandé par le prophète Elie.
Le Créateur a prodigué la richesse aux fidèles de Muhammad : « du sable du désert, J’ai fait jaillir pour eux la richesse et la puissance » (Parole de 1974, 2/9). Les puissances pétrolières locales ont tout intérêt à promouvoir une pacification durable. En coordination avec le savoir-faire technologique et gestionnaire de l’Occident, les richesses bien utilisées de ces Etats pourront faire des merveilles pour les générations futures au lieu d’être déviées dans les achats d’armes meurtrières. Toutes les sociétés musulmanes sont majoritairement faites de jeunes qui ont besoin de perspectives d’avenir.
2 Que peuvent faire les grands de ce monde dans leur logique politique ?
La Russie a été incapable de soutenir son allié arménien dans la guerre avec l’Azerbaïdjan et la Chine ne se préoccupera pas des palestiniens tant que ses intérêts économiques ne sont pas en jeu, seule la rivalité avec les USA peut les unir. Quant à l’Europe, c’est une puissance économique et financière, elle joue un rôle humanitaire important partout dans le monde, mais ses moyens militaires et son audience diplomatique sont limités. Et l’ONU avoue son impuissance.
Les USA restent donc l’acteur déterminant pour rétablir la paix en Palestine : ils disposent d’une supériorité militaire écrasante et ont aidé Israël à construire une armée puissante écartant le risque d’être rayé de la carte, mais leurs tentatives pour établir la paix ont jusqu’à présent échoué. Comme le prouvent les derniers développements, ils restent souvent impuissants pour limiter les crimes de guerre. Biden est un homme courageux, intelligent et déterminé, il était allé sur le terrain enquêter sur les bombardements criminels de l’armée serbe et avait réussi à convaincre Clinton d’y mettre un terme, mais il avait eu moins d’influence sur les hésitations d’Obama. Face au magma républicain majoritaire au Congrès, il n’a pas les mains libres pour sa politique internationale, même s’il a pu envoyer une partie de sa flotte à proximité avec un effet dissuasif certain sur le Hezbollah et l’Iran.
L’opinion américaine pèsera sur celle des juifs résidant sur place et elle commence à évoluer avec l’érosion du soutien au Likoud et les manifestations des juifs américains pour la paix. Un clivage entre générations se forme, avec une majorité d’américains de moins de 34 ans qui se déclarent hostiles à l’envoi d’armes à l’Etat d’Israël alors que les plus âgés pensent qu’il faut continuer l’aide militaire.
Les USA sont un pays de liberté religieuse, très majoritairement chrétien où ni les juifs, ni les musulmans n’ont été opprimés pour leur religion, avec près de 4 millions d’arabes, majoritairement chrétiens. La situation géopolitique des USA est très complexe ainsi que son agenda interne avec les élections de 2024 ou pèse la menace du retour de Trump pour qui 10 000 pasteurs font du prosélytisme messianique. Le directeur de l’association Faithfull America nous dit : « Le nationalisme chrétien, celui des blancs en particulier, est sans doute la plus grande menace qui pèse sur la démocratie américaine ».
Très tardivement la société américaine a pris acte des injustices de l’esclavage et du racisme et dédommagé parcimonieusement leurs descendants. Elle a tardé à protéger les juifs de l’holocauste nazi, car dès 1942 l’information de l’assassinat d’un million de juifs par les nazis avait été publiée dans le New York Times (un petit article dans les pages intérieures). Il n’est jamais trop tard pour bien faire, mais l’impératif de lutte contre l’ignorance, l’orgueil nationaliste et les préjugés des extrémistes de droite est plus que jamais d’actualité partout en Occident.
Un chemin de paix ne pourra donc être déblayé que par les acteurs majeurs, le peuple juif, le peuple israélien quels que soient leurs représentants ou mandataires suffisamment soutenus par leur opinion publique, les USA et les Etats de la Ligue arabe, Arabie Saoudite en tête. Les européens, bien qu’impliqués dans ce conflit en raison des importantes minorités qui vivent dans leurs pays, n’auront guère leur mot à dire sur les négociations, en particulier cette solution à deux Etats dont on reparle enfin et à juste titre. Que peuvent-ils donc proposer ?
3 Quelles initiatives peuvent prendre les européens au plan économique et financier ?
Après des siècles de barbarie guerrière orchestrée par leurs pouvoirs, les européens ont enfin commencé à donner plus de valeur à chaque vie humaine, c’est une bonne chose car chaque être vivant est un espoir pour toute l’humanité. La priorité est bien de sauver des vies maintenant et partout sur cette planète. Plus tard, l’absurdité des haines collectives pourra être comprise ailleurs dans le monde par les générations qui viennent qui choisiront la Paix du Saint. Mais le rapport des européens avec la guerre et la mort est devenu ambigu.
Comme l’a brillamment détaillé Jean Baudrillard, un des rares philosophes politiques français de terrain, dans « L’échange symbolique et la mort », l’Occident matérialiste a tout fait pour soustraire à notre regard la mort physique avec pour conséquence notre peur viscérale de la mort, un événement individuel inéluctable auquel la sagesse appelle à se préparer. Pourtant, même si des athées refusent cette réalité comme non prouvable, la vie continue dans l’âme. En contrepoint, les médias occidentaux nous abreuvent de scènes sanglantes et les films de crimes virtuels alors même que les armes de guerre sont partout. Ce monde est devenu anxiogène pour la plupart des européens dont les peurs sont instrumentalisées par les extrémistes. Poutine en a joué.
L’Europe est généreuse, mais au Proche Orient une partie de son aide est détournée et surtout beaucoup de ses investissements en infrastructures, écoles ou hôpitaux sont détruits par les guerres. Elle doit trouver un moyen intelligent pour que l’argent de ses contribuables soit plus utile dans cette région et dépasse l’aide humanitaire d’urgence. Les européens peuvent d’abord proposer de cofinancer un fonds international d’indemnisation des déportés de 1948 dans l’esprit de la résolution 194. Par cette initiative, les européens ne demandent aucune contrepartie, mais affirment qu’il est aussi de leur responsabilité de trouver une solution digne pour nos frères palestiniens. J’aimerais qu’un retour partiel des réfugiés prévu par cette résolution soit possible, mais cela ne dépend pas des européens et ne sera envisageable que beaucoup plus tard.
Car les européens, russes compris, ne peuvent se dédouaner de leurs responsabilités historiques lors du dernier millénaire dans l’oppression de nos frères juifs et arabes dans l’Europe des églises catholiques, orthodoxes ou protestantes. Nous sommes devenus riches en partie au détriment des opprimés, des juifs dont les biens ont été confisqués, comme des africains et des arabes dont les ressources ont été pillées. Nos générations doivent s’assurer que la lutte contre l’antisémitisme et l’islamophobie perdure afin que nos frères juifs et arabes vivant ici se sentent protégés contre la haine des ignorants extrémistes quelle que soit l’idéologie qui les manipule.
L’Europe peut aussi prendre l’initiative d’élaborer, sous l’égide de l’ONU ou par accord entre des pays occidentaux et des Etats du Proche Orient un plan de développement ambitieux pour sortir du sous-développement économique les jeunes palestiniens dont la moitié sont sous le seuil de pauvreté. Nous savons à quel point l’aide de nos amis américains avec le plan Marshall nous a été précieuse et nous ne l’oublions pas. Ce plan implique au préalable de trouver une solution politique pour prévenir les guerres.
4 Et que peut faire au plan spirituel une France très laïcisée ?
Une paix spirituelle, n’est pas l’apanage des religions et des croyants. L’histoire enseigne souvent le contraire et les religions n’ont pas le monopole de leurs textes sacrés qu’on peut leur opposer. Les valeurs de la très laïque République française (post 85) sont éminemment spirituelles.
La France est à tous points de vue un pays de taille moyenne (démographique, économique, financier…) or le rayonnement de ses valeurs n’est pas une question de chiffres mais d’exemplarité. Elle traîne deux casseroles de son histoire du siècle dernier, l’antisémitisme devenu odieux sous le régime de Vichy avec ses rafles de juifs et celle d’une colonisation violente, en particulier en Afrique et en Algérie. Son passé colonial au Moyen Orient n’est guère un obstacle, mais son poids diplomatique y est très faible.
C’est d’abord sur son sol que la France peut montrer un exemple et avoir une influence bénéfique pour la paix en prouvant qu’une cohabitation harmonieuse entre juifs et arabes est possible. En effet, c’est le pays européen qui a la plus forte minorité de juifs (estimés à 5-600 000) et d’arabes avec 5 à 8 millions de musulmans en majorité arabes. Il y a heureusement chez nous un bon filet de protection sociale pour les citoyens pauvres avec la santé et l’éducation pris en charge par la collectivité. Quant à nos frères juifs, ils pratiquent une forte solidarité entre eux qui offre une protection supplémentaire.
Or la laïcité à la française (post 62) a des avantages mais aussi des faiblesses par son ignorance de l’histoire des religions et du contenu des textes sacrés, essentiels dans les convictions de beaucoup de ses concitoyens. Héritée du combat frontal entre catholiques et laïcards, elle fait obstacle à la bonne compréhension du monde actuel. Or le regain de tensions entre juifs et arabes français est mis à profit par des politiciens extrémistes pour rafler des voix et ne peut qu’attiser les désordres et les violences. Le seul remède à long terme est une laïcité de connaissance nourrie par l’esprit de fraternité. Un effort d’éducation et de rapprochement peut être facilité par l’administration française en concertation avec des associations promouvant la paix et la bienveillance : aider à comprendre l’autre n’est pas prendre parti pour ou contre ses clergés.
La France a participé à juste titre à la nécessaire guerre contre Daesh, un monstre idéologique qui avait fait venir de partout des criminels déterminés pour créer son propre Etat islamique, un déni du Coran qui n’institue pas de califat et où la foi étatique n’a pas de sens, c’est un choix individuel. La libération de Mossoul a coûté la vie à environ 10 000 civils comme avec les bombardements de Gaza. La situation y était très différente même si certains syriens se rallièrent aux combattants de Daesh. Car à Gaza, séparer des combattants du Hamas ou du Djihad des civils pacifiques est une illusion car tout palestinien peut passer facilement d’un côté ou de l’autre soit en se révoltant face aux massacres de Tsahal, soit parce qu’il se rallie à l’appel à la Paix lancé par le Coran et accompli par son prophète.
Dans son contexte de faible influence, la France peut faire entendre sa voix de sagesse en faisant référence au droit international. Elle peut expliquer en partant de la résolution 194 que 75 ans après, l’espérance que des expropriés puissent retourner sur leurs terres et « vivre en paix avec leurs voisins » n’est plus soutenable pour longtemps. Le pardon mutuel est une condition préalable et sera long et difficile.
Mais elle doit affirmer que l’indemnisation des expropriés est possible et contribuera à apaiser les ressentiments légitimes des palestiniens. La France peut annoncer sans tarder qu’elle met sur la table sa propre contribution financière pour initier la constitution d’un fonds international d’indemnisation des expropriés de 1948 et de leur famille et participer aux discussions pour en définir le montant et les conditions d’attribution.
Ce blog insiste sur l’importance de mieux comprendre les textes sacrés libérés des interprétations biaisées, et une meilleure connaissance de la Bible et du Coran est ici incontournable. La Révolution de 1789 a enfin donné à nos frères juifs un statut de citoyen à part égale, elle est à l’origine de l’expression « Heureux comme un juif en France » qui a fait le titre d’un bon livre par un rabbin engagé, Y. Boissière. Sous l’œil vigilant de des citoyens engagés, porteurs de la valeur de fraternité universelle, la France doit être un havre de paix pour ses minorités et ceux qui s’y réfugient provisoirement.
J’aimerais que cette phrase soit encore plus vraie dans l’avenir et qu’on puisse un jour entendre « Heureux comme un arabe en France » ou « Heureux comme un musulman en France » !
Espérons !