La Paix semble lointaine, mais ce blog est écrit pour les générations qui viennent, dans une perspective spirituelle. Un Jour pour Dieu est comme mille ans pour l’homme nous dit la Bible. Pour comprendre le judaïsme, le christianisme et l’islam, il faut aller au-delà même du millénaire passé (post 39). En contraste, l’agenda économique, politique ou journalistique est sur un temps très court. Or, même en pleine guerre, il est sage de réfléchir sur le temps long. Alors, comment reprendre résolument le chemin de la Paix en évaluant la situation avec un regard spirituel ?
En 1997, dans un Message de Dieu cité dans le post 77 le Créateur nous avertit : « les temps ont changé et s’approchent les grandes mutations ». L’actualité qui s’accélère confirme cette prophétie et les prévisionnistes de toutes disciplines sont dans le brouillard le plus épais. Nous commençons seulement à comprendre certains de ces bouleversements sans en mesurer toutes les conséquences, comme le changement climatique. Mais nous savons que l’humanité doit agir sans tarder pour pacifier les nations.
Les guerres sont un désastre humain et écologique. Elles n’ont jamais cessé, mais le contexte des récents conflits montre un bouleversement radical. Il n’y a plus de grandes puissances ou blocs d’alliance capables de peser sur des belligérants. Les Etats dotés de l’arme nucléaire sont devenus nombreux. De nouvelles armes facilitent les guerres asymétriques avec des moyens accessibles pour des groupes de combat ou des armées modestes qui peuvent déstabiliser ou faire reculer de puissantes armées. De plus les circuits d’argent sale n’ont jamais aussi bien fonctionné et financent facilement les rebelles si leur territoire est riche en matières premières.
Les grands de ce monde croyaient pouvoir ignorer des situations iniques comme celle des palestiniens. Mais elles peuvent ressurgir et déstabiliser une partie de cette planète. La Parole de 1977 nous avait averti du risque (post 78). Il est urgent d’apaiser rapidement ce conflit complexe qui s’envenime. Or des acteurs majeurs de la scène géopolitique comme l’Iran et la Russie ont intérêt à prolonger la guerre. Il en est de même des belligérants locaux, le Hamas et le gouvernement de Netanyahu.
La résolution 194 de l’ONU avait décidé en 1948 de : « permettre aux réfugiés qui le désirent de rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et de vivre en paix avec leurs voisins, et que des indemnités doivent être payées à titre de compensation pour les biens de ceux qui décident de ne pas rentrer dans leurs foyers…en vertu des principes du droit international ou en équité ».
Après 75 ans de guerres épisodiques, qu’est-il raisonnable d’envisager fin 2023 ?
1 Palestiniens et juifs israéliens peuvent-ils être pacifiés par la Parole ?
Probablement pas dans cette génération à part une infime minorité agissant pour la Paix du Saint d’Israël, YHWH, Qui est aussi le Révélateur du Coran, Allah. Les événements de ces dernières décennies ont pesé lourdement sur les opinions publiques locales. Un sondage récent montre que 58% des palestiniens interrogés sont favorables à la « lutte armée ». En Israël, l’union nationale s’est faite autour de la logique de guerre comme le prouvent les réservistes affluant de partout.
Le Sunday Times du 22 octobre cite un jeune homme en larme près de Bethléem assistant aux funérailles d’un adolescent de 14 ans tué par les soldats israéliens lors d’une descente : « Ce sont des bêtes sauvages, ils veulent nous tuer ». A proximité, dans une colonie, une famille fait le deuil de leur fille de 23 ans tuée lors de la rave party du 7 octobre. Sa mère déclare : « Ces gens-là sont comme les allemands pendant l’Holocauste, ce ne sont pas des êtres humains. Il faut les détruire, tous sans exception. Les petits, les grands, les aînés, les frères, les sœurs, les mères. Ils descendent tous du Mal. Il faut les rayer de la surface de la terre, comme les Amalécites ». Mauvais, mauvais, nous dit la Parole de 1977.
Les excès de langage lors d’un deuil sont excusables, mais cette analogie avec des animaux a aussi été utilisée par des officiers israéliens. La possibilité d’échanger tous les otages contre la libération des prisonniers qui croupissent dans les prisons israéliennes a été refusée par Netanyahou. Or beaucoup ont été incarcérés par décision administrative, sans procès équitable. Il exclut tout cessez le feu sauf après la libération préalable de tous les otages. Un porte parole de l’armée parle de « guerre existentielle », comme si quelques dizaines de milliers de combattants mal armés pouvaient rayer Israël de la carte !
Nous sommes en pleine guerre de communication. Des calculs politiques sordides ont certainement joué dans la décision du Hamas de lancer l’attaque du 7 octobre. Pour torpiller la normalisation en cours entre Israël et des Etats du Golfe et casser les relations établies après les accords d’Abraham ou avant. Mission réussie pour cette opération criminelle avec un impact qui va jusqu’en Amérique du Sud.
Dans les générations qui suivront, une cohabitation harmonieuse entre nos frères juifs et arabes peut être espérée avec un retour partiel et progressif de familles des déplacés de 1948. Mais le retour en masse des descendants de réfugiés devenus très nombreux serait explosif et inacceptable pour les juifs. Ils ont depuis très longtemps organisé leur vie locale avec les arabes qui sont restés. Il faut leur proposer une indemnisation adaptée à leur situation. Il y a toujours de l’argent pour la guerre, il devrait y en avoir pour la paix !
Certaines familles arabes particulièrement attachées à leur terre ancestrale la refuseront. Que les croyants juifs se souviennent de la vigne de Naboth (1 Roi 21). Il refuse de la céder au roi Achab même contre une terre meilleure : « que YHWH m’ait en abomination si je te cède l’héritage de mes pères ». La reine Jézabel le fera assassiner et le roi sera réprimandé par le prophète Elie (post 15).
Le Créateur a prodigué la richesse aux fidèles de Muhammad : « du sable du désert, J’ai fait jaillir pour eux la richesse et la puissance » (Parole de 1974, 2/9). Les puissances pétrolières locales ont tout intérêt à promouvoir une pacification durable. Donc, en coordination avec le savoir-faire technologique et gestionnaire de l’Occident, les richesses bien utilisées de ces Etats pourront faire des merveilles pour les générations futures au lieu d’être déviées dans les achats d’armes meurtrières. Toutes les sociétés musulmanes sont majoritairement faites de jeunes qui ont besoin de perspectives d’avenir.
2 Que peuvent faire les grands politiciens de ce monde ?
La Russie de Poutine a été incapable de soutenir son allié arménien dans la guerre avec l’Azerbaïdjan. La Chine de XI Jinping ne se préoccupera pas des palestiniens tant que ses intérêts économiques, surtout son approvisionnement en pétrole, ne sont pas en jeu. Seule la rivalité avec les USA peut les rallier. Quant à l’Europe, elle joue un rôle humanitaire important partout dans le monde. Elle est le principal contributeur de l’ONU pour aider Gaza. Mais ses moyens militaires et son audience diplomatique sont limités. Et l’ONU reste impuissant pour faire respecter sa Charte.
Les USA sont déterminants pour rétablir la paix en Palestine. Ils disposent d’une supériorité militaire écrasante et ont aidé Israël à construire une armée puissante écartant le risque d’être rayé de la carte. Mais leurs tentatives pour établir la paix ont jusqu’à présent échoué. Comme le prouvent l’histoire récente, ils restent souvent impuissants pour limiter les crimes de guerre.
Biden est un homme courageux, intelligent et déterminé. Il était allé sur le terrain enquêter sur les bombardements criminels de l’armée serbe et avait réussi à convaincre Clinton d’y mettre un terme. Mais il avait eu moins d’influence sur les hésitations d’Obama. Face au magma républicain majoritaire au Congrès, il n’a pas les mains libres pour sa politique internationale. Comme commandant de l’armée américaine, il a pu envoyer une partie de sa flotte à proximité avec un effet dissuasif certain sur le Hezbollah et l’Iran.
L’opinion américaine pèsera sur celle des juifs résidant sur place et elle commence à évoluer avec l’érosion du soutien au Likoud et les manifestations des juifs américains pour la paix. Un clivage entre générations se forme. Une majorité d’américains de moins de 34 ans se déclarent hostiles à l’envoi d’armes à l’Etat d’Israël alors que les plus âgés pensent qu’il faut continuer l’aide militaire.
Les USA sont un pays de liberté religieuse, très majoritairement chrétien où ni les juifs, ni les musulmans n’ont été opprimés pour leur religion, avec près de 4 millions d’arabes, majoritairement chrétiens. La situation géopolitique des USA est très complexe. La menace du retour de Trump pèse sur les élections de 2024. Il y a 10 000 pasteurs qui font pour lui du prosélytisme messianique. Le directeur de l’association Faithfull America nous dit : « Le nationalisme chrétien, celui des blancs en particulier, est sans doute la plus grande menace qui pèse sur la démocratie américaine ». S’il est élu, difficile de dire ce que fera Trump ?
Très tardivement la société américaine a pris acte des injustices de l’esclavage et du racisme et dédommagé parcimonieusement leurs descendants. Elle a tardé à protéger les juifs de l’holocauste nazi. Car dès 1942 l’information de l’assassinat d’un million de juifs par les nazis avait été publiée dans le New York Times (un petit article dans les pages intérieures). Lutter contre l’ignorance, l’orgueil nationaliste et les préjugés des extrémistes de droite est plus que jamais d’actualité partout en Occident.
Un chemin de paix ne pourra être déblayé que par les acteurs majeurs. D’abord le peuple juif et le peuple palestinien, quels que soient leurs négociateurs. Puis les USA et les Etats de la Ligue arabe, Arabie Saoudite en tête. Les européens, bien qu’impliqués dans ce conflit en raison des importantes minorités qui vivent dans leurs pays, n’auront guère leur mot à dire sur les négociations. En particulier pour cette solution à deux Etats dont on reparle enfin et à juste titre. Que peuvent-ils donc proposer ?
3 Quelles initiatives peut prendre l’Europe pour les palestiniens ?
Après des siècles de barbarie guerrière orchestrée par leurs pouvoirs, les européens ont enfin commencé à donner plus de valeur à chaque vie humaine. C’est une bonne chose car chaque être vivant est un espoir pour toute l’humanité. La priorité est bien de sauver des vies maintenant et partout sur cette planète. Plus tard, l’absurdité des haines collectives pourra être comprise ailleurs dans le monde par les générations qui viennent qui choisiront la Paix du Saint. Mais le rapport des européens avec la guerre et la mort est devenu ambigu.
Comme l’a brillamment détaillé Jean Baudrillard, un des rares philosophes politiques français de terrain, dans « L’échange symbolique et la mort », l’Occident matérialiste a tout fait pour soustraire à notre regard la mort physique. Avec pour conséquence notre peur viscérale de la mort. C’est pourtant un événement individuel inéluctable auquel la sagesse appelle à se préparer. Car, même si des athées refusent cette réalité comme non prouvable, la vie continue dans l’âme. En contrepoint, les médias occidentaux nous abreuvent de scènes sanglantes et les films de crimes virtuels. Les armes de guerre sont visibles partout. Ce monde est devenu anxiogène pour la plupart des européens dont les peurs sont instrumentalisées par les extrémistes. Poutine en a joué.
L’Europe est généreuse, mais au Proche Orient une partie de son aide est détournée. Et les guerres détruisent ses investissements en infrastructures, écoles ou hôpitaux. Elle doit s’assurer que l’argent de ses contribuables soit mieux utilisé et dépasse l’aide humanitaire d’urgence. L’Europe peut proposer et cofinancer, dans l’esprit de la résolution 194, un fonds international d’indemnisation des palestiniens qui ont dû quitter leur domicile suite à la guerre de 1948 et n’ont jamais pu ou voulu y revenir compte tenu des circonstances locales. Par cette initiative, les européens ne demandent aucune contrepartie mais recherchent une solution digne pour leurs frères palestiniens. Car un retour partiel des réfugiés prévu par cette résolution est devenu très improbable et ne dépend pas des européens.
Les européens, russes compris, ne peuvent pas se dédouaner de leurs responsabilités historiques lors du dernier millénaire dans l’oppression de nos frères juifs (post 32) et arabes dans l’Europe des églises catholiques, orthodoxes ou protestantes. Nous sommes devenus riches en partie au détriment des opprimés, des juifs dont les biens ont été confisqués, comme des africains et des arabes dont les ressources ont été pillées. Nos générations doivent s’assurer que la lutte contre l’antisémitisme et l’islamophobie perdure. Pour que nos frères juifs et arabes vivant ici se sentent protégés contre la haine des ignorants extrémistes quelle que soit l’idéologie qui les manipule.
Le drame vécu par les palestiniens et les juifs israéliens nous touche au cœur. Le dialogue avec des amis juifs m’a aidé à comprendre la profondeur de leur traumatisme collectif après deux millénaires de persécutions et l’horreur nazie. Il reste présent chez l’immense majorité de nos frères juifs, même s’ils n‘ont connu que des situations plutôt calmes. C. G. Jung avait nommé « inconscient collectif » cette partie de la psyché humaine. Elle relie nos frères juifs dispersés en une communauté des cœurs, même quand ils se sont éloignés de la culture juive. De l’extérieur, leur besoin de sécurité parait disproportionné, mais il faut en tenir compte pour trouver des solutions de Paix durable.
Du côté de nos frères palestiniens, il est facile de deviner leurs traumatismes face à l’acharnement destructeur de Netanyahou. On comprend les aspirations légitimes de ce peuple palestinien, une jeunesse pleine d’espérances confrontée à une situation économique et sociale étouffante et à une errance territoriale forcée depuis plusieurs générations.
L’Europe peut donc prendre l’initiative d’élaborer, sous l’égide de l’ONU ou par accord entre des pays occidentaux et des Etats du Proche Orient un plan de développement ambitieux pour sortir du sous-développement économique les jeunes palestiniens. La moitié sont sous le seuil de pauvreté. N’oublions pas à quel point l’aide de nos amis américains avec le plan Marshall nous a été précieuse. Soyons généreux à notre tour. Mais tout plan réaliste suppose une solution politique pour prévenir les guerres.
4 Et que peut faire pour les juifs et les arabes une France très laïcisée ?
Une Paix spirituelle, n’est pas l’apanage des religions et des croyants. L’histoire enseigne souvent le contraire et les religions n’ont pas le monopole de leurs textes sacrés qu’on peut leur opposer. Les valeurs de la très laïque République française (post 74) sont éminemment spirituelles.
La France est à tous points de vue un pays de taille moyenne (démographique, économique, financier…). Mais le rayonnement de ses valeurs n’est pas une question de chiffres mais d’exemplarité. Or elle traîne deux casseroles de son histoire du siècle dernier. L’antisémitisme devenu odieux sous le régime de Vichy avec ses rafles de juifs. Et l’humiliation coloniale, en particulier en Afrique et en Algérie. Son passé colonial au Moyen Orient n’y est guère un obstacle, mais son poids diplomatique local est faible.
C’est d’abord sur son sol que la France peut montrer un exemple et avoir une influence bénéfique pour la paix. Elle doit prouver qu’une cohabitation harmonieuse entre juifs et arabes y est possible. En effet, c’est le pays européen qui a la plus forte minorité de juifs (estimés à 5-600 000) et d’arabes avec 5 à 8 millions de musulmans en majorité arabes. Il y a heureusement chez nous un bon filet de protection pour les citoyens pauvres avec la prise en charge de la santé et de l’éducation par la collectivité. Du côté de nos frères juifs, ils pratiquent une forte solidarité entre eux qui leur offre une protection supplémentaire.
La laïcité à la française (post 55) a des avantages. Mais aussi des faiblesses par son ignorance de l’histoire des religions et du contenu des textes sacrés qui cadrent la pensée de beaucoup de ses concitoyens. Héritée du combat frontal entre catholiques et laïcards, elle fait obstacle à la bonne compréhension du monde actuel. Or le regain de tensions entre juifs et arabes français est mis à profit par des politiciens extrémistes pour rafler des voix et ne peut qu’attiser les désordres et les violences. Le seul remède à long terme est une laïcité de connaissance nourrie par l’esprit de fraternité. Un effort d’éducation et de rapprochement peut être facilité par l’administration française en concertation avec des associations promouvant la paix et la bienveillance. Aider à comprendre l’autre n’est pas prendre parti pour ou contre ses clergés, ce qui serait contraire à la neutralité religieuse de l’Etat.
La France a participé à juste titre à la nécessaire guerre contre Daesh, un monstre idéologique. Il avait fait venir de partout des criminels déterminés pour créer son propre Etat islamique, un déni du Coran qui n’institue pas de califat. La foi étatique n’a pas de sens, c’est un choix individuel. La libération de Mossoul a coûté la vie à environ 10 000 civils, beaucoup moins qu’à Gaza. Mais la situation y était très différente même si certains syriens se rallièrent aux combattants de Daesh. Car à Gaza, séparer des combattants du Hamas ou du Djihad des civils pacifiques est une illusion. Tout palestinien peut passer facilement d’un côté ou de l’autre, soit par révolte face aux massacres de Tsahal, soit par ralliement à l’appel à la Paix lancé par le Coran et accompli par son prophète.
Dans son contexte de faible influence, la France peut faire entendre sa voix de sagesse en se référant au droit international. Elle peut expliquer, à partir de la résolution 194 que 75 ans après, l’espérance que des expropriés puissent retourner sur leurs terres et « vivre en paix avec leurs voisins » n’est plus envisageable pour longtemps. En effet, le pardon mutuel entre juifs et palestiniens est une condition préalable et sera long et difficile.
5 Espérance
Il faut affirmer que l’indemnisation des expropriés est possible et contribuera à apaiser les ressentiments légitimes des palestiniens. La France peut annoncer sans tarder qu’elle met sur la table sa propre contribution financière pour initier la constitution d’un fonds international d’indemnisation des expropriés de 1948 et de leur famille et participer aux discussions pour en définir le montant et les conditions d’attribution.
Pour comprendre le traumatisme lié à cette injustice historique, prenons le témoignage de Marwa Daoudy publié par le courrier international n° 1740 parmi d’autres témoignages d’attachement à leur terre de personnalités de la diaspora palestinienne. Son arrière grand-père aidait les refugiés juifs fuyant le nazisme, il avait recueilli une petite orpheline polonaise en 1940. En avril 1948 la Haganah, milice sioniste, l’a expulsé manu militari de sa maison de Tibériade et conduit de force à la frontière syrienne. Dans le groupe en treillis, il a reconnu cette orpheline et lui dit « Toi aussi ? ». Elle répondit : « Désolé, hadj Khalil, j’ai des ordres de la Haganah ». Elle exécutait les ordres sans état d’âme. Il a transmis à ses descendants la clef de la maison qui leur avait été volée. Comment ne pas comprendre que ce sentiment d’injustice perdure ? Il faut soigner ces plaies ouvertes !
Ce blog insiste sur l’importance de mieux comprendre les textes sacrés libérés des interprétations biaisées, et une meilleure connaissance de la Bible et du Coran est ici incontournable. La Révolution de 1789 a enfin donné à nos frères juifs un statut de citoyen à part égale, elle est à l’origine de l’expression « Heureux comme un juif en France » qui a fait le titre d’un excellent livre par un rabbin engagé, Y. Boissière. Sous l’œil vigilant de ses citoyens engagés, porteurs de la valeur de fraternité universelle, la France doit être un havre de paix pour ses minorités et ceux qui s’y réfugient provisoirement.
J’aimerais que cette phrase soit encore plus vraie dans l’avenir et qu’on puisse un jour entendre « Heureux comme un arabe en France » ou « Heureux comme un musulman en France » !
Vous souhaitez que les États européens créent un fonds d’indemnisation pour les Palestiniens « déportés » en 1948. Je tiens à vous dire que le terme « déporté » a un sens précis dont l’usage concernant les Palestiniens me semble absolument regrettable, pour ne pas dire plus. D’après le Robert, le déporté est une personne internée dans un camp de concentration ou une personne qui était condamnée à la peine de déportation. J’ai cherché dans la littérature universitaire la plus propalestinienne si ce mot était utilisé au sujet des Palestiniens et ne l’ai pas trouvé, sauf auprès de militants pro-Hamas qui souhaitent la disparition d’Israël. L’usage de ce mot rejoint tout un lexique utilisé par les antisionistes, comme le mot apartheid que pratiquerait Israël à l’égard des palestiniens, ou la comparaison entre Gaza et le ghetto de Varsovie. Je suis moi-même critique à l’égard de la politique suivie par divers gouvernements israéliens à l’égard des palestiniens, particulièrement l’actuel gouvernement Netanyahu, mais je pense qu’il faut raison garder et que l’usage de ce lexique est en soi une prise de position faisant porter aux Israéliens toute la charge de la faute, alors que la réalité est toute autre. Vous dites vouloir « évaluer la situation avec un regard spirituel », l’usage du mot « déporté » concernant les Palestiniens de 1948 dénote plutôt une prise de position politique qui ne me semble pas aller dans ce sens. Par ailleurs, l’exode palestinien de 1948 concerne d’après les historiens, entre 700 000 et 750 000 personnes, mais les études les plus sérieuses montrent également que depuis la création de l’État d’Israël, ce sont environ 900 000 juifs des pays arabes qui ont dû abandonner leurs biens et leur pays sous la pression des opinions nationales et des menaces qu’ils subissaient. Si je vais dans votre sens, il serait logique d’élargir le bénéfice de votre fonds d’indemnisation à tous les déplacés de ce conflit. Votre proposition est donc à mon avis injuste et peu raisonnable, elle aurait l’effet coupable de mettre une fois de plus Israël au ban des nations et de heurter l’ensemble des Juifs sépharades qui ont tout perdu, sans changer en rien les mentalités des uns ou des autres.
Je vous remercie pour votre commentaire qui me permet de bonifier ce post. Vous êtes très sensible aux mots utilisés et c’est votre droit. Sur un post assez long sur lequel j’ai beaucoup travaillé, je ne peux maîtriser la manière dont certains mots seront compris par certains lecteurs. Je n’avais pas d’arrière pensée en utilisant ce mot au sens premier que donne Larousse : « Faire dévier quelque chose, quelqu’un de sa ligne normale de marche, de sa trajectoire : Le vent a déporté la voiture vers la gauche ». Je l’utilisais assez souvent innocemment en conduisant ma voiture familiale par grand vent. Peut-être y a-t-il eu inconsciemment dans mon petit cerveau un lien avec les déportations par les nazis de juifs et de résistants quand je vois une puissante machine étatique surarmée, allemande, russe ou israélienne, qui fait un nombre de victimes civiles considérable dans une guerre asymétrique. Ma sensibilité va d’abord aux faibles, aux victimes d’oppression. Dans le cas d’Israël, les morts, les blessés et la destruction de la vie quotidienne des familles de civils palestiniens sont sans commune mesure avec l’objectif militaire affiché par le gouvernement Netanyahou. Même si les plus de 25 000 morts annoncés côté palestinien dont 10 000 enfants sont encore très loin des victimes civiles de puissantes machines militaires officielles ou rebelles qui se comptent par millions au Congo ou centaines de milliers au Yémen.
Je n’ai pas pensé à utiliser le mot réfugiés qui a un sens juridique pour l’ONU. Je ne sais pas s’il considère comme réfugiés des descendants de ceux qui ont dû quitter leur domicile après cette guerre et qui n’ont jamais été indemnisés par l’Etat d’Israël qui s’impose sur cette zone et qui en a pourtant les moyens financiers. Surtout s’ils se sont bien intégrés dans d’autres pays. J’ai donc rectifié en parlant de manière neutre de ceux qui ont dû quitter leur domicile pour des raison liées à la guerre de 1948 et leurs descendants.
Pour améliorer la rédaction de ce post, j’avais longuement échangé avec deux de mes amis juifs, des camarades de Polytechnique tous deux athées, remarquablement intelligents, ouverts et qui ont été touchés par le sentiment de responsabilité que je porte en tant qu’européen pour les exactions de mes ancêtres contre la minorité juive qui durent depuis des millénaires.
J’ai vu ces amis peu avant d’aller à la manifestation contre l’antisémitisme à Paris, une bonne initiative qui s’est déroulée dans une très bonne ambiance et a été l’occasion pour moi d’échanger aussi bien avec des juifs qu’avec des arabes ou des chrétiens. Mes amis m’ont aidé à rééquilibrer ce post car j’étais profondément choqué par le drame actuel de nos frères palestiniens alors que je ne connais le drame de nos frères juifs que par les récits historiques et que j’ai toujours eu de très bonnes relations avec eux. J’ai connu de plus près par ma famille en habitant dans les Vosges les drames causés par la machine meurtrière nazie qui n’a pas tué que des juifs.
J’ai signalé dans mon post 32 sur l’antisémitisme, que je vous invite à lire, l’effondrement de la population juive dans les pays arabes. Les raisons en sont nombreuses comme les responsabilités. Je ne suis pas un historien et ne peux que combler très partiellement mes lacunes. J’ai également signalé que le mot apartheid, qu’il soit justifié ou non, a été repris par un ancien délégué d’Israël à l’ONU qui connaissait bien l’Afrique du Sud. Il n’y a pour moi pas de « lexique antisioniste ». Le sens des mots évolue avec le temps, les situations et le contexte local. La Torah n’est pas la propriété des croyants juifs, pas plus que l’Evangile ne l’est des chrétiens ni le Coran des musulmans. Les textes sacrés sont pour toute l’humanité et demandent à les comprendre dans un esprit universel et libre de toute affiliation qui est celui de ce blog. Quant au sens à donner à chaque mot, ils ne sont pas davantage la propriété de telle ou telle sensibilité religieuse ou politique, mais il est sage de tenir compte d’elles. Dans ce cas, le mot déporté était inapproprié par rapport au sens commun, je l’ai changé mais ne me faites pas de procès sur la sémantique.
Quant aux indemnisations, vous savez très bien qu’indemniser toutes les victimes des exactions européennes par l’antisémitisme, la colonisation ou l’esclavagisme qui a surtout tué des africains, mais aussi des arabes est une tâche titanesque qui dépasse largement ce modeste blog. Là, je propose de panser quelques plaies récentes dont nous, européens, sommes les responsables indirects. Les tensions entre juifs et arabes, en dehors des problèmes habituels de conflits de voisinage ou de jalousie des riches qu’on rencontre aussi entre français, sont nées dans l’idéologie du panarabisme liée à la lutte contre les colons européens, surtout les anglais et qui s’est étendue aux juifs.
Dans les horreurs de la guerre, il y a toujours des victimes innocentes en trop grand nombre et des soldats qui tuent par balle ou par bombes et dont il est difficile de déterminer leur responsabilité individuelle. Par contre celle des donneurs d’ordre comme Netanyahou ou le chef militaire du Hamas sont incontestables. Je laisse à YHWH ou Allah, appelez-le comme vous voulez, la prérogative du jugement
Quant à la condamnation récente par la CIJ qui parle d’actes génocidaires commis par Tsahal sous les ordres de Netanyahou, je ne peux que constater ce choix de mots par de grands juristes. Un procès similaire est engagé contre Poutine pour ses enlèvements systématiques d’enfants ukrainiens dont les parents ont été tués. Mais je ne l’approuve pas car ce serait juger de leurs intentions.
Mais certains responsables du gouvernement actuel ont parlé de leur projet de faire partir tous les palestiniens ou presque de Gaza. Un ministre a évoqué tranquillement l’utilisation de la bombe atomique. Depuis, un rassemblement d’un parti d’extrême droite avec la présence d’un ministre en exercice a clamé que leur victoire militaire leur permettrait de recoloniser Gaza et de chercher un moyen « humain » de se débarrasser des habitants arabes dont ils ne veulent pas. Le combat contre les extrémistes aveugles et pauvres en humanisme est mondial.
Tout le monde peut constater qu’avec près de 2 millions de déplacés et la destruction partielle ou totale de la moitié des habitations et des lieux publics, tout est fait pour rendre Gaza invivable pour ses pauvres habitants à qui on a coupé l’eau, l’électricité et les communications. Tout cela en espérant détruire complètement un effectif de 20 ou 30 000 combattants (1% de la population) plus ou moins commandés par le Hamas. La disproportion est évidente avec Tsahal et on n’éradique pas une idéologie absurde en tuant tous ceux qui en sont plus ou moins complices. La capacité de nuisance du Hamas a été facilitée par Netanyahou. Cela arrangeait sa logique de guerre totale. N’oublions pas que le programme initial de son parti, le Likoud, était « de la mer au Jourdain, il n’y aura de souveraineté qu’israélienne ». Tout le monde sait que de puissants bombardements sur des zones densément peuplées causent des massacres aveugles de civils. Sans compter les assassinats ciblés. La cinquième Parole transmise par Moïse, tu ne tueras point, est ignorée dans ce monde violent.
Je continue a espérer que de ces drames sortiront des solutions de paix. Il n’est jamais trop tard après le processus de deuil pour entamer celui de pardon et de réconciliation. Je vois encore des deux côtés trop de réactions de vengeance explicite ou implicite. Mais ce travail incontournable ne peut être engagé que par les habitants sur le terrain.