La réduction de la démocratie (« le gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple » selon la Constitution) à un processus électoral est contestable. Les citoyens y participent de moins en moins.
La démocratie est le sujet d’une confrontation mondiale entre les USA qui veulent exporter leur modèle de « démocratie » électorale et la Chine. Elle applique une sélection lente du président par le parti unique. Contrairement à la Russie de Poutine, elle n’interfère pas dans les affaires intérieures des autres pays, donc dans leur processus de sélection du pouvoir.
Le processus électoral a abouti à des autocraties désastreuses pour leur peuple et pour leurs voisins ou à des présidents très contestés. Comme le putschiste Trump qui incite tous ses concitoyens à s’armer, a encouragé une insurrection, et risque d’être réélu en 2024. La politologue Barbara Walter parle de son pays comme une « anocratie », une situation intermédiaire entre la démocratie et l’Etat autocratique.
Que nous dit la longue et sanglante histoire des pouvoirs ?
1 Les pouvoirs pyramidaux, causes de massacres guerriers et d’esclavage
Pour décrypter les violences de l’humanité post-adamique, les historiens ont surtout étudié les « grandes civilisations ». Celles qui ont laissé des traces visibles de monuments et d’organisation pyramidale avec une caste de privilégiés et de scribes-comptables (post 42). Elles ont permis à de grands criminels de sévir dans le sang de millions de personnes enrôlées dans des conquêtes incessantes, jusqu’à l’écroulement final de leurs empires.
Les restes architecturaux des empires sont impressionnants, c’était leur but. J’avais admiré lors de mes voyages de routard les temples de Copán et surtout de Tikal surplombant la jungle qui a repris ses droits. Les technologies récentes et fouilles approfondies ont permis de mieux connaître l’organisation sociale des nations mayas. On estime à 300 000 habitants la population avec Tikal comme lieu de pouvoir religieux et temporel il y a 1300 ans. C’est beaucoup moins qu’Angkor, 900 000 habitants il y a 1000 ans, la plus grande cité mondiale de l’ère préindustrielle. Et autant qu’Anuradhapura à Ceylan qui sortit de terre à l’époque de Bouddha.
Les nations mayas étaient organisées sur une vaste étendue en regroupements de hameaux décentralisés et assez peu peuplés, reliés par d’ingénieux systèmes de barrages, de conduits et de canaux. Tikal intégrait des agriculteurs à la production diversifiée (maïs, manioc, haricots, tomates, avocats…) respectant l’harmonie avec la forêt environnante. Ces civilisations se sont effondrées avec les maladies apportées par les colons européens, la déforestation pour bâtir et décorer des temples et places publiques démesurés et les changements climatiques qui en ont résulté.
Dans les empires plus anciens de l’Eurasie, le modèle du pouvoir impérial guerrier s’est imposé en Perse, Mésopotamie et en Egypte. Il a durablement marqué les empires grecs et romains, donc la culture occidentale. Son archétype est l’Egypte qui a construit sa puissance régionale autour de sa richesse agricole déterminée par les terres inondées par les crues du Nil. Ce qui conduisait naturellement à la concentration géographique du pouvoir partagé entre les pharaons héréditaires et les prêtres des Temples. Ce pouvoir impérial opprimait une masse d’esclaves et de nations conquises par la violence.
Le monde moderne a été marqué par la terrible violence des empires coloniaux européens, monarchiques, militaires ou démocratiques. Soit ils prétendaient civiliser ou convertir, soit ils exerçaient une violence de prédation sans vergogne. Puis sont arrivés des dictateurs idéologues comme Hitler ou Pol Pot, ou des assoiffés de pouvoir comme Staline. Ils furent une calamité meurtrière pour des millions d’humains. Les circonstances n’ont pas permis à des dictateurs plus récents comme Pinochet, Assad, Mugabe, Sissi… de commanditer autant de massacres et de tortures. Mais pour rester au pouvoir, ils n’auraient pas hésité comme le prouvent les assassinats d’opposants et d’innocents.
Nous pouvons constater la dérive de présidents élus à Ceylan, au Venezuela, en Inde, ou au Brésil. Ils veulent garder leur pouvoir à tout prix et plongent le pays qu’ils dominent dans les crises économiques ou les clivages sectaires qui encouragent la violence populaire. La dérive populiste et démagogique est mondiale et permet de justifier par des élections (truquées ou honnêtes) l’arrivée au pouvoir d’hommes peu connus qui laissent la population dans l’incertitude de ce qu’ils vont faire.
Or les évolutions technologiques donnent aux hommes au pouvoir de redoutables outils informatiques pour espionner, influencer et dominer le peuple. Ils facilitent la propagande, le mensonge et la peur. Staline disait « un mensonge répété un million de fois devient une vérité ». Quand les puissants vont trop loin dans l’iniquité, une insurrection populaire peut parfois les remplacer. Mais l’histoire montre que le nouvel homme fort peut s’avérer pire que le précédent.
Une cause majeure de la violence dans le monde moderne est avant tout la concentration du pouvoir politique plus que les modalités pour y accéder et les décisions arbitraires du président au pouvoir.
2 Violences guerrières, insurrectionnelles ou civiles
La Parole de 1974 parle de la violence des rois noirs et rois blancs : « Sur Mes assemblées, Je n’ai établi aucune principauté, c’est le monde qui l’a établie, comme l’envahisseur s’installe sur l’héritage des nations conquises par sa violence » (3/2). Et en 22/8 : « Sous le bras étendu des princes, les pillards furent absous, établis satrapes pour leur dévouement, pour prêter leur violence aux princes sur qui ne devait jamais retomber les crimes commis pour le salut du peuple, car immense fut l’habileté des princes à gouverner ». Elle évoque aussi la violence insurrectionnelle : « Il est temps que Je libère les nations, dans la nuit Je leur ai fait entendre le délire des puissants, des princes et des riches, elles ont compris, elles se sont levées, elles ont rompu leurs chaînes, de leur fer elles ont forgé des armes… J’ai effacé leurs violences comme des nuages ».
Le Créateur est intervenu contre Pharaon en envoyant Moïse libérer ses esclaves, un peuple génétiquement hétérogène. L’homogénéité juive ne s’est constitué qu’après la déportation par Nabuchodonosor. Les fondamentalistes d’Israël s’y réfèrent pour se distinguer des arabes et justifier la violence militaire et l’injustice des colonisations de terres. Or aucune organisation militaire, même bien formée et encadrée, ne peut échapper aux atrocités commises par ses soldats.
Tsahal, l’armée d’Israël est mieux encadrée que celle de la Russie. Mais elle doit obéir aux injonctions des politiques et garde en son sein le sulfureux bataillon 97 (Cf. Haaretz du 9 février) composé d’extrémistes ultraorthodoxes, issus de la culture des colonies sauvages implantées en déplaçant des paysans palestiniens. Quand ils tabassent ou tuent des arabes innocents, ils sont assurés pour des raisons politiques d’une quasi-impunité et restent couverts d’un voile de légalité.
Malheureusement, un peu plus d’un an après l’écriture de ce post, les bombardements de Gaza depuis fin 2023, illustrent ce terrible risque (post 78).
De nos jours, c’est un Etat nation ou des rebelles séparatistes qui déclarent la guerre. Pour la guerre de 2014 en Ukraine (post 48), les historiens diront si c’était une insurrection populaire locale appuyée ensuite par la Russie voisine ou une guerre par procuration. Quel fut le poids initial de la population pro-russe révoltée contre Kiev et la révolution orange, et celle des « petits hommes verts » de Poutine ? L’idéologie de « l’intégrité territoriale » cause beaucoup de morts des deux côtés. La reddition des militaires acculés à Marioupol a sauvé des vies, mais la boucherie de la barbarie guerrière russe risque de perdurer.
Est-il encore possible de négocier avec la Russie sur les frontières discutables de l’Ukraine, héritées des aléas de l’URSS ? Car Poutine ne lâchera ni la Crimée ni le Donbass dont une reconquête militaire semble irréaliste. Les populations vivant dans ces régions devraient pouvoir décider librement si elles veulent dépendre de Kiev ou de Moscou, mais les déplacements de population volontaires ou forcés au Donbass depuis 2014 ne permettent pas de légitimer de procédure référendaire locale. En Crimée, après un référendum local crédible, on n’y entend pas parler de soulèvement populaire pour rejoindre Kiev.
Quand la violence guerrière s’installe, tout s’obscurcit dans la fumée des armes. De part et d’autre des lignes de front, les vérités ne sont pas les mêmes. Des criminels de guerre sont décorés par Poutine comme des héros. Ces soldats peuvent aussi comme les accusés des procès nazis se défausser en disant qu’ils ne faisaient qu’obéir aux ordres de leurs supérieurs.
Il est difficile de parler d’une guerre juste ou même d’une victoire pour un camp. Car les guerres sont des catastrophes humaines des deux côtés. Dans le cas de la guerre des alliés contre le nazisme, on peut peut-être parler d’une guerre nécessaire et légitime et d’une victoire. Car seule la force pouvait venir à bout de la machine de crimes et de propagande de ce dictateur tenant sous emprise son pays. Pour les guerres coloniales, on peut certainement parler de guerres injustes.
Pour Taïwan, la liberté de la population résidente de décider de son sort pourra être remise en cause si la Chine envoie son armée dans ce territoire (annexé en 1683, cédé au Japon en 1895, récupéré en 1945). Les USA, première puissance militaire mondiale, font monter la pression avec le soutien du Japon et de la Corée du Sud, il y a de quoi s’inquiéter pour l’avenir. Pour prévenir de futurs drames, il est indispensable de changer l’idéologie communément admise de l’Etat nation défini par ses frontières (post 45b).
En dehors des situations de guerre qui voient s’affronter deux Etats dans une logique militaire d’armée organisée, le rapport de l’Etat avec la violence dans les sociétés qu’il domine est complexe. Plusieurs courants de pensée se distinguent, et prônent des solutions opposées, l’autoritarisme étatique violent à la suite de Hobbes et de Weber (post 45a), l’insurrection populaire pour les anarchistes et les communistes. La voie de la sagesse est la non-violence intelligente où Tolstoï et Gandhi se sont illustrés.
3 La concentration du pouvoir politique et administratif français
Les hommes incarnant l’Etat français centralisé furent des conquérants belliqueux cherchant à agrandir leur territoire de domination comme Clovis, Charlemagne, Louis XIV ou Napoléon. Un homme qui a trop de pouvoirs peut entraîner la société qu’il domine dans une spirale de violence, en externe par la guerre et en interne par la répression policière ou avec ses services secrets, Poutine en est un exemple récent.
L’hyperprésident français (post 49) fait courir un risque à la société française par son pouvoir. Il nomme beaucoup d’hommes à des postes clés. C’est le chef des armées seul habilité à déclarer la guerre ou à les déployer en dehors des frontières. Le militaire De Gaulle, ou le politicien Chirac étaient des hommes plutôt sages. Ce dernier nous a évité de plonger tête baissée dans la guerre en Irak commanditée par Bush junior. Mais Sarkozy était un homme de conflits et nous a entraîné dans des guerres meurtrières (plus de 400 000 morts civils en Syrie) tout en attisant la violence policière par ses propos. Son successeur a fait grimper sa cote de popularité en envoyant des soldats français au Mali, une lourde erreur.
Le président est déterminant pour gérer l’économie et la finance du pays. De Gaulle a su s’entourer d’hommes compétents comme Pompidou ou Giscard. Mais l’avocat Mitterrand, encombré par le programme commun, entama une spirale de dettes accentué par Chirac qui pèse encore sur nous. Les conséquences des promesses électorales de l’alliance Mélenchon et de l’impéritie gestionnaire de ses acteurs politiques seraient lourdes pour nos enfants s’ils parvenaient au pouvoir.
Il y a deux siècles, la monarchie fut abolie dans le sang. La Révolution française inaugura une période de débats passionnés sur les réformes à entreprendre, d’états généraux, d’assemblées constituantes, de conventions. Elle permit la rédaction de textes constitutionnels dont la Déclaration de 1789 qui chapeaute encore notre Constitution actuelle.
Les débats ont opposé ainsi des girondins et des jacobins favorables à une organisation centralisée avec ses technocrates uniformisateurs, en contraste avec le régionalisme girondin ou le fédéralisme suisse. Le président réélu a parlé en 2017 d’un « pacte girondin » avec les collectivités territoriales. Ce serait un progrès. Car notre organisation sociale est surtout héritée du militaire putschiste Napoléon. Il transforma notre société en une pyramide de pouvoirs. Il fut aussi un grand organisateur à l’origine d’institutions (conseil d’Etat, préfets, banque de France, lycées…) et de textes juridiques (code civil) qui perdurent.
Les tensions s’amplifient dans la société française à la fois à cause des inégalités croissantes et de l’étouffement de la liberté par l’omniprésence du pouvoir, de ses lois et de ses policiers. Ils peuvent maintenant se prévaloir du « refus d’obtempérer » pour utiliser leur arme et tuer (post 52). Or il est de notoriété publique que beaucoup de conducteurs roulent sans permis parce qu’il est difficile et coûteux d’avoir un permis de conduire et facile de le perdre, au contraire des USA. Les statistiques d’accidents de la route ne justifient pas ce choix politique français qui place beaucoup de jeunes, policiers et victimes, dans des situations dramatiques.
La performance médiocre de la France en bonheur national brut (post 46) est due à la trop forte prégnance de l’administration dans le quotidien des français. Il est urgent de déconcentrer le pouvoir et établir des contre-pouvoirs solides au pouvoir exécutif.
4 La Parole libère les humains des pouvoirs qu’ils ont institués
En analysant au long de ce blog les divers textes sacrés transmis par les messagers du Créateur, libérés des interprétations des pouvoirs religieux qu’Il récuse tous, nous avons pu dégager certaines constantes universelles sur la liberté et les pouvoirs. Dieu préserve la liberté donnée à l’humanité. Mais Il l’avertit des calamités que la Bête du pouvoir engendrera si les hommes se laissent séduire par les ambitieux et leurs fausses promesses. Ils se transformeront en puissants et en riches et opprimeront le peuple.
Les messagers anciens dont l’histoire a gardé la trace, Noé, Zarathoustra et Abraham ont dû fuir sous la menace des puissants de leur peuple. Ils refusèrent un Message remettant en cause leurs prérogatives. En Egypte il y a 1300 ans, YHWH envoie à Pharaon Moïse à qui Il donne des signes forts. Il l’établit comme guide du peuple qui le suivra dans l’aventure de la liberté dans le désert puis en Palestine. YHWH parle directement à Moïse sur le mont Sinaï pendant 40 jours. Il nous transmettra les dix Paroles gravées sur des tablettes de pierre du Doigt de YHWH. Et des instructions sans doute succinctes qui seront alourdies après sa mort. Les scribes transformeront la Parole en une accumulation indigeste de lois écrites, la Thora, et de commentaires de rabbins que nos frères juifs rigoristes suivent scrupuleusement.
Le peuple d’Israël, infidèle à l’enseignement des prophètes, établit ensuite au-dessus de lui des juges combattants parfois inspirés comme Gédéon qu’ils voulaient faire roi et qui leur dit « Ce n’est pas moi qui serai votre souverain ni mon fils. Que YHWH soit votre souverain » (Juges 8/22). Un de ses fils naturels, Abimelech va piéger le peuple en 1236 av. J. -C en lui disant : « Que vaut-il mieux pour vous, que gouvernent les soixante-dix fils de Gédéon ou que vous gouverne un seul homme ? ».
L’Esprit de Dieu (post 24), nous explique que, « être gouverné par soixante-dix hommes ou être gouverné par un seul homme, c’est la même chose, autorité ou tyrannie sur l’homme », mais Il ajoute que « ployer le cou sous soixante-dix, c’est se soumettre à la tyrannie de la fraternité, c’est mieux que se soumettre à la tyrannie d’un seul homme ». Abimelech tuera ses autres frères, sera proclamé roi de Sichem et le peuple sombrera dans les violences et l’impiété.
Puis, en 1040 avant J.C., YHWH envoie un grand prophète pour remettre Israël sur la voie droite de la liberté, Samuel, qui guide avec rectitude et sagesse, mais le peuple lui demande d’instaurer un roi comme l’ont les peuples voisins. Le prophète intercède auprès de Dieu qui lui répond (1 Samuel 8) : « Ecoute la voix du peuple en tout ce qu’ils te diront, ce n’est pas toi qu’ils rejettent, c’est Moi, ils ne veulent plus que Je règne sur eux ».
Dieu avertit le peuple de tous les abus que les rois feront, le peuple s’obstine et Saül sera oint par le prophète comme premier roi d’Israël. Avant sa mort, le prophète rappellera au peuple que le Seigneur, votre Dieu est votre roi (12/12), et qu’ils ont choisi le mal en demandant un roi. Après ce mauvais choix historique, les rois se succèderont de père en fils en Israël dans des rivalités sanglantes pour accéder au pouvoir. Certains se surpasseront dans les actes mauvais, et dans son ensemble, la royauté perpétuera tous les abus prédits par Dieu par la voix de son prophète.
Malgré ces avertissements clairs dans la Parole, les hommes pensent encore que les pouvoirs autoritaires sont indispensables. Dans la Parole dictée en 1977, le Créateur renouvelle son rejet des rois blancs et rois noirs et ses conseils de Sagesse. Dans notre contexte contemporain, Il nous invite à la non-coopération avec ces pouvoirs terrestres stériles qui nous accablent dans ce langage imagé et très expressif qui nous redonnera l’intelligence spirituelle. Voici : « Le sénat de mort, le sénat descend, le sénat prend la queue de vache (qui) mugit. Le frère, le sénat n’a pas sa main. Les héros quittent la fête de morts » (1977, 35/1-5).
Dans cette Parole le mot frère désigne celui qui écoute la Parole ou sa conscience et contraste avec le mot homme qui désigne ceux qui suivent leurs convoitises. Il faut donc agir dans la non coopération et le renoncement au superflu, mais aussi dans la non-violence physique et verbale (« Tu ne porteras la main sur personne », « douce sera ta voix », 1974, 28/27 et 23/6). Gandhi, inspiré par son expérience et sa sagesse, agissait de même pour résister aux pouvoirs.
Une redistribution populaire est annoncée par le Créateur : « La maison de roi, tes frères font une brande, le pot sur la brande, les frères (qui) ont faim mangent » (1977, 11/11). Ce changement du monde sera guidé par des âmes fortes et des « assemblées libres et souveraines d’elles-mêmes » (1974, 8/1) qui se concerteront librement dans « la mesure et la douceur du grand conseil de Mes assemblées ».
5 Réaffirmer la souveraineté des citoyens
L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a recensé de par le monde 574 exemples de dispositifs délibératifs très variés, des expériences plus ou moins innovantes pour dépasser les pratiques politiques traditionnelles. Fishkin avait évoqué en 1991 la piste de recourir à des mini-assemblées constituées d’individus choisis au hasard de façon à être sociologiquement représentatifs pour accroître les chances que les citoyens se reconnaissent dans les propositions faites ; ces mini-assemblées ne voteraient pas des réformes mais en proposeraient, celles-ci étant votées ensuite par tous. Il s’agirait de ce que James Bohman appelle une « délibération indirecte ».
Les Belges ont été les premiers dans le monde à institutionnaliser la délibération, avec des citoyens tirés au sort au sein de leur Parlement. Une « suggestion citoyenne » signée par 1 000 Bruxellois en âge de voter suffit à convoquer une commission délibérative. Composée de citoyens et de parlementaires tirés au sort (un quart d’élus et trois quarts de citoyens), elle se réunit pour étudier une thématique précise. Elle formule des recommandations transmises au Parlement. Ce système institutionnalise une pratique politique encadrée et organisée pour faire cohabiter démocratie représentative et délibération, élection et expertise citoyenne.
La politique traditionnelle se conforme à un texte constitutionnel mais la méfiance grandissante des citoyens à l’égard des « gouvernants » et « représentants » se traduit par une forte abstention ou le vote sans convictions. Notre vieille constitution nie notre droit à relativiser nos frontières (article 89) : « Aucune procédure de révision ne peut être engagée ou poursuivie s’il est porté atteinte à l’intégrité du territoire ».
En France, il y a eu 24 révisions de la Constitution, sur des détails ou pour appliquer les traités internationaux. Celle de 2003 a complété l’article 1er par : « Son organisation est décentralisée. » C’est un paradoxe de l’histoire : De Gaulle a démissionné après le rejet du référendum sur la régionalisation car beaucoup de votants souhaitaient son départ. Et la décentralisation reste encore très limitée.
Le projet de loi constitutionnelle de 2017 (suspendu) constate « l’épuisement du système politique », le « rejet sans appel d’une certaine manière de concevoir l’action politique », l’attente par « nos concitoyens d’une mutation de nos mœurs et de nos pratiques » et « d’élus plus en phase avec la société et rendant compte clairement des politiques qu’ils mettent en œuvre ». Il propose de « moderniser notre démocratie en rendant nos institutions plus représentatives, plus responsables, plus efficaces ». Il prévoyait la réduction du nombre de parlementaires (analysée au post 57§6).
Nul n’ignore qu’il est très difficile de réformer la France. L’accumulation de tensions se traduit par des manifestations de masse imprévisibles pouvant déboucher sur une révolution. La rue est imprévisible comme l’a prouvé la révolte des gilets jaunes. Les inégalités sociales, mal acceptées par la population, favorisent les extrémistes.
Il faut apaiser la situation sur le long terme en introduisant durablement des citoyens à l’intérieur du processus décisionnel confisqué par les élus, les partis et la centralisation administrative (post 51). Ainsi la souveraineté du peuple deviendrait plus réelle.